jeudi 29 décembre 2022

SIX MEILLEURS 2022 ET VOEUX 2023

 
Amis lecteurs, bonjour, bon mois, bonne année !


Une année de vie en plus, une année de passion hélixophile en plus...
Après l'an 2000 et l'aube d'un nouveau millénaire, nous croyions au progrès universel et pas vraiment à ce que s'invitent les guerres et les épidémies... et nous y sommes pourtant !
Que faire, sinon répondre amitié et solidarité entre tous les êtres humains ? et former pour vous des vœux de santé, bonheur, paix et sérénité :






Depuis son invention, le tire-bouchon, accessoire nécessaire aux conversations, a contribué à diffuser "l'esprit des Lumières" en même temps que le dialogue entre les êtres humains : souhaitons lui longue vie !


Le Blog des tire-bouchons continuera en 2023 de vous raconter 

Histoire et histoires, petites ou grandes, des tire-bouchons, des bouteilles et des bouchons et de leurs amis 

et d'être 

un trait d'union entre les pacifiques collectionneurs du monde entier !



M

mercredi 28 décembre 2022

ENIGMA N° 74 : LA SOLUTION EST... UN GANT DE SABATÉ !

 
Amis lecteurs, bonjour !


Notre énigme a très vite été résolue. La bonne réponse était :

ENIGMA N° 74 : UN GANT DE SABATÉ.



L'objet mystérieux


Des propositions me sont parvenues très rapidement : elles achoppaient sur les dimensions des mailles.

- Deux amis ont beaucoup discuté : pour l'un ce pouvait être un gant de boucher, pour l'autre un gant de pêcheur.




- Gilles avait une proposition proche : un gant d'écailler. Rappelons que l'écailler n'écaille pas les poissons, mais est chargé de la préparation des plateaux de fruits de mer et crustacés.

Un correspondant anonyme a pensé qu'il pouvait s'agir là d'un gant d'équarisseur.

- Paolo Lazzeri a approché la vérité : il a vu là un outil "Per pulire l'interno di barrique e/o damigiane", pour nettoyer l'intérieur d'une barrique ou d'une dame-jeanne... nettoyer le bois d'un tonneau était une bonne idée, même si le nettoyage interne d'une dame-jeanne semble impossible avec un tel gant.

- Un lecteur plus facétieux a suggéré que notre objet était "un gant de toilette pour Fakir"...

- Un premier Jean-Pierre est resté sur l'idée qu'il s'agissait d'un élément d'une cotte de maille, cette armure souple dont étaient équipés les chevaliers du Moyen-Âge.


Cotte de maille XVe siècle


- Un deuxième Jean-Pierre, notre président Jean-Pierre Lamy, avait la bonne solution : il s'agit, nous dit-il, d'un "gant pour nettoyer les ceps de vigne" !


-/-


Il ne me restait plus alors qu'à vous relayer les informations données par notre ami Bernard Devynck :

Ce gant n’est pas un élément d’armure moyenâgeuse, même si d’apparence très proche de la cotte de maille. Il s’agit d’un outil de vigneron.
Comme toutes les plantes, la vigne est victime d’atteintes multiples dont sont responsables insectes, vers ou chenilles, telle la chenille de la pyrale connue au Moyen Age sous le nom de « ver coquin ». Le retour en force de la pyrale au XIXe siècle a été contré efficacement par la pratique de l’écorçage des ceps au moyen d’un gant en maille de fer.
Ce procédé avait été précédé de plusieurs méthodes de lutte et d’éradication des parasites de la vigne, sans succès probants : enfouissement des souches ou buttage, émondage, cueillette des œufs, écrasement des larves et chrysalides, échenillage...
L'écorçage ou décorticage existe depuis longtemps. On le signale déjà en Suisse en 1811, pratiqué à cette époque avec un couteau, ce qui donnait alors un résultat imparfait. Les instruments utilisés pour le décorticage ou l’écorçage sont en général très simples. Le décorticage doit toujours être suivi du ramassage des écorces et de leur incinération.
Plusieurs outils basés sur le maillage du fer ont été conçus à cette fin : une chaine munie de poignées à chaque extrémité, un carré de maillage en cotte, auquel on faisait faire des allers-retours grâce aux anneaux fixés aux coins, dans lesquels on insérait des liens.



