Amis hélixophiles, bonjour !
Faut-il encore aller chiner dans les vide-greniers ?
La tendance autour de moi est plutôt négative : on n'y trouve plus rien de valeur ; caves et greniers ont été vidés de ce qu'ils pouvaient contenir d'intéressant ; les gens mettent tout en vente sur eBay, ou sur leboncoin.fr pour ce qui concerne la France...
Il est vrai que la probabilité est faible de trouver sur un vide-grenier et à vil prix un Stradivarius, un Léonard de Vinci ou, pour cibler les objets de nos fantasmes, un tire-bouchon du XVIII° siècle ou un Henshall original !
Mais une ambition plus modeste peut nous conduire à apprécier des petites trouvailles sympathiques.
Je viens d'en faire l'expérience.
Alors finalement oui, je vais encore insister un peu et continuer de me lever tôt, de faire trop de kilomètres, de me gaver de saucisses-frites-bière, de m'extasier devant la "bananophagie" des brocanteurs, cette addiction sûrement professionnelle à en croire le nombre de caisses recyclées sur les stands ?
A la recherche donc de vide-greniers ruraux, je sillonnais il y a quelques jours les routes de Lorraine, plus précisément celles des Côtes de Meuse, musardant entre vignes et vergers de mirabelliers et de quetschiers.
La Meuse au lourd passé est une région attachante !
L'habitat m'y raconte les bouleversements survenus il y a tout juste un siècle dans une région autrefois opulente :
Avec la guerre, la petite industrie du XIX° siècle a sombré sans espoir de redémarrage, l'exode rural a suivi.
Les gros villages gardent leurs belles maisons lorraines imposantes et cossues, mais ont perdu leurs habitants.
Les traces des conflits se lisent partout : cimetières et monuments dédiés aux combattants de la Grande Guerre, villages martyrs, maisons aux parements de briques rouges datant des réparations de guerre...
VERDUN 1918
Et l'histoire s'impose tout autant dans le paysage.
Les vignobles qui faisaient la richesse des Côtes de Meuse ne sont plus que souvenirs ruinés par les combats et peu ont été replantés : les vins clarets lorrains, qui un siècle plus tôt devenaient par magie des champagnes à bon prix, ne se sont plus vendus, la réglementation sur les appellations contrôlées empêchant leur utilisation.
Des vergers leur ont bien succédé, mais ont pâti à leur tour de l'excès de réglementation, ce mal franco-français : le privilège de distiller ses fruits devenu non transmissible s'est éteint au fur et à mesure que les anciens disparaissaient.
Les riches truffières, même moins connues que celles du Périgord, ont été ravagées par les combats et depuis le savoir autant que la patience se sont souvent perdus.
Une nouvelle génération se lève cependant et vignes et truffières renaissent doucement ; les vergers sont exploités plus rationnellement et quetsches et mirabelles de Lorraines sont aujourd'hui mieux protégées.
Vignes, mirabelles, quetsches et truffes de Meuse
Mais vous n'êtes pas venus sur ce blog pour parcourir un guide touristique, n'est-ce-pas ?
Alors revenons à nos tire-bouchons !
Au hasard des vide-greniers dans les villages de Nonsard, Samogneux et Doulcon, je fis une belle pêche : pas de "montre en or", mais des "marquages" ... déjà identifiés par Gérard Bidault (Cf. mes fiches bibliographiques).
- Un petit tire-bouchon en "T", marqué "ACIER J.T.", fabrication de Jean Toulon, éphémère fabricant parisien :
- Un modèle Aéro de Pérille à hélice deux branches et poignée cinq trous, marqué "AB", et probablement fabriqué pour André Bongrand, grossiste dans les années 1930-1940 :
- Un modèle Pérille/Creuse à crémaillère, avec le logo "JP DÉPOSÉ PARIS" sur une face et le marquage du distributeur "GRAND BAZAR LYON" sur l'autre :
- Enfin, ce modèle simple, mais marqué du logo "JP" dans une roue dentée, présent dans le catalogue G.P. Creuse de 1929/1930 :
Pas si mal en vide-grenier, non ?
M