Amis collectionneurs, bonsoir !
Et si nous parlions de la fabrication des bouchons de liège, travail dévolu à la corporation des bouchonniers ?
Nous avons surtout parlé ici de tire-bouchons, quelquefois de bouteilles, d'étiquettes, voire de boucheuses.
Nous avons aussi évoqué les bouchons, dans une approche linguistique afin de dater le début de leur utilisation pour obturer les bouteilles.
Cf. notamment mon article :
Cf. notamment mon article :
La documentation manque, mais un sujet reste à ouvrir, l'évolution de la fabrication des bouchons de liège.
Cet article ne se veut qu'une ébauche et un appel à contributions : je serais heureux que vous me proposiez des ressources susceptibles d'approfondir la question.
Rappelons nous tout d'abord que le bouchage au liège remonte à l'antiquité : des amphores ainsi bouchées ont été retrouvées lors de fouilles archéologiques.
Hajo Türler nous en avait fait parvenir une photo :
Bouchons d'amphores.
Museo navale romano à Albenga (Ligurie).
Photo Hajo Türler.
Franchissons quelques siècles : Kenelm Digby, l'inventeur de la bouteille moderne en 1632, préconise pour sa part l'utilisation de bouchons en verre : le bouchage à l'émeri.
Mais très vite c'est le bouchon de liège d'abord conique et simplement enfoncé, puis cylindrique et forcé qui s'impose : le liège permet en effet au vin de "respirer",
... le liège qui justifie alors le tire-bouchon.
... le liège qui justifie alors le tire-bouchon.
Bouteille-oignon et son bouchon, première moitié XVII° siècle
Musée arts décoratifs Bordeaux.
Photo Institut National de Recherches Archéologiques Préventives
Les bouchons proviennent de l'écorce du chêne-liège après démasclage.
Ceux utilisés dans cette première période étaient taillés à la main par les bouchonniers, dégrossis au tranchet puis rognés, polis jusqu'à prendre la forme exacte voulue.
Ces bouchonniers étaient principalement établis sur les lieux de production du chêne-liège, dans le Languedoc notamment pour la France.
Ces bouchonniers étaient principalement établis sur les lieux de production du chêne-liège, dans le Languedoc notamment pour la France.
Une planche de l'encyclopédie de Diderot et D'Alembert, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, publiée entre 1751 et 1772 présente le travail et l'outillage des bouchonniers :
Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
Diderot et D'Alembert, 1751 - 1772
Pourtant, dès cette époque, des machines sont mises au point.
L'Encyclopédie méthodique Agriculture, de l'Académie royale des sciences, par Tessier, Thouin & Fougeroux de Bondaroy, publiée entre 1787 et 1821, en fait état :
L'Encyclopédie Méthodique n'en dit pas plus, mais on trouve...
UN PREMIER BREVET EN 1816
Il y a en effet dans les archives de l'INPI la trace d'un brevet non pas pour une, mais pour quatre "machines destinées à fabriquer des bouchons de liège de toutes dimensions", brevet accordé le 31 juillet 1816 à Guyaux dit Duras et Maupassant, à Paris :
Brevet Guyaux - Maupassant, n° 1206 du 31 juillet 1816
Cette introduction nous éclaire sur les phases successives de la fabrication :
- découpage des planches de liège en bandes,
- découpage des bandes en parallélépipèdes,
- tournage et finition des bouchons.
Des planches sont jointes à l'appui du brevet :
Illustrations à l'appui du brevet : détails de machine par Maupassant
D'autres brevets vont bien sûr suivent. Citons seulement celui accordé à Louis Molinié en 1833 :
Mais les bouchonniers ont encore de beaux jours devant eux : la mécanisation ne progresse pas vite !
Le site de l'Association pour la Promotion de l'Histoire dans les Pyrénées Orientales
http://aphpo.fr/index.html
nous apporte un éclairage sur cette évolution :
Cf. l'article :
Premiers jalons pour une histoire de l'industrie du ... - aphpo
d'où sont extraits l'illustration et le texte suivant :
Beaucoup de bouchonniers travaillent encore au couteau après 1850 :
Un site portugais apporte également des informations intéressantes, je vous le recommande :
http://www.apcor.pt/userfiles/File/LE_LIEGE_HISTOIRE_FR.pdf
On y apprend qu'au Portugal :
Vers 1700, les bouchons étaient taillés et confectionnés manuellement, et un homme pouvait faire environ trois bouchons par minute.
En 1836, on a inventé la première "tireuse en bandes", machine qui découpe le liège en bandes.
En 1850, la première machine de tournage ou "garlopa" en Portugais, est inventée, machine pour faire des bouchons. L'invention est de Francisco Vidal y Monner ; cette machine tubait 3000 à 4000 bouchons par jour ; d’autres équipements auxiliaires ont été inventés ensuite, comme les machines à compter et à calibrer les bouchons.
On le voit : il n'y a pas antériorité par rapport aux machines de Guyaux et Maupassant, mais complémentarité dans les informations.
On peut aussi penser qu'Anglais et Américains chez qui la révolution industrielle a été plus précoce ont construit des machines avant 1816.
Que conclure à ce stade ?
Un brevet pour des machines destinées à fabriquer des bouchons a été obtenu en 1816.
Mais était-ce le premier ?
La mécanisation de la fabrication des bouchons a probablement débuté à la fin du XVIII° siècle.
Elle s'est généralisée dans le courant du XIX° siècle.
Cependant les archives permettant de documenter ce dossier restent à réunir.
Je vais devoir compter sur vos contributions !
M
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