lundi 21 avril 2025

LE DOMAINE DE LA CITADELLE À MÉNERBES ET SON MUSÉE DU TIRE-BOUCHON


Amis blogueurs, bonjour !


Nous nous sommes quittés après mon compte rendu du Congrès du CFTB d'Arles.
Le Congrès s'était achevé, mais la fête n'était pas terminée pour notre petit groupe :

Le Domaine de la Citadelle, son vignoble bio et son Musée du tire-bouchon nous attendaient à Ménerbes !


Ménerbes n'est qu'à une petite heure de route seulement d'Arles et nous y avions rendez-vous le mardi 8 avril, au lendemain de notre Congrès.


Ayant revisité l'endroit quelques mois plus tôt et apprécié l'évolution positive des lieux, j'avais commencé de nouer des contacts, très vite positifs, avec les nouveaux propriétaires, Valérie et Yannick Panagiotis.
J'avais été en effet immédiatement convaincu que la nouvelle configuration du domaine (sa salle de réception notamment) se prêterait magnifiquement à l'organisation d'une rencontre de collectionneurs, et  Valérie et Yannick Panagiotis se sont montrés d'emblée très réceptifs à cette possibilité et intéressés pour nouer (renouer ?) des liens avec le Club français du Tire-Bouchon...
Pour moi, c'était une évidence que le Musée et le Club étaient complémentaires et gagneraient donc à se rapprocher : une visite organisée pouvait y aider.


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Prévenus auparavant, notre Président et notre Trésorier s'étaient joints à notre petit groupe. 
Valérie et Yannick nous réservèrent le meilleur accueil entre le musée du tire-bouchon qu'ils s'efforcent d'enrichir par de nouvelles acquisitions et une mise en scène soignée, le jardin botanique, le chai actuel et l'ancien, transformé en salle de réception, les salons de dégustation, le Bistrot de la Citadelle et la Table Agricole Tayac, avant de nous convier à clore la visite par un élégant déjeuner dans ce restaurant très inspiré.



Photo Destination Lubéron


L'ancien chai du Domaine de la Citadelle, transformé en salle de réception



Yannick et Valérie Panagiotis


Amicale dégustation apéritive


A table, la conversation n'en finit pas de nous surprendre et de nous passionner. Je ne pouvais prendre de notes, mais j'ai retrouvé l'essentiel des informations dans le magazine https://www.cotemagazine.com/ : 
« Yannick, originaire du Luberon, est petit-fils du champignonnais de Ménerbes. Valérie est une Languedocienne ayant installé son entreprise Aroma-Zone à Cabrières en 2005.

[NDLR : 
Le concept autour d’Aroma-Zone a été créé en 1999 par Pierre Vausselin, chimiste, et deux de ses filles, Anne et Valérie Vausselin, l'épouse de Yannick Panagiotis.]

Yannick et Valérie sont tous deux passionnés d'automobile et possèdent une riche collection de véhicules de la 4L à la Porsche 911. Ils rassemblent autour d'eux des passionnés, pour restaurer, entretenir, préparer, ou simplement partager leur amour motorisé.



Rallye de Grèce
Auto-Hebdo du 11.09.2021 https://www.autohebdo.fr/


« Oui, je viens du Gévaudan ; l’une de mes ancêtres fut la première victime de la bête », confie Valérie. Dans le Luberon on a la Coulobre, moins célèbre c’est sûr.

[NDLR : 
- La bête du Gévaudan est le surnom d'un ou plusieurs canidés ayant commis des attaques contre des humains en France à la fin du XVIIIe siècle
- La Coulobre est le nom donné au légendaire dragon de la Fontaine du Vaucluse.]

