lundi 27 septembre 2021

1728 : PLAIDOYER POUR L'EXPORTATION DES VINS DE BOURGOGNE EN BOUTEILLES

 
Amis lecteurs, bonjour !


C'est d'un plaidoyer pour l'exportation du vin en bouteille, publié en 1728, que je veux vous parler aujourd'hui, une

Dissertation sur la situation de la Bourgogne, sur les vins qu'elle produit, sur la manière de cultiver les vignes, de faire le vin et l'éprouver...


Je vous propose de parcourir ensemble le texte de Claude Arnoux, publié à Londres en 1728, ce qui n'a bien sûr rien d'innocent : c'est du commerce du vin entre Bourgogne et Royaume-Uni dont il est ici question. 
Claude Arnoux (1695-1770) est un abbé à qui on doit le premier livre sur les vins de Bourgogne.

L'ouvrage figure au catalogue de la Bibliothèque nationale de France ; il est consultable en ligne.
Voici le lien :


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Le texte d'une quarantaine de pages s'adresse manifestement à une clientèle anglaise autant qu'à l'autorité royale française : il loue la Bourgogne, ses vins et - anachronisme revendiqué - ses "climats", la manière de conduire la vigne, de vinifier le raisin, de  tester le vin et de le commercialiser.

Dans cet écrit vieux de trois siècles, Claude Arnoux entraine les lecteurs dans un merveilleux voyage entre Volnet, Pomard, Beaune, Alosse, Pernand, Chassagne, Savigny, Auxey, Nuis, Vougeot, Chambertin, Mulsant, Puligny, Morachet... autant de hauts-lieux que vous reconnaîtrez sans qu'il soit besoin d'actualiser la façon d'écrire leurs noms.

Mais le texte nous intéresse aussi pour d'autres raisons :
 - il est un véritable plaidoyer pour que soit autorisée l'exportation du vin en bouteilles !
- il nous éclaire aussi sur les unités de mesure en vigueur au XVIIIe siècle. 


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L'auteur reproduit en introduction une ode au vin de Volnet adressée à l'abbé Couture en même temps que des bouteilles de ce vin - bouteilles bouchées, donc -, ode suivie des remerciements apportés par le très janséniste abbé le 14 mars 1715, quelques mois avant la mort du roi Louis XIV.
1715 : l'exportation du vin en bouteilles est toujours prohibée, mais des bouteilles circulent, en Bourgogne comme ailleurs.
Le besoin pour l'exportation en était exprimé depuis des décennies par les producteurs de champagne et les cidriers. De nombreuses verreries fabriquaient d'ailleurs des bouteilles, mais de qualité très aléatoire. La fraude à la contenance est l'une des raisons pour lesquelles la royauté s'est longtemps opposée à la commercialisation du vin en bouteille.

Confronté au risque de déforestation, le Royaume-Uni avait interdit les verreries au bois dès le début du XVIIe siècle, provoquant ainsi un bond technologique, illustré par l'invention de la bouteille dite moderne par Kenelm Digby. Mais en France, peu concernée par ce risque de déforestation, les verreries continuent de fonctionner au bois.
Les premières verreries au charbon commencent cependant à fonctionner sur le continent : ainsi à Rouen en 1616, ou à Liège en 1627.
Et en 1723, Pierre Mitchell (1687-1740), tonnelier bordelais d'origine irlandaise, fonde la verrerie à la houille de Bordeaux, qui deviendra la plus importante fabrique de bouteilles en France.



La verrerie de Pierre Mitchell ressemblait à celle-ci, créée par son fils vers 1756. 
Gravure de 1837 (Wikipedia).



