mercredi 1 novembre 2023

ENFIN... L'ETINCELANT D'ADOLPHE PECQUET !



Amis blogueurs, bonjour !


Ca y est, je l'ai enfin...

ENFIN... L'ETINCELANT D'ADOLPHE PECQUET !



L'Etincelant acheté à un certain Jacques L.



La Bourse du CFTB s'est tenue ce 21 octobre 2023 et ce fut pour moi l'occasion d'acheter ce bel exemplaire, bien marqué :

ETINCELANT AP PARIS
DEPOSE OCTOBRE 1895.


C'est un vieux rêve qui a fini par se concrétiser :
- Je n'étais pas suffisamment en fonds pour acheter le premier ETINCELANT qui m'avait été proposé il y a près de trente ans : le prix ferme était de 7000 FF, soit quelques 1600 € ... un prix retrouvé dans une vente ICCA en 2011 !
- Dix années plus tard, le deuxième exemplaire vu aurait pu servir à son propriétaire, mauvais débiteur, pour solder la dette importante qu'il avait contractée... mais cet homme de peu de foi, après m'avoir "lanterné" pendant des mois, préféra finalement emprunter ailleurs l'argent nécessaire, plutôt que lâcher son ETINCELANT (ce mauvais camarade a depuis disparu de nos radars hélixophiles, laissant derrière lui quelques "ardoises" conséquentes !).
- En 2014 ou 2015, un troisième ETINCELANT, d'un prix correct, me passa sous le nez : un concurrent et néanmoins ami avait été le plus rapide et l'avait acheté devant moi... je vieillissais !
- Ces dernières années, les prix commencèrent à baisser et je me remis à rêver de ce très beau tire-bouchon. Mais l'an passé, j'ai renoncé à acheter un autre exemplaire, malgré un prix raisonnable : son état était très moyen...
Tantôt d'un prix hors de portée, tantôt dans un état insuffisant, l'ETINCELANT restait encore un tire-bouchon inaccessible... 
C'est vous dire si je suis heureux d'avoir enfin acheté cet "étincelant" ETINCELANT à un membre du CFTB : un certain Jacques L.


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Que dire de ce tire-bouchon fabriqué par Adolphe Pecquet ?



Il convient tout d'abord d'évoquer les débuts d'Adolphe Pecquet comme fabricant de tire-bouchons : Gérard Bidault, dans son livre Les tire-bouchons français, indique que "En 1883, [Pecquet] rachète une manufacture d'acier poli fondée en 1850, tenue pendant près de quinze ans par Louis Eugène Trébutien."
1883, c'est l'année de la mort de Louis Eugène Trébutien.

Mais depuis 1865, c'est Jacques Pérille qui se montre le fabricant français le plus inventif et le plus communicant, si ce n'est le plus prudent.
En 1876, Pérille demande un brevet pour son tire-bouchon à hélice... qu'il a malencontreusement exposé avant de l'avoir protégé. Son concurrent Louis Eugène Trébutien copie immédiatement ce tire-bouchon, ce qui vaudra un procès interminable, retentissant et jurisprudentiel, finalement perdu par Pérille en 1884... un an après la mort de Trébutien !

Pecquet a succédé à Trébutien, mais l'histoire semble se renouveler quatre ans plus tard, en 1888. 
Le 24 octobre 1887 Pérille a demandé un brevet pour un tire-bouchon dénommé le DIAMANT. Il l'obtient le 19 janvier 1888. La tête rappelle celle du tire-bouchon LA BELIERE qu'il a fait breveter quatre ans plus tôt. Comme celle-ci, elle est couronnée, est ajourée en losange, comporte un trou d'accroche et est agrémentée de deux petites sphères destinées à faciliter la prise en main.
Alors, de son côté, Pecquet va proposer bientôt l'ETINCELANT, un tire-bouchon à hélice à deux pales.
Pour Gérard Bidault, : "A partir de 1886, [Pecquet] commence à étoffer sa gamme de nouveaux modèles. C'est d'abord le PARISIEN, concurrent de l'EXCELSIOR, puis sortent l'ETINCELANT avec une tête "copiée" Pérille, ainsi qu'un modèle à un levier du type RAPIDE, mais dont la fourche est refermée."
Pecquet copie ainsi sans trop de vergogne ou s'inspire largement des réussites de ses concurrents Guichard, Leboullanger ou Pérille !

L'inspiration prise chez Pérille est manifeste dans l'ETINCELANT dont le modèle est déposé, sinon breveté, en octobre 1895 :



Hélice Pérille, modèle au compas
 versus ETINCELANT de Pecquet


- L'hélice à deux pales de Pecquet est solidaire de la cloche, comme c'est le cas sur l'hélice de Pérille qu'avait copiée son prédécesseur Trébutien. Le "moyeu" de l'hélice de l'ETINCELANT est taillé à facettes comme l'est aussi le "manchon" du DIAMANT.



Têtes Pérille et Pecquet


- La tête de l'ETINCELANT, comme celle du DIAMANT, est couronnée, ajourée et comporte un trou d'accroche. Seules différences notables : la forme de cette tête est triangulaire et les deux sphères sont devenues des polyèdres !

Mais la réalisation, comme toujours chez Pecquet, est de grande qualité : l'esthétique est soignée, le nickelage est parfait, l'hélice et la cloche sont finement décorées de stries.


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L'ETINCELANT apparait pour la première fois dans le catalogue Pecquet de 1896 :



Extrait catalogue 1896
(collection personnelle, issue des archives de l'entreprise).


Référence : 2519
Description : "A facettes ou L'Etincelant nickelé fin, en boîte par pièce, la douzaine".
Prix : non indiqué.


On le retrouve dans les éditions suivantes, ainsi dans le catalogue 1898 :

Extrait catalogue 1898
(collection personnelle, issue des archives de l'entreprise).


Référence identique, et description enrichie :
Référence : 2519
Description (reconstituée, du fait d'un découpage dans mon exemplaire du catalogue) : "A hélice, dit l'Etincelant, nickelé, à facettes, en boîte par pièce, la douzaine".
Prix : 21 Francs (la douzaine).


Ou, dans le catalogue 1905 :


Extrait catalogue 1905 
(Collection Lionel Belhacène)


La référence est toujours la même, mais la description est modifiée :
Référence : 2519
Description : "Tire-bouchon à hélice, dit "l'Etincelant", 2 branches, tête ajourée, soigné. En boîte par 1 pièce, la douzaine".
Prix : 21 Francs (la douzaine).
On le voit, les facettes et le nickelage ne sont plus mis en avant, mais la tête particulière à ce tire-bouchon est valorisée.


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Il est étonnant pour nous de constater sur ces extraits de catalogues l'absence d'inflation entre 1898 et 1905 et la relativement faible différence de prix - 40 % quand même - entre l'hélice trois branches n° 2517, modèle Pérille copié par Trébutien, vendue 15,00 FF la douzaine et l'ETINCELANT n° 2519, vendu 21,00 FF la douzaine. 



L'ETINCELANT... version améliorée
du tire-bouchon à hélice copié sur Pérille ?


Adolphe Pecquet considérait certainement l'ETINCELANT comme une simple version améliorée de son tire-bouchon à hélice copié sur Pérille.
Il serait surpris de constater que l'ETINCELANT vaut aujourd'hui dix fois plus cher que ce tire-bouchon à hélice !

Alors, l'ETINCELANT, simple tire-bouchon à hélice décoré, va-t-il perdre son prestige à mes yeux ?
Certainement pas, je suis heureux comme un enfant devant un beau jouet !
Merci Jacques !



M

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