lundi 30 juin 2025

UN NOUVEAU SCOOP SUR PERILLE ET TREBUTIEN

 
Amis blogueurs, bonjour !


Voici un nouveau scoop sur le conflit ayant opposé Jacques Augustin Pérille et Louis Eugène Trébutien !


C'est à notre amie Pascale, mylokaphéphile et chercheuse infatigable, que nous le devons.
Pascale a retrouvé pour nous l'acte de mariage de Jacques Pérille et l'a examiné de près. 

Le voici, je vous laisse en prendre connaissance :





Avez-vous trouvé ?
Oui, évidemment : le 4 décembre 1862, le premier témoin de mariage de Jacques Augustin Pérille était un certain Louis Eugène Trébutien, âgé de trente ans, négociant, demeurant à Paris, rue Saint-Martin, n° 199 !
Un vrai scoop, non ?

On découvre au passage les signatures des deux futurs protagonistes :



Jacques Augustin Pérille



Louis Eugène Trébutien


En 1862, Pérille et Trébutien étaient donc collègues et amis proches. 


-/-


Rappelons que :

- Jacques Augustin Pérille (1834 - 1903), fils d'un horloger de Joigny dans l'Yonne, et formé au métier de coutelier, est monté très jeune s'installer à Paris
Il y épouse le 4 décembre 1862 Marie Emelie Regniaud (1843 - 1880), fille de quincailler. 
Dans l'acte de mariage, Jacques Pérille déclare être lui-même quincailler : il est donc installé en 1862.
Dès ses débuts, Pérille vend des tire-bouchons dont il sous-traite la fabrication aux artisans de Breuvannes (Haute-Marne). Burel et Delarbre font partie de ces artisans sous-traitants.
On sait aussi qu'en 1864, il possède sa quincaillerie – coutellerie à l'enseigne "Au Compas d’Or" au 44 avenue de Clichy à Paris 17°.

Corrigeons ici deux erreurs de retranscription d'état-civil, la première ayant été relevée par notre ami Lionel : Trébutien n'est pas né en 1838, mais en 1832, tandis que son épouse Adèle Gratien est née en 1836 :
- Louis Eugène Trébutien (1832 - 1915) est ainsi l'aîné de Pérille de deux ans. 
Il a épousé en 1858 Adèle Gratien (1836 - 1917).
A la naissance de leur premier enfant, Henri en 1859, Trébutien déclare être employé.
En 1861, à la naissance de leur deuxième enfant, Adèle Mélanie, Trébutien et son épouse sont dits tous deux quincaillers.

Trébutien et Pérille étaient donc collègues et amis au point que l'un est le premier témoin de l'autre lors de son mariage en 1862.


-/-


Mais l'amitié des deux hommes ne résistera pas à la durée : 
Pérille, très actif, s’inspire de ce que fait la concurrence française et étrangère, pour créer de nouveaux modèles. C'est ainsi qu'en 1876, il présente, sans précaution, son « tire-bouchon à hélice », modèle retenu pour l’Exposition Universelle de 1878 à Paris. 
Trébutien le copie aussitôt sans vergogne. 
Les tentatives faites ultérieurement par Pérille, pour essayer de protéger ce qu’il considérait comme son invention, n'y changeront rien : le tire-bouchon à hélice est  tombé dans le domaine public.

On imagine à quel point Pérille dût être ulcéré d'être trahi par celui qu'il considérait comme ami et on comprend mieux sa pugnacité dans le procès intenté à Trébutien, procès qu'il perdra finalement en Cassation le 26 janvier 1884.
Le juge ne fut pas insensible à cette trahison, disant le droit au profit de Trébutien, mais qualifiant cependant son comportement :
"L’attitude, même regrettable de Trébutien, ne tombe pas sous l’application des dispositions visées dans la citation."

Et derrière Trébutien, de nombreux autres fabricants vont s'engouffrer dans la brèche : 
Cf. notre livre Les tire-bouchons à hélice par Jean-Pierre Lamy et Marc Ouvrard, présenté ici :


On sait cependant que Trébutien n'a pas eu le temps de bénéficier vraiment du jugement : il a cédé son entreprise à Adolphe Pecquet, un an plus tôt, le 15 février 1883, sans qu'on en connaisse les raisons (Trébutien vivra encore pendant 32 années après cette vente).
Et c'est donc Adolphe Pecquet qui fabriquera le tire-bouchon repris de Pérille.




Source : Les tire-bouchons à hélice 
par Jean-Pierre Lamy et Marc Ouvrard

 
-/-


La trahison par celui qu'on croyait son ami est une blessure dont on ne se remet pas !



M

3 commentaires:

  1. 👍👍Frédéric et Martine

    RépondreSupprimer
  2. Super Marc. Juste une petite remarque. En 1862 Trebutien a 30 ans. Il serait donc né en 1832, et non en 1838 comme indiqué ! Et là il serait l'aîné de Perille de deux ans... Merci pour cette information très sympathique. Lionel

    RépondreSupprimer
  3. Merci Lionel ! Au moins un qui suit ! L'acte de mariage de Trébutien confirme qu'il est né le 13 juillet 1832, et que son épouse Adèle Gratien est née le 8 octobre 1836. Je corrige !

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...