La rencontre entre Yannick et Valérie s’est faite autour d’un volant il y a quatorze ans. « Elle est meilleure pilote que je ne suis copilote. » Valérie a aussi ça dans le sang. Le 14 janvier 2023, Yannick est évacué de la course du Dakar par hélicoptère pour trois vertèbres cassées ; Valérie terminera en solitaire les 700 km de l'étape qui la mèneront à sa chambre d’hôpital. »

Je ne saurais trop vous engager à faire une visite virtuelle et décoiffante de l'atelier  "Panasport", structure accueillant collections et artistes ; cf. sur YouTube :



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Autant que le Domaine de la Citadelle, ses vins, son musée des tire-bouchons et sa capacité d'accueil, nous avons apprécié l'authenticité de la démarche de Valérie et Yannick, la singularité de leurs personnalités et la richesse de leurs expériences. 

Nous serions heureux de les voir nous rejoindre au sein de notre Club et Patrick Bordat et moi-même parrainerons avec plaisir leur candidature.


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Nous avons repris la route, mais nous n'en avions pas fini avec notre périple (notre rallye ??). 
Je me devais encore de visiter mon frère, installé non loin. 
Visiter aussi mon ami d'enfance du côté d'Aix-en-Provence : il ne m'aurait pas pardonné de l'oublier. 
Aller saluer Bernard et Annie Chauvet dans leur Domaine du Grapillon d'Or à Gigondas, au pied des merveilleuses dentelles de Montmirail. 



Belle collection, beaux produits !


Avoir les dentelles de Montmirail en ouvrant la fenêtre !


Et bien sûr, il me fallait raccompagner ma cousine jusqu'en Isère, avant de remonter finalement vers notre Lorraine.


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Mais je ne vous raconterai pas ces dernières étapes et me contenterai de reprendre un peu d'eau fraîche... c'est bon aussi !



M

vendredi 18 avril 2025

DE RETOUR DU CONGRÈS DU CFTB : ARLES 5 ET 6 AVRIL 2025


Amis blogueurs, bonjour !


De retour chez moi après près de deux semaines de tire-bouchons, j'ai un peu de mal à reprendre le clavier, mais bon, chose promise chose due : voici mon compte rendu d'expédition au


CONGRÈS DU CFTB : ARLES 5 ET 6 AVRIL 2025

... comme si vous m'y aviez accompagné !


Peu partisan des rapides trajets autoroutiers, leur préférant toujours les "rallonguis", j'imaginais bien des étapes, mais à ce point ?

Nous partîmes donc, mon épouse et moi, le 1er avril.




Les exemplaires frais reçus de mon livre, 
Tire-bouchons français
Fabricants, catalogues et documents commerciaux
occupaient beaucoup de place dans le coffre de la voiture, comme les tire-bouchons apportés pour la Bourse d'échanges et les cadeaux destinés aux hôtes qui nous attendaient un peu partout. Je tassai les bagages, y compris sur le siège arrière. Et je me résignai même à y ajouter, sur l'injonction expresse de mon épouse, un costume pour la soirée de gala... Un costume ? moi qui ne veux plus porter cet uniforme professionnel qui fut le mien pendant quarante années !

C'est à Saint-Marcellin entre Grenoble et Valence que nous fîmes notre première étape : pas de congrès sans la cousine Josette, presque membre du CFTB ! Nous fîmes le tour des magasins d'antiquités-brocante et autres ressourceries du coin, sans succès en ce qui me concerne.


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Je ne sais pas trop comment je réussis à charger les bagages de la cousine tout en lui ménageant une place, mais nous finîmes par prendre la route pour Vaison-la-Romaine (qu'on pourrait tout aussi bien appeler Vaison-la-Médiévale, tant ce patrimoine-là est riche aussi). Cependant, pas le temps de visiter : Bernard Devynck et son épouse nous attendaient de pied ferme.
Anne-Marie, précédemment restauratrice, est une cuisinière hors pair. Je ne dirai rien du menu, mais que le foie gras maison, caché sous une montagne de truffes locales, était délicieux ! que le plateau de fromages était riche ! que les vins étaient tentants pour l'homme sobre que je me devais d'être !




