mercredi 20 août 2025

QUELQUES ELEMENTS SUR LES TIRE-BOUCHONS DELAPORTE

 


Amis blogueurs, bonjour !


La canicule est passée, je peux reprendre le collier !

Je travaille (?) actuellement avec quelques amis collectionneurs à la rédaction d'un cahier pour l'Extracteur, la revue du CFTB. 
Ce cahier est conçu comme une suite aux deux déjà publiés par le CFTB :
- Les tire-bouchons du Thiernois, par Gérard Bidault en 2013,
- Les tire-bouchons du Haut Marnais, par Gérard Bidault et Jacques Lapierre en 2014.
Celui-ci sera consacré aux tire-bouchons du Vexin et de la Brie.
 
La recherche n'est pas facile, mais elle est passionnante et recèle évidemment son lot de surprises : nous en reparlerons.

Je vous lance cependant un appel : tous les documents que vous pourriez mettre à notre disposition sur les fabricants installés dans ces régions nous intéressent. 
Merci, si vous le pouvez, de nous en faire parvenir une copie à l'adresse du blog leblogdestirebouchons@gmail.com
Nous n'oublierons pas d'en citer la source !


Mais revenons au propos du jour : 

Les tire-bouchons Delaporte.
Une aventure industrielle qui s'est justement jouée entre Vexin et Brie.

Nous sommes nombreux à admirer la beauté des tire-bouchons Delaporte, particulièrement celle de leurs mèches ouvragées. 


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Les frères Léon et Constant Delaporte


Grâce aux travaux de Gérard Bidault, nous savons que les frères Léon et Constant Delaporte avaient acquis le Moulin des Roches à Nesles-la Reposte, petit village aux portes de la Brie, à la limite des départements de la Marne et de l'Aube, et qu'ils y produisaient des tire-bouchons entre 1921 et 1931.



Le Moulin des Roches à Nesles-la-Reposte
(Collection personnelle)

L'aventure industrielle de ces deux quinquagénaires n'a duré qu'une décennie. 
Gérard Bidault dans son ouvrage : Les tire-bouchons français – Modèles et Fabricants nous dit qu'ils se sont installés à Nesles-la-Reposte en 1921, mais que Constant est décédé en 1928 et que Léon a cessé son activité en 1931 pour devenir le "guérisseur-rebouteux" du village et de mourir en 1940 dans des conditions étranges.
Mise à jour du 23 août 2025, après échange avec Philippe Marques :
Gérard Bidault  ajoute  : « Il est pratiquement certain que cette activité en tire-bouchons ait débuté bien antérieurement, en un lieu aujourd’hui inconnu. » Il nous donne aussi le prénom du père, Edouard Delaporte, tourneur-contremaître chez Batard en 1865 et rappelle que "les modèles Delaporte ne sont pas sans rappeler les tire-bouchons Batard". 
Il nous revenait donc de reprendre les recherches.


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Le père : Édouard Joseph Delaporte


La bonne nouvelle est que nous avons retrouvé le père de Léon et Constant, Édouard Joseph Delaporte (1835-1897), lequel était déjà industriel, fabricant d’instruments en acier poli en 1871.
Marié en 1865 à Rosalie Toulouzy (1847-1915), il en eut quatre fils :
- Edouard Alfred (1868- ?), comptable,
- Jules (1868-1908) , négociant, décédé prématurément à Genève,
et nos deux industriels :
- Léon Alphonse (1870-1940), mécanicien, marié à Judith Grouard, puis à Marie Eléonore Georgette Bru,
- Edouard Constant (1873-1928), mécanicien tourneur, engagé volontaire qui fit toute la Première Guerre Mondiale.

Edouard Joseph Delaporte avait déjà une fabrique d'instruments de coutellerie et donc de tire-bouchons à la fin du Second Empire.



