mardi 13 février 2024

DES FABRICANTS DE TIRE-BOUCHONS : GEORGES LOUIS LEBOULLANGER ET SES FILS

 Amis blogueurs, bonjour !


Je voudrais évoquer aujourd'hui 

DES FABRICANTS DE TIRE-BOUCHONS : 
GEORGES LOUIS LEBOULLANGER ET SES FILS


Situons d'abord le cadre : je travaille à l'écriture d'un livre sur les fabricants français de tire-bouchons et leurs catalogues. L'aventure est compliquée et je ne suis pas sûr d'en venir à bout, mais ne dit-on pas que "les seuls combats perdus d'avance sont ceux qu'on ne mène pas" ?

Mon idée est de proposer pour ces fabricants une courte biographie, d'évoquer les grandes étapes de leurs entreprises et leurs productions, avant de proposer une reproduction de leurs catalogues d'époque.

Plusieurs d'entre vous m'ont déjà aidé en me permettant d'accéder à leurs "vieux papiers" : documents commerciaux, catalogues anciens, et je les en remercie chaleureusement. 
L'aide la plus décisive vient de m'être apportée par Gérard Bidault, président-fondateur du Club Français du Tire-Bouchon, qui m'a tout simplement donné ce qui lui restait de documentation et autorisé à utiliser librement ses écrits : un énorme cadeau et un merci tout particulier donc !

Par esprit de contradiction peut-être, je voudrais évoquer aujourd'hui Georges Louis Leboullanger et ses fils Alfred et Jules... lesquels à ma connaissance n'ont pas laissé de catalogue !

Ami lecteur,
Si vous possédez des documents, notamment factures ou papiers à en-tête Leboullanger, je vous serais reconnaissant de bien vouloir me les proposer : ils seraient très utiles pour l'illustration de ce chapitre de mon futur livre.


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Eléments biographiques sur Georges Louis Leboullanger et ses fils


Georges Louis Leboullanger est né à Caen en 1810. 
Monté à Paris, il est installé comme polisseur en acier et habite 63 rue du Faubourg du Temple quand il se marie en 1839 à Mélanie Augustine Delanoë (1819 – 1887). Huit enfants naissent de cette union (dont une fille morte en bas âge). 
Trois fils seront mécaniciens comme leur père. 
Deux, Alfred Auguste et Jules Félix, lui succéderont :
Alfred Auguste (1842 - ?) qui épousera Caroline Müller, citoyenne allemande en 1870. Ils auront deux enfants : Louis Lucien (Chaussy, 1873 - 1930 ?) et Jeanne Berthe (Les Planches, 1885 - ?).
Jules Félix (1848 - 1914) qui sera veuf deux fois : après avoir épousé Laure Marie Ménard (1855 - 1887) en 1876, puis Anne Marie Seignier (1860 - 1905) en 1889. On ne lui connait pas de descendance.
Louis Fortuné épousera Hortense Pauline Julie Goujon (1857 - 1911) en 1876. Il ne suivra pas le "droit chemin" emprunté par ses frères et sera condamné en 1887 aux travaux forcés et à la relégation au bagne de Nouméa (Nouvelle-Calédonie) où il décèdera en 1907.


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Vie de l'entreprise


Epoque Leboullanger - Aubret :

Dès avant 1855, Georges Louis Leboullanger s’associe avec Pierre Aubret, ferblantier, pour fabriquer des petits ustensiles d'acier dans leur atelier situé au 27 rue Michel-le-Comte Paris 3°. Ils reçoivent une médaille à l’Exposition universelle de 1855, pour leurs fabrications de "pinces à épiler, pinces pour fleuristes, limes à ongles, anneaux brisés, vrilles, tire-boutons et poinçons avec manches, bijouterie d’acier".

Forts de leur succès, Pierre Aubret et Georges Louis Leboullanger installent une manufacture d’acier poli dans le Vexin, à Omerville (Seine-et-Oise), où Leboullanger loue le moulin d’Amiel.
"Au hameau d’Amiel, le moulin à farine fut transformé en usine. Une trentaine d’ouvriers dont des enfants, fabriquaient de petits objets en acier poli – tire-bouchons, crochets, tire-bottes, tire-gants et pinces – qui étaient convoyés vers Paris où ils étaient stockés avant d’être expédiés vers l’Allemagne ou les Etats-Unis."


Epoque Manufacture d'Acier Poli Georges Louis Leboullanger à Chaussy :

En 1862, Leboullanger et Aubret se séparent : Aubret reste au moulin d’Amiel, Leboullanger s’installe au moulin de Chaussy, à Genainville (Seine-et-Oise) et crée sa propre manufacture :
Manufacture d'Acier Poli Leboullanger 
 avec usine à Chaussy et dépôt à Paris. 

