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Amis lecteurs, bonjour !
Je vais vous faire un aveu : je vis dans le département de Meurthe-et-Moselle, mais je suis né dans la Sarthe,
le pays d'un fabricant de tire-bouchons apprécié, Alphonse-Emile Lebaron.
Les deux départements qui me sont chers ont une caractéristique commune ; chacun n'a compté qu'un seul inventeur de tire-bouchons :
- Jules Bart, le père du ZIG-ZAG, pour la Meurthe-et-Moselle,
- Alphonse-Emile Lebaron pour la Sarthe.
Mais s'il m'a été facile d'entasser les ZIG-ZAG, nombreux sur les brocantes lorraines, il m'a fallu attendre cet été et une fête dans le berceau familial pour qu'un cousin sarthois m'offre mon premier Lebaron !
Lui l'avait trouvé dans un tiroir en vidant la maison de son grand-père et ne s'était rappelé ma passion qu'au moment de jeter le contenu du tiroir.
Moi j'ai vu là un précieux héritage ! Même non marqué, ce tire-bouchon me chantait sur tous les tons : "comme toi je suis sarthois , mais moi je suis Lebaron" !
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J'avais pris plaisir naguère à faire des recherches et à écrire sur Jules Bart. L'article est toujours très consulté sur le blog, cf :
J'avais donc espéré pouvoir faire la même chose sur Alphonse-Emile Lebaron, mais mes découvertes sont hélas très limitées.
Il faut bien le dire et l'en remercier, c'est Gérard Bidault, dans son livre souvent cité ici :
Les tire-bouchons français,
qui nous a appris l'essentiel de ce que nous savons sur la geste industrielle de la famille Lebaron.
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Issu d'une famille de couteliers sarthois, Alphonse-Emile Lebaron l'est lui aussi et est installé en 1860 dans la petite ville de Conlie, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest du chef-lieu du département, Le Mans.
J'ai retrouvé trace de cette installation dans un guide du voyageur de Fortuné Legeay en 1861, incluant un recensement d'entreprises sarthoises :
Source : Le Guide du voyageur au Mans
et dans le département de la Sarthe pour 1861... par Fortuné Legeay
Dès cette époque, Alphonse-Emile fabrique et commercialise deux tire-bouchons, tous deux pourvus de mèches rainurées, dites "mèches d'Angers" et qu'il marque "LEBARON À CONLIE" :
- l'un a une poignée de fonte en forme de marteau,
Tire-bouchon marqué "Lebaron à Conlie".
(Source : Les tire-bouchons français, par Gérard Bidault).
- l'autre a une poignée de corne en forme de bateau,
Ce deuxième modèle est présent en 1891 dans le catalogue de quincaillerie et Articles de Paris d'Auguste Belpêche.
Cf. mon article sur ce catalogue :
Le tire-bouchon y figure sous la référence 9200 et est décrit comme un "manche corne bateau dit Conlie".
Catalogue Belpêche 1891, référence 9200 :
tire-bouchon "manche corne bateau dit Conlie" :
(la mèche d'Angers est bien représentée, la forme bateau est moins fidèle).
Peut-être d'autres modèles existent-ils dans vos collections ?
Patrick Bordat possède de son côté l'autre tire-bouchon marteau, à crochet cette fois, ainsi que trois tire-bouchons "manche bateau" : merci à lui d'avoir bien voulu les photographier pour nous !
Tire-bouchons Lebaron.
(Collection Patrick Bordat).
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Après Alphonse-Emile, son fils Emile-René Lebaron poursuit l'activité et s'installe au Mans, 46 rue Gambetta.
Source : Rapports et délibérations
Conseil général de la Sarthe 1902-1908.
Il continue la fabrication des mêmes tire-bouchons, marqués à présent "LEBARON AU MANS".
L'entreprise évoluera ensuite pour prendre le nom de Coutellerie Mercier-Lebaron, mais nous ignorons les conditions de cette évolution.
Les coutelleries Mercier-Lebaron au Mans et Emile Lebaron à Angers,
avaient leur stand à l'Exposition Internationale du Mans en 1923.
(Delcampe).
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Le petit-fils, Emile-Alphonse dit Emile Lebaron, né en 1885, formé dans l'atelier de son père, essaime très jeune : il poursuit l'aventure familiale en reprenant la coutellerie Gohard à Angers dès 1905.
Son succès est patent et ses fabrications diversifiées : couteaux, sécateurs, rasoirs, tondeuses pour chevaux..., sont renommées pour leur qualité.
La coutellerie E. Lebaron à Angers.
(CPA Delcampe).
Emile-Alphonse continue de fabriquer les tire-bouchons des débuts, éventuellement marqués simplement Lebaron :
Tire-bouchon marteau-crochet marqué Lebaron.
(Collection Patrick Bordat).
Mais le mien ne l'est pas du tout :
Mon tire-bouchon Lebaron, non marqué.
Emile Lebaron cesse son activité en 1929.
Gérard Bidault indique que l'entreprise a été reprise par Georges Paillé.
Cette reprise est avérée : Gérard nous précise en effet que son père, Robert Bidault, était employé dans cette coutellerie en 1938.
Cependant j'ai retrouvé une publicité comportant la mention "F. Ravard, successeur" :
Publicité non datée pour la même coutellerie E. Lebaron, reprise par F.Ravard.
L'adresse est la même, seul le nom du boulevard a changé,
(Pinon Collections Tours).
... ainsi qu'une facture du 13 mai 1933 laquelle est signée, vraisemblablement du même nom :
Facture E. Lebaron, acquittée le 13 mai 1933.
(Delcampe).
Peut-être Paillé a-t-il succédé à Ravard après 1933 ?
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Je serais très heureux de publier les compléments d'information que vous pourriez apporter sur cette saga familiale et les autres tire-bouchons Lebaron.
Jules Bart et Alphonse-Emile Lebaron sont en quelque sorte mes parrains en hélixophilie !
M
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