Exemples d’anciens outils de décorticage de la vigne.


Mais recentrons-nous sur notre outil. Cette moufle en mailles de fer, dite « gant de Sabaté », est vite devenue l’alliée indispensable des viticulteurs.



Gants de Sabaté



Utilisées dans la seconde moitié du XIXe siècle, ces moufles permettaient aux vignerons d’écorcer les ceps de vigne en retirant une bonne partie de leur écorce. En effet, c’est sous l’écorce que venaient se loger les larves de la pyrale, papillon nocif à la vigne.



Mode d'utilisation


Le nom de ce gant est dû à M. Sabaté de Libourne, qui eut l'idée dans les années 1870, de concevoir une moufle formée d’anneaux métalliques, à laquelle furent cependant reprochés son prix élevé et sa lourdeur (le poids du gant présenté est de 930g), cause de nombreuses blessures aux mains des opérateurs.
Pour plus de confort et éviter les blessures, le gant de Sabaté a ensuite été amélioré : le gant Sabaté doublé est garni intérieurement de tissu épais et de cuir et ne comporte plus de mailles sur le dos où elles n’ont pas d’utilité puisque n'étant pas en contact avec le cep.



Gants Sabaté doublés



Une autre sorte de gant a été inventé par Granjon. C’est un gant très économique et très léger. Il se compose d’une mitaine en cuir à laquelle est cousue une plaque de cuir très épais, assez large pour recouvrir les doigts et la paume de la main. La flexibilité lui est donnée par des incisions transversales à épaisseur pratiquées sur la face en contact avec la main. Sur ce cuir sont rivés 35 à 40 gros clous de soulier et enfin un caoutchouc, qui passe au-dessus des doigts, rendant la manœuvre commode.  
D’autres moyens de lutte apparaitront ensuite, notamment en 1840, quand Raclet, un vigneron bourguignon, imagine un nouveau procédé : « l’échaudage » qui consiste à détruire les larves de pyrale avec de l’eau bouillante versée sur les souches. L’eau bouillante est produite dans des chaudières et distribuées sur les souches à l’aide de cafetières, ou par un tube caoutchouc relié directement à la chaudière… Plus complexe à mettre en œuvre et plus artisanal, quoique respectant tout à fait la nature.   

Le gant de Sabaté était lui aussi un outil qui permettait un entretien respectueux de la vigne, tout à fait dans les tendances « bio » de notre époque, mais de là à imaginer un retour vertueux de ces moyens, applicables et compatibles à nos époques et à la productivité... 


Sources bibliographiques de Bernard Devynck :
-Cahier N° 4 « Les petits secrets de la lutte infernale des vignerons contre les ravages de la vigne » de Théo Elzinga et Christelle Brangeon. Edité par ‘inVINcible VIGNEron’ – Musée conservatoire vini-viticole 81600 Broze
- Les objets de la vigne et du vin de François Morel
- Outils des vignerons et tonneliers du Bordelais de Jean Pierre Hieret, édition presses universitaires de Bordeaux.



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Je remercie tous ceux d'entre vous qui se sont intéressés à cette énigme et, bien sûr, Bernard Devynck pour nous l'avoir proposée.



M     


lundi 26 décembre 2022

ENIGMA N° 74 : UN ELEMENT D'ARMURE ?


Amis lecteurs-chercheurs, bonjour !


ENIGMA N° 74 : UN ELEMENT D'ARMURE ?


Rebondissant sur mon ENIGMA N° 69 de Noël 2021, consacrée à l'ouverture des huîtres, cf. :
Bernard Devynck, fidèle lecteur et collectionneur des objets du vin, me propose avec humour une nouvelle énigme.
Je lui laisse le soin de la présenter ; voici un extrait de son message :


"Me référant à ton ENIGMA N° 69 du 28 décembre de l'année dernière sur la pince à huitre et ta mésaventure à ne pas renouveler, quoique relativement fréquente comme accident domestique dans ces périodes de fêtes de fin d'année... je te rappelle qu'une bonne protection est nécessaire dans cet exercice.