Persan : Lavoir du Petit Moulin et le pont de chemin de fer
(Collection personnelle)


Il était installé à Persan, à la limite du Val d’Oise et de l’Oise (Source : Didot-Bottin, 1871 et 1875), avec dépôt chez Labadie 32 Bd Richard-Lenoir à Paris.



Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administration 
ou almanach des 500.000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers 
Firmin Didot et Bottin réunis 01.01.1871


La commune de Persan et sa jumelle Beaumont (desservie depuis 1846 par la Compagnie des Chemins de fer du nord), sont situées à une quinzaine de kilomètres seulement à l’ouest de Coye-la-Forêt et Chaumontel, où étaient implantés d'autres fabricants bien connus : Huet, Ligier et Canuet. Elles sont également proches de Méru (18 km) où se concentrait une importante main d'œuvre de tabletiers, auxiliaires précieux des couteliers.


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Les productions Delaporte



Edouard Joseph Delaporte fabriquait assurément déjà les mèches de grande qualité que nous connaissons et sous-traitait pour partie l'assemblage des poignées en corne, os, ivoire, bois... aux tabletiers.




Collection Patrick Bordat




Mèches Delaporte, poignées de tabletiers
(Collection personnelle)


Les poignées de bronze sont parfois des modèles diffusés en grand nombre comme celles aux décors de pampres ou de pichets :



Pampres et pichets
(Collection personnelle)


D'autres poignées sont de vraies réalisations artistiques et ont certainement été sous-traités à de grands fondeurs pour répondre à une demande particulière : c'est le cas pour le poupon emmailloté ou pour le riche décor de chasse ci-après.



Poupon emmailloté et décor de chasse
(Collection personnelle)


Les mèches Delaporte, comme les sujets décorant les poignées en bronze, sont clairement dans l'esprit des fabrications de la fin du XIXe et non des années 20 : nous pensons donc que les frères Delaporte ont continué de produire ce que leur père avait conçu quelques décennies auparavant.

Ajoutons pour conclure que les Delaporte ne marquaient généralement pas leurs fabrications, mais il y a des exceptions comme sur ce tire-bouchon appartenant à Patrick Bordat :


Tire-bouchon marqué DELAPORTE
(Collection Patrick Bordat)


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Le sujet n'est pas vraiment épuisé, vos contributions seront donc les bienvenues, particulièrement sur les modèles à cloche.
Et n'oubliez pas : nous recherchons des documents sur les fabricants installés dans le Vexin ou dans la Brie !



M

lundi 11 août 2025

ETEINDRE LE FEU, OUVRIR LES BOUTEILLES ?

 

Amis blogueurs, bonjour !


Il s'en est fallu de peu...

Un feu s'est déclaré dans la haie mitoyenne derrière notre maison : le voisin avait fait un barbecue et déposé ensuite les cendres pas éteintes au pied des tuyas...
L'incendie a commencé peu après, les flammes atteignant très vite cinq mètres de haut.
Nous avons pu éteindre les tuyas au tuyau (étrange formule ?). Les pompiers sont intervenus très vite : ils ont noyé les braises et surtout éteint une flamme qui continuait de courir sur un câble téléphonique  accroché au pignon de notre maison (une servitude d'un autre âge), flamme qui aurait pu incendier la toiture !







Nous avons réalisé après coup l'irresponsabilité de ce genre d'acte, et plutôt très mal dormi la nuit suivante.
Nous avons bien sûr pensé alors à ces pauvres gens qui ont tout perdu dans les incendies du sud de la France ou d'ailleurs. 
Et, plus égoïstement, je me suis aussi demandé ce qui serait resté de ma collection de tire-bouchons... collection bien superflue, convenons-en !


