jeudi 14 mars 2024

EXPOSITION UNIVERSELLE 1855 : LIEGE ET BOUCHONS - 1. L'EXPLOITATION DU LIEGE


Amis blogueurs, bonjour !


Pas de tire-bouchons sans bouchons...

C'est le thème du dossier que nous propose aujourd'hui Bernard Devynck, ami hélixophile :

EXPOSITION UNIVERSELLE PARIS 1855 :  
LIEGE ET BOUCHONS
1. L'EXPLOITATION DU LIEGE


Nous partagerons en effet ce dossier en deux articles :
Première partie : 1. L'EXPLOITATION DU LIEGE
Deuxième partie, à suivre : 2. LA FABRICATION DES BOUCHONS


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L'Exposition Universelle de 1855


Remettons-nous tout d'abord dans le contexte :

La France du XIXe siècle organisait des expositions nationales valorisant les progrès techniques et économiques tous les cinq ans depuis 1834. La quatrième, celle de 1849, fut visitée par le prince Albert, époux de la reine Victoria. Il en reprit l'idée qui aboutit en 1851 à la Great Exhibition de Londres, organisée au Crystal Palace édifié pour la circonstance. 


Crystal Palace, Hyde Park, 1851 (Wikipedia).

Cette exposition fut la première à être ouverte au monde entier : l’Exposition Universelle était née. 

Napoléon III, autoproclamé empereur, ne pouvait que réagir : il décida que l'exposition nationale française devait se transformer en une manifestation exceptionnelle, l'original devant faire mieux que la copie. Reportée d'un an pour en permettre la préparation, la nouvelle exposition ne serait plus être nationale, mais internationale, le concours s’ouvrant aux produits de l'agriculture, de l'industrie et des beaux-arts du monde entier. De fait, 25 pays et leurs colonies participèrent à l'Exposition Universelle de Paris, sur les Champs-Élysées, de mai à novembre 1855, attirant plus de cinq millions de visiteurs. 


Palais de l'industrie des Champs-Elysées, 1855 
(Musée Carnavalet / Ville de Paris).


Cette première Exposition Universelle française fut notamment l'occasion de la "classification officielle des vins de Bordeaux de 1855", établie par la Chambre de Commerce de Bordeaux, à la demande de Napoléon III. Cette classification fut du même coup limitée aux vins de la rive gauche de la Garonne, les vins de la rive droite dépendant d'une autre Chambre de Commerce, celle de Libourne.

Mais ce n'est pas le sujet qui nous intéresse aujourd'hui. Bernard Devynck a retrouvé pour nous dans L'Illustration, Journal Universel, n° 651 du 18 août 1855 un article très illustré sur "L'exploitation du liège et la fabrication des bouchons" que nous nous proposons de remettre en page et de reproduire.


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Chapitre 1 : L'exploitation du liège 
vue par L'Illustration, Journal Universel.


L'article est illustré par Henri Valentin (1820 - 1855 !), dessinateur et graveur, à partir des croquis de Pierre Letuaire (1798 - 1885), peintre et caricaturiste toulonnais et correspondant de presse pour le magazine L'Illustration. Pierre Letuaire s'est inspiré de dessins fournis par Eugène Gallice, patron d'une bouchonnerie dans le Var. 

La bouchonnerie Gallice, située au Cannet-du-Luc (aujourd'hui Le Cannet-des-Maures), est attestée depuis 1842 au moins, comme le montre la facture ci-après. 


Document acheté sur Delcampe.net
(Collection auteur)


La bouchonnerie fut dirigée par Gaëtan Gallice (1785 - 1867), auquel succéda son fils Eugène Antoine Gallice (1816 - 1868), puis la veuve de celui-ci, née Eulalie Marie Guiomar (1816 - 1881), et leur fils Eugène Gratien Marie Gallice (1853 - 1926).
Eugène Antoine Gallice, cité dans L'Illustration, fut poursuivi pour avoir pris les armes contre le coup d’État de décembre 1851. Gracié en 1853, il put cependant prendre la direction de l'entreprise au retrait de son père... et participer à l'Exposition Universelle de 1855 !


