lundi 7 août 2023

TIRE-BOUCHONS : UNE VENTE AUX ENCHERES SERENDIPITEUSE


Amis blogueurs, bonsoir !


L'anecdote du jour est la suivante : par "sérendipité" ou "sagacité accidentelle", plongé dans ma quête, j'ai atteint l'autre jour une cible que je n'avais pas vue et donc pas visée : cherchant une chose, j'en ai trouvé une autre !


TIRE-BOUCHONS : UNE VENTE AUX ENCHERES SERENDIPITEUSE 


Sérendipité... vous connaissez sans doute ce néologisme né de l'anglais serendipity, ainsi que les adjectifs en découlant : sérendipiteux ou sérendipien.
Le mot semble assez obscur, mais sa définition est simple : la sérendipité ou sagacité accidentelle est le fait de faire par hasard une découverte inattendue qui s'avère ensuite fructueuse.
Il a été créé en 1754 par l'écrivain anglais Horace Walpole à partir d'un conte persan Voyages et aventures des trois princes de Serendip de Cristoforo Armeno.



 Frontispice de l’édition de 1557 (Wikipedia).


Le Serendip, de l'arabe Sarandib, désignait en vieux persan l'île de Ceylan, de nos jours Sri Lanka.
Voici le résumé du conte selon Wikipédia : 
"L'histoire raconte que le roi de Serendip envoie ses trois fils à l'étranger parfaire leur éducation. En chemin, ils ont de nombreuses aventures au cours desquelles ils utilisent des indices souvent très ténus grâce auxquels ils remontent logiquement à des faits dont ils ne pouvaient avoir aucune connaissance par ailleurs. Ils sont ainsi capables de décrire précisément un chameau [disparu] qu'ils n'ont pas vu [...] 
Dans l'histoire du chameau, les trois princes utilisent les traces laissées par l'animal (qu'ils n'ont jamais vu) pour le décrire avec précision (boiteux, borgne, ayant une dent en moins, transportant une femme enceinte, chargé de miel d'un côté et de beurre de l'autre).
Leur intelligence et leur sagacité font qu'ils sont sur le point d'être exécutés [sur ordre du roi] Vahram Gur sous l'accusation d'avoir volé le chameau. 
Soudainement, et sans que personne soit venu le chercher, un voyageur fait irruption pour déclarer qu'il a vu le chameau en question errer dans le désert. Vahram gracie alors les trois princes, les comble de somptueux présents et les nomme conseillers. Ce sont ces récompenses non recherchées (« sérendipiteuses ») qui sont le résultat final de leur sagacité."


Comme ce fut le cas pour les princes de Serendip recevant finalement des récompenses inattendues pour leurs raisonnements, ma recherche a donné des fruits que je n'attendais pas... il s'agissait bien sûr de tire-bouchons !


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La vente aux enchères


Interenchères avait signalé il y a quelques semaines une vente aux enchères organisée à Cahors par Maître Anne Caudesaygues.
La vente concernait pour l'essentiel des objets "militaria", mais un lot regroupait 25 tire-bouchons anciens, tous différents. Une seule photo le présentait, de définition assez moyenne. J'ai décidé de placer un ordre d'achat.
Je n'ai malheureusement pas enregistré cette photo et ne peux donc vous proposer pour vous mettre en situation que la vignette - de faible définition - annexée à la confirmation de mon dépôt d'ordre d'achat : 



Une photo bien floue !


Appréciant les tire-bouchons en "T" à poignée de bronze, j'avais cru pouvoir en repérer deux :
- j'étais convaincu que l'antépénultième en partant de la gauche était de ce type,
- et j'espérais que le cinquième, toujours en partant de la gauche, pouvait en être un autre.
Et je m'étais dit que les autres tire-bouchons, dont le Wolverson au premier plan, pourraient me servir de monnaie d'échange le cas échéant.
C'est sur la base de ces maigres indices que je me suis lancé.
Et j'ai emporté cette enchère, probablement peu suivie en salle, pour un prix plus que raisonnable, et en tout cas inférieur à la limite que je m'étais fixée.
La Maison de Ventes a cette fois été très facilitante pour l'expédition, acceptant d'y procéder et me suggérant d'utiliser les services de la Poste en optant pour la formule d'un Colissimo prépayé. C'est ce que j'ai fait pour un coût correct de 24,60 € : je recommande cette formule aux lecteurs vivant en France !


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J'avais raté mon coup mais pourtant atteint une cible


Le colis est arrivé, et pour partager avec mon épouse et une amie ce moment de plaisir, je leur ai proposé de l'ouvrir pour moi.
"Bah, me dit mon épouse, ce sont encore des tire-bouchons !"... je crois bien qu'elle est plus blasée que moi !




A gauche, mon épouse, blasée...


Le colis déballé, mon premier constat fut que j'avais eu tout faux : les poignées de bronze n'en étaient pas ! 
Vraie déception, la première était en fonte, l'autre en étain.



Pas de bronze, mais de la fonte et de l'étain !


J'étalais cependant les tire-bouchons pour prendre une photo d'ensemble et trouver quelques raisons d'être content de mon achat...



Les 25 tire-bouchons faisant la ronde !


Et des raisons existaient...


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Récompenses sérendipiteuses ou sérendipiennes


Après examen de chaque pièce, j'en sélectionnai huit sur les vingt-cinq : deux percettes, un coup de poing et cinq tire-bouchons,.



Deux percettes, un coup de poing et cinq tire-bouchons


Voici la description de ma sélection ci-dessus, avec de gauche à droite et de haut en bas :




1. Percette, poignée bronze et corne noire, fût carré type Gagnepain, non marquée.
2. Coup de poing, poignée massive bronze et corne blonde, marquée LL BLANC ou LEBLANC, un logo « A », et aussi les initiales A. B., le fût également marqué d'un nom : CLEMENT.
3. Belle percette, poignée forme de tonneau, en bronze (elle !), fût carré marqué GUELON... attribuable à Guélon, coutelier thiernois, à qui on doit la marque UNIQUE apposée sur des tire-bouchons à hélice.




4. La poignée convoitée, non pas en bronze, mais en fonte moulée, décor classique de pampres avec un tonnelet sur une face et une cruche sur l’autre.
5. Probablement le Pecquet N° 363, catalogue 1896 : poignée parallélépipèdique ou taillée "en sifflet, corne et bois de rose, mèche à facettes".
6. Modèle anglais Wolverson à anneau sous la poignée (création Edwin Wolverson, 1876), acier et corne blonde, mèche rapide.




7. Modèle inconnu : poignée composée de deux plaques de laiton sur ébène ou bois noirci, rivetage cuivre.
8. Rare modèle à poignée laiton et corne noire, poignée marquée BATARD, comportant également un deuxième marquage ROUSSEL sur le fût à section carrée et un troisième marquage, incomplet, face opposée : on y devine plus qu'on ne lit le nom BUREL. 
Gérard Bidault nous a appris que Théodore Burel avait travaillé chez Batard de 1890 à 1910 ; mais qui était Roussel ?


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Guelon, Pecquet, Wolverson, Batard ...
Des découvertes fortuites mais riches : sérendipiteuses, mais pas si "piteuses" que ça !



M

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