vendredi 18 novembre 2016

WHO'S WHO DE L'HELIXOPHILIE : B... COMME JOSÉ BARELLA






Amis hélixophiles, bonjour !



Le collectionneur nécessaire 
de la semaine pour notre rubrique : 

le Who's Who de l'hélixophilie 

est Brésilien. Il s'agit de :




José Barella





José est un membre apprécié du club Français du Tire-Bouchon. Merci à lui d'avoir bien voulu répondre aux questions du Blog des Tire-bouchons.



Le plus français des collectionneurs brésiliens


Question : José, vous êtes bien connu de nombreux collectionneurs, mais accepteriez-vous tout d'abord de vous présenter à nos lecteurs en quelques mots ?


Réponse : Bien sûr, Marc. Je suis Brésilien, marié à Eloisa, elle aussi Brésilienne. Nous avons deux filles et deux petits-fils. Je suis ingénieur de formation, mais je suis devenu par l'expérience un professionnel des sciences de la vie : pharmacie, agronomie, santé animale... 
Au milieu des années 90, j’ai eu une proposition pour m'expatrier à Lyon pendant deux ans et... nous ne sommes jamais rentrés au Brésil ! Nous avons vécu à Lyon, Londres, Francfort, Atlanta et avons eu la chance de parcourir le monde tant du point de vue personnel que professionnel. 
J’ai quitté mon travail d’exécutif en 2014, mais notre mode de vie n’a pas changé. Aujourd’hui je suis président du conseil de deux sociétés, une en Israël et une autre aux USA. Nous vivons entre Lyon, Atlanta et Sao Paulo.



La vente aux enchères


Q. A l'origine d'une collection, il y a généralement un événement déclencheur : qu'est-ce qui vous a amené à collectionner les tire-bouchons ?

R. Je pense qu’un collectionneur est né collectionneur. C’est dans l’ADN. J’ai toujours collectionné : des timbres, des stylos, des livres... mais le Brésil est un pays jeune et pauvre, alors les "objets anciens" sont très utilitaires et pas vraiment jolis. 
A mon arrivée en France, j’étais très intéressé par le vin et les objets du vin et j'ai commencé à visiter les brocantes. C’est là, dans les brocantes, que j'ai commencé à découvrir l’objet tire-bouchon. 
Je suis ingénieur de formation, j'ai donc apprécié l'ingéniosité et la diversité des modèles mécaniques. 
Mais je suis aussi sensible à l'esthétique et j'ai également été attiré par la beauté des modèles décorés. 
J'ai donc commencé à acheter des tire-bouchons, mais pas vraiment à les collectionner. Le vrai déclencheur a été ma première vente aux enchères à Londres. Comme j’habitais près de chez Christie’s, j'ai vu l'annonce d’une vente aux enchères de tire-bouchons et j'y suis allé. Quand j'ai vu toutes les merveilles exposées, j'ai été mordu par le virus - ça devait m'arriver, vu ma profession - et ma collection a vraiment commencé.


Q. Combien de tire-bouchons estimez-vous avoir possédés ?

R. J’ai un peu moins de 2000 tire-bouchons dans ma collection. Je me suis imposé cette limite par souci de rester raisonnable.




Changement de vitrine


Mais mes centres d'intérêt changent aussi, alors de temps en temps je fais une révision de ma collection et je vends des pièces dont je pense qu'elles n'ont plus de place dans ma collection pour pouvoir en acheter d’autres et maintenir le nombre total au-dessous de 2000.



Les mécaniques anciennes et précieuses



Q. Avez-vous eu une préférence pour une catégorie de tire-bouchons ? Laquelle et pourquoi ?

R. Je peux dire que je collectionne vraiment les tire-bouchons du XVIII° siècle en argent, fer, or et aussi les modèles mécaniques en général. 




De très beaux modèles ...




... et des modèles très anciens


Je l'ai déjà dit, mais ce qui me passionne dans ces tire-bouchons c’est leur beauté et leur ingéniosité.


Q. Quel sens revêt pour vous votre collection : un challenge personnel ? un sujet d'études ? un investissement ? une occasion de rencontrer des gens partageant votre passion ?...

R. J’ai une vision assez simple sur ce point : je collectionne les tire-bouchons parce que je trouve ces objets fascinants par la diversité des moyens mis en oeuvre pour finalement réaliser une action simple : ouvrir un flacon fermé par un bouchon en liège. 
De plus, je suis sensible à l’évolution du goût et de la technologie. 
Et aussi un point important pour moi est d'apprécier les particularités culturelles d’une société. Les tire-bouchons portent la marque de la culture de chaque pays.
Un autre volet d’une collection est de pouvoir rencontrer et partager avec les personnes qui ont la même passion que vous. Collectionner des tire-bouchons m’a permis de rencontrer des gens formidables et de construire des amitiés qui durent des décennies.



Une rencontre improbable



Q. Pouvez-vous nous raconter une anecdote qui a marqué votre vie de collectionneur : rencontre, scène de vie, trouvaille inespérée... ?

