jeudi 27 septembre 2018

DUJARDIN-SALLERON : UN CATALOGUE, UN TIRE-BOUCHON !



Amis lecteurs, bonjour !


Il est des sujets d'articles qui s'imposent d'eux-mêmes.
Deux noms accolés, DUJARDIN et SALLERON, une référence en œnologie, me provoquent ainsi depuis quelques mois.


Les Laboratoires Dujardin-Salleron (LDS) prolongent aujourd'hui l'entreprise créée par Jules Salleron en 1855, rejoint par Jules Dujardin vers 1880 : ce sont des interlocuteurs incontournables pour le monde vinicole.
Cf. le site : https://www.dujardin-salleron.com/



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Cet article va vous permettre d'en juger : ces noms, Dujardin et Salleron, ne cessent de me poursuivre !

Déjà, certains de leurs produits, ébulliomètres, acidimètres et autres gypsomètres, figuraient dans le catalogue Mathès que j'ai présenté ici il y a quelques mois. Cf. :
LE CATALOGUE MATHÈS : I. UNE AVENTURE INDUSTRIELLE
LE CATALOGUE MATHÈS : II. LE CONTENU DE LA MALLE AUX TRESORS


Ensuite, ce printemps, on m'a proposé à petit prix un ébulliomètre Dujardin-Salleron que j'ai bien regretté de ne pas avoir acheté ! Mais j'ai raconté l'anecdote à un ami viticulteur dans le vignoble de Ménetou-Salon et il m'a gentiment offert la notice d'utilisation de l'ébulliomètre Dujardin-Salleron acheté jadis par son père !




Notice du vigneron.


Un peu plus tard, chinant à Saarlouis, en Allemagne, j'ai trouvé une ancienne matrice d'estampage destinée à l'illustration de catalogues et, coïncidence, le sujet était un acidimètre Dujardin-Salleron !




Matrice cuivre fixée sur bois, 
représentant un acidimètre Salleron-Dujardin
(collection personnelle).



Le "signe indien" a continué de me poursuivre et cet été j'ai pu acheter un ancien catalogue présentant les "Instruments œnologiques de précision Dujardin-Salleron" ! 
Il comptait 84 pages illustrées... mais un seul tire-bouchon, en quatrième de couverture :



"Une" de couverture de mon catalogue.


C'était un catalogue de la fin des années 30.
Particulièrement intéressant pour nous, on y trouvait, page 31, sous la référence "114 Nécessaire acidimétrique Dujardin", une gravure correspondant exactement à notre matrice, y compris la signature par De Ruaz :




Page 31 du catalogue : acidimètre, 
gravure par De Ruaz.




Notre matrice cuivre, image retournée.
A droite, la signature du graveur : De Ruaz



Le graveur De Ruaz travaillait donc pour l'imprimerie Dujardin - Salleron. 

J'ai alors contacté l'entreprise dans l'espoir qu'on puisse m'aider dans l'analyse de mon catalogue : datation, identification de De Ruaz et origine de l'illustration de 4° de couverture. 

Et j'ai eu le plaisir de recevoir cette réponse, signée de Madame Faber, responsable Communication :
"Vous avez en effet bien identifié le nécessaire présenté sur la gravure : réf.114.
Difficile d’identifier la date d’émission du petit catalogue que vous avez acheté, nous n’avons pas l’information non plus.
Idem pour De Ruaz.
Par contre, concernant le document qui représente le laboratoire, avec un tire-bouchon accroché au mur : il s’agit de la couverture du catalogue de 1932.
Dès le retour de congés de mes collègues au stock, je leur demande si nous avons suffisamment d’exemplaires pour vous en envoyer un.
Bien cordialement..."

Un document issu du catalogue de 1932 y était joint :


Vue d'un laboratoire : document repris et quelque peu tronqué
de la quatrième de couverture de 1932, 
(Document transmis par l'entreprise).

Cherchez le tire-bouchon !


Et dans les jours suivants, je recevais une enveloppe pré-affranchie "Dujardin - Salleron" et contenant un beau catalogue "ancien tout neuf", sa version italienne et une carte frappée du logo actuel de l'entreprise, "LDS", avec un agréable mot d'encouragement.


Comme un condensé de l'histoire de l'entreprise...


Ces documents sont pour moi comme "les tickets d'entrée de la machine à remonter le temps" ! 
Et voici donc le moment d'emprunter cette machine pour découvrir l'histoire de l'entreprise.




