Amis hélixophiles, bonjour !
Je vous propose aujourd'hui un nouvel éclairage sur la paternité du tire-bouchon à hélice revendiquée par Jacques Pérille lors de son procès en contrefaçon intenté à Eugène Trébutien en 1880 et définitivement perdu en 1884.
J'avais évoqué ce procès il y a deux ans dans deux articles parus sur ce blog :
Souvenez-vous : Pérille avait prétendu être l'inventeur d'un nouveau modèle de tire-bouchon, le tire-bouchon à hélice.
Copié par Trébutien (et d'autres sûrement), il avait pourtant perdu le procès intenté, notamment parce que selon la justice les perfectionnements invoqués préexistaient, et aussi parce que le tire-bouchon avait été exposé au public avant d'avoir été breveté, tombant ainsi de fait dans le domaine public et devenant copiable.
J'ai retrouvé notre tire-bouchon dans un compte rendu de l'Exposition Universelle de 1878 à Paris.
Site du CNUM : http://cnum.cnam.fr/
Ouvrage :
Études sur l'exposition universelle de 1878. Annales et archives de l'industrie au XIXe siècle
Librairie scientifique, industrielle et agricole E. Lacroix, 1878.
Chapitre :
Petites machines-outils et instruments employés dans divers travaux, par M. G. BARDIN, ingénieur civil (p. 543 à 572, fig. 1 à 33).
Tire-bouchon mécanique (p.571)
Voici l'extrait concerné :
Aucune mention n'est ici faite d'un éventuel brevet protégeant l'invention de Pérille.
Le tire-bouchon avait pourtant été breveté le 16 juin 1876 et les marques "J.P" et "tire-bouchons à hélice" déposées le 29 octobre 1877, quelques semaines donc avant l'Exposition Universelle de 1878. Mais l'habitude n'était pas prise de protéger correctement sa production ... le "principe de précaution" n'avait pas été inventé !
Chronologiquement, la candidature de Pérille avait dû être posée longtemps à l'avance et son invention elle-même avait forcément été sélectionnée par un jury des mois avant l'Exposition Universelle (les travaux de construction des bâtiments ont duré dix-neuf mois) pour pouvoir être présentée au public... Le tire-bouchon avait dû être présenté - au moins dans ce cadre - avant le dépôt des marques, voire même avant celui du brevet !
Ce qui confirme les termes du jugement final : le tire-bouchon avait été présenté avant d'être protégé !
On peut penser que Pérille ne s'est pas méfié, d'autant que deux ans passeront avant que n'apparaisse la copie fabriquée par Trébutien : elle ne sera constatée par huissier et saisie que le 08 mars 1880, en préalable au procès pour contrefaçon que Pérille intentera le 05 juin 1880... un Pérille sûr de son bon droit, mais ayant pêché par imprudence !
La décision définitive de justice de 1884 créera une jurisprudence et amènera ultérieurement les industriels à mieux se protéger, mais ultérieurement seulement.
La décision définitive de justice de 1884 créera une jurisprudence et amènera ultérieurement les industriels à mieux se protéger, mais ultérieurement seulement.
Le sujet est passionnant : je compte revenir sur cette question de la paternité du tire-bouchon à hélice.
J'ai d'ailleurs un autre article en préparation sur ce thème.
Je m'efforcerai ensuite de regrouper les différents articles sur cette question et d'en établir une synthèse.
Peut-être avec votre aide ?
M
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