LES COUTEAUX D'AMIS DE JO CALAIS

Amis collectionneurs, bonjour !

Voici une nouvelle contribution de lecteur, celle de Jo Calais.

Jo Calais nous avait déjà interpellé sur une autre découverte : un tire-bouchon spécial "Perille-Aéro-Presto à manivelle."

Vous pouvez retrouver l'article que j'avais consacré à ce tire-bouchon :

ENIGMA N° 21 : STRANGE CORKSCREW BY / ÉTRANGE TIRE-BOUCHON PAR JACQUES PERILLE ET JACK CARRE ?

Dans un style très personnel, Jo nous raconte aujourd'hui une belle histoire de brocante, mais surtout nous parle de sa trouvaille : 

des couteaux d'amis.

Laissons lui la parole :

Dimanche matin morose... Sale nuit...  pas de pluie, mais moral au pas beau fixe. Vers neuf heures je me pousse... Je force pour sortir de ma torpeur... trois clics sur l'ordinateur, section "vide-grenier en Indre-et-Loire"... et tiens :  Ambillou.... 

Un peu de courage, me dis-je, ce n'est pas loin.

Je m'y rends, déambule sans entrain, arpente, erre... je cherche à me mettre en condition ... Moins morose bientôt d'avoir malgré tout fait quelque chose.

Vide-grenier d'Ambillou (Photo Internet)

Petit échange verbal à droite à gauche... Un sifflet/flûte à piston dans sa boîte présenté comme exceptionnel... Du jade "authentique" en pierre de lard... Playmobil sans le bateau de pirate.. Tout ce qu'il faut pour me faire intérieurement sourire... C'est déjà ça.

J'ai déjà arpenté les trois quarts de la brocante et croyez-moi : cela n'a pas été long !

Je lorgne les stands d'un hémisphère sur le qui-vive, quand l'autre n'y croit pas... Et c'est là, sur ma gauche dans cette rue et à cinq mètres de moi que... mais quoi..?

Une vitrine qui ne demande qu'une chose... Qu'on s'y penche!

Rapides et vifs comme ils savent le faire, mes hémisphères s'accordent pour m'alerter, me rendre fébrile et me fragiliser... Satan était-il donc là..?

Voler n'est pas mon style alors Satan attendra..! Mais il attendra quoi...?

Que je regarde... Que je me délecte... Que je profite... Que je prenne mon temps. Que J'oublie le reste, tout le reste : les autres rues, les six derrière, les deux devant... la "flûte en pierre de lard dans son pas bateau Playmobil", le réveil morose en ce jour sans pluie qui m'a mené ici.

De l'autre côté, juste en face de moi sur le stand, ce n'est pas pareil : Ils m'observent... Ils ne semblent pas moroses, ils semblent inquiets... un peu comme des apôtres.

J'ai "l'objet" sous les yeux mais ne dis rien car là, Satan est en moi... décidé à ne pas trop payer !

J'interpelle le "religieux" calmement car j'ai vu l'étiquette. Je ne suis plus vraiment très là... plutôt après. Mes hémisphères trépignent l'un dans l'autre. Mon doigt montre sans trembler ce qu'ils ont repéré dans la vitrine. "L'adversaire" ne peut pas se méfier...

J'ai "l'objet" dans les mains... Le prix sur l'étiquette est confirmé... ma tête toute entière s'en mêle, ma bouche, mes mains, mon stylo et mon chéquier aussi.

Et "l'objet" est un curieux couteau !

Le curieux couteau de Joël.

Achat conclu pour quelques Euro, je me suis retrouvé face à un vendeur voulant tout expliquer : selon lui ce couteau était d'un coutelier renommé de Thiers, Georges COCHET ;  le marquage, observé à la loupe, était une "croix du sud", ce qui permettait de le dater des années 1900... Un vendeur qui expliquait sans s’apercevoir qu'il n'avait plus besoin de faire l'article ou de se justifier puisque ce couteau était déjà à moi... Mais où était donc Satan..?

Ainsi donc, et comme le proverbe le dit aussi "tel est pris qui croyait prendre".

Conclusion quasi mystique de Joël :

"Petit "Satan" si tu es triste ou morose fais une pause...  le non "Dieu" te le  rendra.