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Les Laboratoires Dujardin-Salleron


Inventeur d'un alambic-acétimètre et d'un ébulliomètre, Jules Salleron crée son entreprise d'instrumentation de précision à Paris en 1855. 
Jules Dujardin le rejoint vers 1880 et prend ensuite sa succession.
La société quitte le giron familial en 1987, mais conserve la raison sociale Dujardin-Salleron.

L'aventure industrielle est ininterrompue, cependant l'entreprise déménage plusieurs fois :
- d'abord à Paris : rue du pont Lodi (1855), rue Pavée (1860), rue Payenne (vers 1937), rue de la Durance (1987), 
- puis en banlieue, à Arcueil (1994), 
- enfin à Noizay, près d'Amboise (2012), "s'associant ainsi géographiquement - nous dit le site Internet de l'entreprise - avec la Verrerie Dumas pour créer des synergies autour de l'instrumentation de précision".

Et depuis plus d'un siècle et demi, le projet de l'entreprise reste de fournir aux viticulteurs et aux négociants en vins les instruments d'une bonne pratique œnologique, permettant des manipulations en conformité avec les réglementations toujours en évolution.
L'entreprise offre ses services aux viticulteurs et oenologues, mais aussi aux brasseurs, cidriers et vinaigriers.

Depuis des décennies, le catalogue  Dujardin-Salleron - aujourd'hui téléchargeable - est le support permettant à l'entreprise de proposer ses inventions et fabrications.


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Le catalogue


Je me limiterai au catalogue français envoyé par Madame Faber : il est plus ancien que le mien et plus complet que la version italienne.



Couverture du catalogue offert par l'entreprise.
Fête des vendanges en "une", vue sur un laboratoire en "quatrième".


La belle "une" de couverture propose une fête des vendanges : quelle meilleure introduction pour un catalogue d'instruments œnologiques ?
L'oeuvre est signée, mais la signature est difficile à déchiffrer : Kallmann peut-être, pour le peintre Jules Kallmann ?

La quatrième de couverture nous apprend que les catalogues étaient réalisés à l'interne par l'Imprimerie de la Maison "Instruments DUJARDIN-SALLERON".
Un numéro de Registre de Commerce est indiqué : 52818, mais je ne sais pas si ce numéro peut nous apporter une aide ?

Les illustrations :

Une mention précise aussi que texte et clichés ont été déposés.
On comprend bien ces précautions quand on observe la qualité des illustrations.
Les "clichés" évoqués sont issus de matrices gravées sur cuivre (comme celle présentée ci-dessus), lesquelles étaient souvent de véritables œuvres d'art signées des graveurs "maison" : De Ruaz, Perot, Blanadet...
On notera aussi que la marque Dujardin-Salleron est partout présente, pour protéger les nombreuses innovations de l'entreprise, mais aussi comme une garantie de qualité proposée aux clients.




"J. Salleron-Dujardin Successeur" : Marque déposée en tous pays


La datation :

Comme c'était l'habitude en un temps où les produits avaient une durée de vie importante, ce catalogue n'était pas daté : il fallait qu'il puisse servir plusieurs années. 
Pour les mêmes raisons, les prix et conditions de vente des produits n'étaient pas indiqués : les représentants disposaient de leurs propres documents tarifaires et d'une autonomie leur permettant de consentir des remises, en fonction de l'importance des commandes par exemple.

Concernant la vue sur un laboratoire en "quatrième" de couverture, Madame Faber m'indiquait qu'il s'agissait de la couverture du catalogue de 1932.
Cependant, plusieurs mentions font référence à des textes officiels, le plus tardif étant un décret du 09 avril 1934 : notre catalogue est donc postérieur à cette date.
L'adresse de l'imprimerie est 24, rue Pavée, Paris, alors que sur le mien l'imprimerie est située au 3, rue Payenne, Paris.
Le déménagement de la rue Pavée vers la rue Payenne a eu lieu "vers 1937" nous dit le site internet de l'entreprise. 

Ce catalogue offert par l'entreprise Dujardin-Salleron date donc de 1935 ou 1936. 
Celui que j'avais trouvé est un peu moins ancien et date vraisemblablement de 1938 ou 1939.

Le contenu :

Je n’énumérerai pas les centaines de références proposées : j'en ai dénombré 718 auxquelles il faut encore ajouter les centaines d'ouvrages recommandés !
Plus qu'un catalogue, c'est un véritable ouvrage pédagogique, appuyé sur la réglementation et l'imposante bibliographie, et donnant les méthodes d'utilisation des instruments proposés, pendant la vinification et une fois le vin fait jusqu'à la dégustation.



