mercredi 1 février 2017

WHO'S WHO DE L'HELIXOPHILIE : P... COMME MARC PONCELET




Amis hélixophiles, bonjour !



Le collectionneur nécessaire 
de la semaine pour notre rubrique : 

le Who's Who de l'hélixophilie 

est Français. Il s'agit de :




Marc PONCELET




Marc Poncelet est l'un des membres fondateurs du CFTB. Il en a aussi été le président pendant plusieurs années.

Lui et son épouse Micheline ont été les premiers collectionneurs à m'accueillir... Je me souviens avec plaisir d'un déjeuner improvisé lors de mon passage : il avait pour le petit nouveau que j'étais alors tout le parfum d'une réception officielle chez un prince hélixophile ! 




Le couple présidentiel... à Nancy en 2005, 
lors du X° congrès du CFTB.


Et j'ai été heureux de faire partie de l'équipe de Marc il y a quelques années. 
Marc est une personnalité de premier plan dans le monde de l'hélixophilie et il est estimé de tous les collectionneurs que je connais.

Merci à lui d'avoir bien voulu répondre sans langue de bois à toutes nos questions !



-/-




Marc, irréductible patriote champenois.


Question. Pourriez-vous vous décrire en quelques lignes : origines, lieu de vie, situation familiale, profession exercée et secteur d'activité...?

Réponse. Originaire des Ardennes, j'ai passé l'essentiel de mon temps dans la capitale économique de la région, Reims où je réside toujours, du moins une partie de l'année.
Dans quelques jours, en cette fin janvier 2017, cela fera 40 ans que nous habitons, Micheline et moi, dans la même maison. Mais à l'image de la vie, cette maison aura été totalement bouleversée, même si de l'extérieur elle présente le même visage.
Anecdote amusante, nous vivons maintenant au rez-de-chaussée dans le local anciennement commercial, où nous avons vendu des articles d'équitation pendant 27 ans.


Q. A l'origine d'une collection, il y a généralement un événement déclencheur : qu'est-ce qui vous a amené à collectionner les tire-bouchons ? 

R. En mai 1987, voilà donc 30 ans, je m'intéressais au vin et au Champagne, région oblige, et je chinais de vieux meubles. Lors des puces mensuelles rémoises, j'avais - je serais bien incapable de dire pourquoi - acheté trois tire-bouchons au demeurant très quelconques ; mais le sujet devait déjà m'intéresser puisque dès juillet 1987 j'achetais mon quatrième tire-bouchon, un Excelsior, payé 1000 francs (150 €) au... Louvre des antiquaires à Paris.
Ma réponse parait vous surprendre, mais rassurez-vous, ma mémoire n'est pas aussi exceptionnelle : je viens juste de consulter mes notes de l'époque !
Je commençais donc à collectionner, mais il me fallut trois ans de rodage avant de passer à la vitesse supérieure, et de me déplacer à partir de 1990 vers Portobello Road et autres lieux mythiques, lieux qui m'ont fait croiser tous les grands noms du tire bouchon.



Le choix de la qualité.


Q. Pouvez-vous nous parler de l'importance prise ensuite par votre collection ?

R. Au plus fort de ma collection je devais avoir 800 ou 900 pièces, alors qu'à ce jour il ne m'en reste qu'à peine une centaine. Mais le nombre m'importe peu. 




Un rare Célestin Durand, sujet de fierté pour Marc.


Pour moi, c'est la qualité qui est primordiale et j'ai très peu acheté de pièces cassées ou en mauvais état. Et même dans ce cas, il fallait que je sois sûr que la pièce puisse être restaurée à l'égal de son état d'origine, par un maître... Hein, Guy....


Q. J'entends bien... Guy Olive est et restera l'un de nos maîtres. Pour des raisons qui lui appartiennent, il a gentiment décliné ma demande d'entretien... mais je ne désespère pas de le faire changer d'avis : il a beaucoup à nous apporter !
Revenons à vous : vous êtes Rémois et vous êtes reconnu comme un spécialiste des objets du champagne. Vous intéressez-vous cependant à d'autres catégories de tire-bouchons ?


R. Non. Les objets qui continuent à m'intéresser sont les vieux objets du champagne. Il se trouve que beaucoup comportent des tire-bouchons alors que cet ustensile sous sa forme hélicoïdale ne sert à rien pour le champagne ; mais c'est comme ça et c'est très bien pour les collectionneurs !




Chromo publicitaire pour le Bon marché ou : 
comment essayer d'ouvrir une bouteille de champagne avec un tire-bouchon ?



Les objets du champagne étaient donnés comme cadeaux d'entreprise, et ceci dès le XIXème siècle. Ils étaient parfois diffusés en grande quantité, les objets Champagne Eugène Mercier en sont la plus parfaite illustration.



Circonspection et communication valent mieux que précipitation...


Q. Quels lieux ont votre préférence pour acheter des tire-bouchons et lesquels conseilleriez-vous aux nouveaux collectionneurs : salles de ventes, antiquaires, brocantes, Internet...

