Amis collectionneurs, bonjour !
Sauf manque de temps bien sûr, il ne faudrait jamais prendre les autoroutes !
Les autoroutes ! Ces tuyaux dans lesquels on paye pour entrer et rouler vite, tuyaux dont on ne ressort que des centaines de kilomètres plus loin ... après avoir oublié la réalité de notre pays.
Une réalité qu'efface le monotone décor autoroutier : les paysages se confondent, il n'y a plus ni villages ni monuments, ni marchés ni restaurants sans prétention, plus de rencontres avec les gens autrement que sur des aires de repos...
Privilégions donc quand c'est possible les voyages lents sur nos belles routes départementales !
Libre cette fois de contraintes horaires fortes, j'ai parcouru ces jours-ci le quart nord-est de la France, honoré mes rendez-vous et trouvé encore le temps de musarder.
J'ai déjeuné en campagne d'une omelette ici, de lapin de ferme là, accompagné de légumes du jardin, bu (un peu) de petits vins locaux, me suis attardé à regarder des pêcheurs d'ablettes, ai admiré des églises, un château, une commanderie...
Je n'ai pas oublié de m'arrêter devant chaque magasin de brocante et encore moins de visiter l'ami Jacky.
Je suis revenu les bras chargés de trésors ... modestes :
une bouteille ... vide, deux bouteilles ... pleines et un magnifique tire-bouchon.
Jacky m'avait attendu de pied ferme.
Potier, conteur, militant, le voici reparti dans une nouvelle aventure : répertorier la statuaire des églises champenoises.
Quel beau prétexte à escapades !
Jacky m'a offert de belles histoires, un bon dîner, une dégustation à l'aveugle de vieilles eaux-de-vie artisanales...
Et pour finir une belle bouteille vide retrouvée au fond d'une cave : un clavelin !
LE CLAVELIN
J'ai pris depuis le temps de regarder cette bouteille, de la peser, de la mesurer, de la comparer à d'autres.
C'est une bouteille de couleur vert foncé, de type anglais. Elle a été soufflée à la bouche ; le cul est est fortement foncé ; la collerette renforçant le col a été rapportée à la cordeline.
La bouteille vide pèse 600 g, elle est haute de 25,3 cm et a une contenance de 65 cl.
C'est typiquement une fabrication de la verrerie de La Vieille-Loye, adaptée aux vins du Jura.
Cf. mon article sur cette verrerie :
Un livre m'a permis d'aller un peu plus loin, il s'agit du livre de
Raymond Kuster
Les bouteilles de Frédéric l'Ancêtre.
Editions du folklore Comtois
L'auteur y dresse l'inventaire d'une ancienne cave, dessinant notamment les bouteilles retrouvées.
Les caractéristiques de cette bouteille permettent de la dater approximativement aux années 1880-1885.
Merci Jacky !
Quant au reste, j'ai aimé la poussière qui s'était accumulée sur ces deux bouteilles - pleines cette fois - trouvées par un brocanteur en vidant une maison.
LE FLASCOULET DE CLÉMENT V
La moins haute est une bouteille de Châteauneuf-du-Pape.
Elle vient de la Maison Brotte fondée en 1931 par Charles Brotte, pionnier de l'embouteillage et inventeur de la célèbre bouteille "Fiole du Pape".
Le "Flascoulet de Clément V" a été créé par son fils Guy Brotte : il s'agit d'une bouteille de 75 cl imitée d'un "Antique Flacon Provençal", nous dit l'étiquette attachée au col.
L'absence de code postal conduit à penser qu'elle est antérieure à 1973.
La marque "Flascoulet de Clément V" a été déposée le 30 août 1990.
LE CALVADOS DU PÈRE MAGLOIRE
La seconde est une bouteille de calvados d'un litre.
Son étiquette principale est ornée d'un portrait (représentation du père Magloire ?) et marquée "Calvados Vieux Père Magloire à Orbec Pays d'Auge" ; l'étiquette de col comporte l'indication "Vieille Réserve" (calvados vieilli 4 ans en fût de chêne).
Le calvados, c'est l'eau-de-vie obtenue par distillation du cidre de pomme, produit emblématique de la Normandie et plus particulièrement du Pays d'Auge.
La Maison Père Magloire à Pont-L’Évêque, toujours leader de son marché, a été fondée en 1821.
Le verre de la bouteille est marqué en relief LE PÈRE MAGLOIRE.
La bouteille est encore scellée d'origine.
Les éléments contextuels de l'étiquette en état moyen nous permettent de penser que la bouteille est antérieure au classement en Appellation d'Origine Contrôlée (A.O.C.) de 1942.
"Vieille Réserve" nous indique que le calvados a vieilli pendant 4 ans au moins en fût de chêne.
Mais dois-je l'ouvrir ?
ENFIN, LE TIRE-BOUCHON QUI M'A RENDU HEUREUX !
Le brocanteur qui me l'a vendu m'a dit l'avoir chiné dans un vide-grenier du côté de Nogent-sur-Seine, mais n'en savait pas plus sur son origine.
De forme pure et de fabrication soignée, ce tire-bouchon est magnifique.
La mèche est tranchante, son fût est galbé ; la longueur totale est de 115 mm.
La poignée est en corne noire incrustée d'argent ; elle est longue de 76 mm.
Le tire-bouchon ne comporte aucun marquage.
A l'examen, la façon est manifestement française.
La qualité de la fabrication incite à penser qu'il s'agit d'un travail sur commande réalisé par un coutelier.
Les motifs aux fleurs géométriques très "arts déco" des incrustations en argent me conduisent à dater ce tire-bouchon des années 1930.
Mais le bonheur serait que l'un ou l'une d'entre vous le reconnaisse et m'en dise plus !
Alors, on reste sur l'autoroute ou on la quitte ?
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