mercredi 20 novembre 2024

ENIGMA N° 81 : QUI EST PLAISAN ?

 

Amis Blogueurs, bonjour !


Souffrant, je vous ai un peu délaissés ces jours-ci.

C'est déplaisant certes, mais qui donc est PLAISAN ?


Je ne devrais pas, mais je craque trop souvent en brocante pour des forets à déboucher, ces tire-bouchons sans mèche, pour ne pas dire "éméchés" !



Quelques forets à déboucher et autres coups-de-poing...
(collection personnelle)


Je ne vais pas rouvrir ce dossier aujourd'hui. Je vous invite plutôt à utiliser le lien suivant pour lire ou relire celui que j'avais consacré il y a quelque temps aux

Ce sera sûrement une bonne introduction à la devinette du jour...


-/-


"Faute de grives, on mange des merles", dit le proverbe.
Chinant la semaine dernière, je n'ai pas trouvé de tire-bouchon, rien d'autre qu'un foret à déboucher marqué PLAISAN, et sur lequel je me suis rabattu.




Il est basique, tout en acier, à fût carré se terminant par une courte vrille... rien d'original donc, si ce n'est son marquage :




PLAISAN ? 
Pour ma part, je ne connais pas de fabricant de forets ou de mèches de ce nom-là.
J'ai enregistré dans le passé bon nombre de ces fabricants, sans d'ailleurs avoir toujours d'informations sur leurs entreprises. 
Citons, par ordre alphabétique :
Batard, Bauer, Boileau & Baradat, Boué-Deveson, Crédot (Sitbon), Gagnepain, Gautret, Guelon, Guinot, Langlois, Pecquet, Pérille, Tisseur... la liste n'est pas exhaustive !

Un marquage J. PLAISAN a pourtant été repéré il y a quelques années par Alain GRONDEAU :


Mais nous ne savons rien de plus sur ce fabricant.


-/-


Vos contributions sur PLAISAN - ou sur d'autres fabricants - seront donc appréciées... et publiées !



M

lundi 11 novembre 2024

RETOUR SUR LE POEME D'ALEXANDRE LAINEZ : L'ORIGINE DU TIRE-BOUCHON

 

Amis blogueurs, bonjour !


Je viens de relire le poème d'Alexandre Lainez : L'origine du tire-bouchon, poème  que j'avais présenté sur ce blog il y a déjà dix ans !
Et pour ne pas le laisser tomber dans l'oubli, je vous propose de revenir sur ce texte, en enrichissant quelque peu mon étude.


Alexandre Lainez


Présentons tout d'abord l'auteur :
Alexandre Lainez (vers 1650 - 1710) était un poète très connu à la Cour du roi Louis XIV, bien qu'il n'ait rien édité pendant sa courte vie. C'est Evrard Titon du Tillet (1677 - 1762), homme de lettres, chroniqueur et mécène, qui réunit ses poésies et les fit éditer en 1753.
Ayant étudié à Reims, Lainez en gardait le goût et la connaissance des vins de champagne : "né pour goûter le plaisir de la table et pour le faire goûter aux autres, il y passoit souvent des nuits entières : le vin de Champagne l'entretenoit dans une vivacité aimable & lui fournissoit les pensées les plus brillantes".
C'était un homme cultivé, esprit libre, grand voyageur, et surtout un personnage haut en couleurs, apprécié de Colbert et de La Fontaine. Bohème désargenté, il récitait ses poèmes pour un bon repas. 
Précisons qu'Evrard Titon du Tillet, admirateur inconditionnel, mais peu réaliste, rêvait d’établir le « Parnasse français », monument à la gloire des poètes et musiciens, parmi lesquels il incluait Lainez, un projet qui ne vit jamais le jour...

Dans un essai publié en 1900, "Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau", Jacques Madeleine, critique français, spécialiste de littérature française des XVIe et XVIIe siècles, n'est tendre ni avec Titon du Tillet, ni avec Alexandre Lainez. 
Il écrit ainsi : 
"Il est amusant, parfois, de voir un niais admirer un sot. Aux yeux de Titon du Tillet, Alexandre Lainez est un être extraordinaire".
Et voici le portrait qu'il trace de notre poète :
"Ce Lainez était un individu bizarre qui promenait ses excentricités en tous les pays du monde, quand il ne s’enfermait pas dans un taudis, à écrivailler pendant des mois, enveloppé d’une mauvaise robe de chambre, unique vêtement qu’il possédât. [...] Il était doué d’une faim tenace. Après avoir dîné pendant cinq ou six heures, il se remettait à table et mangeait avec un appétit renaissant, alléguant que son estomac n’avait pas de mémoire.
Il cite, pour s'en moquer, Titon du Tillet, exagérément admiratif des poésies de Lainez :
" Il prenoit ordinairement des sujets qui se présentoient dans ses parties de plaisir pour occuper ou amuser son génie Poétique. Un verre de vin de Tocane, un excellent fromage, un bouchon de bouteille, une bougie qui éclairoit un repas et d’autres sujets dans ce même goût fournissoient de matières à ses pensées : l’Amour et les grâces ne lui en fournissoient pas moins. Tous ces sujets gracieux et aimables lui faisoient produire de jolis morceaux Poëtiques, ausquels il donnoit le nom de tableau. Il m’a dit aussi plusieurs fois en me parlant des ouvrages qu’il avoit composez nouvellement : Ami, j’ai à te faire part d’un pendant que j’ai fait à mon dernier tableau. Il avoit raison, car toutes ses Pièces de Poësies, comme on vient de le dire, sont des peintures vives et agréables de la belle nature…"

Si Titon du Tillet est un admirateur béat de Lainez, Madeleine, lui, est bien acerbe, mais n'est pas pour autant passé à la postérité !