Le texte veut ouvrir le lecteur aux "particularités d'une industrie qui figure honorablement à l'Exposition Universelle, quoique ses produits soient insoucieusement rejetés dès qu'ils ont cessé de remplir leur office conservateur des liquides".




La première gravure nous propose une vue du démasclage des chênes-lièges dans une suberaie du massif des Maures.




Les gravures suivantes montrent les étapes qui suivent la récolte : stockage en piles impressionnantes, étuvage dans des chaudières, préparation des couteaux, découpage en bandes, puis en carrés.








Les gravures, traitées avec réalisme, nous renseignent sur la division du travail, entre contremaître, ouvriers et apprentis, sur les tenues vestimentaires des ouvriers, ainsi que sur les outils utilisés.

Le second chapitre, à venir dans les prochains jours, traitera de la fabrication des bouchons.



Merci Bernard !



M



lundi 4 mars 2024

THIONVILLE, 3 MARS 2024 : LES PREMIERES PUCES DE L'ANNEE


Amis blogueurs, bonjour !


Le printemps approche, les marchés aux puces redémarrent en Lorraine.
Après une première petite brocante samedi à Conflans-en-Jarnisy, je ne pouvais pas rater 

THIONVILLE, 3 MARS 2024 : LES PREMIERES PUCES DE L'ANNEE



Cette charmante marchande m'a vendu deux règles à calculer...
Photo Le Républicain Lorrain du 4 mars 2024


Les puces thionvilloises sont aussi fréquentées qu'hétérogènes : marchands semi-professionnels et occasionnels se côtoient dans ce qui est un marché de l'occasion autant que de belle brocante. 
Une clientèle de gens modestes venant s'équiper en vaisselle ou vêtements d'occasion se mêle à celle des passionnés d'histoire locale chinant vieux papiers et militaria, et à celle des collectionneurs d'objets scientifiques ou de curiosité, d'outils ou de jouets anciens. 
Bien sûr, nos voisins allemands et luxembourgeois ne sont pas en reste, eux qui sont venus en nombre pour cette reprise... les frontières donnent vite aux objets un caractère insolite, voire exotique !
Il y a aussi les badauds levés tard et qui viennent en fin de matinée humer l'ambiance, "s'encanailler" dans un milieu pour eux inhabituel ; il y a les familles qui marchent de front ; il y a les enfants qui réclament ; il y a les poussettes et il y a les vélos ; il y a les chiens qui promènent leurs maîtres...
Et puis il y a moi, qui rencontre et parle (trop) avec Gérard le collectionneur de clés à molette, Pierre-Michel et Jean qui se battraient pour un pied à coulisse, Carol qui chine les goodies, Gauthier à qui aucun vêtement sportif n'échappe ; et aussi sur leurs stands, François, Yacine, Ann, Camille, Vincent, Lorenzo... qui parfois ont des tire-bouchons pour moi. 

Alors, forcément, j'ai un peu acheté : pas de trésor, mais des petits plaisirs.


La pêche du jour !


Deux règles à calculer, un cochon tirelire à casser, quelques ustensiles de cuisine en aluminium, un petit étau ancien, deux belles clés, un petit marteau Peugeot Frères, un siphon à champagne et quelques tire-bouchons : 
- une harpe, 
- une poignée en cœur... mais qui donc fabriquait ce tire-bouchon ? je ne sais plus : aidez-moi !
- un inattendu multioutil marqué DECATINOX PARIS DEPOSE, déclinaison française d'un brevet américain de Louis Strauss en 1949, mais nous ne savons rien de la société DECATINOX !
- un tire-bouchon à cage ouverte, anglais sûrement, de Charles Chinnock peut-être ?
- trois extensibles + un qui n'est pas sur cette photo, mais nous allons en reparler.