Bernard est multicollectionneur : son univers regorge de machines de caves, de belles publicités anciennes autour du raisin et du vin, de ciseaux, jetons de champagne et tire-bouchons bien sûr, mais aussi de vieux papiers : factures, catalogues de fabricants et de négociants, que Bernard a souvent mis à ma disposition pour l'information des lecteurs de ce blog (cf. les articles récents sur Lucien Godin, coécrits avec Bernard)
Je découvrais enfin cette masse de documents, soigneusement archivés et classés par notre ami : quelle ressource !
Cerise sur le gâteau, Bernard possédait deux exemplaires de l'hélice à poignée en croix ansée, attribuable à Coville - tire-bouchon que je n'avais pas encore rencontré - et il a bien voulu m'en céder un : la première acquisition de l'expédition !

Nous pouvions reprendre notre chemin, repus, joyeux et pleins de gratitude envers Anne-Marie et Bernard, que nous retrouverions bientôt au Congrès.


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La route fut courte jusqu'à notre lieu de villégiature. Nos complices, Françoise, Patrick et Philippe étaient arrivés les premiers ; Tomás, Caroline, Rémi et Maxime suivraient bientôt.



Deux maisons confortables nous attendaient
(Merci Françoise !)


et une agréable terrasse !


Heureux de nous retrouver, nous avions le sentiment de nous être quittés la veille ! Installation dans nos chambres respectives, dîner "à la fortune du pot", souvenirs égrenés, présentation de nos dernières trouvailles, tests répétés de nos "outils" sur les bouteilles apportées.
Pas plus de programme jusqu'à l'apéritif dînatoire du vendredi soir au mas de Valériole : plaisir des conversations, intéressante présentation du domaine, visite des vignes, enfin belle réception, y compris par les moustiques camarguais !


Le mas de Valériole


Hommage à Saint-Vincent


Multitude de réductions salées et sucrées, dégustation des vins du domaine..., nous ne pouvions faire moins qu'honorer Saint-Vincent : Luc s'en est chargé !

Samedi matin : après la découverte d'Arles, et pour une partie d'entre nous du Museon Arlaten, déjeuner libre. 
Nous avons déjeuné au restaurant Le Criquet, rue Porte de Laure, tenu par deux sœurs souriantes. Bel accueil, cuisine locale, service efficace : allez voir !


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Et puis, le Congrès : 
Samedi 6 avril, 15h : allocution du Président, suivie de la traditionnelle bourse d'échanges, de la présentation des plus belles pièces, et de l'assemblée générale, occasion de présenter mon livre.



Présentation avant dédicaces.


Un peu difficile de se partager : la bourse d'échanges m'a largement échappé cette année !



Présentation des plus belles pièces


Le dîner de gala suivrait, organisé à l'hôtel Arles Plaza... je n'avais plus qu'à mettre mon beau costume !
Et déjà nous étions le dimanche !

Dimanche 7 avril : vente de gré à gré, je fus un peu plus présent et me délestai d'un "Traifor" et d'un "Le Français", mais fus moins heureux dans mes achats, ratant un ensemble de tire-bouchons sur carte proposé par Reinhold Berndt...
Le déjeuner de fin de congrès passa trop vite, nous laissant le regret de n'avoir pu passer du temps avec chacun... mais beaucoup devaient prendre très vite la route du retour !

Lundi 8 avril : visite de la manade Blanc.






Travail des gardians, ferrade de taurillons, déjeuner d'une salade d'animelles ou "rognons blancs", puis d'un plat de calamars cuisinés maison et riz camarguais...
Tous ces temps de convivialité furent pour moi l'occasion de faire semblant de connaître l'allemand, l'anglais ou l'italien pour échanger avec nos amis venus de loin.


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Nous pourrions bientôt contempler notre petite moisson entre Congrès, vide-greniers et un surprenant trophée reçu à notre retour (objet d'un autre article peut-être ?) :




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Le temps était venu de nous séparer pour quelques mois en attendant la Bourse de Bourges, non sans féliciter et remercier les organisateurs de ce beau Congrès !

Notre voyage se poursuivrait encore, familial et amical, et ferait notamment étape au Domaine de la Citadelle à Ménerbes et son Musée du Tire-bouchon : ce sera l'objet d'un prochain article !