R. J’ai vécu beaucoup de moments inoubliables dans ma vie de collectionneur... 
Je peux vous en raconter un qui s'est passé dans une vente chez Christie’s. C’était la troisième vente à laquelle je participais et je commençais à devenir un vrai collectionneur. Assis derrière moi, il y avait un Français qui ne parlait pas anglais, mais bénéficiait de l'aide d'une interprète de chez Christie’s. Après quelques enchères un peu chaudes entre lui et moi, il commença à faire des commentaires pas sympathiques sur moi avec l’interprète. Je m’amusais bien à les écouter et aussi de le voir s'énerver à cause de notre dispute sur les lots. 
Au bout d'un moment je me suis retourné vers lui et je lui ai dit avec un grand sourire : "Vous êtes vraiment bavard. Arrêtez un peu de parler, je n’arrive pas à me concentrer." Evidemment, il fut très étonné de m'entendre l'apostropher en français et du coup il s'est arrêté de parler. 
Mais à la sortie de la vente nous sommes allés déjeuner ensemble dans le restaurant en face de chez Christie’s et voilà comme j’ai connu mon grand ami Daniel Boute...



Où acheter ?


Q. Quels lieux ont votre préférence pour acheter des tire-bouchons et lesquels conseilleriez-vous aux nouveaux collectionneurs : salles de ventes, antiquaires, brocantes, Internet...

R. Je cherche des pièces assez spécifiques, alors je préfère acheter des tire-bouchons aux autres collectionneurs, au moment où ils décident de vendre ou si je suis capable de les convaincre de me vendre une pièce que je veux pour ma collection. 
Mais je fais feu de tout bois : je surveille les salles de ventes, je fréquente les boutiques des antiquaires et je chine aussi sur internet.

Aux nouveaux collectionneurs, je donne le conseil de visiter des collections et d'échanger avec les collectionneurs. Rien ne remplace l’expérience de voir/toucher/échanger.
Après, tous les moyens pour acquérir les pièces souhaitées sont valables. 
Je leur recommande d'adhérer dès que possible à un club de collectionneurs et de profiter des ventes entre membres au moment des réunions des clubs comme le CFTB ou lors de la vente de l’ICCA.



Ecrire ou construire son website ?


Q. Avez-vous écrit ou participé à l'écriture de livres? 

R. Non, je n’ai pas encore écrit de livres. Je me contente d’aider mes amis à développer certains thèmes et leur prête mes tire-bouchons pour leurs livres s’ils en ont besoin. Je travaille et voyage encore beaucoup alors je ne veux pas dépenser plus de temps sur les tire-bouchons. 

Pour être très honnête, je n’ai pas un intérêt particulier pour écrire un livre sur le tire-bouchon. Je crois que nos collègues ont fait déjà un boulot fantastique.


Q. Le phénomène majeur de notre génération est l'irruption du numérique dans notre quotidien. Utilisez-vous ces nouvelles technologies pour acquérir ou vendre ? ou bien utilisez-vous l'informatique pour classer votre collection ? Et si oui, comment ?

R. Bien sûr que l’irruption des nouvelles technologies a bouleversé l’univers de tous les collectionneurs et de toutes les collections. 
Je ne suis pas une exception. J’utilise internet pour acheter et vendre. Je regarde eBay de temps en temps mais à part quand je connais le vendeur, j’achète rarement sur ce site. 
Je suis en train de développer un website pour présenter ma collection et la partager avec d’autres collectionneurs, mais je suis encore très actif au niveau professionnel, alors le projet avance lentement. Je ne désespère pas de le terminer vers la fin de l’année.


Q. On distingue parfois les "collectionneurs vitrines" des "collectionneurs placards", ceux qui exposent et ceux qui cachent. Dans quelle catégorie vous rangeriez-vous plutôt ?

R. Je pense que je ne suis ni l'un, ni l'autre. 
Comme je suis pour raisons professionnelles un "Sans Domicile Fixe", mes tire-bouchons ne sont pas tous réunis, mais sont un peu partout. 
Comme ma collection n’est pas énorme, j’en expose toujours une partie tandis qu'une partie reste dans les tiroirs. Et j’essaye de changer les pièces exposées une fois par an.


Q. Collectionnez-vous d'autres choses ? Avec autant de passion que les tire-bouchons ?

R. J'ai beaucoup collectionné, je l'ai dit. Mais actuellement, je ne collectionne que les tire-bouchons.



Collectionner est un plaisir : 
il faut acheter ce qu'on aime


Q. Nous sommes aujourd'hui à un tournant de l'hélixophilie : la génération des fondateurs est vieillissante, mais nous rencontrons aussi de plus en plus de nouveaux collectionneurs. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes collectionneurs pour les aider dans leurs débuts ? 

R. J'ai déjà abordé un peu cette question. 
Les nouveaux collectionneurs disposent de beaucoup plus d’informations aujourd’hui, alors il faut qu'ils en profitent. La bibliographie sur les tire-bouchons est devenue considérable : il faut acquérir des livres et les étudier.
Mais la rencontre des autres collectionneurs est également très formatrice : il faut saisir toutes les occasions de découvrir des collections et participer activement aux clubs comme le CFTB. C’est fondamental.




Congrès de Sète 2014 ou...
 quand José présente une belle trouvaille


Je dirais que pour construire une bonne collection, il faut connaitre son sujet, bénéficier des conseils et de l'expertise des collectionneurs chevronnés, avoir de la patience et aussi... un peu de chance ! 
Et pour que la collection soit un plaisir, il faut acheter ce qu’on aime. C'est plus important qu’acheter ce qui est rare ou cher.    


José conclut l'entretien en me suggérant les noms de grands collectionneurs moins visibles pour les Français comme Wayne Meadows , Karel Januseak, John Morris… 



-/-


La discrétion et la modestie ont retenu José de nous raconter ses combats homériques pour réunir des pièces de très grande valeur. Sa collection compte parmi les plus belles du monde, mais José tient à être un collectionneur comme les autres, parmi les autres.



M






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