Voici, en clin d'œil, la photo d'un objet avec une utilisation détournée, mais qui est en réalité absolument inapproprié pour l'ouverture parfois récalcitrante de ces mollusques bivalve."



L'usage de cet instrument m'aurait peut-être permis...



... d'éviter ça l'an dernier !




De quoi s'agit-il, demande Bernard ?
J'ai pensé pour ma part à la cotte de maille des chevaliers, mais ce n'est pas ça. Serez-vous plus perspicace ?

Je publierai bien sûr vos contributions à la résolution de cette énigme, laquelle ne saurait vous résister longtemps !



M


mercredi 7 décembre 2022

METZ : PECHE MIRACULEUSE LORS DES DERNIERES PUCES DE L'ANNEE 2022

 

Amis blogueurs, bonsoir !


L'année touche à sa fin, l'hiver est là avec un peu d'avance, les brocanteurs ont froid et les chineurs aussi.
Les brocantes se font rares en Lorraine, pas question donc de rater les dernières, quand bien même elles sont souvent boudées par les professionnels.

Nous sommes donc allés chiner aux puces de Metz ce samedi 3 décembre et je vais vous raconter cette petite expédition :

METZ : PECHE MIRACULEUSE LORS DES DERNIERES PUCES DE L'ANNEE 2022



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Parc des Expositions, Metz, 7 heures, les portes vont s'ouvrir aux quelques centaines de chineurs matinaux venus de quelques 200 kilomètres à la ronde. Les conversations vont bon train dans la file d'attente : la guerre en Ukraine, l'inflation, les coupures de courant à venir, le retour du Covid... Et pas qu'en français : nos voisins allemands, belges et luxembourgeois sont également présents à ce dernier rendez-vous !

Je file vers la zone réservée aux vendeurs particuliers... enfin pas si vite que ça, les copains sont nombreux et parfois très bavards ! Et les stands regorgent de trésors : des jeux anciens, une feuille de boucher, un lot d'outils du cuir, de belles assiettes de Sarreguemines, un tiroir-caisse à combinaison... attirent mon regard, un regard que je détourne des stands militaria toujours nombreux dans cette région marquée par les conflits.

Et puis il y a Josiane qui a gardé pour moi deux tire-bouchons : des pisseurs, l'un est de Georges Féret, l'autre du Souvenir Moderne. Petite négociation et les pisseurs finissent dans mon sac à dos. Il est 7 heures un quart et je suis déjà content.



Le petit homme à la pélerine
et le ramoneur


Je n'ai pas eu le temps de reprendre mon chemin que deux heurtoirs... me heurtent ! Ces objets ne sont pas des antiquités, mais ils me plaisent, alors je me fais plaisir et eux aussi finissent dans mon sac à malice ; je les nettoierai en rentrant, s'ils veulent bien patienter jusque là.



L'ange et le lion


Mon épouse me rejoint, elle n'a pas la "fièvre acheteuse" ; trop de belles choses me dit-elle ! Notre déambulation réunie ralentit de plus en plus : bises à Colette et Christian, à Christine et Fabrice, à François et Gauthier, à Nadine et Bernard... notre "bande" quoi ! Une heure s'est écoulée, nous n'avons pas fait le dixième de la brocante et nous sommes invités à partager un café ; mais sur le chemin, Camel, Martin, Pascal, Thierry, Yacine... ont tant de choses à raconter !

Un stand me fait oublier le reste. C'est celui d'un vendeur spécialisé dans les outils anciens, objets aussi beaux que chers. Une rare scie-drille d'horloger m'interpelle malgré de petits manques (blocage du foret), mais la négociation achoppe et il me faut du temps pour trouver un terrain d'entente avec ce vendeur auquel j'ai pourtant déjà acheté. Bon, voici la scie-drille elle aussi au fond du sac.