M






lundi 31 mars 2025

BIBLIOGRAPHIE 68 : TIRE-BOUCHONS FRANCAIS - FABRICANTS, CATALOGUES ET DOCUMENTS COMMERCIAUX

 
Amis blogueurs, bonjour !


Juste à temps !

Mon livre
 
Tire-bouchons français
Fabricants, catalogues et documents
commerciaux


dont je vous ai parlé il y a quelques semaines, vient de m'être livré... à quelques jours seulement du Congrès du Club Français du Tire-Bouchon ! 
Chacun peut imaginer le stress des jours qui ont précédé. Combien de fois me suis-je demandé si j'avais autant travaillé pendant deux grandes années pour finalement rater l'échéance ?

Aujourd'hui, le résultat est là, bien concret devant moi : il appartiendra au lecteur de dire si le livre est bon, moi je peux seulement affirmer qu'il est beau !
Sylvain Caquineau, l'infographiste du CFTB, a réalisé un travail de grande qualité et l'imprimeur a suivi en faisant de même :







Quelques "bonnes feuilles"


Cependant les délais de fabrication ont empêché jusqu'à ce jour une présentation du livre imprimé. 

Aussi, pour tenir compte de ce calendrier très serré qui nous a été imposé, la période de souscription sera prolongée jusqu'au 30 avril 2025.

Chaque souscripteur bénéficiera donc jusqu'à cette date et dans la limite des disponibilités du tarif privilégié de 70 € (+ 12 € de frais de port). 

Au-delà le livre sera vendu au prix initialement prévu de 80 € (+ frais de port au tarif en vigueur).


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Il me reste à vous en présenter ma fiche bibliographique, la soixante-huitième de cette rubrique :




Bonne lecture !
Je serais heureux de recueillir vos avis et critiques sur ce travail.



M





mercredi 26 mars 2025

ENIGMA N° 84 : PUCES DE SAARLOUIS, 5 BOUCHONS DONT 4 ANRI, 1 TIRE-BOUCHON ET UNE ENIGME

 
Amis blogueurs, bonsoir !


J'ai fait une expédition en Sarre allemande il y a quelques jours pour retrouver le Altstadtflohmarkt ou marché aux puces de la vieille ville.
J'ai déjà présenté ce beau marché aux puces il y a quelque temps et je crois que le mieux est de vous inviter à lire ou relire cet article grâce au lien suivant :


Photo du journal local, illustrant mon article de 2019


Nous y avons fait beaucoup de rencontres montrant la porosité de la frontière entre nos deux pays : chineurs allemands habitués des Puces de Metz ou Thionville, chineurs et marchands français nombreux aussi !

Je n'y ai pas trouvé de "chopin", ni montre en or, ni stradivarius, mais des petits objets plaisir et 

un objet insolite, support de notre ENIGMA N° 84.






L'objet insolite est bien sûr celui du haut, nous allons y revenir.
En-dessous :
- quatre bouchons, de fabrication ANRI j'imagine, mais quels en étaient les créateurs... j'aimerais bien être renseigné par vous !
- un bouchon caricature du regretté Georges Féret, membre du CFTB disparu il y a quelques semaines,
- un tire-bouchon figuratif en bronze représentant un éléphant, probablement anglais de PEERAGE, mais le marquage est difficilement déchiffrable.


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Quant à l'énigme du jour, voici une autre vue de notre objet :



Un étui en grille métallique et un socle inclinable...


L'objet est long de 125 mm et large de 65 mm environ. 
Il se compose de deux parties :
- la partie supérieure est un étui fait d'un filet métallique souple ; il est muni d'un fermoir et d'une chaînette sur le dessus ; cette partie peut se clipser sur la partie inférieure ; la chaînette, elle, permet de relever l'étui.
- le socle est en tôle d'aluminiumavec une partie mobile (à gauche sur la photo) faisant béquille pour l'incliner ; ce socle comporte un petit réceptacle rectangulaire (35 x 20 mm) en tôle d'acier.