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Couchés tard, ayant mal dormi, et réveillés tôt ce dimanche, nous ne pouvions rien faire de mieux qu'aller chiner, alors nous sommes partis : vers Thionville cette fois.
Les marchands étaient nombreux, des particuliers pour la plupart, mais notre pêche nous consola de nos émotions :



Des tire-bouchons, un petit étau, un sablier, 
un inclinomètre et un catalogue ancien


En voici l'inventaire :
- Un étau mobile pour travaux de précision.
- Un inclinomètre suisse de marque MERIDIAN, outil de géomètre que j'aurais bien du mal à utiliser !
- Un sablier en laiton qui me permettra "d'aller me faire cuire un œuf" selon mon épouse !
- Un catalogue ancien "Au Petit Travailleur" de J. LAFARGUE successeur, édition 1928-1929, dans lequel il n'y a pas de tire-bouchon, mais des outils et des modèles pour le découpage des bois et métaux : construire un "Aéroplane monoplan articulé", la "Grande Roue de Paris, arrangée pour porte-réveil et 12 coffrets à bijoux" ou un "Ballon dirigeable vide-poche"... le tout sentant bon le tournant du XXe siècle et l'art nouveau.

"Avant notre invention, le découpage était presque inconnu..."


Et puis il y a les tire-bouchons :
- une clé multioutil, uniquement marquée S.E.P.P.I.C., avec son étui,
- un tire-bouchon type Bossin,
- un petit couteau tire-bouchon publicitaire pour la maison VEUVE CLICQUOT - PONSARDIN, avec lame, taille-plume et coupe-muselet,
- deux "harpes" : l'une miniature, l'autre avec une inhabituelle lame forte coupe-muselet,
- enfin un petit tire-bouchon de poche, non marqué, avec protège-mèche, d'un modèle que je n'avais encore jamais vu :


L'étui protège-mèche est constitué de deux tronçons vissés, 
lesquels se démontent et se revissent pour former la poignée.


Est-ce que vous connaissez ce modèle et son fabricant ? Vos commentaires seront les bienvenus !


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Et surtout, soyons plus prudents que notre voisin !



M

lundi 4 août 2025

CONTRIBUTIONS ENIGMA N° 85 : DU NOUVEAU SUR LES TIRE-BOUCHONS GAGNEPAIN, BAUER, BURGUN, HAILLUS, MAGOT & CASTELLA



Amis blogueurs, bonjour !


Voici vos contributions relatives à mon Enigma n° 85 : 
Quelques tire-bouchons figuratifs types Gagnepain ou Delaporte... consacrés aux bébés.
Pas de solution aujourd'hui, mais des pistes intéressantes...


En introduction, j'avais présenté mon article comme une "contribution en faveur d'un sursaut de la natalité"... je ne croyais pas si bien dire, puisque dès le lendemain, le journal local Le Républicain Lorrain titrait :



"La peur de l'avenir pousse de plus en plus de jeunes adultes à faire une croix sur leurs envies d'enfant. Résultat : il y a désormais plus de décès que de naissances en France."


Les journalistes liraient-ils le Blog des tire-bouchons ???


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Notons tout d'abord que nous n'avons rien de nouveau sur les nourrissons emmaillotés de type Delaporte.
Concernant ceux de type Gagnepain, nous notons des points communs : 
- ils semblent tous sortir de la même matrice et 
- ils tiennent tous un hochet dans la main gauche.
Des différences cependant :
- dans les métaux utilisés : si la plupart sont en bronze creux, certains sont en alliage d'aluminium,
- la matrice a pu être utilisée pour d'autres objets que les tire-bouchons, comme des percettes ou des  étuis à allumettes avec grattoirs pyrogènes, y compris publicitaires,
- surtout, les mèches proviennent manifestement d'ateliers différents.
Tout ceci confirme en creux que ces tire-bouchons sont des assemblages plutôt que des créations complètement réalisées ex nihilo par des fabricants.