N'est-elle pas belle, ma scie-drille ?


Le meilleur reste cependant à venir. C'est le stand d'un antiquaire encore jamais venu à Metz. Une collection de lampes de vélos et motos du début du XXe siècle étonne le regard. Des bronzes, des objets insolites et précieux disent assez les choix avisés du professionnel...
 
Et là, dans une vitrine soigneusement cadenassée, m'attendent deux tire-bouchons du XVIIIe siècle !!!

Ca n'arrive jamais, sauf cette fois !
Les deux tire-bouchons sont bons, XVIIIe et certainement français. Tous deux sont destinés à rester en poche au gré des déplacements de leurs propriétaires. Le plus modeste est de type harpe pliante, deux doigts, à mèche rubanée, sobrement décorée. Le second est un tire-bouchon à étui, deux doigts, lui aussi à mèche rubanée, la poignée agrémentée de deux têtes de cheval et l'étui très orné d'un décor à identifier.
Le marchand tient à vendre, mais pas à brader. J'aimerais bien acheter, mais pas trop cher. Nous négocions pied à pied et l'écart se réduit, mais les prix restent hors budget pour moi. Je suis sur le point de renoncer quand je sens la présence encourageante de mon épouse à mes côtés... le vendeur aussi, j'imagine !
"Prends-les, me souffle-t-elle, sinon ils ne seront plus là quand tu reviendras et tu t'en voudras !"
Ces propos ne tombent pas dans les oreilles de deux sourds. Je n'ai plus d'arguments et mon vendeur a compris : il a suffisamment négocié et s'en tiendra maintenant à son dernier prix. Nous topons là.



XVIIIe siècle : l'honnête homme ne peut voyager 
sans un tire-bouchon en poche !


En repartant, je me suis dit que la harpe avait peut-être longuement séjourné dans la poche de quelque prêtre, alors que le tire-bouchon à étui décoré avait dû appartenir à quelque aristocrate ou grand bourgeois...

Cependant ce n'étaient là que rêveries invérifiables et, plus prosaïquement, était venu le temps du casse-croûte partagé avec les amis : je montrai mes trouvailles et les commentai, mais en réponse aux questions posées, j'eus nettement le sentiment que le niveau des prix engendrait comme un peu d'incompréhension.
On me demanda à voir ce stand hors du commun. J'y retournai donc en bonne compagnie, pour tomber encore en arrêt devant un objet très insolite : 




Un râteau rotatif...


Je ne pouvais que craquer encore !
L'objet, sur lequel on peut lire le marquage BROOK[...] et PAT., est probablement d'origine anglaise et doit dater d'un bon siècle. 
La poignée est munie d'un petit poussoir en forme de poisson, lequel actionne un dispositif de rotation du petit râteau terminal.
Selon le vendeur, il devait s'agir d'un instrument destiné à la pêche à pied le long des côtes... est-ce aussi votre avis ?



Le râteau est-il à l'origine de cette belle pêche ?


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Grande première : le temps a passé si vite ce samedi que nous avons quitté le Parc des Expositions sans avoir vu la moitié des stands... et sans même en être frustrés !



M








jeudi 1 décembre 2022

L'INATTENDU MUSEE DE MONSIEUR CHAUDUN


Amis hélixophiles, bonjour !


Peut-être vous souvenez-vous d'un article publié sur ce blog il y a maintenant plus de trois ans ? Je l'avais intitulé :



Jean-Pierre, c'était Jean-Pierre Chaudun, qui est de nouveau à la une de l'actualité hélixophile : il inaugurait ce 26 novembre 2022 son musée du tire-bouchon, chez lui à Béthemont-la-Forêt, dans le Val d'Oise, à une vingtaine de kilomètres au nord de Paris.
Les membres du CFTB avaient bien sûr été conviés à la fête. 