Le poème L'origine du tire-bouchon


Alexandre Lainez nous livre donc un poème justement intitulé L'origine du tire-bouchon !
L'invention serait divine : les dieux Amour et Bacchus se rencontrèrent fortuitement un jour dans un caveau champenois. 
Amour était armé de son arc et de ses flèches : malheur à qui en est atteint !
Bacchus tient le thyrse, lance menaçante et capable de faire surgir la vigne.
Amour et Bacchus ne font pas bon ménage - mon épouse me l'a déjà dit ! - mais tous deux décident cette fois de faire la paix et pour sceller leur accord de boire ensemble une bouteille.
Hélas le bouchon est trop serré et ne peut être retiré sans l'aide d'un outil... que va inventer sur le champ le dieu Amour.


• Voici pour votre plaisir le texte original du poème L'origine du tire-bouchon par Alexandre Lainez :





Et, pour en faciliter la compréhension et la traduction, en voici une version modernisée :

Le Dieu du Vin, de son Thyrse étayé,
Faisait trembler l'AMOUR et sa cohorte. 
Au seul aspect de cette arme effrayé,
Contre BACCHUS, AMOUR n'avait pas essayé
Les traits et l'arc que contre nous il porte.
Si l'œil à l'aguet, l'un pour sa sûreté
Veillait toujours, l'autre de son côté,
De l'Ennemi redoutant les atteintes,
Ne dormait pas avec tranquillité.
Egalement partagés en leur crainte,
Tous deux vivaient avec civilité,
Quelques égards, des complaisances feintes,
Mais rien de plus. Or, par un cas nouveau,
Il advint qu'un jour dans le fond d'un caveau,
Je ne sais comment, ces Dieux se rencontrèrent :
Ils n'y venaient pas dans cette intention.
Sans se parler, non sans émotion,
Assez longtemps tous deux se regardèrent.
Enfin l'AMOUR, en bégayant de peur,
Fut le premier à rompre le silence.
C'est trop, dit-il au Divin Vendangeur,
De vivre entre nous dans cette défiance,
Soyons unis, frère, faisons la paix,
Délivrez-moi de la frayeur étrange
De votre Thyrse, et je jure en échange,
Que vous serez à couvert de mes traits.
Le Protecteur de la liqueur vermeille,
À ce début rassurant ses esprits,
Pour accepter l'alliance à ce prix,
Ne se fit pas longtemps tirer l'oreille,
Soit, et pour mieux cimenter notre accord,
Il faut, dit-il, vider une bouteille.
Sans hésiter l'autre y topa d'abord,
Quoiqu'il ne soit enclin à ce breuvage :
Pour se sauver du Thyrse redouté,
Il eût fait plus : d'ailleurs dans un traité
De telles façons n'étaient pas en usage.
Plusieurs flacons rangés là par étage,
S'offraient aux yeux de nos deux Contractants :
C'était un tel vin ... qu'Hautvillers, l'Hermitage
N'en donneraient de tel en cent mille ans.
Un clair flacon de la liqueur bachique
De son repaire aussitôt fut tiré,
Mais par un coup de la discorde inique,
Dans le goulot le liège trop serré,
Déconcerta le couple pacifique.
Ils ne savaient comment l'en arracher,
Le cas était d'une extrême importance,
Comment sans vin terminer l'alliance ?
Ce n'était même pas l'ébaucher.
Enfin l' Amour, qui jamais ne s'épuise
En nouveaux traits d'imagination,
Se creusant la tête et pensant à reprise
À quelque tour de son invention,
De celui-ci tout à propos s'avise.
Cet Enfant tire un trait de son Carquois,
Au feu divin de sa torche allumée,
Il l'amollit, la matière enflammée
Qu'il presse, tourne et retourne cent fois,
S'étend, se file en spirale formée.
L'Amour jamais à demi n'inventa,
Et toujours maître en son apprentissage,
À la spirale enfin il ajouta
L'anneau qui paracheva son ouvrage.





Bacchus et l'Amour ivres
par le peintre français Jean-Léon Gérôme en 1850
(Musée des Beaux-Arts de Bordeaux).


Retenons la leçon de Lainez : c'est à l'Amour que nous devons le tire-bouchon !