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Bernard Devynck nous rappelle qu'Alain Grondeau et Jean-Pierre Lamy étaient les auteurs d'un dossier "Les tire-bouchons en aluminium & alliage d'aluminium" publié dans le Cahier de L'Extracteur n° 88 et qu'ils y présentaient un nourrisson emmailloté :




Légende : "Les nourrissons emmaillotés ont été réalisés par Gagnepain, Haillus et certainement Guinot, le plus souvent en bronze. Celui-ci en alliage léger est beaucoup plus rare."
Alain Grondeau, contacté ce jour, estime que des échanges nombreux ont dû exister entre les artisans qui faisaient des mèches et ceux qui faisaient ce type de poignées. Il ajoute qu'une jolie statuette en bronze trouvée en brocante peut toujours être détournée en poignée de tire-bouchon.


De son côté, Gérard Bidault, dans son livre Les tire-bouchons français - Modèles et Fabricants, évoquait déjà L. Haillus comme créateur de ce type de tire-bouchons, nous y reviendrons.





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Vos contributions 


- C'est Norman Wright qui a réagi le premier : son exemplaire a une mèche de section carrée et est marqué Gagnepain :




- Luc Bille a suivi en nous faisant parvenir les photos des deux pièces de sa collection :




Et Luc d'ajouter "Après les bébés on pourrait faire un article sur le belge le plus célèbre après Eddy... Le Manneken Pis !"
Il est vrai que ce célèbre personnage bruxellois a inspiré des fabricants de tire-bouchons comme Volynkine, mais aussi et surtout des fabricants de souvenirs !


- Patrick Bordat n'a pas été en reste, voici ses photos :




- J'avais déjà présenté les poupons emmaillotés de Simon Znaty :



Un tire-bouchon à belle mèche et une percette


Voilà, nous avons un bel échantillon de cette production originale, mais nous ne savons pas qui est le père !


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Il ne me restait plus qu'à travailler ! Pffhhh !


Un petit scoop tout d'abord qui en surprendra plus d'un : 
Haillus n'est pas le père de ces nourrissons emmaillotés, tout simplement parce que Haillus n'est pas un homme, mais une femme, ... alors, la mère peut-être ? 
Elle s'appelait "Demoiselle Lucie Haillus" et épouserait bientôt Gaston Bonnet.

Concernant la fabrication, je ne suis pas de la partie, mais voici ce que j'ai pu trouver :
L'estampage industriel consiste à déformer plastiquement un objet métallique (sans revenir à la forme d'origine) grâce à une "matrice" installée sur une presse hydraulique, mécanique, à vis ou un marteau-pilon. Ce procédé de forgeage à chaud peut se faire en plusieurs opérations, dont les premières sont appelées "ébauche", et la dernière "finition". 
La fabrication est un travail d'équipe associant les dessinateurs qui créent les modèles, les fondeurs, les mécaniciens, les décolleteurs, les repousseurs et les ciseleurs.

Nous savons grâce aux recherches de Gérard Bidault (ouvrage déjà cité) que "Le premier janvier 1892, Jean-Etienne Gagnepain s'installe au 4 rue Pihet, dans le XIe arrondissement. Cette adresse restera celle de ses successeurs jusqu'à l'extinction de cette marque en 1982. Il y reprend l'atelier de Guetté, un ancien repousseur sur métaux."


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Gagnepain, Bauer, Burgun, Haillus, Magot & Castella


Des recherches complémentaires, mais qui restent fragmentaires, me permettent d'éclairer un peu la situation. 
Gagnepain fabriquait certainement ses mèches et les montait sur des poignées achetées aux artisans repousseurs comme Guetté :