Nous y étions donc et voici notre reportage sur :

L'INATTENDU MUSEE DE MONSIEUR CHAUDUN



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Jean-Pierre est un "jeune collectionneur" de pas tout à fait 80 printemps. Il collectionne les tire-bouchons depuis une douzaine d'années, plus exactement depuis qu'il a - sagement - décidé d'arrêter de fumer : les économies réalisées au bénéfice de sa santé lui ont semblé mieux investies dans cette collection.
Nous avons de la chance, il aurait pu choisir les pipes ou les cendriers, mais non : les tire-bouchons lui ont paru plus utiles !

Je reprends ici un extrait de mon article cité plus haut :

Comment décrire Jean-Pierre et décrire sa collection ? L'un et l'autre composent un grand mélange de poésie, de modestie et d'inventivité ! 
Jean-Pierre garde ses yeux d'enfant. S'il s'est longtemps astreint à limiter ses dépenses, il a beaucoup chiné et entassé beaucoup ! Et son appétit de brocante est toujours intact !

Des "perles" et des "diamants" "zigzaguent" dans son atelier, protégées par d'innombrables "ménagères", lesquelles n'ont pas toutes "moins de 50 ans".
Bricolages personnels, tire-bouchons artisanaux et autres montages font d'ailleurs tout aussi bon ménage avec les plus belles pièces.
L'évidente fantaisie de Jean-Pierre dissimule aussi une vraie passion pour la comptabilité : tous ses tire-bouchons sont enregistrés sur son ordinateur et il sait à l'unité près ce qu'il possède, où chaque objet a été trouvé et à quel prix... 



A cette époque la collection de Jean-Pierre était encore "confinée" dans une petite pièce au fond de son atelier, jouant des coudes avec une troupe de pantins, des sculptures, un orgue de barbarie ou sa belle invention : la machine à donner des "coups de pied au cul" ou C.D.P.A.C., machine avec "bac récupérateur de C.D.P.A.C. qui se perdent"... 



Chacun cherchait sa place !


Ce n'est plus le cas aujourd'hui : Jean-Pierre a installé sa collection dans ce qu'il appelle - sans plus de prétention - son "musée".

Nous l'avons inauguré en présence du maire et d'élus, de militants associatifs partageant les valeurs de Jean-Pierre, de la population locale, la famille, les amis : Jean-Pierre Chaudun est une personnalité qui compte dans son village !



Arrivée du public



Discours présidentiel



Coupé de ruban


La délégation du Club Français du Tire-Bouchon était à la hauteur de l'évènement et notre Président Jean-Pierre Lamy a prononcé une allocution soulignant l'originalité de la démarche, le bon accueil de la population, et surtout l'éclectisme de la collection de notre nouveau "conservateur", avant de couper le ruban aussi officiel que tricolore et de guider le cortège.

Un cheminement dédié nous a conduits ensuite vers la grande salle d'exposition où nous attendaient sagement 3125 tire-bouchons, 3125 précisément comme l'atteste l'ordinateur !




La grande table


Le mobilier est adapté, entièrement imaginé et réalisé par Jean-Pierre : une immense table accueille des centaines de modèles, des paniers regroupent les tire-bouchons les plus simples, les étagères se succèdent les unes aux autres, des portes de placards font office de cloison, cachant on ne sait quelles réserves, des tiroirs ont été transformés en vitrines murales, le tout abondamment garni.



Que se cache-t-il donc derrière toutes ces portes de placards ?


Les lieux sont spacieux, mais pourtant les murs craquent déjà : les tire-bouchons, toujours plus nombreux, menacent d'envahir bientôt salles de bains et chambres à coucher !

Et Jean-Pierre continue de traquer infatigablement les tire-bouchons en corozo, les pisseurs aussi bien que ceux à système, jamais rassasié !




Armée en route



Comme c'est toujours le cas, la collection ressemble à son fondateur : celle-ci est simple et diverse, modeste et surprenante ; elle intriguera et réjouira à n'en pas douter les visiteurs, qu'ils soient eux-mêmes collectionneurs ou pas.


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La visite s'est conclue par le gâteau de circonstance, suivi du verre de l'amitié offert par Jean-Pierre Chaudun : l'excellent champagne de notre ami Rémy d'Oliveira, vigneron et lui aussi collectionneur, le tout avec modération.



