dimanche 11 mai 2025

QUELQUES REFLEXIONS SUR UNE BOUTEILLE ANCIENNE

 Amis blogueurs, bonsoir !


J'aurais aimé vous entretenir d'une bouteille, mais elle me résiste !
Voici donc seulement :

Quelques réflexions sur une bouteille ancienne


Resituons d'abord cet achat.
C'est à la brocante de Chambord que j'ai acheté ma bouteille ce 1er mai 2025.
Si Chambord 2024 s'était déroulée sous la pluie, l'édition 2025 était au contraire très ensoleillée.



La brocante vue de la terrasse du château


Devant être présent sur un stand avec des amis, j'eus davantage l'opportunité de rencontrer des collectionneurs connus que celle de chiner.

Une courte escapade vers la buvette me permit cependant de voir de beaux stands, mais pas de me laisser tenter par des tire-bouchons peut-être un peu chers.



L'escapade au pied du château


Ma seule acquisition fut donc celle d'une bouteille :







3 vues : de face, du dessus et du dessous


Que peut-on en dire ?

C'est une bouteille soufflée à la bouche et donc striée.
Elle ne comporte ni "couture", ni aucune trace du moule ou sabot dans lequel elle a dû prendre corps.
Le verre est de couleur vert olive foncé. Il renferme beaucoup de bulles et quelques défauts.
La hauteur de la bouteille est de 25 cm. 
Vide, elle a une masse de 1020 grammes. Emplie d'eau (densité 1), sa masse est d'environ 1840 grammes. Sa contenance correspond au volume de l'eau contenue, calculée par différence entre les deux masses, soit environ 820 g ou 82 cl.

Le fût est de forme tronconique inversée, le diamètre variant de 10,5 cm à la base, jusqu'à 11,3 cm au diamètre le plus large, soit à 10 cm de hauteur.
Les épaules sont marquées.
Le col, légèrement désaxé, est conique, variant du bas en haut de 4,5 à 3,1 cm ; il mesure environ 10 cm.
Une bague de col large de 0,7 cm et de section grossièrement triangulaire  (cf. 2ème photo) est rapportée en haut du goulot, faisant passer son diamètre extérieur de 3,1 cm à 4,4 cm. Le bord a été tranché, certainement à l'aide de ciseaux de verrier.
On y voit des ébréchures (cf. 1ère photo) explicables par l'utilisation en levier d'un poinçon ou d'un pique-fût pour retirer le bouchon.
Le fond comporte une piqûre "en auge" assez profonde (5 cm), avec présence d'ébréchures ou traces de pontil (cf. 3ème photo). 

Rappelons que le fonçage était l'opération qui permettait au maître verrier de "régler" à vue la contenance de la bouteille, tout en en lui donnant une base stable. Il s'effectuait à chaud, bouteille maintenue au bout de la canne de souffleur, en poussant une seconde canne, ou pontil, contre le fond de la bouteille.
Ce fonçage au pontil a caractérisé les fabrications de bouteilles jusqu'à la fin du XVIIIe siècle ; le XIXe siècle verra la technique évoluer : le pontil utilisé pour le fonçage se terminera alors en cupule laissant au fond de la bouteille une empreinte "en boule".



En prenant en compte ces éléments :
Je crois pouvoir affirmer que cette bouteille est française et date de la seconde moitié du XVIIIe siècle, avant la mise en œuvre du système métrique.
Sa forme et sa contenance, non standardisées, me conduisent à penser qu'il doit s'agir d'une bouteille normande, destinée à l'eau-de-vie de cidre.


Additif : j'ai relu, depuis la publication, un article de Thierry De PUTTER, paru sur ACADEMIA 
Thierry De PUTTER est "Royal Museum for Central Africa, Faculty Member".
Son article est intitulé :
Quelques réflexions à propos de l’étude des bouteilles d’usage en France au XVIIIe siècle.

Cette lecture m'incite à ajouter qu'en ce qui concerne ma bouteille le ratio entre la hauteur totale A = 25 cm et la hauteur du fût mesurée au point où le diamètre est le plus large avant de diminuer B = 10 cm est de A/B = 2,5, ce qui tend à corroborer une datation comprise entre 1730 et 1760.



Illustration de l'article de Thierry de Putter


-/-


Bien sûr le risque d'erreur existe et je prendrai volontiers en compte vos observations.



M



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...