Les tire-bouchons


Concernant les extensibles, commençons par dire que les vendeurs voulaient me faire plaisir et n'auraient pas bien compris que je boude des trouvailles qu'ils m'avaient gardées depuis des mois.
De mon côté, j'avais envie de retrouver mon bac à électrolyse, mon touret et sa broche, mes outils et de me remettre à nettoyer cette ferraille toute rouillée, ce que j'avais presque oublié après des mois d'inaction forcée !

Voici donc ces quatre extensibles, avec de gauche à droite :
- un "ZIG ZAG" des Etablissements Jules Bart, à la poignée en tôle emboutie, sans "décapsulateurs", marqué 1946,
- un "EX" de Boileau, non marqué,
- un "POLICHINELLE" à trois bras, non marqué, mais de la S.F.A.P.,
- un "TIRAX", non marqué, mais de Georges Thonon (brevet de 1935).
Tous quatre symbolisent l'engouement de l'époque pour les extensibles, après un demi-siècle de triomphe sans partage des tire-bouchons à hélice.


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Je pouvais rentrer chez moi, pas euphorique, mais agréablement satisfait : j'aurais de quoi raconter à mes petits-enfants que j'allais retrouver !



M





jeudi 29 février 2024

IL Y A 20 ANS : DES TIRE-BOUCHONS FIGURATIFS ET DES TIRE-BOUCHONS A CAGE DANS LA REVUE LA VIE DU COLLECTIONNEUR

 
Amis blogueurs, bonjour !


Sommé par mon épouse de faire un peu de place dans notre grenier, je me suis résolu à jeter les collections d'anciennes revues que j'entassais, parfois depuis plusieurs décennies. 
L'hebdomadaire La Vie du Collectionneur, aujourd'hui disparu, en faisait partie. Mais comment ne pas feuilleter ces revues avant de les jeter ? J'ai regardé les "Une" comme on regarde dans un rétroviseur et j'ai vu...

DES TIRE-BOUCHONS FIGURATIFS ET DES TIRE-BOUCHONS A CAGE


Deux numéros, vieux de plus de vingt ans, ont consacré un dossier aux tire-bouchons :
- le numéro 440 du vendredi 13 décembre 2002 titrait sur les Tire-bouchons figuratifs,
- le numéro 467 du vendredi 28 juin 2003 en faisait autant pour les Tire-bouchons à cage.



Les deux dossiers ont été réalisés avec le concours de Marc Poncelet, alors Président du Club Français du Tire-Bouchon.


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Le premier dossier montre la diversité des modèles figuratifs :
- les thèmes : personnages, métiers, caricatures, grotesques, érotiques, pisseurs, animaux (beaucoup de chiens et de chats), clés, ancres, instruments,
- les matières utilisées : fer, bronze, laiton, cuivre, aluminium, bois sculpté, noix de corozo, ivoirine...,
- les lieux de production : si la France est championne par la richesse de la production, l'Autriche (Hagenauer), l'Italie (ANRI), les Etats-Unis (prohibition) ne sont pas en reste.





L'échelle des prix n'a guère évolué pour les modèles les plus communs, la tendance serait plutôt à la baisse pour certains (les érotiques par exemple), mais les grotesques en noix de corozo, les poignées de bronze ou les Haguenauer ont vu leurs prix flamber depuis cette période bénie !


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Le second dossier s'ouvre sur les origines anglaises des tire-bouchons à cage (Henshall, Thomason, Loach, Osborne) et montre que les autres pays européens ont emboîté le pas aux XIXe et XXe siècles : France (Pérille, Coville, Guichard, Pecquet...), Allemagne (Becker, Scharff...), Italie (modèles rarement marqués).
L'échange porte ensuite sur la technicité de ces modèles, entre doubles pas de vis, crémaillères, leviers, ressorts, hélices...