Le gâteau...



... et le champagne de l'amitié !


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Ne manquez pas de rendre visite à notre ami Jean-Pierre Chaudun : le musée et le conservateur méritent le détour !



M

vendredi 11 novembre 2022

BIBLIOGRAPHIE 62 : DICTIONNAIRE DU TIRE-BOUCHON FRANCAIS Gérard BIDAULT

 
Amis lecteurs, bonjour !


Travaillant à l'écriture de mon dernier article :
je suis allé chercher des informations dans les livres de Gérard Bidault. 
Et je me suis rendu compte alors qu'un article que je croyais vous avoir déjà livré, attendait depuis des semaines que j'appuie sur le bon bouton !

C'est donc avec retard que je vous propose de découvrir un ouvrage qui décidément manquait à nos bibliothèques hélixophiles, jusqu'à ce que Gérard Bidault ne comble ce vide !

Voici donc la fiche manquante et pourtant évidente, ... comme l'était La lettre volée dans la nouvelle d'Edgar Poe !


BIBLIOGRAPHIE 62 : DICTIONNAIRE DU TIRE-BOUCHON FRANCAIS 
par Gérard BIDAULT


On ne présente plus Gérard Bidault, fondateur et premier Président du Club Français du Tire-Bouchon, l'infatigable chercheur qui a su ouvrir toutes les portes, accumuler, trier et mettre à disposition une irremplaçable documentation.

Son dernier (?) ouvrage est un nouvel outil qu'il met à notre disposition pour nos recherches hélixophiles : il m'est d'ores et déjà indispensable !




Dictionnaire du Tire-bouchon Français
Une de couverture



Recherche sur Emile Moreau




Mais vous découvrirez ça par vous-même...
Voici ma fiche :





Une mine de renseignements... heureux sont ceux qui ont pu acquérir cet ouvrage au tirage très limité !
Quant aux autres, qu'ils n'hésitent pas à me solliciter pour leurs recherches : j'essaierai de les aider.


M



lundi 7 novembre 2022

ALUMINIUM ET TIRE-BOUCHONS : UN CATALOGUE DE 1909

 Amis hélixophiles, bonsoir !


Je veux vous présenter ce soir un catalogue ancien trouvé il y a quelque temps :
Le catalogue A. & H. MOREAU, album H 1909.

Ce catalogue est dédié à l'aluminium dans les arts de la table et, bien sûr, on y retrouve des tire-bouchons.
Bien sûr aussi, il nous pose plus de questions qu'il ne livre de réponses.
Et, comme tous les autres catalogues, ce document à usage purement commercial nous parle aussi de son époque : la petite histoire rejoint alors la grande.



Couverture du catalogue A. & H. Moreau



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La famille Moreau


Evoquons tout d'abord les informations dont nous disposons concernant l'entreprise A. & H. Moreau. 
Nous en devons une partie au  Dictionnaire du Tire-bouchon Français de Gérard Bidault :
- L'entreprise a été créée par Emile Moreau, ingénieur-quincailler et fabricant (de cadenas notamment) figurant de 1868 à 1873 "à la rubrique tire-bouchons des annuaires du commerce."
Charles Emile Moreau est né à Sens en 1820 et est décédé à Paris en 1905. De son mariage avec Marie Joséphine Dehansy (1828-1905) sont nés cinq enfants, quatre garçons : Charles Marie Eugène, Marie Joseph Alphonse, Henri Marie Louis, Emile Léon Marie et une fille : Marie Eugénie Stéphanie.
- Dans les années 1880, Emile Moreau s'installe avec ses deuxième et troisième fils, Alphonse et Henri, à Paris au 31 rue du Petit-Musc (4ème Arrondissement).
- Alphonse et Henri  reprendront l'affaire après le décès de leur père en 1905 sous la raison sociale A. & H. Moreau, pour Alphonse et Henri Moreau. Plus tard, après le décès d'Alphonse, Henri poursuivra l'activité avec un neveu, sous la raison sociale Moreau (H.) Fils et Neveu (Didot-Bottin 1922).
- Coïncidence qui ravira nombre de nos lecteurs : par le mariage de sa fille Marie Eugénie Stéphanie en 1884, Emile Moreau devient le beau-père d'Aimable Henri Adolphe Pecquet (1858-1940), Pecquet, fabricant bien connu des hélixophiles ! Le couple n'aura pas de descendance.
- Gérard Bidault nous indique que l'entreprise d'Emile Moreau disposait d'une usine de fabrication à Fressenneville dans la Somme. "Il y poursuit la fabrication de quincaillerie, cadenas et serrures mais pour les tire-bouchons, il est juste dépositaire de la maison Pecquet et du modèle Lelièvre".
On verra cependant qu'un autre fabricant de tire-bouchons est représenté dans notre catalogue. 
On notera aussi qu'une seconde usine Moreau est installée plus tardivement à Sourdeval-la-Barre dans la Manche (Sourdeval où s'établira bientôt l'usine de couverts en acier d'Emile Degrenne, le père du célèbre Guy Degrenne). 




