Amis chineurs, bonjour !
Un challenge à 100,00 € ...
C'est un challenge que je m'étais fixé pour ce jeudi de l'Ascension, jour où fleurissent les vide-greniers dans les villages alentour : que pourrais-je acquérir pour mon plaisir ou pour une éventuelle revente plus tard avec un budget maximum de 100,00 € ? ... la priorité allant bien sûr aux tire-bouchons.
Il fallait :
- d'abord avoir la "fièvre acheteuse",
- ensuite sélectionner les vide-greniers en essayant d'éviter les foires "au plastique" et autres "vide-dressing",
- établir enfin par proximité un circuit raisonnable.
- d'abord avoir la "fièvre acheteuse",
- ensuite sélectionner les vide-greniers en essayant d'éviter les foires "au plastique" et autres "vide-dressing",
- établir enfin par proximité un circuit raisonnable.
Nous avons sélectionné quatre villages lorrains :
- Rezonville et Droitaumont d'abord.
- avant qu'un crochet obligé par la gare de Meuse-TGV nous emmène vers Sommedieue et Joudreville...
... autant de noms qui racontent l'histoire lorraine.
Rezonville :
1870, Guerre franco-prussienne : Rezonville et Gravelotte, villages voisins, ont été les lieux d'une défaite décisive qui vit le repli puis l'encerclement à Metz de l'Armée du Rhin de Bazaine.
La densité du feu et le nombre des soldats tombés dans la bataille sont passés dans l'inconscient collectif : l'expression "ça tombe comme à Gravelotte" vient de là.
Rezonville est un "village-rue" et les quelques 300 stands de brocante, de niveaux très différents, s'y étiraient tout au long des usoirs des maisons lorraines.
La densité du feu et le nombre des soldats tombés dans la bataille sont passés dans l'inconscient collectif : l'expression "ça tombe comme à Gravelotte" vient de là.
Rezonville est un "village-rue" et les quelques 300 stands de brocante, de niveaux très différents, s'y étiraient tout au long des usoirs des maisons lorraines.
Rezonville, village-rue lorrain
(Photo Républicain Lorrain).
Pas de tire-bouchons dignes d'intérêt, alors j'ai acheté là :
- un catalogue de vente de travestis des années 1900 pour 5 €
- 9 verres en cristal (la Lorraine est le pays du cristal) auquel le vendeur a jouté quelques verres à liqueur pour 20 €,
- 2 bougeoirs "monte et baisse" en laiton pour 2 €,
- une reproduction encadrée du plan ancien de la citadelle de Briey pour 5 €,
- un catalogue de clous d'ameublement de 1909 pour 3 €,
- un carnet de dame sous étui de métal argenté pour 6 €,
- un briquet de poilu anglais pour 10 € avec en plus un ouvre-boite "Trois usages" offert,
- un petit marteau en autre cadeau,
soit en tout 51,00 €.
Droitaumont :
Un écart de Jarny. Le paysage est très différent : c'est celui d'une cité minière accolée au village agricole, comme on en trouve dans tout le bassin ferrifère de Briey. La mine est fermée depuis 1986, la démographie locale accuse le choc entre vieillissement, exode ou travail au loin. Et la pauvreté gagne du terrain.
L’événement du jour est clairement un vide-grenier.
L’événement du jour est clairement un vide-grenier.
Les trois rues de la cité minière de Droitaumont, la mine est à l'arrière-plan.
(Photo Rectorat Nancy-Metz).
Le butin est mince ! Toujours pas de tire-bouchon, mais :
- deux boîtes anciennes de bergamotes, spécialité de Nancy, pour 4 €,
- un pipeau d'enfant en laiton chromé pour 1 €,
- des pinces de tuyauteur : 10 € pour une belle pince au profil spécial et du XIX° siècle, 50 c pour une plus récente et plus simple,
soit 15,50 € ou au total 66,50 €.