L'ustensile est marqué META S.A. sur chaque face :





La partie mobile ou béquille est également marquée, on peut y lire en plus SWISS MADE, MOD. DEP. + PAT. et N° 101 :




Enfin, le fond du socle comporte plusieurs numéros de brevets :
U.S. PAT. APP. 712363, et non 712368 comme je l'avais écrit... merci Loïc !
CANAD. PAT. APP. 287986
BRIT. PAT. APP. 11924/24
IND. PAT. APP. 10324/24
+ PAT. D.R.P.a.
Mais je n'ai pas fait de recherches sur ces brevets.





Au total, nous sommes face à un objet de fabrication suisse, à large diffusion internationale.
L'utilisation de l'aluminium, comme l'esthétique de l'objet m'incitent à le dater des années 20 ou 30.
En outre, des traces de feu sous le filet métallique amènent à penser que le petit réceptacle devait contenir un combustible et que notre objet permettait de chauffer quelque chose.


Mais quelle était la destination de cet objet aussi utilitaire qu'insolite ?


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J'imagine que cette énigme ne vous résistera pas longtemps et que vous me livrerez vite vos idées. 
Je publierai bien sûr vos contributions.



M



jeudi 20 mars 2025

1852 : NICAISE PETITJEAN INVENTE LA MACHINE À FICELER LES BOUCHONS DE CHAMPAGNE OU "CHEVAL DE BOIS"


Amis blogueurs, bonjour !


Ma bouteille de champagne ficelée n'est pas bue, mais déjà "délie les langues" !



La revoici, en compagnie de sa petite sœur



Et, en complément à mon précédent article :

Voici :

La machine à ficeler les bouchons de champagne ou "cheval de bois", 
inventée par Nicaise Petitjean en 1852.



Bernard Devynck, à qui rien n'échappe, l'a retrouvée dans un ouvrage qu'il possède dans sa bibliothèque :
Vins de champagne et Vins Mousseux  
Par P. Pacottet & L. Guittonneau
450 pages, 2° édition, 1930 (première édition en 1918), Librairie J-B Baillère et fils à Paris.



Le livre de Bernard Devynck



La description


Le cheval de bois,
très belle gravure, signée Poyet


On y voit clairement l'ouvrier ficeleur chevauchant la machine à ficeler.
Et cette technique a perduré pendant plusieurs décennies.


Voulant mieux connaître l'apport de Nicaise Petitjean, j'ai pu accéder à un autre très intéressant ouvrage que je viens de commander : 
Histoire(s) de vin : 
Les 36 grandes dates des vignobles français
Par Eric Glatre
2020 books.google.fr › books

Voici le paragraphe que l'auteur consacre à notre inventeur :




Nicaise Petitjean était vannier-emballeur à Avize...


Grâce à Nicaise Petitjean, un ouvrier pouvait "désormais ficeler jusqu'à 1 000 bouteilles par jour, en dix heures (durée légale du travail, à l'époque)".


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Merci Bernard !
Je vais attendre avec impatience la livraison du livre d'Eric Glatre !



M


lundi 17 mars 2025

UNE BOUTEILLE DE CHAMPAGNE FICELÉE A LA FICELLE

 Amis blogueurs, bonjour !



Je comptais m'appuyer sur cet article rédigé en 2015 pour en introduire un autre.
Peut-être l'aviez-vous lu alors, mais c'était il y a déjà dix ans et je vous le propose donc de nouveau :


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Heureux qui, comme Ulysse, 
a fait un beau voyage...


Vous vous souvenez sûrement de ce beau sonnet de Joachim du Bellay :

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.


Toujours ce poème m'inspire, et même il m'arrive parfois de croire qu'il a été écrit pour moi :
Voyageur je suis,
entre Touraine et Anjou est ma patrie, 
en Lorraine je vis,
seuls me manquent encore l'usage et la raison
et de pouvoir rentrer à la maison !

