mercredi 25 mai 2016

LE SYMBOLE DU TIRE-BOUCHON





Amis lecteurs, bonjour !


Vous connaissez forcément la signature de ce blog : un vigneron débouchant une bouteille.



Ma statuette, signature de ce blog.


Le symbole est riche puisqu'il célèbre le travail du vigneron entre viti- et viniculture, mais aussi parce qu'il réunit en une action tous les objets autour du vin qui méritent notre attention : la bouteille, le bouchon et le tire-bouchon.
L'œuvre, qu'on doit à Augustin-Marie Garry, a des accents de romantisme et de réalisme, et célèbre la force et la simplicité.
Le personnage n'est pas apprêté : vêtu d'un pantalon paysan retenu par un large ceinturon, d'une chemise aux manches retroussées et chaussé de sabots, il respire la rusticité.
Les muscles bandés et le drapé des étoffes donnent vie à l'instant.
La main gauche tient fermement la bouteille, tandis que la main droite cramponne la poignée apparente du tire-bouchon.
L'homme est tout à la fois concentré sur ce qu'il fait et souriant : l'instant est de qualité.


Augustin-Marie Garry est né à Laval en 1847. Il fut d'abord menuisier d'art. Attiré par le travail de la vigne, il inventa aussi différentes machines pour le greffage de la vigne. Et à 45 ans il se lança dans la sculpture.
Ses maîtres furent Auguste Ledru et Jacques Callot. La qualité de son travail lui valut d'être admis dans la Société des artistes français en 1893 et d'accumuler les médailles et distinctions.
Garry termina sa vie à Maisons-Laffitte, mais je n'ai pas plus d'informations sur cette période.

Disons encore que ma statue est en terre cuite, qu'elle est bien signée et qu'elle est sortie des ateliers Susse Frères Editeurs à Paris.
Un site date cette œuvre de 1911-1912.


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Si je reviens aujourd'hui sur cette œuvre - fédérative de ce qui nous passionne - c'est que je l'ai retrouvée dans des endroits pour le moins inattendus.




Notons qu'il en existe une version en bronze et que j'avais même monté une expédition pour aller l'acheter du côté de Lyon... 
Las, arrivé sur place, j'avais dû me rendre à l'évidence : le moulage en bronze était de piètre qualité au point que j'avais renoncé à l'achat !



Un bronze qui me laissa de marbre !


Nous savons aussi qu'un exemplaire en bronze - sûrement de meilleure facture - existe au musée du vin de Vancouver, "The corkscrew Inn".



Source : site de "The corkscrew Inn"
http://www.corkscrewinn.com/


L'histoire de cette œuvre et sa diffusion ont gardé leur part de mystère...

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Et puis le temps a passé et l'oubli est venu... 

... Jusqu'à ce que Jacky, ami historien amateur, laïc et grand défenseur du patrimoine des églises et cimetières de Champagne m'entraîne à Vendeuvre-sur-Barse (Aube), petite ville autrefois industrielle.
Jacky me présenta comme "militant hélixophile bénévole" aux amis de l'association de l'Argilière du Thoais ou "Artho", laquelle avait monté là une exposition d'œuvres et de moules de la Sainterie de Vendeuvre-sur-Barse. 


Cette "Sainterie" - l'appellation est régionale - était une manufacture d'art chrétien, florissante au XIX° siècle et employant une centaine d'ouvriers : ses statues et bas-reliefs, moulés,assemblés et peints, ont été dispersés sur toute la planète.
Elle disposait d'un millier de modèles et produisait 15 000 statues ou ensembles par an, essentiellement en terre cuite et en plâtre.

La Sainterie, fondée en 1842 par Léon Moynet, reprise à sa mort par le comptable Henri Nicot resta dans la famille Nicot jusqu'à sa disparition en 1961, victime d'une "crise aiguë du sentiment religieux".

Les bénévoles qui nous accueillirent avaient réussi à réunir une partie des moules et statues encore conservés, donnant ainsi aux visiteurs une idée du "paradis".



Saint Nicolas et les petits enfants, Saint Marc et le lion.


C'est ainsi que je retrouvai Saint Nicolas, "patron de la Lorraine", et Saint Marc, mon "saint patron" ! Ou qu'on me fit une intéressante démonstration de moulage.
La visite était intéressante, mais j'étais bien loin de mon sujet !
La surprise fut donc d'autant plus grande de découvrir, au milieu du saint aréopage, mon vigneron débouchant une bouteille !



Cherchez bien !


Que faisait-il là ? Pourquoi cette patine et ces couleurs sur ses bras et son visage ? Et pourquoi n'était-il ni titré, ni signé ?



L'exemplaire de Vendeuvre-sur-Barse
(on devine la trace d'un cartouche - vide - à l'avant du socle).



Garry avait-il été employé par la sainterie de Vendeuvre ? En était-il un client ? 
Ou bien, comme on me l'a suggéré, sa statue a-t-elle été reproduite en nombre à la sainterie pour servir d'objet publicitaire non signé ? Peut-être pour des négoces en vins comme le suggèrent bouteille et tire-bouchon ? 
Hypothèse que corroborerait l'existence de moulages en bronze, certainement réalisés ailleurs ?


Jacky m'a promis de se renseigner sur la provenance de l'exemplaire exposé, propriété du descendant de la famille Nicot, mais les archives sont dispersées... la piste se délite encore !


Et si vous m'aidiez ?
Merci de me faire part des informations que vous pourriez avoir sur Garry ou sur le "Vieux Cru" : je me ferai un devoir de les publier.



M


P.S.1. : Et comme le hasard fait parfois bien les choses, une de ces statuettes est actuellement proposée par un vendeur français sur le site U.S. : allez-voir !





ANTIQUE FRENCH TERRACOTTA VINTAGE WINE CORKSCREW COLLECTOR VIEUX CRU SIGNED





P.S.2. : Sal Robinson, du Canadian Corkscrew Collectors Club (groupe Facebook) a réagi à cet article en proposant deux photos d'une statuette  comparable et se trouvant elle aussi à Vancouver.




Autre statuette exposée à Vancouver.



Marquage figurant sur le tablier.


2 commentaires:

  1. Commentaire transmis par Sal Robinson :
    Il y a une autre statuette sur le même thème à Vancouver :
    Un homme débouchant une bouteille.
    30 cm de haut, avec une marque sur son tablier.

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  2. Merci Sal !
    J'intègre tes photos dans l'article.
    Peut-être quelqu'un connait-il ce marquage ?

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