1892 : Gagnepain, mécanicien constructeur, reprend l'atelier de Guetté, 4 rue Pihet... à quelques mois seulement de son propre décès.
1895 : La veuve Gagnepain le cède à Martin Bauer, tourneur sur métaux, qui associe les deux signatures Bauer-Gagnepain à sa production. Martin Bauer décède avant 1900.
1900 : La veuve Bauer prend le relais pendant trois ans puis cesse son activité en 1905.
1906 : Elle cède l'entreprise à Henri Numance Burgun (et non Numana, comme peut le laisser croire un acte d'état-civil), dessinateur industriel, puis mécanicien.
1909-1913 : Henri Burgun, successeur de Bauer et de Gagnepain, exerce à la même adresse.
1913 : Burgun vend l'entreprise à Demoiselle "L. Haillus". Traduisons : Lucie Haillus, future épouse Gaston Bonnet (en instance de divorce). Lucie Haillus acquiert le droit au bail de l'atelier de la rue Pihet auprès d'un nommé Charles (certainement le propriétaire des lieux). L'annonce indique que les éventuelles oppositions seront reçues chez Bonnet, 14 rue Beauregard. 



1913 : Achat du droit au bail du 4 rue Pihet par Lucie Haillus


Bonnet était probablement associé de fait à la Demoiselle Haillus. On le retrouvera en tout cas en mars 1941 : le couple Bonnet revend alors l'entreprise à Henri Magot & Fernand Castella. Henri Magot est mécanicien, contremaître décolleteur, et Fernand Castella est dessinateur industriel.



1941 : vente de l'entreprise à Magot & Castella


1951 : augmentation de capital.
1962 : décès d'Henri Magot.
Gérard Bidault ne dit guère de bien des fabrications de cette dernière époque, mais l'entreprise continue de produire, notamment des pièces pour l'automobile et l'aviation... nos poupons emmaillotés type Gagnepain sont bien loin !
1980 : Liquidation de Magot & Castella.


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Nous en resterons là, sauf éclairage complémentaire, en espérant pouvoir un jour évoquer les autres fabricants ou assembleurs : les Delaporte, Guinot, Langlois !



M

mardi 29 juillet 2025

ENIGMA N° 85 : QUELQUES TIRE-BOUCHONS TYPES GAGNEPAIN OU DELAPORTE... CONSACRÉS AUX BÉBÉS !

 

Amis blogueurs, bonsoir !


Voici ma modeste contribution en faveur d'un sursaut de la natalité.
Je vous propose pour cela une nouvelle énigme :

Enigma n° 85 : Quelques tire-bouchons figuratifs types Gagnepain ou Delaporte... consacrés aux bébés !


J'aime beaucoup les tire-bouchons à poignée de bronze et, parmi eux, plus encore les figuratifs.
Les poignées moulées sont souvent d'une grande précision et livrent ainsi des représentations détaillées des usages du temps.





Quels étaient les pères de ces poupons ou bébés ?

Le premier constat que l'on peut faire en examinant ces trois tire-bouchons est que les enfants représentés sont très emmaillotés et ont une tête d'adulte !


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Des adultes miniatures


Nos tire-bouchons datent certainement de la seconde moitié du XIXe siècle et témoignent à leur manière de la façon dont étaient gérés les bébés.

Bébé est d'ailleurs une "invention" tardive en français :
Marie-France More! dans son livre Le bébé dans la France ancienne (XVIe-XIXe siècle) note ainsi : 
"Avant la deuxième moitié du XIXe siècle, pour désigner le bébé, le français a recours à des termes très variés, plus ou moins tendres et plus ou moins précis : nouveau-né, nourrisson, enfant à la mamelle, enfant au maillot, poupard, poupon, enfant du premier âge ou en bas âge.
Quant à ce qu'il soit reconnu comme une personne, on est loin du compte. Avant sa naissance, le bébé n'existe guère ; il est seulement une possibilité de vie, sans sexe déterminé, dont seule la mère sent les mouvements."

Ajoutons que jusqu'à cette époque du XIXe siècle, la peinture représente l'enfant Jésus, ce symbole, comme un adulte :




Les vêtements portés ne sont de toute évidence pas ceux d'un petit enfant.