Concernant les tire-bouchons à hélice, on notera le sous-titre : "Des origines parfois introuvables"...
Une citation plus complète s'impose ici : 
... "beaucoup de réalisations à hélice sont dépourvues de tout signe d'identification. Ceci tient aussi aux copies, souvent à l'identique, de modèles portant, eux, une marque de fabrique."
On trouve là la motivation de notre ouvrage :
Les tire-bouchons à hélice par Jean-Pierre Lamy et Marc Ouvrard.

Concernant la palette des prix, vingt ans après, les estimations données restent souvent valables pour ces tire-bouchons de moyenne gamme : quelques euros pour les modèles anonymes, 100 € pour certains Colombus, à partir de 150 € pour un type Thomason.


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Peut-être qu'après quelques autres décennies, nos successeurs verront les choses différemment ? L'Histoire en tout cas aura fait son travail, effaçant beaucoup de souvenirs pour en privilégier quelques-uns.



M


P.S. : Guido Haegeli, collectionneur suisse, m'a envoyé des photos d'un numéro plus ancien, La Vie du Collectionneur n° 62 du 16 juin 1994, déjà consacré aux tire-bouchons, une bonne approche pour débuter une collection. Voici ces documents :






Merci Guido !






lundi 19 février 2024

DES FABRICANTS DE TIRE-BOUCHONS : AUGUSTE LOUIS & ALPHONSE CREDOT



Amis blogueurs, bonjour !


Voici une suite à la rubrique inaugurée il y a quelques jours avec Georges Louis Leboullanger et ses fils, rubrique qui s'inscrit dans mon projet de livre sur les fabricants français et leurs catalogues :

DES FABRICANTS DE TIRE-BOUCHONS : AUGUSTE LOUIS & ALPHONSE CREDOT
 

Mon précédent article se concluait ainsi :
"La saga Leboullanger s'arrête avec la faillite de la société A. Leboullanger et Compagnie."

Evoquons donc les successeurs : Auguste LOUIS et Alphonse CREDOT. Le texte qui suit sera repris dans le livre en préparation, augmenté de vos éventuelles contributions. Merci à ceux qui m'ont aidé à construire ce dossier, notamment Patrice Pagniez qui suit manifestement les mêmes pistes que moi !


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LOUIS Auguste


Eléments biographiques :

On sait peu de choses concernant la vie d’Auguste Louis.
Fils de Nicolas Louis et de Ursule Deshayes, il est né vers 1830.
Marié à Héloïse Bris en 1853, il en aura une fille, Elisa (1855 - 1871) décédée à l’âge de 16 ans et dix mois, au domicile familial 16 rue d’enfer à Paris 5°.

Histoire de l’entreprise :

Tourneur sur métaux en 1880 au 179 Bd du Temple à Paris 3°, Louis reprend la Maison A. Leboullanger en 1889, du moins le dépôt du 31 rue Michel-le-Comte à Paris 3°, et installe ses ateliers à proximité, au 39 rue Volta.
Dès cette année 1889, Louis expose à l’Exposition Universelle de Paris :


Catalogue général officiel de l'exposition universelle de 1889.
(Gallica)


La revue Le Panthéon de l’Industrie du 23 juin 1889 « panthéonise » la Manufacture d’Acier Poli d’Auguste Louis :
 
 

Le Panthéon de l'Industrie du 23 juin 1889.
(Gallica)

En janvier 1892 encore, Louis fait de la publicité pour le tire-bouchon le Succès, repris de Leboullanger, dont il promeut la marque de fabrique « LB » dans un octogone :

 

Annuaire-almanach Didot-bottin 01 janvier 1892.
(Gallica)


Mais le 1er novembre 1892, sans qu’il nous ait été possible d’en comprendre les raisons, l’ancienne Maison Leboullanger passe aux mains de Crédot.

Productions Louis :

On ne connait malheureusement pas plus de catalogue Louis que de catalogue Leboullanger.


