lundi 20 juin 2022

VENTE DE LA COLLECTION JEAN-PAUL BOUSSAT

 
Amis collectionneurs, bonjour !


Vous avez probablement reçu l'information : 

la collection de notre regretté ami Jean-Paul Boussat sera prochainement dispersée aux enchères.




Jean-Paul Boussat devant ses vitrines.



Jean-Paul Boussat était mon voisin lorrain et mon ami. C'est avec lui que nous avions organisé le Congrès du Club Français du Tire-Bouchon à Metz en 2018. Il est décédé le 8 mai 2019, il y a déjà trois ans.
Jean-Paul avait amassé en une vingtaine d'années une collection de très haut niveau, entre tire-bouchons et couteaux. Vous pourrez l'apprécier en relisant les deux articles que je lui avais consacrés sur le Blog des tire-bouchons :




La vente des 598 lots de la collection a été confiée à la Maison parisienne ADER et aura lieu les mercredi 29 et jeudi 30 juin 2022 à partir de 14 heures.
Adresse : Salle des ventes Favart , 3, rue Favart 75002 Paris
Catalogue : PDF disponible sur le site d'Ader ou sur Interenchères.
Frais acheteurs : 28% prix marteau pour les participants présents en salle.
C'est auprès de la maison Ader que vous devrez vous adresser pour tous compléments d'information.


Gageons que les collectionneurs, de France et d'ailleurs, seront nombreux à participer à cette vente et à ainsi rendre encore hommage à Jean-Paul.



M




vendredi 17 juin 2022

VERRE DE PRESTIGE ET VERRE D'USAGE

 
Amis lecteurs, bonjour !


Les brocantes suivent et se ressemblent... ou bien pas tout à fait !

Nos pérégrinations nous ont emmené le week-end dernier vers les vide-greniers de petits villages meusiens. Notre espoir était d'y trouver autre chose que des fripes, des jouets ou du plastique, même si nous comprenons bien l'utilité sociale des ventes de "seconde main", utilité encore plus manifeste en ces temps d'inflation.

Notre pêche a été modeste, mais nous y avons trouvé au moins de quoi nourrir cet article sur 

le verre : verre de prestige, verre d'usage.




Notre "pêche" du week-end.


Nos trouvailles : un ZIG-ZAG, un type "COMMERCIAL", une pipette coudée, un flacon, une bouteille soufflée et un pot à moutarde AMIEUX FRERES.


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Notre région de Lorraine est depuis le Moyen-Âge une région de maîtres-verriers : 
- cristalleries et verreries d'art de Baccarat, de Saint-Louis, de Vannes-le-Châtel..., avec leurs nombreux ouvriers et ouvrières, et leurs talentueux créateurs : Daum, Muller, Schneider... 



Cartes postales anciennes (eBay, Delcampe)


- mais jadis aussi verreries d'usage en Argonne, où la dernière fabrique, aux Islettes, ferma en 1937.


Les Islettes - La verrerie

Comme toutes les verreries établies dans les immenses forêts d'Argonne, telles celles de La Vignette, de La Chalade, ou celles installées dans la vallée de la Biesme, la verrerie des Islettes (bocaux "L'Idéale") s'était elle aussi établie là en raison de l'abondance des matières premières : gaize siliceuse, argile, fougères, ainsi que du combustible : le charbon de bois. On y fabriquait du verre plat (vitres et miroirs), des bouteilles, des bocaux, des cloches de jardin...

Notre bouteille peut-elle provenir de l'une de ces verreries ? Ce n'est pas à exclure : selon le Musée du Verre d'Argonne, à partir du XVIIe siècle, les verreries s’installent dans les vallées et se spécialisent dans le soufflage des bouteilles fortes dites "argonnaises" puis "champenoises" et, dans une moindre mesure, des cloches de jardin et des bocaux.


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Mais notre propos est ailleurs.
Evoquons un instant le rare petit pot en verre fin XIXe siècle et son inscription MOUTARDE AMIEUX FRERES. 





Dans un excellent état de conservation, le pot, on le voit, est encore muni de son tire-bouchon incorporé : un anneau logé dans le bouchon de liège.
Et puis, oublions nos autres objets : les tire-bouchons ou la belle pipette en verre soufflé, pour nous attacher à notre bouteille et à notre flacon


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Notre belle bouteille, de type champenoise - ou argonnaise - date du XVIIIe siècle. 
Sa couleur indique une fabrication dans une verrerie fonctionnant à la houille ; l'irisation, très appréciée des collectionneurs, est due à la corrosion du verre au fil des siècles. 
Elle a été soufflée, comme le montrent les stries très nettes au niveau du col et a été foncée au pontil (traces de casse) ; le col est muni d'un cordon de verre rapporté, destiné à ligaturer un bouchon pour contenir la pression interne. 
C'est une bouteille pansue, haute de 28 cm de haut, pesant environ 900 g et contenant environ 680 ml, sensiblement moins donc qu'une pinte de Paris (952 ml).
Bouteille pour le champagne donc, mais bien fragile cependant !

