mardi 28 mai 2013

1902, UNE NOUVELLE INVENTION : LE TIRE-BOUCHON EXTENSIBLE ?


1902, UNE NOUVELLE INVENTION :

LE TIRE-BOUCHON EXTENSIBLE ?

 
 
Comme moi, chacune, chacun d'entre vous a sûrement parcouru un jour un vieil exemplaire retrouvé de

 

L' ILLUSTRATION

Journal Universel Hebdomadaire

 

Pendant un siècle, de 1843 à 1944, de la Monarchie de Juillet à la fin de la IIIe République, L’Illustration, premier hebdomadaire illustré de langue française, a été le miroir de tous les grands évènements ainsi que de la vie quotidienne en France et dans le monde.

Outre les nombreux reportages sur la vie nationale et internationale, on y trouvait des rubriques plus spécialisées : la semaine comique, des jeux, l'art appliqué, la cuisine, des annonces d'officiers ministériels, des publicités... et pour ce qui nous concerne, la rubrique "Nouvelles inventions".

 

Le n° 3100 du samedi 26 juillet 1902 avait attiré mon attention parce qu'il y était question de la fermeture des écoles libres et d'une nouvelle invention : le tire-bouchon extensible.

 
 

Mais on y parlait de bien d'autres choses : de l'effondrement du Campanile de Saint-Marc à Venise, de la visite du Ras Makonnen à Chalais-Meudon en automobile, du procès des assassins de Mores ou de la visite du roi d'Italie au tsar, du mariage du prince Mirko de Monténégro ou de l'éboulement du tunnel de Meudon.

Les publicités pour des produits disparus ou toujours en vente, comme à chaque fois, me ravirent.

On trouvait dans ce numéro la Phosphatine Falières, le rhum Caïman, le chocolat Louit... mais aussi déjà Milka Suchard, l'arôme Maggi, l'alcool de menthe Ricqlès...

De nombreux remèdes étaient proposés : le Spécifique BALDOU contre le diabète, la Thyroïdine Bouty pour maigrir, le pétrole Oural contre la chute des cheveux, le Topique des Chartreux pour guérir les cors aux pieds....

Sans oublier les produits de beauté : Carméine pâte dentifrice hygiénique, la Crème épilatoire du Dr Kalish, l'eau de toilette Lubin, la Brise Embaumée Ed. Pinaud ou Edelsweiss de la Tsarine...

 

Enfin il y avait dans ce numéro du 26 juillet 1902, les deux "nouvelles inventions" :

- "L'Increvable", enveloppe protectrice pour pneumatiques, et

- "Le tire-bouchon extensible".

Vous reconnaîtrez aisément sur la photo que j'en ai faite le brevet anglais WEIR'S PATENT 12804, 25 SEPTEMBER 1884, HEELEY & SONS, MAKERS.

L'article de "L'Illustration" explique que "par l'action successive des tiges formant leviers conjugués, la puissance de traction exercée sur l'anneau s'augmente, de tige en tige, jusqu'à devenir décuple sur la vis du tire-bouchon. De sorte qu'une dame ou un enfant peut aisément enlever le bouchon de la bouteille la plus solidement bouchée. On a, en outre, l'avantage de pouvoir déboucher ainsi une bouteille sans l'agiter."

L'auteur nous apprend encore que "ce tire-bouchon extensible en métal nickelé, très soigneusement établi avec articulations à galets, se vend 10 francs, chez MM. Kirby, Beard et Cie, 5, rue Auber, Paris."

 

Le modèle que je possède (cf. photo) est probablement un peu moins ancien ; il est marqué J. HEELEY & SONS Ltd sur le bras de levier inférieur.

 

 

Mais il aura fallu 18 ans pour que l'invention de WEIR traverse la Manche et soit mise à l'honneur dans L'ILLUSTRATION !

mercredi 22 mai 2013

EST ! EST ! EST !



HISTOIRES DE BROCANTE

 

Le sommelier Est ! Est !! Est !!!


Petit achat, belle histoire...








