mardi 20 janvier 2015

WINE LABELS / ÉTIQUETTES DE VINS




Amis collectionneurs, bonjour !


Quelques uns parmi vous m'ont déjà demandé si j'étais
œnosémiophile,
œnographile 
ou éthylabélophile  ? 




    


J'ai craint un instant d'avoir été percé à jour dans je ne sais quel vice inavouable, mais... non : 
il s'agissait seulement de savoir si je collectionnais les
étiquettes de bouteilles de vin !

Je ne collectionne pas les étiquettes et ne sais pas si un terme s'impose vraiment pour désigner cette collection, mais je me suis dit qu'il fallait quand même ouvrir ces colonnes aux collectionneurs qui le souhaiteraient.

Au moins en souvenir d'un collectionneur bordelais chez qui finissaient les étiquettes des vins que je servais : un ami commun les récupérait, les décollait méticuleusement avant de les lui offrir.




Bouteilles oubliées, étiquettes fanées...


L'étiquette nous est aujourd'hui familière, mais l'étymologie du mot est obscure. 
Trois versions au moins, remontant toutes trois au Moyen Âge sont concurrentes :
- Selon la première, le mot serait issu du vocabulaire juridique latin : les pièces de procédure étaient enfermées dans des sacs sur lesquels  les magistrats faisaient écrire est hic quaest. (pour quaestio), locution corrompue en estiquette.
- Selon la deuxième, il viendrait du grec sticos, ordre, rang, devenu tiquet en vieux français, puis ticket en anglais : marque, note, billet. Étiquette viendrait alors de l'usage de délivrer des billets aux personnes invitées à une cérémonie pour leur assigner leur place. 
- La dernière version me convient mieux. Proposée par André Rey dans le Robert, Dictionnaire historique de la langue française, elle renvoie au francique stikkjan, à l'origine de l'allemand stechen : piquer, et de l'ancien français estéquier ou estichier : transpercer, dont dérive aussi attacher. L'étiquette est d'abord un poteau marqué, fiché en terre et servant de but dans des jeux, puis l'écriteau fixé à un sac de procès pour en indiquer le contenu, et dans un sens figuré un formulaire régissant la cour d'un seigneur.

On retiendra que dans les trois versions on retrouve l'idée de fixer un écrit à un support et que c'est bien le rôle dévolu aux étiquettes de nos bouteilles !


L'étiquette papier des bouteilles de vin apparaît à la fin du XVIII° siècle et s'impose très vite dans les plus importants vignobles.

Mais le besoin d'étiquetage est beaucoup plus ancien.
Depuis l'Antiquité, le stockage de produits différents dans des récipients identiques, amphores et tonneaux pour les liquides, imposait de marquer ces récipients à la craie ou à la peinture pour en identifier le contenu sans les ouvrir. 
Des plaques émaillées renseignant sur le produit et accrochées par des chaînettes au goulot des carafes sont utilisées pour le service à table avant le XVII° siècle. 
La conservation du vin en bouteilles à partir du XVII° siècle oblige de même façon à un marquage, temporaire ou permanent.
Dès cette époque en Angleterre, 
concomitamment avec l'apparition du tire-bouchon, 
le choix est fait d'apposer un sceau de verre lors de la fabrication des bouteilles dites modernes : classement des bouteilles, attribution à leur propiétaire, voire contenus, origines et millésimes, en deviennent plus aisément vérifiables.
Ailleurs en Europe, les bouteilles sont généralement anonymes cependant que le vieillissement des vins en cave se généralise chez les particuliers les plus riches. Cette nouvelle pratique impose une gestion durable, différenciant origines et millésimes et permettant une comptabilisation par produits. 



Plaque de carafe, époque contemporaine.

Les plaques émaillées évoquées plus haut, d'autres peut-être en étain, sont utilisées dans cette période de transition pour différencier des bouteilles stockées en cave. Mais ce moyen onéreux n'est pas adapté au stockage en nombre.


L'étiquette est un moyen moins coûteux, en tout cas au début, avant qu'elle ne devienne objet de collection.

L'étiquette, on l'a dit, apparaît au XVIII° siècle et n'est d'abord qu'un simple écrit sur un rectangle de papier attaché ou collé à la bouteille.
L'invention de la lithographie par l'Allemand Aloys Senefelder en 1796 rend possible l'impression en série et à bas prix d'étiquettes informatives et esthétiques.
Les premières étiquettes apparaissent ainsi en Allemagne, mais c'est en Champagne, ainsi que dans le Bordelais, qu'elles se développent le plus rapidement. 
Elles ne comportent que le nom du vin et éventuellement son millésime.  



Étiquettes du domaine de La Solitude, Châteauneuf-du-Pape, 
dans les années 1780 (Source : Wikipedia).


Avec le temps, les étiquettes sont de plus en plus chargées, elles s'ornent d'éléments de "noblesse" : tour, château, blason, titres nobiliaires...
Elles changent de dimensions, de formes...
Les producteurs font appel à des artistes, peintres ou graphistes pour les illustrer, les "habiller".



Bouteille spécifique, sceau et étiquette ou l'habillage d'une bouteille.


Le code couleurs s'affirme selon les régions pour renforcer spécificité et prestige : parchemin, or, paille, rouge sont les couleurs à l'honneur avant que n'osent s'exprimer et l'abstraction et les "à plat" des dernières années.

Les mentions légales s'imposent, toujours plus nombreuses.
Et les normes européennes font le reste !

Une contre-étiquette est de plus en plus souvent nécessaire pour informer ou convaincre le consommateur "déboussolé" devant la complication des mentions proposées.




Au total, on le voit, la diversité est extrême et le collectionneur peut choisir ses centres d'intérêt par pays, vignobles, appellations, cépages, domaines ou millésimes par exemple... 
... voire consacrer ses recherches à d'autres produits étiquetés tels que les spiritueux ou les bières.


Je reviendrai dans un prochain article sur les mentions légales devant figurer sur les étiquettes de vin, je rechercherai quelques éléments bibliographiques et proposerai des pistes pour une collection.



M




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...