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"ainsi entravé, le bébé est facile à garder pour peu qu’il soit accroché à un clou, [...] ou encore suspendu dans un sac"


Au XIXe siècle, les enfants étaient emmaillotés avant d'être habillés avec des vêtements copiés sur ceux des adultes en miniature.




Selon Wikipédia, "l’emmaillotement est garant de chaleur, de protection, et assure une pression rassurante pour le bébé. Il a d’autres fins : ainsi entravé, le bébé est facile à garder pour peu qu’il soit accroché à un clou, comme cela se pratiquait dans certaines régions du Poitou, ou encore suspendu dans un sac au Pays basque."

Les deux premiers tire-bouchons, de même facture, montrent des enfants emmaillotés, avec bonnet et foulard noué dans le dos.
Le troisième tire-bouchon montre avec précision le bonnet de baptême et les bandes croisées sur la chemise de l'enfant, lui interdisant tout mouvement des jambes.


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Les fabricants


Les deux premiers poupons sont de type Gagnepain, cependant les mèches ne sont pas à section carrée et ils ne sont pas marqués :




Petit modèle (hauteur 5 cm), mèche tranchante


Grand modèle (hauteur 6,5 cm), mèche ronde


Dans son livre Les Tire-Bouchons Figuratifs, Simon Znaty présente un autre exemplaire ainsi qu'une percette, manifestement issus d'une matrice similaire. Le tire-bouchon a une autre mèche, au fût très travaillé.



Collection Simon Znaty


Qu'en déduire, sinon que des mèches très différentes ont été montées sur les mêmes poignées issues de fonderie ?
Qui les fondait ? C'est toute la question !

Les mèches montées par Gagnepain (actif de 1871 à 1895) et ses premiers successeurs, Bauer (1895-1905) et Burgun (1906-1914), étaient habituellement de section carrée.
Après eux Haillus (1915-1941), puis Magot & Castella (1941-1960), monteront plutôt des mèches rondes.
Les marquages ont été tantôt repris (le marquage Gagnepain surtout), tantôt abandonnés, selon les époques.
Ajoutons que Gagnepain et ses successeurs ne sont pas les seuls à avoir proposé des poignées moulées : Guinot, Langlois, ou les Delaporte ont fait de même.

La poignée de notre troisième tire-bouchon est très différente et sa mèche semble bien sortir de chez Delaporte, comme peut-être aussi celle du tire-bouchon de Simon :



Une mèche typique de chez Delaporte



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Alors quel âge ont nos poupons ? Et qui sont leurs géniteurs ?


Pour une fois, "c'est bien l'habit qui fait le moine" : l'emmaillotage de ces bébés serait très anachronique au XXe siècle, comme probablement aussi l'utilisation d'enfants en bas âge pour servir de tire-bouchons...
Les moules qui ont servi à couler ces modèles ne peuvent dater au plus tard que de la deuxième moitié du XIXe siècle, même si les stocks de poignées moulées ont pu continuer à être utilisés pendant quelques décennies.


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J'espère que vos contributions permettront d'identifier ou au moins de nous rapprocher du ou des pères sinon de nos bébés, du moins de nos poignées moulées.
Je serais heureux aussi de recevoir vos photos d'autres tire-bouchons de la même famille et d'ainsi élargir cette fratrie et je manquerai pas de les publier.



M




samedi 19 juillet 2025

ESCAPADE AUX PUCES DE CINEY LE 18 JUILLET 2025

 

Amis blogueurs, bonjour !


Voici le récit de mon 

ESCAPADE AUX PUCES DE CINEY LE 18 JUILLET 2025


Escapade ? Excursion, sortie, périple, expédition, équipée, aventure, raid,... choisissez le terme qui vous convient !

