lundi 19 février 2024

DES FABRICANTS DE TIRE-BOUCHONS : AUGUSTE LOUIS & ALPHONSE CREDOT



Amis blogueurs, bonjour !


Voici une suite à la rubrique inaugurée il y a quelques jours avec Georges Louis Leboullanger et ses fils, rubrique qui s'inscrit dans mon projet de livre sur les fabricants français et leurs catalogues :

DES FABRICANTS DE TIRE-BOUCHONS : AUGUSTE LOUIS & ALPHONSE CREDOT
 

Mon précédent article se concluait ainsi :
"La saga Leboullanger s'arrête avec la faillite de la société A. Leboullanger et Compagnie."

Evoquons donc les successeurs : Auguste Louis et Alphonse Crédot. Le texte qui suit sera repris dans le livre en préparation, augmenté de vos éventuelles contributions. Merci à ceux qui m'ont aidé à construire ce dossier, notamment Patrice Pagniez qui suit manifestement les mêmes pistes que moi !


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LOUIS Auguste


Eléments biographiques :

On sait peu de choses concernant la vie d’Auguste Louis.
Fils de Nicolas Louis et de Ursule Deshayes, il est né vers 1830.
Marié à Héloïse Bris en 1853, il en aura une fille, Elisa (1855 - 1871) décédée à l’âge de 16 ans et dix mois, au domicile familial 16 rue d’enfer à Paris 5°.

Histoire de l’entreprise :

Tourneur sur métaux en 1880 au 179 Bd du Temple à Paris 3°, Louis reprend la Maison A. Leboullanger en 1889, du moins le dépôt du 31 rue Michel-le-Comte à Paris 3°, et installe ses ateliers à proximité, au 39 rue Volta.
Dès cette année 1889, Louis expose à l’Exposition Universelle de Paris :


Catalogue général officiel de l'exposition universelle de 1889.
(Gallica)


La revue Le Panthéon de l’Industrie du 23 juin 1889 « panthéonise » la Manufacture d’Acier Poli d’Auguste Louis :
 
 

Le Panthéon de l'Industrie du 23 juin 1889.
(Gallica)

En janvier 1892 encore, Louis fait de la publicité pour le tire-bouchon le Succès, repris de Leboullanger, dont il promeut la marque de fabrique « LB » dans un octogone :

 

Annuaire-almanach Didot-bottin 01 janvier 1892.
(Gallica)


Mais le 1er novembre 1892, sans qu’il nous ait été possible d’en comprendre les raisons, l’ancienne Maison Leboullanger passe aux mains de Crédot.

Productions Louis :

On ne connait malheureusement pas plus de catalogue Louis que de catalogue Leboullanger.


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CREDOT Alphonse


Eléments biographiques :

Nous ignorons tout ou presque des débuts de Henri Ildefonse dit Alphonse Crédot, avant son association avec Jean-Baptiste Boué pour démarrer une production de tire-bouchons dans le Vexin.
Les parents, Martial Crédot, maçon, puis facteur, et Jeanne Auclair, étaient établis à Azerables dans la Creuse. Ils eurent douze enfants. Deux nous intéressent particulièrement : le cinquième, Jean Baptiste, et surtout le dixième, de huit ans plus jeune, Henri Ildefonse - que nous appellerons Alphonse, comme il le faisait lui-même - et qui deviendra le grand fabricant de tire-bouchons que nous connaissons.

Alphonse (Henri Ildefonse) Crédot (1848 – 1914) est mobilisé pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Rendu à la vie civile, il se fixe à Paris, travaille dans la métallurgie, puis devient employé de commerce et habite un temps au 31 rue des Ecoles Paris 5°. 
En 1876, il épouse Marie Euphrasie Parisot (1857 – 1890), plumassière. Une fille nait la même année, mais meurt alors qu’elle n’est âgée que de trois semaines. Marie Euphrasie ne semble pas avoir eu d’autres enfants ; elle meurt en 1890, à seulement 33 ans.
1886 : la fabrication de tire-bouchons commence. Jean-Baptiste Boué et Alphonse Crédot s’installent dans le Vexin, à Hodent, au moulin du Pont d’Hennecourt. Ils se sépareront au bout de deux ans.
1888 : Crédot quitte Hodent pour Montreuil-sur-Epte. Il loue également un dépôt au 31 rue Charlot Paris 3° et y installe le domicile familial qu’il conservera jusqu’au décès de son épouse.
1892 : reprise de la fabrique Leboullanger* à Genainville : Crédot y loge son frère Jean Baptiste et s’y réserve un pied-à-terre. 
Alphonse Crédot conserve l’atelier Leboullanger et le logement attenant du 31 rue Michel-le-Comte Paris 3°. Après son veuvage, il s’y installe et y demeurera jusqu’à la fin de ses jours.
Pour autant, c’est définitivement dans le Vexin qu’il développera ses fabrications.
1914 : Alphonse Crédot décède en son domicile. 

