lundi 16 février 2015

WHEN THE CORKSCREW CONQUERED THE FRENCH CAMPAIGNS / QUAND LE TIRE-BOUCHON CONQUERAIT LES CAMPAGNES FRANCAISES




Amis collectionneurs, bonsoir,


Vous le savez, tout ce qui permet de préciser l'apparition et la diffusion du tire-bouchon au XVII° siècle me passionne.

Parmi les précédents articles consacrés à ce sujet, vous vous souvenez peut-être de celui évoquant le poème d'Alexandre Lainez, justement intitulé "L'origine du tire-bouchon"
Les éléments contextuels figurant dans le texte permettaient de situer son écriture avant 1690 et d'ainsi affirmer que le mot tire-bouchon était connu en France à cette époque

Un autre article évoquait le "Nouveau voyage aux isles de l'Amérique"  de Jean-Baptiste Labat : 
L'utilisation par l'auteur du mot tire-bouchon permettait d'affirmer avec certitude que ce mot était déjà utilisé en France antérieurement à 1697, puisque Jean-Baptiste Labat le connaissait au moment de son départ cette année là.


Je vous propose ce soir un troisième texte, lequel n'aura cette fois que la valeur d'une "preuve indirecte".

Je l'ai trouvé dans l'ouvrage de Louis Liger (1658-1717), 
"La nouvelle maison rustique" ou "Economie générale de tous les biens de campagne".




Louis Liger s'est clairement inspiré de l'ouvrage "Agriculture et Maison rustique" de Charles Estienne et de Jean Liébault, son gendre, première édition en 1567 ou 1574 selon les sources.
La première édition de l'ouvrage de Liger fut publiée à Paris en 1700 par Charles de Sercy, et l'ouvrage fut régulièrement réédité jusqu'en 1802.
L'édition accessible sur Gallica est la troisième, publiée en 1721. 

On y trouve, pages 83 et 84, un chapitre intitulé "Des Boissons" que je vous propose d'examiner ensemble.









L'ouvrage se veut pratique et s'adresse à des propriétaires entourés de domestiques. L'auteur y établit une hiérarchie très nette entre les produits destinés aux maîtres et ceux réservés aux valets et insiste sur les moyens de contrôle des consommations par ces derniers. 

L'énumération des boissons par Louis Liger : vin, mais aussi bière, cidre pommé et cidre poiré, cormé et autres boissons fermentées à base de prunelles, prunes, miel... doit éveiller notre attention. La conservation des boissons fermentées et donc effervescentes - bière et cidre surtout - avait probablement requis l'usage de bouchons de liège avant que le vin ne les réclame. Mais ce serait l'objet d'un autre article.

Pour ce qui focalise notre intérêt, on voit surtout dans le texte que Liger conseille pour conserver le vin :
- de le soutirer des tonneaux, 
- de le mettre en bouteilles bouchées "bien ferme avec un bouchon de liège" 
- et de placer ces bouteilles en cave, dans du sable, goulot en bas.

C'est dire que cette pratique de vieillissement du vin en bouteilles, inaugurée par les catégories sociales supérieures après l'invention de la bouteille moderne par Kenelm Digby (1632), s'est largement diffusée pour atteindre les "nouvelles maisons rustiques" françaises à la fin du XVII° siècle.


Voici donc notre preuve indirecte : entre 1632 et 1700, la bouteille bouchée "bien ferme avec un bouchon de liège" s'est imposée jusque dans les campagnes françaises, avec son corollaire, même si pas cité ici : 
... le nécessaire tire-bouchon !



M




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...