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CREDOT Alphonse


Eléments biographiques :

Nous ignorons tout ou presque des débuts de Henri Ildefonse dit Alphonse Crédot, avant son association avec Jean-Baptiste Boué pour démarrer une production de tire-bouchons dans le Vexin.
Les parents, Martial Crédot, maçon, puis facteur, et Jeanne Auclair, étaient établis à Azerables dans la Creuse. Ils eurent douze enfants. Deux nous intéressent particulièrement : le cinquième, Jean Baptiste, et surtout le dixième, de huit ans plus jeune, Henri Ildefonse - que nous appellerons Alphonse, comme il le faisait lui-même - et qui deviendra le grand fabricant de tire-bouchons que nous connaissons.

Alphonse (Henri Ildefonse) Crédot (1848 – 1914) est mobilisé pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Rendu à la vie civile, il se fixe à Paris, travaille dans la métallurgie, puis devient employé de commerce et habite un temps au 31 rue des Ecoles Paris 5°. 
En 1876, il épouse Marie Euphrasie Parisot (1857 – 1890), plumassière. Une fille nait la même année, mais meurt alors qu’elle n’est âgée que de trois semaines. Marie Euphrasie ne semble pas avoir eu d’autres enfants ; elle meurt en 1890, à seulement 33 ans.
1886 : la fabrication de tire-bouchons commence. Jean-Baptiste Boué et Alphonse Crédot s’installent dans le Vexin, à Hodent, au moulin du Pont d’Hennecourt. Ils se sépareront au bout de deux ans.
1888 : Crédot quitte Hodent pour Montreuil-sur-Epte. Il loue également un dépôt au 31 rue Charlot Paris 3° et y installe le domicile familial qu’il conservera jusqu’au décès de son épouse.
1892 : reprise de la fabrique Leboullanger* à Genainville : Crédot y loge son frère Jean Baptiste et s’y réserve un pied-à-terre. 
Alphonse Crédot conserve l’atelier Leboullanger et le logement attenant du 31 rue Michel-le-Comte Paris 3°. Après son veuvage, il s’y installe et y demeurera jusqu’à la fin de ses jours.
Pour autant, c’est définitivement dans le Vexin qu’il développera ses fabrications.
1914 : Alphonse Crédot décède en son domicile. 

Son frère aîné, Jean Baptiste Crédot (1840 – 1918), épouse Charlotte Joséphine Garnier (1835 - 1918) en 1867. Le couple aura trois enfants, morts jeunes : Alphonse Constant à 27 ans, Marie Louise à 3 ans et Henri Emile à 22 ans. 
Jean Baptiste représentera un temps son frère comme directeur de l’usine de Genainville. Plus tard, Victor Sitbon le remplacera à ce poste. 
Jean Baptiste reprendra ensuite le métier de maçon avant de se retirer à son domicile 130 rue de la Chapelle Paris 18° où il décédera en 1918. 


Histoire de l’entreprise :

1886 - 1888 : Epoque Boué & Crédot
1886 – 1888 : Jean-Baptiste Boué et Alphonse Crédot, brièvement associés, s’installent à Hodent et transforment l’ancienne filature de coton et soie du Moulin d’Hennecourt en manufacture d’acier poli.
Peut-être cette filature appartenait-elle déjà à la famille Boué… au nom orthographié Bouez ? L’Annuaire général du commerce et de l'industrie, de la magistrature de 1855 semble l’indiquer :


Annuaire général du commerce et de l'industrie, de la magistrature de 1855.


C’est durant cette période que Boué et Crédot obtiennent un brevet pour un « tire-bouchon de poche à usages multiples » (brevet n° 178.996 délivré le 14 février 1887) qu’ils marquent de leur sigle commun « B et C ».