Didot-Bottin, 1922



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L'album Moreau


Avant de nous intéresser aux tire-bouchons, il nous faut examiner attentivement notre document.
Que pouvons-nous en dire ?
Son titre est clairement évocateur :

EXTRACTION & FABRICATION FRANCAISES
ALUMINIUM
PUR & MASSIF
GARANTI A 99% DE PURETE

Il a aussi l'avantage d'être daté : c'est "l'album" H de 1909, soit quatre années après le décès du fondateur, Emile Moreau
C'est un "album", c'est-à-dire un livre contenant avant tout des images, des illustrations destinées à faciliter le choix des clients. La lettre "H", huitième de l'alphabet, signifie probablement qu'il s'agit de la huitième édition de l'album.

Quant à la forme, cet album compte 16 pages, couverture incluse, d'un format 21,5 x 27,5 cm.
Réalisé sur la base de gravures fournies par l'entreprise A. & H. Moreau, il a été mis en forme et imprimé en noir et blanc par l'imprimerie H. Cornilleau, sise elle aussi à Sourdeval-la-Barre, dans le département de la Manche en Normandie.
Les objets présentés ont en commun d'être destinés à des usages domestiques et d'être en "aluminium pur et massif".
On y trouve ainsi :
- des services de table, de la coutellerie - incluant des tire-bouchons -, 
- des ustensiles de cuisine : casseroles, marmites, poêles, soupières, plats, cale-assiettes, boîtes à lait, entonnoirs..., 
- mais aussi des abat-jour, bougeoirs, services de fumeur, crachoirs d'hospice ou de poche, coups de poing américains, rasoirs, chaînes...

Quant au fond, l'inventivité revendiquée par l'entreprise Moreau ne tient pas à la modernité des objets présentés, mais à l'utilisation généralisée de l'aluminium pour leur fabrication. 
L'aluminium est vanté ici comme alliant beaucoup d'avantages sur les autres métaux utilisés alors : cuivre, nickel, fer étamé, "le cuivre parce qu'il a besoin de trop fréquents étamages et demande de grands soins si on ne veut pas absorber de vert de gris, le nickel parce qu'il est trop cher [...], le fer étamé [...] rapidement et entièrement hors de service."
Un nouveau procédé de fabrication de l'aluminium vient tout juste de changer les cartes... 


Quand l'aluminium valait de l'or


Pour mieux comprendre l'argumentaire déployé par les frères Moreau, il nous faut faire un retour en arrière.
On l'a dit ci-dessus, Emile Moreau est ingénieur-quincailler et fabrique des cadenas entre 1868 à 1873. Il n'accède probablement pas alors à l'aluminium. 
A cette époque en effet, et depuis le procédé développé par le célèbre chimiste Henri Sainte-Claire Deville en1854, l'aluminium est fabriqué chimiquement. La fabrication est cependant si coûteuse que ce métal est considéré comme aussi précieux que l'or. 
Ce n'est qu'à partir de 1890 - époque où les fils Moreau sont associés à leur père -  que le procédé de fabrication électrolytique est mis au point, permettant une production de masse : le cours de l'aluminium s'effondre alors, en même temps que son utilisation se démocratise. 