Repéré aux Puces de Metz, ce simple sommelier, dès le premier regard, me renvoyait dix-neuf ans ou neuf siècles plus tôt en Italie.
Il y a dix-neuf ans, Maurizio et Patrizia m'accueillaient chez eux, à Ladispoli, aux portes de Rome. C'était la première fois, e sempre una prima volta. Nous ne sommes plus quittés depuis.
Maurizio m'avait fait découvrir alors le Latium : Rome bien sûr, mais aussi Tivoli, le lac de Bracciano, les villes étrusques, Cerveteri et Tarquinia, Viterbo ... et Montefiascone.
Montefiascone : tout en me faisant admirer le vignoble et déguster le capiteux vin local, Maurizio me raconta, dans notre créole à nous, le "fritaliano", la légende de ce vin.
Il y a neuf siècles, en 1111, Henri V, roi de Germanie, qui se rendait à Rome pour se faire couronner empereur du Saint-Empire Romain Germanique, fit étape à Montefiascone.
Dans sa suite, un évêque allemand, Johannes de Fukris, amateur de bon vin, avait pour habitude d'envoyer son serviteur Martin, en éclaireur dans les villes traversées. martin repérait les auberges où le vin était bon et les lui signalait en marquant sur leur porte : "Est !", "Il est", sous-entendu : bon !
Arrivé à Montefiascone - nom prédestiné ? - le serviteur trouva le vin servi dans les auberges si bon, qu'il inscrivit sur chaque porte "Est ! Est !! Est !!!".
L'évêque partagea les goûts de son domestique et apprécia tellement ce vin capiteux, d'un beau jaune paille, qu'il s'établit définitivement à Montefiascone où il mourut deux ans plus tard.
Il y est enterré dans la basilique de Saint-Flavien.
Le brave Martin fit graver sur la tombe de son maître cette épitaphe insolite : Est est est pr(opter) nim(ium) est hic Jo(hannes) de Fu(kris) do(minus) meus mortuus est.
Ou, traduit approximativement : "C'est ici que, pour avoir bu trop d'Est Est Est, mourut mon maître Johannes de Fukris ".
Et depuis chaque année au jour anniversaire de sa mort, de l' Est Est Est est versé sur la tombe de l'évêque pour l'abreuver encore.
Dégustation achevée, histoire terminée, enchanté de l'avoir à peu près comprise, il m'avait été impossible de repartir les mains vides : j'achetai quelques flacons !
Et bien que ne l'ayant pas écrit sur les portes, je partageais totalement l'avis de Martin, celui de Maurizio aussi :
"Est ! Est !! Est !!!".
Je ne suis jamais retourné à Montefiascone, mais n'ai jamais non plus oublié cette belle histoire.
Et ai donc eu le cœur qui a bondi quand j'ai découvert sur ce sommelier "Il servo Martino" traçant "Est ! Est !! Est !!!" sur une porte.
L'histoire, dans l'instant, m'est revenue.
Plus que me vendre un sommelier, mon brocanteur m'avait offert une petite machine à remonter le temps.
Elle est passée de mains en mains depuis : mes amis "sèchent" un peu avant que je ne consente à leur raconter devant un verre l'édifiante histoire de ... l' Est Est Est.




mardi 21 mai 2013

COMMENT CA M'A PRIS ?


Comment ça m'a pris ?


C'était au siècle dernier.


Homme de Loire vivant en Lorraine, je faisais chaque printemps un pèlerinage viticole en même temps que retour à mes sources, explorant les vignobles de Sancerre et Menetou-Salon, du Blésois et d'Amboise, de Vouvray et Montlouis, Bourgueil et Chinon, Saumur, Savennières et Layon.

Et c'est à Faye d'Anjou*, il y a vingt ans maintenant, que je rencontrai mon destin.
Il s'appelait Yvon, était aussi génial viticulteur que bon commerçant et, m'accueillant dans sa cave pour une première dégustation, il me fit patienter devant une insolite et incongrue collection : des tire-bouchons !

J'observais, très étonné devant l'objet et sa diversité, quand il me rejoignit et me fit l'honneur d'une petite présentation. Des noms, lancés à tout-va, émaillaient son propos, comme ceux d'autant d'aventuriers explorateurs de vierges territoires : Pérille, Coville, Pecquet, Thomason, Lund ou Clough...

Les anecdotes évoquaient des peuples inconnus, leurs rites, leurs techniques, leur histoire...

Bien sûr nous passâmes à la dégustation, entre petits vins de soif, élégants Anjous de garde et, perle locale, de somptueux Coteaux-du-Layon, ceux de Faye et ceux de Chaume !

J'achetai et promis de revenir chaque année.

C'est le moment que choisit Yvon pour me faire une offre que je ne pouvais alors refuser : "chinez, apportez moi des tire-bouchons : je paierai vos trouvailles en bonnes bouteilles !"

Je courais déjà les brocantes : il ne me fut donc pas difficile de chiner mes deux ou trois premiers tire-bouchons. Oui, mais le quatrième - négocié à 80 FF, et payé quand même 100 FF (15 €), la dame n'ayant pas 20 FF pour me rendre - était un Thomason et venait du capitaine d'un navire anglais !

Yvon n'a jamais vu le Thomason. Mais moi j'avais attrapé le virus !


M


* Je ne savais pas encore que Faye d'Anjou est très proche de la petite commune de Gérard, grand auteur-collectionneur hélixophile expert qui je l'espère voudra bien m'honorer de quelque article sur ce blog.

Bienvenue !

Bonjour amis hélixophiles,

 
Petit pas (de vis) pour moi - pour vous je ne sais pas ? - je vais tenter de blogger sur notre passion commune : celle des tire-bouchons.
Collectionneur amateur, ni marchand, ni expert, j'ai seulement envie d'entrecroiser, de mèche avec vous (forcément !) nos histoires de tire-bouchons et que nous écrivions ensemble la geste de cet outil de convivialité.
Parce que j'aime écrire, je voudrais y mettre un peu d'histoire et d'histoires. Je voudrais que nous y partagions trouvailles, documents et anecdotes, connaissances et interrogations.
Et que toujours l'humain reste au milieu de tout ça : le tire-bouchon, comme la plume, est un trait d'union entre gens de bonne compagnie.
J'aurais donc plaisir à vous faire de la place pour y accueillir vos propres histoires.
A vos tire-bouchons et à vos plumes donc !

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