La dégustation.


Après ces recommandations, vient la présentation des instruments de jaugeage, d'étude de la fermentation, des maladies des vins, de la limpidité, de l'acidité, puis les dosages de l'alcool, de l'extrait-sec des vins, des sucres, du tanin, du plâtre, des tartres...

Que de néologismes scientifiques Dujardin et Salleron ont-ils dû créer : mustimètres, aréomètres, colorimètres, glucomètres, densimètres, acidimètres, ébulliomètres, alcoomètres... se tiennent compagnie tout au long des pages du catalogue !
Et quel plaisir langagier que l'évocation du dosage d'alcool des "mistelles, mutés, cidres, vinasses, flegmes, petites-eaux." Mais qui de nous sait encore qu'il peut s'agir des ratafias, muscats, cidres, résidus et autres sous-produits de distillation, ou encore de mélanges d'eau et d'eau-de-vie ?


Les Laboratoires Dujardin-Salleron fournissent aussi de la verrerie de laboratoire, des accessoires de dégustation : pipettes, verres, tâte-vins, ... mais pas encore de tire-bouchon !

Le catalogue se poursuit avec l'application des instruments aux vins mousseux ou de champagne, aux cidres, aux vinaigres.

C'est ensuite le tour des accessoires de laboratoire : alambics, balances, ballons... et aussi des livres !
Tous les accessoires sont issus de "MON LABO", la "Nomenclature des instruments de précision nécessaires pour composer chez vous un laboratoire élémentaire ou complet permettant d'exécuter les analyses facilement d'après les méthodes officielles des laboratoires".  
Vers 1935-36, cette nomenclature de 280 pages établie par l'imprimerie de l'entreprise présente quelques 2000 articles et 485 titres de livres techniques !

La quatrième de couverture, enfin,  fait la promotion de cette nomenclature en l'illustrant par la représentation d'un laboratoire.



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Je laisserai la conclusion aux auteurs du catalogue :
"La vinification ne dure que quelques jours, la conservation dure des mois, des années. Mal conduite, elle peut amener la perte d'années entières de labeur et de capitaux importants."

... Remplacez "vinification" par "impression" et vous vous rendrez compte que la formule s'adapte parfaitement au catalogue Dujardin-Salleron, bien construit et qui résiste bien au temps, même 80 ans après sa parution !

Sincères remerciements aux Laboratoires Dujardin-Salleron, et particulièrement à Madame Faber, responsable Communication.



M

mercredi 19 septembre 2018

ENIGMA N° 44 : LE TIRE-BOUCHON D'ARMANDO



Amis hélixophiles, bonjour !


Ce n'est pas encore le moment de mon vrai "come back" sur le blog.
Des travaux d'écriture m'accaparent encore par ailleurs : l'Extracteur pour le Club Français du Tire-Bouchon et un petit livre que j'essaie d'écrire... je vous raconterai !

Mais les affaires reprennent : Armando CECCONI nous propose une énigme.


ENIGMA N° 44 : LE TIRE-BOUCHON D'ARMANDO


Voici l'essentiel de son message :

"Je suis à la recherche d’une aide ; peut-être peux-tu m’aider, ou bien les lecteurs du Blog des tire-bouchons ?

On me propose un tire-bouchon que j'ai envie d'acheter.
C'est un simple tire-bouchon italien en laiton, à deux leviers.
Sa mèche est malheureusement cassée, mais une restauration semble facilement réalisable.



Un double levier typiquement italien.



Les deux leviers comportent un marquage que je ne connais pas : EMD et la silhouette d’un bouquetin :


Le marquage inconnu.


Mais la plus grande caractéristique concerne le bouchon qui se visse en haut, au centre de la poignée.



Un logement fermé par un bouchon à vis


Dans la partie supérieure du fut de la mèche, il y a un "logement" vide, long d'environ 6 à 7 cm et qui se ferme par le bouchon."



3 marquages identiques


Ce bouchon à vis est d'origine : il a été réalisé en même temps que le tire-bouchon. Son marquage, identique à celui des leviers, le prouve.

Les deux questions d'Armando sont simples :
- à quel fabricant peut correspondre le marquage : trois lettres EMD encadrant la silhouette d'un bouquetin ?
- quelle était l'utilité du logement aménagé dans le fût de la mèche et fermé par un bouchon à vis ? Que pouvait-il contenir ?


Armando compte beaucoup sur vous, les amis !

Et je publierai bien sûr vos contributions.



M



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