Le flacon, lui, gardera plus de mystère encore.
De forme rectangulaire, il est fait de verre ou de cristal gravé. Le graveur a réalisé un décor floral important sur les deux faces principales, par taille et gravure : le décor est de grande finesse et comporte les petites irrégularités gages d'un travail artisanal. L'objet ainsi décoré correspond certainement à un cadeau de valeur destiné à une personne noble ou bourgeoise. Il devait contenir quelque liquide précieux, une liqueur peut-être ?
Le flacon comporte un embout scellé sur lequel est vissé un bouchon en étain. L'orifice est étroit, son diamètre est d'environ 9 mm. Ce type de bouchage conduit à le dater antérieurement au XXe siècle, sans plus de précision.
Il est haut de 19,5 cm, bouchon compris, pèse 645 g et a une contenance d'environ 540 g ou 500 g au haut des épaules : si cette dernière contenance n'est pas fortuite, la datation pourrait peut-être être précisée pour correspondre au XIXe siècle et à la mise en place du système métrique.


Mais pourquoi distingue-t-on ainsi entre bouteille et flacon ? C'est l'occasion de reprendre et développer un point évoqué dans mon livre.  


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Bouteille et flacon


C'est à François Rabelais que l'on doit cette distinction entre bouteille et flacon. La formule date de 1534 et est issue du Gargantua, Livre I, Chapitre V, in Les Propos des Beuveurs.
Voici l'échange dans la forme conservée du XVIe siècle.

Un des "beuveurs" pose une question :
Quelle différence est entre bouteille et flaccon ?
Et l'autre de répondre :
Grande, car bouteille est fermée à bouchon, et flaccon à vitz.

Bouteille est fermée à bouchon et flacon à vis... la formule devient très vite un apophtegme, repris partout et par tous.

Relativisons cependant :
Pendant tout le Moyen-Âge, les bouchons, faits d'étoupe ou de paille, servent à boucher des trous ou à bouchonner des chevaux. 
La bouteille, qu'elle soit faite de verre, de bois ou de grès, est simplement protégée par un tampon (ou tapon) d'étoffe, de papier ou de fibres végétales. Ce bouchage est destiné à protéger le contenu de la bouteille le temps d'un voyage qui ne va que de la cave à la table.
La bouteille de Rabelais ne nécessite pas encore de fermeture hermétique.
Mais c'est de ce manque que viendra un siècle plus tard l'invention de la bouteille dite moderne : une bouteille pouvant être bouchée hermétiquement au liège, particulièrement pour contenir des liquides effervescents : cidres, bières ou champagne.

Le flacon au contraire, et depuis l'Antiquité, est destiné à voyager loin. Objet luxueux, il est destiné à contenir des liquides précieux ou dangereux : parfum, liqueur, potion ou... poison.
Il nécessite donc une obturation hermétique : bouchon de verre émerisé ou bouchon à vis sont de bons moyens pour obtenir ce résultat.



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L'analyse nous aide à mieux comprendre la citation de Rabelais, spécialiste des flacons s'il en fut ! Rappelons qu'il a exercé comme médecin dans notre bonne ville de Metz.

Et nos vide-greniers du week-end auront au moins eu le mérite de nous proposer une réflexion sur verre de prestige et verre d'usage.



M

mercredi 1 juin 2022

ENIGMA N° 72 : WANTED ! MANUEL, ARBOGAST & Cie



Amis lecteurs, bonjour !


Je "sèche" depuis quelque temps sur deux catalogues de grossistes, au point de demander votre aide, ce sera donc mon

ENIGMA N° 72 : WANTED !
MANUEL, ARBOGAST & Cie

Ces grossistes en outillage commercialisaient des tire-bouchons, notamment Pecquet et Pérille, mais les renseignements en ma possession ne me permettent guère de progresser.


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J'ai trouvé en brocante deux catalogues de la

MAISON E. RIECKE
MANUEL, ARBOGAST & Cie
SUCCESSEURS




Les deux catalogues datent tous les deux de 1909.

- Le premier, du 15 janvier 1909 est intitulé

TARIF - ALBUM N° 11
JARDINAGE . AGRICOLE . TAILLANDERIE

On y trouve des outils de jardin, cadenas, serpes, pièges, sécateurs, soufflets, lampes tempête...
Les outils ont pour fabricants les entreprises PERRIN Acier fondu ou MANARBO, mais les sécateurs sont de marque RIECKE.