Rien ne se passe jamais comme prévu :


Franz et Marie-Jeanne, amis belges, devaient nous accueillir du côté de Verviers la veille et faire route avec nous, mais un contre-temps les en empêcha.
François et Gauthier, un temps partants, ne l'étaient plus : ils préféraient aller aux Puces de Baccarat.
Colette et Christian, pressentis, ne pouvaient plus : visite familiale oblige.
Alors mon épouse ne voulut plus venir et je me décidai à faire les quelques 200 km (aller) tout seul, mais en ajoutant une étape chez un lecteur de ce blog : Jean, du côté de Namur.

Mais jeudi soir, François n'allait plus à Baccarat : j'avais un passager.
Alors nous prîmes la route et le téléphone sonna... Jean, informé du voyage, nous accompagnerait bien ! Il ne me restait plus qu'à faire le (petit) détour pour aller le "cueillir" au passage... nous étions trois !
Jean et François ne sont pas venus en acheteurs, mais en curieux, connaisseurs de belle brocante et des prix pratiqués, sûrs aussi de revoir des brocanteurs amis, et... attentifs aussi à ma folie !

Nous sommes arrivés à Ciney en fin de matinée.


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Hall, esplanade, déballage extérieur... voici ce que dit le site officiel :




Une fois sur place, nous avions choisi de rejoindre l'esplanade, de faire le tour des stands présents avant d'aller déjeuner au restaurant installé dans le hall d'exposition que nous visiterions ensuite en attendant l'heure fatidique du déballage "au cul du camion".

Mais la première personne rencontrée était l'incontournable Luc Bille : alors, comment ne pas partager notre repas avec lui ?
Et Luc fut suivi bientôt par Bernard et Monique Lamot,  Sincero Cioli, Dominique Patris : une vraie réunion du CFTB ! 
Ajoutons-y Ferd et Mariet Peters : beaucoup de chasseurs pour un gibier trop rare !


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Le hall regorgeait de trésors et je ne pus en voir que la moitié avant le déballage "au cul du camion". 
En voici un aperçu en seulement deux photos :






Cristal, verrerie stylée, argenterie, bronzes, tableaux, bijoux, outils... sollicitaient l'œil de stand en stand. Les exposants rivalisaient d'élégance. Plus que l'anglais, le volapük régnait, tandis que le smartphone facilitait les négociations...
Mais pas de tire-bouchons : je n'étais pas le premier !


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13h50 déjà. Il était temps d'aller rejoindre la foule massée derrière les grilles. 
Cette fois, me dis-je, je serai le premier ! Mais comment être premier partout ? 
Un rêve de toute façon : Luc était là aussi, devant moi, sur la droite !



Luc, à droite, considérant la foule


Second flux, venant du haut


J'avais déjà perdu de vue François et Jean... mais je ne m'en inquiétais guère : "chacun sa route, chacun son destin", comme chantait Tonton David dans le film  Un Indien dans la ville.




Les stands furent vite montés. Les ventes entre marchands, largement anticipées et négociées avant l'ouverture, se concrétisaient. Les chineurs envahissaient les allées, zigzaguant comme insectes attirés par les lumières. Les rencontres se multipliaient. 
Reconnaitrez-vous Ferd et Mariet Peters au milieu des chineurs ?





Les sacs, les chariots se remplissaient. Un peu plus de deux heures avait suffi. Les premiers chineurs repartaient, les premiers brocanteurs remballaient.
J'avais fait quelques achats : 




- Une très belle feuille de boucher zoomorphe, 
- Un tire-bouchon à poignée de bronze en forme de dogue, souvenir de Dinant
- Un petit Pecquet,
- Un figuratif Gagnepain représentant un homme endormi au milieu de bouteilles,



Gagnepain


- Un "Parfait", fabrication MFAP ou SFAP, ultime déclinaison du modèle de Crédot.



Parfait MFAP/SFAP


Content de mes achats, je pouvais aller retrouver mes passagers.


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Il nous restait une étape : un autre Jean nous attendait. Mais ce serait une autre histoire que je vous conterai peut-être.
Je reviendrai à Ciney !




M


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