Amis collectionneurs, bonjour !
Exercice d'écriture : l'inspiration me vient, entre Eclipse et arc-en-ciel...
Avez-vous suivi la belle vente "TRANSVERSALES" organisée par la Maison Prunier le 27 novembre dernier ?
J'ai été impressionné pour ma part par le lot n° 35, un tire-bouchon hors du commun et que je n'avais encore jamais vu :
UN SINGE : RARE TIRE-BOUCHON EN FER,
ANGLETERRE OU ETATS-UNIS, VERS 1900.
Estimé 5000,00 à 6000,00 €, il a été adjugé au prix marteau de 5000,00 €, soit environ 6500,00 € avec les frais.
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Voici les images du tire-bouchon, reprises du catalogue de la vente :
Photos catalogue Prunier auction.
Adjugé 5000,00 € !
La description renvoyait à un "modèle identique dans la collection Edgar Frank, Petite ferronnerie ancienne, Edition Self, 1948" :
L'histoire était belle et me donna l'envie d'en savoir un peu plus. Il me fallait pour cela accéder au modèle original ou à sa représentation. Je me suis donc mis en chasse et ai fini par retrouver et acquérir un exemplaire de l'ouvrage d'Edgar Frank... un livre depuis longtemps épuisé !
Les feuilles du livre sont quelque peu jaunies et la reliure est défaillante, mais le contenu est intact et irremplaçable. En voici la table des matières :
Le projet de l'auteur-collectionneur, selon ses propres dires, était d'établir "le résumé de quarante années d'expérience pendant lesquelles nous avons vu et touché les bibelots de fer des musées et des collections particulières dans la plupart des pays d'Europe."
Je reviendrai dans un autre article sur les tire-bouchons, pour la plupart du XVIIIe siècle, présents dans le livre.
Pour en rester au sujet du jour, j'ai retrouvé, Planche 75, notre petit singe automate, coiffé de son chapeau 1900, avec cependant une surprise de taille, il s'agissait selon Edgar Frank, d'un poinçon de couturière :
"Les poinçons (planche 75, n° 361-362 et 366-367) furent souvent munis de gaines pour protéger leurs pointes, et les moyens usuels de décoration : gravure et damasquinage, servirent à les agrémenter."
Planche 75 : Etuis à ciseaux, dés, poinçons, navettes, mesures.
Notre petit singe faisait déjà preuve d'originalité, voire de modernité au milieu d'objets des siècles précédents !
L'axe du poinçon est cylindrique quand celui du tire-bouchon vendu aux enchères est de section carrée, mais le petit singe articulé est rigoureusement le même.
On ne peut qu'en déduire que le poinçon et le tire-bouchon expertisé proviennent du même fabricant, sans pour autant pouvoir préciser si celui-ci était anglais, américain... ou français ? L'idée originale du petit singe qui monte et descend sur son axe, en position debout ou assis, la boucle de la queue aidant à l'actionner, comme aussi l'habillement, relèvent plus de l'esthétique que du fonctionnel, mais en font un objet décoratif et ludique particulièrement rare et réussi.
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J'ai étonné mes amis en leur montrant ces images et le prix atteint lors des enchères.
L'un d'entre eux, Christian, tout à la fois professeur de chaudronnerie retraité, métallier, ferronnier et horloger amateur, a réagi en me proposant de réinterpréter ce tire-bouchon sur la base des éléments dont nous disposions.
Pour mémoire, c'est lui qui avait revisité pour moi le tire-bouchon de Charles Osborne il y a une dizaine d'années.
Challenge réussi : Christian m'a présenté ce matin ses petits singes.
Pas les singes de la sagesse, symbole asiatique, dont chacun se couvre une partie différente du visage avec les mains : le premier les yeux, le deuxième la bouche et le troisième les oreilles pour ne pas voir le Mal, ne pas entendre le Mal, ne pas dire le Mal... des singes moins sages, mais acrobates et helixophiles !
Et j'espère bien pouvoir présenter le mien à l'occasion du prochain Congrès du CFTB, à Porto, en fin de semaine prochaine :
Il ne s'agit évidemment pas d'une fabrication en série : Christian en a réalisé quatre exemplaires seulement, dont celui qui m'est destiné.
Pour éviter toute équivoque, les tire-bouchons sont marqués aux initiales "CM" de notre ami,
... avis aux amateurs !
M