Mais pour avoir un peu voyagé ces dernières semaines entre Italie et Bourgogne, c'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé samedi les Puces de notre bonne ville de Metz.


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Il flottait à Metz comme un air d'optimisme ; les marchands étaient nombreux et de bonne humeur, leurs stands souvent débordaient de trésors et les chineurs étaient aussi au rendez-vous.



Cadre en brocante ?



Prometteur, un stand m'accrochait : parmi d'autres plaques émaillées, celle des VINS DE LA CRAFFE (négociants à Nancy) m'y montrait un premier tire-bouchon, un cep SIRET j'imagine.



Le tire-bouchon des Vins de la Craffe



Un peu plus loin, des brocanteurs haut-marnais me dirent avoir gardé quelque chos" pour moi : hélas, c'était un "peg and worm", taille diamant, que j'avais déjà.

Une dame me proposa, comme pièce rare, une ménagère Pérille : j'avais la même à la maison...

Ce couple que j'aime bien me dit n'avoir rien cette fois... avant de me montrer un lot de couteaux trouvé en vidant une maison. J'en achetai trois : deux marqués Véritable Dumas & Cie et un marqué Le Sabot Fontenille ;  et je reçus en cadeau un petit tire-bouchon simple mais à la belle poignée de bronze...

Je trouvai encore deux pipettes de vigneron qui me plaisent beaucoup et un bilame SANBRI, avec un marquage en diagonale que je ne connaissais pas :




Bilame SANBRI, BTÉ S.G.D.G. marquage en diagonale.



C'en était fini des couteaux, pipettes et tire-bouchons, mais le mieux restait à venir : une véritable "montre en or" !




Pipettes, couteaux, tire-bouchon et bouteille bouchée.



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Une ancienne bouteille de champagne, non étiquetée, mais encore aux deux tiers remplie, et surtout : bouchée à la ficelle et au fil de fer !



Bouteille de champagne bouchée à la ficelle et au fil de fer.


L'absence d'étiquette ne nous aide pas, mais rares étaient les bouteilles de champagne étiquetées avant la fin du XIX° siècle.
Jusqu'au XVIII° siècle au moins, bouteilles et carafes étaient apportées sur la table, munies de "plaques" accrochées par une chaînette.
Cf. l'article du blog :
WINE LABELS / ÉTIQUETTES DE VINS
Ces plaques sont aujourd'hui très recherchées des collectionneurs.
Vous pouvez en retrouver un exemple sur Ebay :




An early George II silver wine label, c.1750 'CHAMPAGNE'


Le vendeur m'a dit avoir trouvé cette bouteille - ainsi que quelques autres non bouchées - en vidant une maison près d’Épernay.


Je ne pourrai vous la décrire complètement, sauf à la déboucher, ce que bien sûr je ne ferai pas.

Retenons que c'est une belle bouteille champenoise, de fabrication bien maîtrisée, certainement manufacturée ; forme et aspect sont en effet très réguliers.
Le verre est de couleur vert foncé ; il comporte des stries peu apparentes. 
Le corps est cylindrique et trapu.
Une "couture" verticale révèle l'utilisation d'un moule.
La piqûre est profonde et régulière. Elle comporte un mamelon ou boule, caractéristique de l'utilisation d'une molette (tige utilisée pour foncer la bouteille).
Les épaules sont hautes et peu marquées, dégageant un goulot court.

La hauteur est de 25,5 cm et le diamètre du corps est de 9,9 cm.
Le goulot cylindrique a un diamètre extérieur de 2,6 cm et de 3,4 cm au niveau de la cordeline (ou collerette), cordeline très saillante donc.
Masse et capacité resteront inconnues. En l'état, la masse est de 1510 g dont environ 500 g de vin de champagne.



Cette bouteille est aujourd'hui un témoignage précieux :

- Soufflée dans un moule, elle date probablement du milieu du XIX° siècle.

