Amis collectionneurs de tire-bouchons, de bouteilles et de bouchons,
hélixophiles, œnophiles et buttappœnophiles, bonjour !
J'ai évoqué dans un précédent article ma visite de l'exposition des Amis du verre d'Argonne.
Mais le périple engagé ce jour là s'était poursuivi plus loin, jusqu'au sud de Troyes,
jusque chez Benoît Tassin,
producteur de champagne à Celles-sur-Ource, dans le Barséquanais, et créateur d'un musée de bouteilles.
La visite de son
"Musée de bouteilles anciennes
du 18° siècle à nos jours"
m'attendait pour nourrir le présent article.
Si vous le pouvez, rendez visite à Benoît Tassin !
Mais le périple engagé ce jour là s'était poursuivi plus loin, jusqu'au sud de Troyes,
jusque chez Benoît Tassin,
producteur de champagne à Celles-sur-Ource, dans le Barséquanais, et créateur d'un musée de bouteilles.
La visite de son
"Musée de bouteilles anciennes
du 18° siècle à nos jours"
m'attendait pour nourrir le présent article.
Benoît Tassin, l'homme.
Si vous le pouvez, rendez visite à Benoît Tassin !
Il y a au moins deux bonnes raisons pour cela :
- Ses vins sont excellents et particulièrement son champagne rosé, lequel soutient facilement la comparaison avec les plus grands !
- Et puis, il vous guidera avec disponibilité et compétence dans son "Musée de bouteilles anciennes du 18° siècle à nos jours".
Benoît Tassin - comme peut-être aussi sa belle production ? - est intarissable.
Sa passion est entière et ses connaissances encyclopédiques.
Particulièrement, il sait tout sur l'apparition et l'évolution des bouteilles de champagne.
Et même s'il recueille aussi et expertise toutes sortes de bouteilles anciennes autrefois destinées à contenir de l'eau, de l'huile ou des alcools, la collection présentée au musée est centrée sur la mise en bouteilles du champagne.
Le musée de bouteilles anciennes
du 18° siècle à nos jours.
Après avoir fait découvrir son domaine, Benoît Tassin montre et commente cette collection retraçant les histoires parallèles d'un contenant et d'un contenu.
Quatre bouteilles champenoises parmi beaucoup d'autres :
de la plus ancienne jusqu'au modèle du début du XX° siècle :
l'évolution des "épaules" est manifeste.
l'évolution des "épaules" est manifeste.
Il évoque les ordonnances royales de 1728 et 1735 organisant le commerce du champagne en bouteilles, textes fondateurs dans la lutte contre les fraudes et casses de tous sortes :
- La première autorisant, à la demande des producteurs confrontés à la concurrence anglaise, le transport du vin de champagne en paniers de 50 ou 100 bouteilles vers les ports de Rouen, Caen, Dieppe et Le Havre,
- La seconde fixant poids et contenance de la bouteille champenoise qui "contiendra à l'avenir pinte, mesure de Paris, et ne pourra être au-dessous du poids de vingt-cinq onces".
Benoît Tassin précise
que l'ordonnance de 1735 a ainsi fixé :
- Un poids minimal pour la bouteille destinée au
champagne de 25 onces troy ou onces de Troyes (en
Anglais "ozt" pour troy
ounce), du nom de la mesure utilisée depuis le Moyen Âge dans la ville de
Troyes, importante ville de foires et de marchés.
L'once troy, labellisée
ISO, toujours en vigueur comme unité de mesure pour les métaux précieux continue de populariser le nom de la ville de Troyes. Elle vaut environ 31,10 g, ce qui revient à dire que pour contenir la
pression du vin effervescent, la bouteille champenoise devait peser au minimum
777 g. Elle sera en fait souvent beaucoup plus lourde - jusqu'à 1200 g - pour supporter une pression interne qu'on ne savait pas calculer.
- La contenance de la
bouteille champenoise : une pinte de Paris.
La pinte de Paris valait 48 pouces du Roi cubes, soit environ 952 de nos millilitres... retenons 0.95 litre.
La pinte est alors l'unité
de mesure royale la plus courante.
Mais d'autres déclinaisons des mesures de contenances existaient indépendamment dans les provinces dès avant les temps médiévaux.
Ainsi :
- le système de Troyes se déclinait en multiples de 12 et de 16, ce qui explique que la pièce troyenne (tonneau) comptait 48 gallons soit environ 218 litres,
- celui de Reims - qui supplantera celui de Troyes - était décliné en multiples de 5 et de 9, d'où une pièce rémoise de 45 gallons, soit environ 205 litres
- et celui de Bourgogne en multiples de 10 et de 20, d'où une pièce bourguignonne de 50 gallons, soit environ 228 litres.