Un article de David Bourgarit et Jean Plateau, accessible sur https://library.em-lyon.com/nous éclaire ; en voici un extrait :

Quand l'aluminium valait de l'or : peut-on reconnaître un aluminium "chimique" d'un aluminium "électrolytique" ?
Bourgarit, David ; Plateau, Jean
Journal: ArchéoSciences, n 29, 1, 2005-03-01, pp.9-9

À partir de 1854, Sainte-Claire Deville développe progressivement un procédé chimique industriel de fabrication de l'aluminium fondé sur la réduction du chlorure d'aluminium par le sodium. Le nouveau métal fait sensation et rivalise avec les métaux les plus précieux : bijoux, objets de prestige sont alors fabriqués, et Napoléon III en personne passe commande. Il faut dire que pendant une trentaine d'années, l'aluminium reste cher à produire et donc rare. La France est alors pratiquement seule à en fabriquer. Ce n'est qu'à partir de 1890 que le procédé électrolytique encore en vigueur aujourd'hui est mis au point. Il remplace le procédé chimique et autorise une production de masse : l'aluminium perd ses lettres de noblesse. Ce faisant, l'aluminium entre dans l'histoire des techniques, selon deux grandes périodes, l'âge "chimique" et l'âge "électrolytique". 

Une autre illustration trouvée sur le site https://www.cite-sciences.fr complète cet éclairage :

"En 1855, l’aluminium pur est présenté à l’Exposition Universelle de Paris sous le nom "argile transformée en argent". D’extraction difficile, son cours avoisine alors celui de l’or. Nichés dans leurs vitrines, médailles, bijoux et pièces d’orfèvrerie témoignent de cette époque révolue.
Lorsque l'empereur Napoléon III recevait des invités de marque, ils étaient servis dans de la vaisselle en aluminium. Les autres devaient se contenter de vaisselle en or."


Le catalogue Moreau, plus tardif, s'inscrit dans l'âge électrolytique.
L'Elysée ne propose plus de couverts en aluminium à ses hôtes de prestige ; le peuple au contraire les adopte.
Le génie des frères Moreau est d'avoir très tôt su généraliser des fabrications ménagères en série grâce à l'aluminium électrolytique.



Les tire-bouchons


C'est en page 6 du catalogue que nous trouvons notre bonheur et une surprise :



Page 6 : Coutellerie de cuisine, de poche & fantaisie.


Trois tire-bouchons seulement sont présents, partiellement fabriqués à base d'aluminium bien sûr :
- Un couteau tire-bouchon "Le Sport", illustré d'un cycliste et d'une automobile très années 1900, couteau tout à fait dans l'esprit de ceux aux plaquettes de laiton illustrées de sportifs, que fabriquaient à Thiers les couteliers Pradel ou Coursolles, par exemple.
- Un tire-bouchon en "T", à la poignée décorée de feuillages et marquée BREVETE ALUMINIUM PUR :


Le tire-bouchon marqué BREVETE ALUMINIUM PUR
Photo Guy Vankeerberghen



- Le dernier est la meilleure surprise : on reconnait le rare tire-bouchon à levier, avec poignées et plaquettes en aluminium, de Béchon-Morel, brevet 118.056 du 25 juin 1877. 



Le tire-bouchon à levier de Rémy Béchon-Morel
(illustration en couverture du livre 
Les Brevets de tire-bouchons français de Gérard Bidault).



L'entreprise Moreau, dépositaire de Pecquet et de Lelièvre, commercialisait donc aussi des fabrications Béchon-Morel ! 


A moins que Béchon-Morel n'ait sous-traité une partie de la fabrication à la maison Moreau ? 
Peut-être avez-vous des éléments susceptibles d'éclairer ce point ?



M


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