MUSÉE LE SECQ DES TOURNELLES, ROUEN : CORKSCREWS & OTHERS / TIRE-BOUCHONS & AUTRES

Amis hélixophiles, bonjour !

Voici comme convenu, le compte rendu de ma visite au Musée Le Secq des Tournelles à Rouen, 

ce musée étonnant où l'on a envie de revenir, ce musée où je suis revenu.

Si vous ne le connaissez pas, imaginez un musée installé dans une église, un musée qui n'est pas dédié au tire-bouchon mais est pourtant un haut lieu de l'hélixophilie.

L'église Saint-Laurent, dite aussi Tour Saint-Laurent, siège du musée, a connu bien des déboires.

Le premier édifice construit au XI° siècle a brûlé. L'église a été rebâtie en style gothique flamboyant au XV° siècle, mais le clocher s'est effondré peu après. Reconstruit, il a encore été endommagé par la tempête au point qu'il ait fallu refaire sa flèche, une flèche finalement démolie en 1810 !

               (image Wikipedia)

Et ce n'est pas tout : l'église, fermée en 1791, devint le siège d'un parti révolutionnaire, le club des Jacobins, avant d'être confisquée et vendue comme bien national !

Plus encore : c'est d'écurie que cette église servit pendant un siècle avant que la ville de Rouen ne la rachète pour en faire un musée !

L'éponyme, Henri Le Secq des Tournelles, était, après son père, un grand collectionneur d'objets de ferronnerie, depuis l'époque romaine jusqu'au début du XIX° siècle, des plus petits aux plus imposants.

Henri Le Secq des Tournelles et son musée

Sa collection fut présentée à l'Exposition Universelle de Paris en 1900, puis exposée au pavillon de Marsan du Louvre.

Rouen se préparant à célébrer le millénaire du rattachement de la Normandie à la France, Le Secq des Tournelles y exposa sa collection avant d'en faire don à la ville en 1917.

La collection fut alors installée dans l'église Saint Laurent.

Elle fut enrichie par les dons de Henry René d'Allemagne, lequel se chargea en 1924 d'en établir le catalogue. Ce catalogue aujourd'hui quasi-introuvable a fort heureusement fait l'objet d'une réimpression par Dover Publications, INC., New York en 1968.

Je vous renvoie à la fiche bibliographique que je vous ai proposée dans un récent article :

BIBLIOGRAPHIE 29 : Henry René D'ALLEMAGNE DECORATIVE ANTIQUE IRONWORK A PICTORIAL TREASURY

Entrons maintenant dans cet étrange écrin :

Vue depuis la galerie supérieure

Le musée a le charme des lieux sacrés et aussi leurs inconvénients : de tous côtés les rayons du soleil que colorent et tamisent les vitraux traversent les vitrines, se reflètent sur les objets ... pour le plus grand plaisir des yeux du visiteur... mais aussi pour le plus grand désespoir du photographe amateur que je suis !

Sur deux niveaux des milliers d'objets sont présentés, regroupés par familles thématiques : art religieux, serrurerie, instruments scientifiques, outils de métiers, accessoires vestimentaires, objets de couture, de cuisine...

L'accueil est bon enfant et le visiteur libre d'aller et venir à sa guise.

Chaque objet mérite qu'on s'y arrête et s'émerveille devant tant de beauté mise au service de l'utilité.

Tous objets de ferronnerie, ils sont martelés, soudés, assemblés, mais aussi ciselés, ajourés, facettés, ouvragés, gravés, personnalisés, voire datés.

Les tire-bouchons occupent spécifiquement deux vitrines sur la galerie de liaison supérieure, mais ils sont aussi présents ailleurs, équipant des couteaux ou des nécessaires de fumeurs.

Vitrine 1, par assemblage de photos

Vitrine 2, par assemblage de photos

Trousses de fumeurs et tire-bouchons

Les photographies prises pour l'inventaire d'Henry René d'Allemagne en 1924, sur fond et éclairages neutres sont de bien meilleure qualité :

Extrait du livre d'Henry René d'Allemagne, planche 364 

(cf. ma fiche bibliographique)

Au total, le musée compte quelques 150 pièces, toutes plus rares les unes que les autres !

150 tire-bouchons très majoritairement antérieurs au dépôt du premier brevet par Samuel Henshall !

La proximité des outils d'artilleurs, tire-bourre ou tire-balle, concrétise leur parenté avec le tire-bouchon.

Outils de chasseurs et d'arquebusiers

La complexité des nécessaires et multioutils préfigure le couteau suisse.

Surtout les pièces exposées, parmi les premières inventées, montrent à quel point la réflexion a été féconde et rapide pour rendre l'outil fonctionnel et adapté à un usage spécifique : 
- les tire-bouchons sont pliants, 
- les mèches sont protégées,
- les cages, hélices et crémaillères déjà présentes facilitent l'action de l'utilisateur,
- la recherche d'une efficacité maximale est partout illustrée par la diversité des mèches utilisées.

Mèches, cages, hélices, crémaillères...

A sa création il y a un siècle, le musée s'était voulu autant qu'un lieu de visite, un lieu de formation pour artisans et apprentis ferronniers, serruriers, forgerons, taillandiers.

Il l'est encore pour le visiteur intéressé qui ressort riche d'avoir pu observer de près l'imagination des précurseurs, autant que l'esthétique et la justesse de leur travail.

Oui, on ressort riche... mais aussi frustré de n'avoir pu rencontrer un guide, réaliser de bonnes photos ou acheter un catalogue reprenant les pièces exposées !

A quand donc un nouvel inventaire raisonné et accompagné d'explications ?

M



PS.1 : Mais en attendant, le hasard fait bien les choses et un exemplaire des deux portefolios publiés par Henry René d'Allemagne en 1924 est actuellement en vente sur eBay : 

Voici le lien :

Original 2 Vol Museum Collection Ancienne Ferronnerie Ancient Iron Paris 1924

Allez voir : vous pourrez ainsi identifier cet ouvrage si vous le rencontrez un jour en librairie ou sur un déballage de vieux papiers !

PS.2. : conseil à ceux d'entre vous qui souhaiteraient visiter le Musée Le Secq des Tournelles: 

attention aux horaires !

Musée Le Secq des Tournelles
Rue Jacques-Villon à Rouen
Tél. : 02 35 88 42 92
Ouvert de 14h à 18h
Fermé le mardi et les jours fériés.