R. Pouvoir tenir l'objet en mains avant de l'acheter est pour moi ce qui est le mieux. 
Il m'est cependant arrivé de faire d'excellentes affaires sur la toile, mais il faut alors s'en tenir à une règle absolue : ne pas payer cher et accepter de perdre, soit son argent, soit ses illusions, soit son amour propre ; et ce n'est pas toujours facile !!!


Q. Pouvez-vous nous raconter une anecdote qui a marqué votre vie de collectionneur : rencontre, scène de vie, trouvaille inespérée... ?

R. C'était il y a longtemps - avant Internet, je vous laisse apprécier - nous nous trouvions, mon ami Pierre Lenuyeux et moi-même, les seuls collectionneurs présents à une vente aux enchères en Champagne. 
Parmi les objets proposés, nous avions repéré un tire-bouchon que nous ne connaissions pas, alors nous avons décidé d'éviter une guerre fratricide entre nous et de tirer au sort lequel d'entre nous serait l'enchérisseur. Sitôt dit, sitôt fait, nous avons tiré à pile ou face et le sort m'a désigné et c'est ainsi que je suis devenu bientôt l'heureux propriétaire du "porte-manteau", ainsi dénommé par mon épouse en raison de sa forme : c'est le seul exemplaire connu à ce jour d'un tire bouchon à 4 poignées marqué DEPOSE.





Le "porte-manteau" marque DEPOSE, un tire-bouchon unique !


... Et nous sommes toujours amis, Pierre et moi, ce qui permet de ne pas désespérer du genre humain !!



Le challenge : dénicher le plus rare !



Q. Quel sens revêt pour vous votre collection : un challenge personnel ? un sujet d'études ? un investissement ? une occasion de rencontrer des gens partageant votre passion ?...

R. Je me suis intéressé très tôt aux critères de valeur et de rareté.
Dans les années 90 la bibliographie était quasi inexistante alors, de même que j'enregistrais tous mes achats, je gardais une foule de documents comme les résultats de vente en essayant de deviner les tendances : j'essayais ainsi, empiriquement et sûrement maladroitement, d'établir une courbe du "vrai" prix des pièces.
Surtout je m'intéressais aux pièces rares, et c'est ainsi que je me suis fixé une ligne de recherche, sorte de philosophie : acquérir seulement ce qui existe en moins de dix exemplaires au monde. Je vois d'ici les sourires méprisants, j'entends les sifflets, j'écoute les commentaires "c'est facile, quand on est riche"...
Et bien non, ce n'est pas facile : il faut faire beaucoup de recherches dans le monde entier, savoir où est cette pièce, si elle a des variantes, trouver son année de production, savoir si elle a été fabriquée en série ou pas... Evidemment, il faut éliminer le XVIIIème siècle, inabordable, ainsi que les métaux précieux... et avoir une mémoire à toute épreuve pour acheter sans hésiter quand l'occasion se présente.




Deux couteaux publicitaires pour des maisons de Champagne, 
rares par leurs accessoires.


Pour exemple : les deux pièces en photo existent à moins de dix exemplaires dans le monde, et pourtant... ce sont des cadeaux publicitaires ! Chacun doit se fixer des objectifs et se donner les moyens de les atteindre, sans que ce soit forcément une question d'argent. Certains tire-bouchons dits "pisseux" sont rarissimes - moins de dix dans le monde pour certains - et ils ne valent pourtant pas grand chose.
Mais quel bonheur de les trouver pour qui s'est spécialisé, demandez à l'ami José Cardoso !




L'outil de référence : 
SCReWBase The Corkscrew Catalogue.


Q. Le phénomène majeur de notre génération est l'irruption du numérique dans notre quotidien. Utilisez-vous ces nouvelles technologies pour acquérir ou vendre ? ou bien utilisez-vous l'informatique pour classer votre collection ? Et si oui, comment ?

R. J'ai, depuis qu'il existe, toujours classé ma collection avec le logiciel SCReWBASE de nos amis du CCCC. Ils se sont donné du mal, alors pourquoi chercher ailleurs ? Et c'est quand même super d'avoir une vue immédiate sur tous les tire-bouchons existant au monde.



Le CFTB et l'Extracteur...


Q. Vous avez constitué une collection de premier plan et acquis des connaissances importantes. Avez-vous contribué à l'écriture de livres sur les tire-bouchons ? Et dans ce cas, sous quelle forme : apport de photos ? articles spécialisés ?...

R. Non, je n'ai écrit aucun livre, estimant ne pas en avoir la capacité, j'ai seulement contribué à certains en donnant mon témoignage. 
Si j'ai écrit quelque chose, c'est dans L'EXTRACTEUR que je l'ai fait, assurant pendant cinq ans sa publication. Je suis fier de l'avoir fait passer d'une impression en noir et blanc à une impression couleur.


Q. Vous faites partie des fondateurs du Club français du Tire-Bouchon en 1995 et l'avez présidé de 2000 jusqu'à 2005. Pourriez-vous évoquer ces deux moments clé de cette aventure ?