- Sa forme générale, ses "épaules tombées" confirment cette datation.
On retrouve des bouteilles similaires chez Benoît Tassin, producteur de champagne à Celles-sur-Ource et créateur d'un Musée de bouteilles.
Benoît Tassin nous avait expliqué naguère l'évolution de la forme de la bouteille de champagne.
Le lien ci-dessous vous permettra d'accéder directement à cet article de novembre 2013 :
BENOÎT TASSIN : CHAMPAGNE, MUSÉE DE BOUTEILLES ANCIENNES ET TIRE-BOUCHONS BOSSIN

- La bouteille est encore remplie aux deux tiers, mais surtout, elle est bouchée !
Un stockage aléatoire (debout ?) a entraîné une rétraction du bouchon, d'où des fuites et une diminution du contenu.
Mais le stockage a aussi permis à cette bouteille munie de son bouchon de traverser un siècle et demi !

- Le bouchage est d'origine !
Le bouchon a été taillé à la main puis assujetti à la collerette de la bouteille à l'aide de deux liens différents : de la ficelle tressée et du fil de fer doublé et torsadé.




Le bouchon est fixé sur la collerette.



"Deux liens assujettissent le bouchon, 
l'un en ficelle trempée dans l'huile de lin, l'autre en fil de fer" 
(Moët et Chandon XIX° siècle).


Cette technique alliant ficelage à la ficelle et ajout de fil de fer est antérieure ou contemporaine de l'invention de la capsule de muselet (brevet Jacquesson, 1844).
Elle correspond en tous points à celle décrite sur Wikipedia :

Pour améliorer l'opération de ficelage, Nicaise Petitjean demeurant à Avize près d’Épernay, fit breveter vers 1855 une machine à ficeler à la ficelle, appelée aussi cheval de bois. Cet appareil devait faciliter grandement le travail de l'ouvrier ficeleur et améliorer la fixation du bouchon, le bras de levier décuplant la force et permettant l'usage de liens renforcés.

Le ficelage est alors complété avec un ou deux fils de fer torsadés. La pose du fil de fer se fait à l'aide d'une pince cisaille. Cette fixation en fil métallique présentait des difficultés, et le consommateur devait faire usage d'une pince spéciale ou d'un petit crochet pour couper le fil de fer et pouvoir déboucher la bouteille. Ces articles étaient souvent offerts en cadeau par les négociants à leurs clients.

Pour éviter cet inconvénient et surtout le risque de se blesser au débouchage, on a fait un anneau préformé sur le fil de fer à ficeler. Ce petit anneau était quelquefois muni d'une pastille de plomb estampé au nom du négociant.

Document de la maison Moët & Chandon du XIXe: « Deux liens assujettissent le bouchon, l'un en ficelle trempée dans l'huile de lin, l'autre en fil de fer ; ce dernier a été préparé par des tordeurs spéciaux, puis passé au metteur en fil qui au moyen d'une pince fait la dernière torsion et rabat le toron sur le bouchon lui-même, de façon qu'il ne dépasse pas. »


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Précisons que je n'ai trouvé ni illustration, ni trace du brevet de Nicaise Petitjean pour une machine à ficeler à la ficelle ou "cheval de bois". 
La base des brevets du XIX° siècle de l'INPI contient deux brevets de Nicaise Petitjean :
- l'un de 1832 pour un "nouveau genre de panier propre à l'emballage des vins de Champagne"
- l'autre de 1852 pour un "mode de fermeture de paniers à vin de Champagne".
Mais le brevet du cheval de bois est présenté comme plus tardif : "vers 1855". Peut-être n'est-il donc pas encore numérisé sur la base INPI ?


A défaut de pouvoir présenter le "cheval de bois", voici un document de 1866 montrant des ouvriers ficeleurs à la ficelle et au fil d'archal (alliage cuivre et zinc) :




























"Lectures de famille" choisies dans la collection du magasin pittoresque 
par Edouard Charton 1866 (Gallica).



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Au total, les Puces de Metz m'ont cette fois comblé.

Ma bouteille a bien 150 ans, comme le champagne qu'elle contient, mais la bonne fortune est de l'avoir trouvée munie de son bouchon ficelé !



M

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