 
Boué & Crédot : brevet n° 178.996 délivré le 14 février 1887.
(Guy Olive : 1828 - 1974 Tire-bouchons français, Brevets)


Une déclinaison du brevet.
Collection Bert Giulian (World-Class Corkscrews)



1888 - 1914 : Epoque Alphonse Crédot
1888 – 1892 : Alphonse Crédot a quitté Boué. Il a repris et transformé l’ancienne scierie mécanique pour le découpage de bois de chaises, située à Montreuil-sur-Epte, à quelques kilomètres plus à l’ouest, en manufacture d’acier poli. Son épouse meurt en 1890.
1892 : Crédot rachète à Auguste Louis la fabrique Leboullanger, une référence dans l’industrie du tire-bouchon, ce qui lui permet de reprendre les fabrications et d’y ajouter les siennes. Il conserve à cette époque la marque des frères Leboullanger, « L.B. », mais promeut en même temps la sienne, « A.C. » :



Tire-bouchon Crédot, marqué A.C. DEPOSE.
(Collection personnelle)



1894 : fort du succès croissant de son entreprise, Crédot quitte Montreuil-sur-Epte pour installer une « usine modèle » à Genainville, près d’Hodent.  Il y installe et loge son frère aîné Jean-Baptiste et s’y réserve un pied-à-terre.
La raison sociale de l’entreprise devient : 
Manufacture d’Acier Poli
Ancienne Maison Leboullanger Frères
A. Crédot successeur.
L’en-tête vante l'usine modèle de Genainville, et met en avant un point fort de Crédot : les articles sur cartes.


Document commercial 1894.
(Source : Gérard Bidault)


1906 : au terme d’un long conflit de voisinage, Crédot rachète à Jean-Baptiste Boué, son ex-associé et concurrent, le Vieux Moulin de Genainville qu’il joint à son « Usine modèle ».

 


Deux cartes postales anciennes illustrant la fabrique Crédot à Genainville.
(CPA Genainville-loisirs.fr)


Productions Crédot :

Vers 1913, Crédot a édité un catalogue dont Gérard Bidault nous offre quelques extraits dans son livre Les tire-bouchons français, malheureusement ce catalogue est devenu introuvable...


Le 7 février 1914, Alphonse Crédot décède sans héritier direct. 
C’est Victor Sitbon, son directeur à Genainville, qui va reprendre la Manufacture d’Acier Poli.


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Des questions restent en suspens, notamment :
- je n'ai pas pu retrouver l'acte de reprise de la Manufacture Leboullanger après la faillite de 1889 par Auguste Louis,
- de même, je n'ai pas retrouvé l'acte d'acquisition de la Maison Crédot par Victor Sitbon...

... Mais je compte sur votre sagacité ! 
Et tout document - catalogue, particulièrement - susceptible d'enrichir ce travail sera bienvenu.



M


mardi 13 février 2024

DES FABRICANTS DE TIRE-BOUCHONS : GEORGES LOUIS LEBOULLANGER ET SES FILS

 Amis blogueurs, bonjour !


Je voudrais évoquer aujourd'hui 

DES FABRICANTS DE TIRE-BOUCHONS : 
GEORGES LOUIS LEBOULLANGER ET SES FILS


Situons d'abord le cadre : je travaille à l'écriture d'un livre sur les fabricants français de tire-bouchons et leurs catalogues. L'aventure est compliquée et je ne suis pas sûr d'en venir à bout, mais ne dit-on pas que "les seuls combats perdus d'avance sont ceux qu'on ne mène pas" ?

Mon idée est de proposer pour ces fabricants une courte biographie, d'évoquer les grandes étapes de leurs entreprises et leurs productions, avant de proposer une reproduction de leurs catalogues d'époque.

Plusieurs d'entre vous m'ont déjà aidé en me permettant d'accéder à leurs "vieux papiers" : documents commerciaux, catalogues anciens, et je les en remercie chaleureusement. 
L'aide la plus décisive vient de m'être apportée par Gérard Bidault, président-fondateur du Club Français du Tire-Bouchon, qui m'a tout simplement donné ce qui lui restait de documentation et autorisé à utiliser librement ses écrits : un énorme cadeau et un merci tout particulier donc !