Les années 1863 à 1876 sont une période de prospérité pour l'entreprise de Georges Louis Leboullanger.
Ses deux fils : Alfred et Jules, travaillent à ses côtés. En 1873, Jules obtient un brevet n° 97.437 du 3 mars 1873 pour un tire-bouchon / harpe dit "pince ronde", deux mois avant le brevet similaire de Pierre Aubret.

En 1876, Georges Louis Leboullanger cède la place à ses fils Alfred et Jules. Il se retire au 73 rue Neuve des Petits Champs à Paris 2°, et décède moins de trois ans après, le 19 janvier 1879, à l'âge de 69 ans.
Son épouse lui survivra jusqu’en 1887.


Epoque Leboullanger Frères, fabricants d'aciers polis :

Le sigle "L.B." commence à être utilisé et la raison sociale est modifiée :

 

Archives commerciales de la France 1876.


Le fils aîné, Alfred, est le directeur de la manufacture de Chaussy ; le cadet, Jules, prend en charge le dépôt parisien, passé du 27 au 31 rue Michel-le-Comte, et la partie commerciale. 

L'arrivée d'Alfred et Jules à la tête de la société ouvre une période d’innovation technique : 
1878 : reprise du brevet Jules Brangs, n° 122.704 du 23 avril 1878 et fabrication de son "tire-bouchon forme lyre à poignées pliantes".
1878 – 1882 : plusieurs brevets sont obtenus par les frères Leboullanger : 
- n° 126.067 du 20 novembre 1878 pour "perfectionnement tire-bouchons de poche",
- n° 145.197 du 10 novembre 1881 pour un "tire-bouchon à levier avec collier mobile" (inspiré du brevet Delavigne pour le tire-bouchon "pompe"),
- n° 151.110 du 7 décembre 1882 pour un "tire-bouchon de poche à coulisse et ressort",

    Le temps de la diversification des modèles


En 1882, la manufacture emploie une centaine d’ouvriers. Le dynamisme des frères Leboullanger se traduit par la transformation d’un second moulin à Chaussy… probablement une imprudence au plan financier.
En 1883, la presse rend compte en effet de la faillite de la société Leboullanger Frères :


Journal La Liberté : Déclaration de faillites du 18 mai 1883.


Jules Félix, cessera alors son activité de fabricant d'acier poli. Il s'installera au 15 rue Bouchardon à Paris 10° et sera camelot, puis brocanteur. Il meurt en 1914.


Epoque A. Leboullanger et Compagnie :

En 1884, Alfred rebondit très vite ; il trouve un montage financier, et reprend et continue la société faillie, sous une nouvelle raison sociale :
A. Leboullanger et Cie
Rue Michel-le-Comte 31 à Paris
Usines à Chaussy


Archives commerciales de la France n° 29 du 10 avril 1884


Parallèlement, il gagne en 1886 le procès pour contrefaçon intenté trois ans plus tôt à Boué et Crédot associés, mais aussi à Hurel : il ne s’agit pas de tire-bouchons, mais de tire-boutons… et la sanction est bien légère : Boué, Crédot et Hurel sont condamnés chacun à 25 francs d'amende... le salaire hebdomadaire d'un ouvrier !

1884 - 1888 : Alfred Leboullanger loue un ancien moulin à foulon, dit Usine des Planches, lieu-dit à Acquigny (Eure), propriété de Madame Veuve Houel, l’adapte et y lance la production de nouveaux modèles, dont le "Rapide".


Le moulin d'Acquigny, mais est-ce le bon ?
(CPA Delcampe)


Mais le 12 février 1888, tous les espoirs s’envolent en fumée (!) : un incendie ravage l’usine. 


15 février1888 : Journal d'Évreux et du département de l'Eure.


Impossible de s'en relever : le 3 juin 1889, un nouveau jugement de faillite met fin à la société A. Leboullanger et Compagnie. 


Alfred Leboullanger rejoindra sa fille Jeanne, née aux Planches en 1886, mariée à un industriel belge, et demeurant à Raucourt (Ardennes). Il sera mécanicien, puis tiendra une épicerie en Belgique. Date de décès non retrouvée.


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La saga Leboullanger s'arrête là, mais Auguste Louis, puis bientôt Crédot prendront le relais.


Encore une fois, merci de m'apporter votre aide si vous le pouvez en me proposant les documents et vieux papiers pouvant enrichir les articles de mon futur livre !



M





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