Son frère aîné, Jean Baptiste Crédot (1840 – 1918), épouse Charlotte Joséphine Garnier (1835 - 1918) en 1867. Le couple aura trois enfants, morts jeunes : Alphonse Constant à 27 ans, Marie Louise à 3 ans et Henri Emile à 22 ans. 
Jean Baptiste représentera un temps son frère comme directeur de l’usine de Genainville. Plus tard, Victor Sitbon le remplacera à ce poste. 
Jean Baptiste reprendra ensuite le métier de maçon avant de se retirer à son domicile 130 rue de la Chapelle Paris 18° où il décédera en 1918. 


Histoire de l’entreprise :

1886 - 1888 : Epoque Boué & Crédot
1886 – 1888 : Jean-Baptiste Boué et Alphonse Crédot, brièvement associés, s’installent à Hodent et transforment l’ancienne filature de coton et soie du Moulin d’Hennecourt en manufacture d’acier poli.
Peut-être cette filature appartenait-elle déjà à la famille Boué… au nom orthographié Bouez ? L’Annuaire général du commerce et de l'industrie, de la magistrature de 1855 semble l’indiquer :


Annuaire général du commerce et de l'industrie, de la magistrature de 1855.


C’est durant cette période que Boué et Crédot obtiennent un brevet pour un « tire-bouchon de poche à usages multiples » (brevet n° 178.996 délivré le 14 février 1887) qu’ils marquent de leur sigle commun « B et C ».

 
Boué & Crédot : brevet n° 178.996 délivré le 14 février 1887.
(Guy Olive : 1828 - 1974 Tire-bouchons français, Brevets)


Une déclinaison du brevet.
Collection Bert Giulian (World-Class Corkscrews)



1888 - 1914 : Epoque Alphonse Crédot
1888 – 1892 : Alphonse Crédot a quitté Boué. Il a repris et transformé l’ancienne scierie mécanique pour le découpage de bois de chaises, située à Montreuil-sur-Epte, à quelques kilomètres plus à l’ouest, en manufacture d’acier poli. Son épouse meurt en 1890.
1892 : Crédot rachète à Auguste Louis la fabrique Leboullanger, une référence dans l’industrie du tire-bouchon, ce qui lui permet de reprendre les fabrications et d’y ajouter les siennes. Il conserve à cette époque la marque des frères Leboullanger, « L.B. », mais promeut en même temps la sienne, « A.C. » :



Tire-bouchon Crédot, marqué A.C. DEPOSE.
(Collection personnelle)



1894 : fort du succès croissant de son entreprise, Crédot quitte Montreuil-sur-Epte pour installer une « usine modèle » à Genainville, près d’Hodent.  Il y installe et loge son frère aîné Jean-Baptiste et s’y réserve un pied-à-terre.
La raison sociale de l’entreprise devient : 
Manufacture d’Acier Poli
Ancienne Maison Leboullanger Frères
A. Crédot successeur.
L’en-tête vante l'usine modèle de Genainville, et met en avant un point fort de Crédot : les articles sur cartes.


Document commercial 1894.
(Source : Gérard Bidault)


1906 : au terme d’un long conflit de voisinage, Crédot rachète à Jean-Baptiste Boué, son ex-associé et concurrent, le Vieux Moulin de Genainville qu’il joint à son « Usine modèle ».

 


Deux cartes postales anciennes illustrant la fabrique Crédot à Genainville.
(CPA Genainville-loisirs.fr)


Productions Crédot :

Vers 1913, Crédot a édité un catalogue dont Gérard Bidault nous offre quelques extraits dans son livre Les tire-bouchons français, malheureusement ce catalogue est devenu introuvable...


Le 7 février 1914, Alphonse Crédot décède sans héritier direct. 
C’est Victor Sitbon, son directeur à Genainville, qui va reprendre la Manufacture d’Acier Poli.


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Des questions restent en suspens, notamment :
- je n'ai pas pu retrouver l'acte de reprise de la Manufacture Leboullanger après la faillite de 1889 par Auguste Louis,
- de même, je n'ai pas retrouvé l'acte d'acquisition de la Maison Crédot par Victor Sitbon...

... Mais je compte sur votre sagacité ! 
Et tout document - catalogue, particulièrement - susceptible d'enrichir ce travail sera bienvenu.



M


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