Quand l'abbé Claude Arnoux écrit sa Dissertation en 1728, la situation est donc la suivante : le vin de Bourgogne est commercialisé en tonneaux et en bouteilles sur le sol français. Mais l'exportation en bouteilles reste interdite depuis un arrêt de la Cour des Aides du 15 février 1676, confirmé en 1680. 
L'interdiction n’est toutefois pas toujours respectée ; et surtout, elle est levée cette même année 1728 pour le vignoble de Champagne ! 
Les échevins de Reims ont demandé en 1724 "la suppression des restrictions apportées au transport des bouteilles de vin gris, en faisant valoir que ceux qui font usage de vin de Champagne gris préfèrent celui qui mousse à celui qui ne mousse pas : que d’ailleurs le Vin gris ne peut être transporté en Futailles, tant dans l’intérieur du Royaume que dans les Pais Etrangers, sans perdre de sa qualité". 
Et le 25 mai 1728, le roi Louis XV "permet d’expédier en Normandie le vin gris en bouteilles pour la consommation des Habitans et interdit d’y faire entrer en bouteilles des Vins d’aucune autre qualité, le tout à peine de confiscation et de cent livres d’amende". 
Le même arrêt "permet pareillement de faire passer par ladite Province du Vin de Champagne gris et rouge, et de tout autre crû et qualité en Paniers de cinquante ou de cent bouteilles, pour être transportés dans les Païs exempts des Droits d’Aydes, ou pour être embarqués pour l’Etranger dans les Ports de Rouen, Caen, Dieppe et le Havre, et non dans aucuns autres Ports".
L’application est, on le voit, territorialement limitée et il faudra attendre 1776 pour qu'un édit royal de Louis XVI libère complètement le commerce des vins : "Sa Majesté permet de faire circuler librement les vins dans toute l’étendue du royaume, de les emmagasiner, de les vendre en tous lieux, et en tout temps, et de les exporter en toutes saisons, par tous les ports, nonobstant tous privilèges particuliers et locaux à ce contraire, que Sa Majesté supprime".

La Dissertation publiée en 1728 est donc bien un plaidoyer pour la levée de l'interdiction de l'exportation des vins de Bourgogne en bouteilles.


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Même si ce n'est pas son objectif, Claude Arnoux nous apporte aussi des éléments sur la taille des contenants :

Concernant le tonneau bourguignon, il nous apprend que "la queüe de vin de Volnet [contient] quatre cens quatre vingt pintes de Paris qui font bien cinq cens bouteilles"





Faisons la part des approximations et retenons une correspondance moyenne pour la pinte de Paris de 0,94 litre (avec une marge d'erreur d'environ 1%).
Le tonneau bourguignon, autrement dit le muid ou la queüe, contient 480 pintes ou 500 bouteilles bourguignonnes ce qui correspond donc à environ 450 de nos litres.
A Beaune, une queüe équivalait à deux pièces ou poinçons, quatre feuillettes ou huit quartauts.



Pièce ou poinçon (228 l), feuillette (114 l) et quartaut (57 l).
Hôtel des ducs de Bourgogne, Beaune.
(Wikipedia).


La queüe avait cependant une contenance très variable selon les régions, allant de 270 à 700 litres !

Concernant la bouteille bourguignonne, en nous appuyant sur les dires de l'auteur, il est aisé de déduire que la bouteille bourguignonne correspond à 0,96 pinte de Paris, soit à environ 0,90 litre : c'est approximativement ce que j'avais pu constater en mesurant la capacité de mes bouteilles anciennes, celle-ci par exemple :



Bouteille trouvée à Troyes. 
Epaules tombantes, piqûre au pontil avec boule. 
90 cl environ. Début XIXe siècle.



Quant à la forme de la bouteille, on sait que la bouteille dite "champenoise et bourguignonne" ou parfois "Beaune-champenoise", est alors commune aux vignobles de Champagne et de Bourgogne. 
C'est la quatrième bouteille de la première ligne dans la gravure ci-après :



Bouteilles 
Dictionnaire universel Larousse Claude AUGE vers 1900.



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Concluons en recommandant la lecture de cette Dissertation de l'abbé Claude Arnoux. On y découvrira entre autres l'utilisation des forets et faucets, des essays (éprouvettes) et étiquettes...

... et si le tire-bouchon n'y est pas nommé, il n'en est pas moins présent !



M


lundi 13 septembre 2021

BÖRSE DES VEREIN KORKENZIEHERFREUNDE

 
Leserfreund, guten Morgen!