Benoît Tassin rappelle que l'invention du système métrique à partir de 1790 puis, après des atermoiements, l'interdiction en 1840 d'utiliser les systèmes précédents ont fini par faire disparaître ces variantes au XIX° siècle.
Mais il note que le système reste malgré tout encore organisé aujourd'hui en déclinaison des multiples et sous-multiples du gallon anglo-saxon, d'une valeur d'environ 4,5 litres. Les normes européennes sont établies sur la base d'un gallon arrondi à 4,5 litres et équivalent à 6 bouteilles de 0,75 litres ou ... à un Réhoboam !
- le système de Troyes se déclinait en multiples de 12 et de 16, ce qui explique que la pièce troyenne (tonneau) comptait 48 gallons soit environ 218 litres,
- celui de Reims - qui supplantera celui de Troyes - était décliné en multiples de 5 et de 9, d'où une pièce rémoise de 45 gallons, soit environ 205 litres
- et celui de Bourgogne en multiples de 10 et de 20, d'où une pièce bourguignonne de 50 gallons, soit environ 228 litres.
Benoît Tassin rappelle que l'invention du système métrique à partir de 1790 puis, après des atermoiements, l'interdiction en 1840 d'utiliser les systèmes précédents ont fini par faire disparaître ces variantes au XIX° siècle.
Mais il note que le système reste malgré tout encore organisé aujourd'hui en déclinaison des multiples et sous-multiples du gallon anglo-saxon, d'une valeur d'environ 4,5 litres. Les normes européennes sont établies sur la base d'un gallon arrondi à 4,5 litres et équivalent à 6 bouteilles de 0,75 litres ou ... à un Réhoboam !
Benoît Tassin montre encore comment la bouteille champenoise a évolué sur trois siècles pour accompagner les progrès de l'élaboration du champagne :
- Les épaules de la bouteille étaient initialement très marquées pour retenir le dépôt de levures mortes au moment du service. Elles sont "tombées" lorsque le dégorgement a rendu cette forme inutile.
- Le cul de la bouteille est resté longtemps fortement piqué à la fois pour des raisons comparables (retenir le dépôt au fond lors du service), mais aussi de manipulation facilitée (remuage et stockage sur pointes par exemple) ; il l'est resté pour des considérations de marketing : la bouteille semble ainsi plus généreuse.
- La cordeline ou bague de verre rapportée sur le goulot a permis une fixation plus solide du bouchon maintenu par du fil torsadé avant que n'apparaisse le muselet.
- La contenance, on l'a vu, a évolué pour prendre en compte la législation : les 75 cl sont généralisés au tournant du XIX° siècle et sont devenus aujourd'hui la règle européenne pour les vins. On trouve sur le fond de la bouteille les indications permettant de savoir à quelle distance du haut du goulot sont atteints les 75 cl ; au fond des actuelles bouteilles de Benoît Tassin, on lit ainsi 75 cl à 72 mm.
- Le poids a pu diminuer pendant que la bouteille supportait de mieux en mieux la pression contenue, grâce à l'amélioration des techniques verrières : les champenoises pèsent aujourd'hui environ 750 g et résistent à 18 kg de pression !
Benoît Tassin conclut ces explications en montrant la nouvelle bouteille estampillée aux armes de Champagne ; il s’agit là de corriger un manque : le modèle de la bouteille champenoise n'a en effet pas été protégé et a donc été copié un peu partout !
La nouvelle bouteille champenoise utilisée par Benoît Tassin,
estampillée aux armes de Champagne
Les tire-bouchons Bossin.
Bien sûr, nous avons trouvé un peu de temps pour parler de tire-bouchons : c'est surtout le Bossin que nous avons évoqué, cette invention ayant évité quelques morts et bien des blessures dues aux explosions de bouteilles.
Inventé en 1850 par l'ingénieur champenois Séraphin Bossin, ce tire-bouchon à mèche forte servait à retirer le premier bouchon quand il se cassait dans le goulot au moment du dégorgement avant mise en place de la liqueur. La bouteille prenait place dans un "berceau" fermé par un capot de protection et le tire-bouchon était centré et entraîné par une manivelle.
Deux modèles de tire-bouchons Bossin.
Il était temps de repartir ... le coffre lesté d'un peu de bon champagne !
Amicales et désintéressées recommandations pour finir :
- Allez sur le site pour découvrir le "Musée de bouteilles anciennes du 18° siècle à nos jours" :
http://www.champagne-benoit-tassin.com/
- rendez visite à Benoît Tassin et découvrez le personnage, sa faconde et son excellente production !
M