-/-


Plus prosaïquement, les informations contenues situent ce texte vers 1690 : 
- les bouteilles sont modernes, puisque rangées couchées et superposées ; 
- le mode de bouchage enfin nous apprend que ce vin est encore un vin tranquille ;
- le Champagne est du meilleur et vaut celui de l'Abbaye bénédictine d'Hautvillers dont le cellérier, depuis 1669, n'est autre que Dom Pérignon.


Statue de Dom Pérignon 
appartenant à la Maison Moët & Chandon



-/-


Le document a surtout le mérite de nous montrer que le mot tire-bouchon était connu en France avant 1700 !



M

dimanche 3 novembre 2024

QUI DONC VEUT LA MORT DES PUCES DE METZ ?

 


Amis blogueurs, bonsoir !


Qui donc veut la mort des Puces de Metz ?


De longue date, le dimanche 3 novembre avait été ajouté par les organisateurs au calendrier des Puces de Metz, avec emplacements plus chers pour les vendeurs et entrées payantes pour les chineurs.
Patatras, les marchands ne se sont pas inscrits et l'évènement a été annuléMais deux mois sans brocante ont dû paraître trop longs aux organisateurs qui ont décidé à l'improviste d'ajouter la date de ce samedi 2 novembre à leur calendrier.
Les vendeurs, prévenus par mail, ont le plus souvent anticipé une faible fréquentation et renoncé à venir déballer... 
De nombreux chineurs ont pensé de même et ne se sont pas déplacés, préférant miser sur les Puces de Thionville, clairement annoncées pour le lendemain.
Je n'ai vu aucun marchand alsacien ou champenois ce samedi, et les chineurs étrangers étaient tout aussi absents.
Résultat : des halls aux trois-quarts vides où erraient des chineurs désorientés !


Le grand hall : au premier plan, les professionnels,
au fond, les particuliers


Le Républicain Lorrain, journal quotidien régional, est revenu aujourd'hui sur l'événement :





Le ton est modéré, mais la critique bien présente : 
l'organisation dysfonctionne !


Bien sûr les chineurs présents ont essayé de compenser en passant plus de temps sur les stands. Tant mieux pour les vendeurs qui avaient payé leur place, à 13 € le mètre linéaire chez les particuliers, peut-être auront-ils évité le déficit ?
Mais chineurs et vendeurs réunis, tous grognaient devant l'amateurisme de l'organisation, réclamant un calendrier stable et régulier des brocantes le samedi matin, seul susceptible de garder aux Puces de Metz leur lustre international.
Beaucoup rappelaient que les expérimentations tentées avaient été autant d'échecs. Le dernier exemple de Puces dites "nocturnes" un samedi de 14 h à 19 h (!) l'avait encore montré : qui va chiner un samedi à 14 h ?
Un autre exemple était également rappelé : la tentative, heureusement avortée, de faire payer le stationnement sur un parking vide !

Résumons : 
Plutôt que de se livrer à des calculs hasardeux pour améliorer leur marge financière, les concessionnaires du Parc des Expositions seraient bien avisés de consulter chineurs et brocanteurs pour trouver avec eux et maintenir l'organisation la plus favorable à la fréquentation de ces événements qui peuvent attirer régulièrement des milliers de personnes à Metz. 


-/-


Ajoutons qu'ils ne devraient pas trop tarder : attendant hier matin l'ouverture des portes du Parc des Expositions, je me disais, regardant le dos des gens arrivés avant moi, que les chineurs étaient majoritairement des hommes, aux cheveux blanchis par le temps ou... disparus ! 
Où sont donc les jeunes hommes et femmes ?

Sûrement ils chinent encore, mais d'autres choses : pas les tire-bouchons ou les moulins à café, pas le "trench art" ou les poupées anciennes, mais le "vintage" : les vinyles bien sûr, les robots transformers, le design scandinave, les maillots retro, le rétrogaming...

Aux organisateurs de proposer des événements ciblant cette clientèle, sans écarter les plus anciens si possible. C'est à ce prix qu'ils sauveront les puces de Metz et d'ailleurs !


-/-


Il ne me reste plus qu'à vous parler de ma petite chine de ce week-end :





- un catalogue des Grands Magasins "A LA MENAGERE" de 1898-99, dans lequel j'ai retrouvé le tire-bouchon L'Excelsior d'Armand Guichard,
- un service à viande marqué TOUSSAINT à MARSEILLE,
- quelques tire-bouchons qui m'ont été offerts et que j'aurais donc eu mauvaise grâce à refuser : le premier, publicitaire pour l'eau minérale naturelle "COUZAN - SOURCE - BRAULT", estampillé "Déposé AC", un PERFECT de Martenet, un extensible EX de Boileau non marqué, enfin un tire-bouchon cloche et ressort de Coville,
- un sifflet enfin, identifié par notre ami Bernard Devynck après parution de mon article : 



Catalogue MANUFRANCE, non daté mais forcément antérieur à 1938.





Ce sifflet est le modèle réglementaire des compagnies de chemins de fer, dont la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée ou PLM, nationalisée lors de la création de la SNCF le 1er janvier 1938... merci Bernard !


-/-


Une pêche modeste, donc, à mettre en relation avec le caractère fantomatique de cette brocante !



M


Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...