R. Lorsque l'idée de club a été proposée par Gérard Bidault, j'ai immédiatement adhéré à cette idée de faire naître une instance de partage de nos connaissances. 
La création a été précédée de nombreuses discussions entre collectionneurs et une anecdote me revient. Une vive discussion s'est un jour engagée entre un des membres les plus éminents du monde du tire-bouchon et moi-même, à propos des collectionneurs "vitrine" et des collectionneurs "placard", lui me reprochant de vouloir divulguer notre savoir à tous, et moi d'argumenter les mérites du partage .
Finalement le club s'est créé pour le bénéfice de tous, et ce membre partage régulièrement son savoir : comme quoi, entre gens intelligents, tout est possible !

La présidence du club, arrêtée trop vite, a été pour moi un vrai sacerdoce où j'ai essayé de donner le meilleur sans rien attendre en retour... 
Courage pour la suite, Marc !
Je me suis toujours battu pour que notre club soit un club ouvert. La nouvelle équipe est arrivée avec un tel esprit d'ouverture et fait du bon travail, encore qu'à mon avis elle s'embarrasse de trop de précautions... mais longue vie au CFTB !




Q. Faites-vous partie d'autres clubs ? Pourquoi vous semble-t-il important de participer à un club de collectionneurs ?

R. J'ai fait partie du CCCC et l'ai quitté depuis, uniquement par manque de motivation ! Mais bonjour à nos amis du monde !
On m'a aussi demandé de faire partie de l'ICCA, ce que j'ai refusé après d'intenses interrogations, et que je ne regrette d'ailleurs pas : ce n'était pas ma place, voilà tout.
Que tous les membres de ces clubs soient vraiment remerciés pour le travail qu'ils font, en particulier leurs ventes sur internet, "le" modèle du genre !
Pour répondre à votre question : oui, il faut conseiller aux jeunes collectionneurs de rejoindre un ou plusieurs clubs. Faire partie d'un club, c'est s'ouvrir au monde, c'est acquérir en peu de temps le savoir des autres, c'est-à-dire le savoir de plusieurs vies !



La collection, une passion toujours renouvelée...



Q. Nous sommes aujourd'hui à un tournant de l'hélixophilie : la génération des fondateurs est vieillissante, mais nous rencontrons aussi de plus en plus de nouveaux collectionneurs. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes collectionneurs pour les aider dans leurs débuts ?

R. Un jeune collectionneur actuel a la fausse  impression que tout a été fait. Bien sûr les livres sont là, bien sûr internet a modifié la donne. Mais il faut savoir que collectionner n'est pas forcément plus difficile aujourd'hui. Un nouveau collectionneur paie en valeur 2017, deux à trois fois moins que je n'ai déboursé quant il n'existait pas de références. C'est quand même sympathique d'acquérir un brevet intéressant pour 80 euros alors que nous payions le même l'équivalent de 350 ou 400 euros il y a 20 ans, non ?
Et je suis sûr aussi que les jeunes collectionneurs sauront renouveler la recherche, suivre de nouvelles pistes pour enrichir l'histoire du tire-bouchon et nous apporteront beaucoup à leur tour.
Apprenez, chinez, travaillez, il en restera quelque chose !



... Une passion exclusive, mais pas éternelle !


Q. Et où en êtes-vous de votre collection aujourd'hui ?

R. Qu'en est-il pour moi aujourd'hui ? Je n'achète plus, sauf les objets du champagne. J'ai commencé à vendre ma collection de tire-bouchons en 2005...


Q. 2005, décidément : une année césure ! 

R. Oui, et je continue encore !
 Alors je me moque un peu de moi en me disant : "garçon, tu a mis 20 ans à construire ta collection, et tu es en train de mettre le même laps de temps à la vendre !" 
Je me suis parfois demandé pourquoi j'étais encore au club, alors que depuis des années je suis en position "vendeur".
Je crois que c'est parce que j'aime et ne manque jamais les réunions programmées : la richesse des liens amicaux, la chaleur humaine partagée font que je me sens bien au club et je ne suis pas prêt à aller ailleurs. Et puis aussi j'aime me surprendre à citer de tête lors des congrès la date du brevet de telle ou telle pièce.
Mais à la différence de mes illustres confrères, collectionneurs dans l'âme, et de beaucoup de choses, j'ai pour ma part tendance à me détacher des objets, ainsi d'ailleurs que des meubles et autres possessions. Une exception cependant, en confidence : ma cave est de mieux en mieux fournie... comme quoi !


Q. Et maintenant ?

R. Ne pouvant vivre sans passion, j'ai jeté mon dévolu sur la musique, la guitare jazz en particulier, il faut bien s'occuper ! 




Marc et le jazz...
"Le jazz, musique afro-américaine fondée pour une large part 
sur l'improvisation, un traitement original de la matière sonore et 
une mise en valeur spécifique du rythme, le swing."
(Dictionnaire Larousse)


J'ai débuté la guitare à 60 ans sans avoir jamais touché un instrument auparavant, ni vu une seule note...

... Alors les jeunes, dites-vous qu'on peut tout faire à tout âge !



-/-


La vie commence donc demain ! 

Merci Marc !


M


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