Par esprit de contradiction peut-être, je voudrais évoquer aujourd'hui Georges Louis Leboullanger et ses fils Alfred et Jules... lesquels à ma connaissance n'ont pas laissé de catalogue !

Ami lecteur,
Si vous possédez des documents, notamment factures ou papiers à en-tête Leboullanger, je vous serais reconnaissant de bien vouloir me les proposer : ils seraient très utiles pour l'illustration de ce chapitre de mon futur livre.


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Eléments biographiques sur Georges Louis Leboullanger et ses fils


Georges Louis Leboullanger est né à Caen en 1810. 
Monté à Paris, il est installé comme polisseur en acier et habite 63 rue du Faubourg du Temple quand il se marie en 1839 à Mélanie Augustine Delanoë (1819 – 1887). Huit enfants naissent de cette union (dont une fille morte en bas âge). 
Trois fils seront mécaniciens comme leur père. 
Deux, Alfred Auguste et Jules Félix, lui succéderont :
Alfred Auguste (1842 - ?) qui épousera Caroline Müller, citoyenne allemande en 1870. Ils auront deux enfants : Louis Lucien (Chaussy, 1873 - 1930 ?) et Jeanne Berthe (Les Planches, 1885 - ?).
Jules Félix (1848 - 1914) qui sera veuf deux fois : après avoir épousé Laure Marie Ménard (1855 - 1887) en 1876, puis Anne Marie Seignier (1860 - 1905) en 1889. On ne lui connait pas de descendance.
Louis Fortuné épousera Hortense Pauline Julie Goujon (1857 - 1911) en 1876. Il ne suivra pas le "droit chemin" emprunté par ses frères et sera condamné en 1887 aux travaux forcés et à la relégation au bagne de Nouméa (Nouvelle-Calédonie) où il décèdera en 1907.


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Vie de l'entreprise


Epoque Leboullanger - Aubret :

Dès avant 1855, Georges Louis Leboullanger s’associe avec Pierre Aubret, ferblantier, pour fabriquer des petits ustensiles d'acier dans leur atelier situé au 27 rue Michel-le-Comte Paris 3°. Ils reçoivent une médaille à l’Exposition universelle de 1855, pour leurs fabrications de "pinces à épiler, pinces pour fleuristes, limes à ongles, anneaux brisés, vrilles, tire-boutons et poinçons avec manches, bijouterie d’acier".

Forts de leur succès, Pierre Aubret et Georges Louis Leboullanger installent une manufacture d’acier poli dans le Vexin, à Omerville (Seine-et-Oise), où Leboullanger loue le moulin d’Amiel.
"Au hameau d’Amiel, le moulin à farine fut transformé en usine. Une trentaine d’ouvriers dont des enfants, fabriquaient de petits objets en acier poli – tire-bouchons, crochets, tire-bottes, tire-gants et pinces – qui étaient convoyés vers Paris où ils étaient stockés avant d’être expédiés vers l’Allemagne ou les Etats-Unis."


Epoque Manufacture d'Acier Poli Georges Louis Leboullanger à Chaussy :

En 1862, Leboullanger et Aubret se séparent : Aubret reste au moulin d’Amiel, Leboullanger s’installe au moulin de Chaussy, à Genainville (Seine-et-Oise) et crée sa propre manufacture :
Manufacture d'Acier Poli Leboullanger 
 avec usine à Chaussy et dépôt à Paris. 

Les années 1863 à 1876 sont une période de prospérité pour l'entreprise de Georges Louis Leboullanger.
Ses deux fils : Alfred et Jules, travaillent à ses côtés. En 1873, Jules obtient un brevet n° 97.437 du 3 mars 1873 pour un tire-bouchon / harpe dit "pince ronde", deux mois avant le brevet similaire de Pierre Aubret.

