Amis collectionneurs, bonjour !
Sans bouteilles, pas de tire-bouchons : les sujets sont définitivement liés !
C'est dans cet état d'esprit que je vous propose d'examiner ensemble un document publicitaire trouvé dans l'agenda 1899 des Grands Magasins du Louvre à PARIS et présentant
la production de bouteilles de la Maison Edard.
la production de bouteilles de la Maison Edard.
Publicité parue dans l'agenda des Grands Magasins du Louvre, Paris, 1899.
Commençons par dire où j'ai trouvé cet agenda : je l'ai acheté au centre de la communauté Emmaüs de Wambrechies, près de Lille.
Pour expliquer aux lecteurs étrangers ce qu'est le mouvement Emmaüs, disons que les centres Emmaüs accueillent des personnes en difficulté et vivent des dons.
Dans chaque centre, les objets reçus en dons sont triés, éventuellement remis en état, puis revendus au bénéfice de la communauté.
Ces centres sont devenus des lieux de chine très fréquentés où la bonne action peut parfois se doubler d'une bonne affaire : objets publicitaires, livres, petits meubles...
Pour plus de renseignements sur le mouvement Emmaüs, consulter le site : emmaus-france.org
L'encart publicitaire de la verrerie-bouchonnerie Edard est intéressant à double titre :
- d'une part il nous apporte une série d'informations sur l'entreprise,
- et d'autre part il nous offre une typologie illustrée des bouteilles fabriquées et vendues par elle au XIX° siècle.
- d'une part il nous apporte une série d'informations sur l'entreprise,
- et d'autre part il nous offre une typologie illustrée des bouteilles fabriquées et vendues par elle au XIX° siècle.
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L'entreprise est la Maison EDARD, fabrique de bouteilles et bouchons fondée en 1795. Un siècle après sa fondation, l'entreprise est aux mains de Charles Barrez et dispose de magasins à Paris et à Londres où sont également vendus articles de cave et capsules.
Apprécions la diversification des produits proposés à la clientèle et observons que l'entreprise brille par sa modernité : en 1899 elle dispose du téléphone (il n'y a encore que 10 000 abonnés en France en 1890 !) et d'une adresse télégraphique.
Une recherche sur le Net permet d'en apprendre un peu plus sur la Maison Edard :
- elle a été fondée en 1795 à Arques (Pas-de-Calais).
Arques est une petite ville qui doit sa notoriété à la verrerie-cristallerie :
- elle a été fondée en 1795 à Arques (Pas-de-Calais).
Arques est une petite ville qui doit sa notoriété à la verrerie-cristallerie :
- d'abord sa verrerie à bouteilles Edard, puis Barrez, fermée en 1951,
- ensuite sa cristallerie-verrerie fondée en 1825 par Alexandre des Lyons de Noircarme, et devenue aujourd'hui "Arc International". La verrerie-cristallerie d'Arques est le premier producteur mondial de verrerie de table.
- Edard Fils tenait déjà boutique 26 rue du Dragon à Paris en 1828 et y vendait des "Bouteilles en Bordeaux, Champagne, anglaises, etc."comme le prouve sa mention dans le "Répertoire du commerce de Paris, ou Almanach des commerçans, banquiers, négocians, manufacturiers, fabricans et artistes de la capitale..."
Et un autre Edard, peut-être de la même famille, tenait non loin un dépôt et magasin de bouteilles :
Et un autre Edard, peut-être de la même famille, tenait non loin un dépôt et magasin de bouteilles :
(Source : Gallica)
- Au tournant du XX° siècle, l'entreprise est dirigée par Charles Barrez, allié à la famille Edard et successeur, maître verrier dynamique et négociant influent.
Un article du quotidien "Le Journal" du 02 juin 1911 et consacré à l'Exposition Internationale de Turin, en témoigne : Charles Barrez y est présenté comme l'inventeur d'une machine brevetée pour la fabrication de bouteilles spéciales.
Céramique et verrerie françaises présentées à l'Exposition Internationale de Turin, 1911
(Le Journal du 02 juin 1911)
On le voit, ce court document publicitaire nous offre plus d'éléments que nous ne pouvons en exploiter ici, même si je regrette de ne rien avoir trouvé sur l'activité bouchonnerie, à l'exception de l'évocation d'une spécialisation dans le bouchage des bonbonnes et bouteilles de grand gabarit...
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Mais cette publicité nous intéresse aussi et surtout par la représentation des bouteilles vendues par la Maison Edard.
On y découvre :
- en haut à gauche, une bouteille de Champagne, non nommée,
- en haut à droite, une bouteille spéciale, non identifiée ni nommée,
- en bas, de gauche à droite, une série de bouteilles nommées : "Beaune, Litre à bière, Frontignan, Rhin, Parisienne, Litre à bière (autre), Normandie".
Considérons cette série, hors litres à bière, lesquels sont dotés d'un bouchon à étrier * et échappent donc au champ de nos préoccupations hélixophiles.
* Bouchon à étrier : Brevet U.S. n° 158406 déposé par Charles de Quillfeldt, mentionné dans un procès de 1881 (Source : Wikipedia).
Les dessins présentés et les noms choisis par la verrerie Edard nous permettent de faire un point sur les bouteilles types du XIX° siècle :
- le modèle dit "Beaune" est une bouteille bourguignonne, dérivée de la champenoise,
- le modèle "Frontignan" témoigne encore par son nom de l'origine de la bouteille bordelaise,
- le modèle "Rhin" est en fait la flûte rhénane, caractéristique des vignobles allemands - Alsace et Moselle alors incluses - et dont dérivent aussi les bouteilles des vins de Provence,
- le modèle "Parisienne" est comme la bordelaise, une évolution de la frontignane,
- le modèle "Normande" - la destination le laisse entendre - n'est pas destinée au vin, mais aux boissons régionales à base de pommes : cidres et calvados.
Ce document constitue ainsi un élément utile d'aide à l'identification des bouteilles soufflées à la bouche, lesquelles restent encore très anonymes :
Bouteilles anciennes, de gauche à droite :
une bourguignonne (Beaune), une bordelaise (Frontignan), une flûte (Rhin),
une autre frontignane (Parisienne), une bouteille de cidre (Normande).
La bibliographie est rare, essentiellement anglaise, et l'histoire des bouteilles françaises reste à écrire.
La recherche de documents en est un préalable !
La recherche de documents en est un préalable !
Merci de me faire part de vos trouvailles en la matière : vieux papiers, catalogues, iconographie, articles anciens... je trouve ce sujet passionnant !
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