Sommedieue :
Le nom latin de ce bourg meusien était summa deva ou source divine - la Dieue est le nom de la rivière qui le traverse - et l'histoire ancienne mêle ici agriculture et forêt. A l'origine les habitants étaient paysans, bûcherons ou charbonniers.
Avec la révolution industrielle un moulin, une scierie, des tourneries et une fabrique de chaises et de meubles ont fourni l'emploi à une population en augmentation et permis l'essor d'un nouveau quartier : La Neuveville.
Avec la révolution industrielle un moulin, une scierie, des tourneries et une fabrique de chaises et de meubles ont fourni l'emploi à une population en augmentation et permis l'essor d'un nouveau quartier : La Neuveville.
La Grande Guerre a marqué un coup d'arrêt : Sommedieue était sur la ligne de front. La crise de 1929 a fait le reste : le bourg est retourné dans la ruralité.
La brocante a là-bas les nuances qu'on trouve entre zones proches mais d'histoires très différentes.
La brocante a là-bas les nuances qu'on trouve entre zones proches mais d'histoires très différentes.
Sommedieu, rue de La Neuveville,
sortie de l'usine Verdun, fabrique de chaises
(CPA Delcampe).
Déjà presque 14h, sandwich-frites obligatoire, l'heure est clairement défavorable : les bébés en poussette et même les chiens tirant leurs maîtres en laisse sont repartis !
Les stands ne sont guère nombreux et les trouvailles semblent improbables, pourtant nous découvrons :
- deux rabots bien marqués, héritage familial, l'un "Peugeot Frères" (milieu XIX° siècle), l'autre "Coulaux et Cie" (société alsacienne absorbée en 1928), avec en prime un ciseau de sculpteur sur bois, le tout pour 5 €,
- et, sur les deux derniers stands, une série de mesures à grains pour 10 €, et surtout :
the last but not the least, un rare tire-bouchon "Le Canuet" pour ... 5 € !
Soit 20 € tout juste et 86,50 € en tout.
Joudreville :
Dernière destination, juste sur le chemin du retour, Joudreville forme avec Piennes et Bouligny une agglomération à cheval sur deux départements. Son histoire ressemble à celle de Droitaumont : deux mines de fer y furent exploitées pendant un siècle avant la fermeture définitive en 1985. La population est largement issue des différentes vagues d'immigration - italienne et polonaise surtout ici - qui ont enrichi la Lorraine des XIX° et XX° siècles.
L'histoire locale et les patrimoines familiaux ont l'âge et l'homogénéité qu'on retrouve dans toutes les cités minières.
Les chevalets de la mine de Joudreville et au fond les cités
(CPA Delcampe).
Nous ne nous attendons à rien et de fait nous ne trouvons rien !
Le compteur reste donc bloqué à 86,50 €.
Même en ajoutant le prix des sandwichs et celui des boissons, nous ne dépasserons pas les 100,00 € mis en challenge !
On voit bien que le choix des "déballages" est déterminant : les objets exposés racontent - ce qui est normal - l'histoire des lieux.
Pour un peu moins de 100,00 € ... le tire-bouchon est en bas au centre
Pour un peu moins que les 100,00 € alloués, notre récolte est hétéroclite, mais digne d'intérêt : verrerie de cristal, boîtes et catalogues anciens, briquet de poilu, mesures et outils... et surtout un tire-bouchon qui vaudra bien un article à lui tout seul !
Mission accomplie donc !
M
Bien belles trouvailles, j'aime le ton de ce message, mêlant histoire lorraine et chine! On retrouve presque toute la diversité lorraine dans ces quelques villages.
RépondreSupprimerBelle pièce pour le tire-bouchon, qui récompense la persévérance.
Ceci-dit, en tant qu'héritier direct, je me demande où tu entasses tout ceci. :)
Hugues
Tes filles s'interrogent peut-être déjà sur le sort de ta collection de livres ? ;-)
RépondreSupprimerTes filles s'interrogent peut-être déjà sur le sort de ta collection de livres ? ;-)
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