En 1876, Georges Louis Leboullanger cède la place à ses fils Alfred et Jules. Il se retire au 73 rue Neuve des Petits Champs à Paris 2°, et décède moins de trois ans après, le 19 janvier 1879, à l'âge de 69 ans.
Son épouse lui survivra jusqu’en 1887.


Epoque Leboullanger Frères, fabricants d'aciers polis :

Le sigle "L.B." commence à être utilisé et la raison sociale est modifiée :

 

Archives commerciales de la France 1876.


Le fils aîné, Alfred, est le directeur de la manufacture de Chaussy ; le cadet, Jules, prend en charge le dépôt parisien, passé du 27 au 31 rue Michel-le-Comte, et la partie commerciale. 

L'arrivée d'Alfred et Jules à la tête de la société ouvre une période d’innovation technique : 
1878 : reprise du brevet Jules Brangs, n° 122.704 du 23 avril 1878 et fabrication de son "tire-bouchon forme lyre à poignées pliantes".
1878 – 1882 : plusieurs brevets sont obtenus par les frères Leboullanger : 
- n° 126.067 du 20 novembre 1878 pour "perfectionnement tire-bouchons de poche",
- n° 145.197 du 10 novembre 1881 pour un "tire-bouchon à levier avec collier mobile" (inspiré du brevet Delavigne pour le tire-bouchon "pompe"),
- n° 151.110 du 7 décembre 1882 pour un "tire-bouchon de poche à coulisse et ressort",

    Le temps de la diversification des modèles


En 1882, la manufacture emploie une centaine d’ouvriers. Le dynamisme des frères Leboullanger se traduit par la transformation d’un second moulin à Chaussy… probablement une imprudence au plan financier.
En 1883, la presse rend compte en effet de la faillite de la société Leboullanger Frères :


Journal La Liberté : Déclaration de faillites du 18 mai 1883.


Jules Félix, cessera alors son activité de fabricant d'acier poli. Il s'installera au 15 rue Bouchardon à Paris 10° et sera camelot, puis brocanteur. Il meurt en 1914.


Epoque A. Leboullanger et Compagnie :

En 1884, Alfred rebondit très vite ; il trouve un montage financier, et reprend et continue la société faillie, sous une nouvelle raison sociale :
A. Leboullanger et Cie
Rue Michel-le-Comte 31 à Paris
Usines à Chaussy


Archives commerciales de la France n° 29 du 10 avril 1884


Parallèlement, il gagne en 1886 le procès pour contrefaçon intenté trois ans plus tôt à Boué et Crédot associés, mais aussi à Hurel : il ne s’agit pas de tire-bouchons, mais de tire-boutons… et la sanction est bien légère : Boué, Crédot et Hurel sont condamnés chacun à 25 francs d'amende... le salaire hebdomadaire d'un ouvrier !

1884 - 1888 : Alfred Leboullanger loue un ancien moulin à foulon, dit Usine des Planches, lieu-dit à Acquigny (Eure), propriété de Madame Veuve Houel, l’adapte et y lance la production de nouveaux modèles, dont le "Rapide".


Le moulin d'Acquigny, mais est-ce le bon ?
(CPA Delcampe)


Mais le 12 février 1888, tous les espoirs s’envolent en fumée (!) : un incendie ravage l’usine. 


15 février1888 : Journal d'Évreux et du département de l'Eure.


Impossible de s'en relever : le 3 juin 1889, un nouveau jugement de faillite met fin à la société A. Leboullanger et Compagnie. 


Alfred Leboullanger rejoindra sa fille Jeanne, née aux Planches en 1886, mariée à un industriel belge, et demeurant à Raucourt (Ardennes). Il sera mécanicien, puis tiendra une épicerie en Belgique. Date de décès non retrouvée.


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La saga Leboullanger s'arrête là, mais Auguste Louis, puis bientôt Crédot prendront le relais.


Encore une fois, merci de m'apporter votre aide si vous le pouvez en me proposant les documents et vieux papiers pouvant enrichir les articles de mon futur livre !



M





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