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L'histoire n'était pas terminée ; Jo nous proposa une suite et fin dans un deuxième message :

De retour chez moi... Petite toilette de mon nouvel ami... auscultation approfondie, loupe en main.

Recherche sur le net : "Cochet"... "Croix du sud"... "Thiers"... "re-Cochet"... "Re-Thiers"... "Re-Croix du sud" mais que nenni... Même pas un  "Ri-cochet" pour me permettre de rebondir.

De toute manière,le marquage n'avait rien à voir avec ce que mon "apôtre" avait prétendu, prêché même... mais bon, là j'étais sûr de la mauvaise piste, et plus motivé encore, plus intrigué, voire content de faire durer cette recherche/plaisir.

Photos à l'appui, j'ai fini par décider de m'adresser à "Dieu" lui même en balançant tout ça sur son site :
"Les couteaux et moi"
http://les-couteaux-et-moi.over-blog.com/

Quelques jours d'impatience plus tard le "Dieu" Lucien se manifestait et suggérait qu'il devait s'agir de "couteaux d'amis", datant de la fin du dix-huitième ou du début du dix-neuvième siècle.

Requinqué par cette information pour moi étonnante, j'ai repris mes recherches sur le Net avec les mots clefs et... j'ai trouvé !

Alors, sans trop y croire (j'avais ce couteau dans les mains depuis plusieurs jours déjà et jamais je n'aurais pensé à ça), j'ai effectué des pressions opposées sur les extrémités des plaquettes du couteau et là, miracle, j'avais maintenant deux couteaux dans les mains au lieu d'un... 

Le couteau était double : des couteaux d'amis !

Par la suite je les ai retrouvés sur ce site : 
http://www.lecurieux.com/ver/ver0223.htm
allez en bas de page et lire l'encadré :

"373 Pocket-Knife French XVIII century. 

Mother-of-pearl,iron" 

Collection Hollander

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Jo nous décrit ensuite sa trouvaille :

Rare "Couteau d'ami"... fin dix-huitième ou début dix-neuvième siècle en très bon état.
Se divise en deux sans aucune difficulté.

Bel état général.

Marquage sur les deux grandes lames : un motif que je n'ai pas pu déchiffrer avec une couronne .
Deux grandes lames identiques, dans leurs formes et leurs longueurs et s'ouvrant à l'opposé l'une de l'autre.
Une petite lame effilée : taille plume.
Une petite lame en forme de scalpel : la gomme de l'époque.
Une petite fourchette à trois dents.
Un petit tire-bouchon
Les plaquettes sont en nacre.
Le motif sur les parties en acier des plaquettes me fait penser à une "plume de paon" (ou des palmettes ?).
Le dos du couteau est travaillé de belle manière.

Le dos du couteau, travaillé de belle manière.

Longueur fermé: 12,5 cm.
Avec une grande lame ouverte: 23,2 cm.
Avec les deux grandes lames ouvertes: 34 cm.
Aucune trace d'affutage récent.
Coupe comme une lame de rasoir.
Les ressorts sont puissants.
Aucun jeu dans les lames et accessoires.
139 grammes.


Enfin, Jo nous dit avoir interrogé le musée de Thiers et avoir reçu la réponse suivante :

"Nous avons dans les collections du musée un modèle de couteau d’amis 6 pièces très ressemblant au vôtre. C’est une production française que nous  datons du 18e siècle.
Le nôtre est légèrement plus petit (11,7 cm fermé) et ne dispose d’aucune marque, mais l’ornementation de la nacre et des rivets est presque similaire. L’assemblage des deux pièces se fait par deux boutons logés dans une ouverture à glissière dont la forme diffère légèrement de celle de votre couteau.
Pour information, un modèle très ressemblant est figuré sur une planche de Camille Pagé (numérisation en pièce jointe) au numéro 47."
Claire Maurer-Montauzé
Musée et sites patrimoniaux de la ville de Thiers
04 73 80 58 86
Facebook/musee.coutellerie

Lien joint :
Prévisualiser la pièce jointe couteau d'amis001.jpg

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Que rajouter ?

Une belle trouvaille sur un banal vide-grenier et "à l'heure des poussettes" plutôt qu'à celle des chineurs... C'est donc encore possible ?

Merci à Jo de nous en avoir fait part !


M