- Le second, d'avril 1909, est intitulé

TARIF - ALBUM N° 13
ARTICLES DE SAISON - MENAGE, etc. etc.

On y trouve des casseroles, marmites, cafetières, garnitures de toilette, bassines, râpes, ciseaux, hachoirs, moulins à café... et bien sûr des tire-bouchons. 




Les catalogues sont intéressants, mais les informations sur l'entreprise ne sont pas nombreuses !


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Le site lecouteau.info, dédié à la coutellerie et aux couteaux, s'appuyant sur une facture de 1912, indique :
"En 1912, Manuel ARBOGAST a succédé à E. RIECKE au 41 de la rue Meslay. On y vend de la quincaillerie et autres équipements pour les ménages."

Mais les informations données sont lacunaires et pour partie inexactes, comme le montre la raison sociale donnée dans le tarif-album N° 13 :



 
- MANUEL n'est pas le prénom d'ARBOGAST, mais le nom de son associé, ainsi que l'indique la virgule placée entre ces deux noms,
- La succession d'E. RIECKE est plus ancienne, puisqu'il est indiqué en bas de couverture sur le tarif-album n° 13, qu'il annule le N°2 de juin 1907.



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Concernant E. RIECKE, mes recherches dans les numéros de l'Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administration, ou Almanach des 500,000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers, accessibles sur Galliga.bnf.fr, m'ont apporté les éléments suivants :
- Dès 1820, des RIECKE & Fils sont installés comme négociants en quincaillerie à Paris, rue de la Verrerie, 58.
- On les retrouve en 1837, rue des Philippeaux, 15. L'almanach les présente comme vendant de la quincaillerie d'Allemagne de leur f. (fabrique ?) de Remscheid (actuel land de Nordrhein-Westfalen) :



Almanach du commerce de Paris, 1 janvier 1837



- En 1870, l'entreprise est installée rue Meslay, 41 (cette adresse sera conservée au moins jusqu'en 1936).
- Une publicité de 1873 la présente sous la raison sociale :
RIECKE & FILS
Quincaillerie en gros, rue Meslay, 41
Sécateurs, échenilloirs et pinces garantis MARQUE A LA CLEF
- C'est dans le numéro du 1er janvier 1908, qu'apparaissent les noms des successeurs : MANUEL, ARGOBAST & Cie.

- Le journal Les Archives commerciales de la France, dans son numéro du 25 janvier 1913, fait part d'un changement de raison sociale par suite de la cession par RIECKE de tous les droits lui appartenant : l'entreprise prend pour nom MANUEL & ARBOGAST (mais les documents commerciaux sont vraisemblablement conservés dans leur présentation précédente).





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Une recherche généalogique m'a permis de remonter jusqu'à Jean Eberhard RIECKE, né à Allemagne-en-Provence le 13 juillet 1849 et décédé à Paris le 5 mars 1922, établi comme négociant puis fabricant en quincaillerie : gageons qu'Eberhard RIECKE est le descendant du fondateur et que c'est lui qui a cédé l'entreprise à MANUEL et ARBOGAST.


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J'ai pu acquérir une facture plus tardive, datée du 30 mai 1931 : l'entreprise est toujours installée rue Meslay, 41 ; elle a pour raison sociale :
Maison E. RIECKE, Fondée en 1821
J. ARBOGAST 
SUCCESSEUR

Deux éléments supplémentaires nous sont donnés : 
- La fondation de l'entreprise est datée de 1821, ce qui confirme peu ou prou les informations trouvées sur Gallica : des RIECKE, négociants en quincaillerie sont installés à Paris, rue de la Verrerie, 58 en 1820.
- Un ARBOGAST est à la tête de l'entreprise, le nom de MANUEL a disparu, mais l'entreprise continue de vendre des tire-bouchons sur carte : cf. 1ère ligne verso "1 carte tire-bouchons n° 4360."





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Malgré mes efforts, je n'ai pas pu trouver d'informations sur MANUEL et ARBOGAST, même pas leurs prénoms ! ... je compte donc sur vous !


Ajoutons cependant des informations ultérieures glanées sur le site Delcampe.net :
- J. ARBOGAST est seul à la tête de l'entreprise au moins entre 1920 et 1933,
- Une facture de 1936 montre une adresse inchangée, mais une raison sociale modifiée : 
Maison ARBOGAST
SUCCESSEUR

La maison a donc vraisemblablement changé de mains entre 1933 et 1936, mais pas d'adresse.


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Pour aller plus loin, il me faut faire appel à vous.
Peut-être avez-vous des documents permettant d'enrichir cet article, notamment susceptibles de lever un peu le voile sur les dirigeants successifs de cette entreprise ?

Je ne manquerai pas de publier vos contributions.



M

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