Wir waren dieses Wochenende in der Nähe von Frankfurt am Main, für die Verein KorkenzieherFreunde-Handelsbörse (VKF). / Nous étions ce week-end près de Francfort-sur-le-Main  pour  la Bourse d'échanges du Verein KorkenzieherFreunde.


Es war die erste Gruppierung europäischer Sammler seit Beginn der Pandemie.
Irene und Reinhold Berndt haben erneut die Großzügigkeit ihrer Aufnahme und ihr Organisationstalent unter Beweis gestellt.
Hans-Michael Granzow ist ein großer (sehr großer) glücklicher Präsident!
Drei Tage lang habe ich so getan, als würde ich Deutsch sprechen, und drei Nächte lang habe ich auf Deutsch geträumt.
Aber mein Schuldeutsch ist sehr unzureichend, auch ich werde Französisch wieder aufnehmen...


C'était le premier regroupement de collectionneurs européens depuis le début de la pandémie.
Irène et Reinhold Berndt ont une nouvelle fois prouvé la générosité de leur accueil et leurs talents d'organisateurs.
Hans-Michael Granzow est un grand (très grand) Président heureux !
Pendant trois jours j'ai fait semblant de parler allemand et pendant trois nuits j'ai rêvé en allemand.
Mais mon allemand scolaire est très insuffisant, aussi je vais reprendre le français...



Reinhold, Irène, Gerhard, Dietmar et Eliane.


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Irène et Reinhold nous ont accueillis la veille, en même temps que deux collectionneurs autrichiens, Gerhard Lambauer et Dietmar Schuch : encore deux nouveaux amis !
Ensemble, nous avons découvert quelques sites du Rheingau-Taunus : Kiedrich, Kloster Eberbach, Schloss Johannisberg...






Dans l'église de Kiedrich, Dietmar et moi avons dégusté symboliquement 
un vin très transparent.



Kloster Eberbach, imposant monastère.


Le déjeuner au Domaine Johannisberg restera un grand moment de plaisir gourmet dans un cadre exceptionnel.



Une dégustation plus simple mais très sympathique plus tard, nous pouvions revenir vers Edelsbach et un agréable restaurant.
Nous y retrouvions d'autres collectionneurs, dont Maurice Dancer, lequel devint aussitôt notre traducteur agréé (merci Maurice !).


Plus aucune preuve visible de nos agapes !


Samedi matin, une balade nous emmena dans la vieille ville de Franfort-sur-le-Main et ce fut l'étonnante occasion d'acheter chez un antiquaire un tire-bouchon inhabituel, sûrement oublié des collectionneurs allemands !



Une fabrication de Carl Christof Neues, selon Reinhold.



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Avec l'après-midi du samedi vint tout d'abord une grosse averse orageuse qui précéda de peu l'ouverture des échanges. La Bourse d'échanges était organisée dans un cadre agréable, et si les participants n'étaient pas très nombreux, les pièces exposées étaient le plus souvent de qualité et les modèles français intéressaient beaucoup.



La mise en place


Modèles allemands, mais aussi français en bon nombre.


Le discours du Président


Et le dîner de clôture...


Une courte nuit plus tard nous nous retrouvions à quelques-uns au Flohmarkt de Wiesbaden. Pas de tire-bouchon, mais quelques petits achats à ajouter aux trouvailles de la veille.



Notre "pêche".



Au total : 
- un livre sur Walter Bosse, un Strobel, un Brangs, un tire-bouchon français XVIIIe achetés, 
- un Cork-Master de Pull-Taps et un petit Clough accroché à sa mignonnette offerts, 
- auxquels sont venus s'ajouter nos achats de Wiesbaden : harmonicas, ciseaux anciens, cadenas et moule en cuivre.



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Nous avons été très heureux de pouvoir participer à ces retrouvailles, avons apprécié l'accueil de tous les particpants et remercions chaleureusement les organisateurs, Reinhold et Irène Berndt, ainsi que le Président du VKF, Hans-Michael Granzow.



M

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