mardi 3 février 2015

WHEN THE CORKSCREWS CROSSED THE ATLANTIC OCEAN / QUAND LES TIRE-BOUCHONS FRANCHISSAIENT L’OCÉAN ATLANTIQUE




Amis collectionneurs, bonsoir !



Le sujet du jour est la diffusion des bouteilles, bouchons et tire-bouchons depuis l'Europe vers les Amériques au début du XVIII° siècle.



Je vous propose pour cela d'étudier ensemble le compte rendu d'un voyage aux Antilles commencé en 1697 et relaté par le Français Jean-Baptiste Labat :

Jean-Baptiste Labat 
Nouveau voyage aux isles de l'Amérique

Ouvrage contenant "l'histoire naturelle de ces pays, l'origine, les mœurs, la religion et le gouvernement des habitans anciens et modernes, les guerres et les événemens singuliers qui y sont arrivez... le commerce et les manufactures qui y sont établies"... et "enrichi de plus de cent cartes, plans et figures en taille-douce."

Ouvrage édité chez P. Husson à La Haye en 1724.

Source : Gallica, banque de données de la BNF.



Les pages 191 et 192 du Tome II nous intéressent particulièrement.

Jean-Baptiste Labat y décrit la manière dont les colons anglais installés dans les îles antillaises conservent leurs vins et autres boissons.


On y apprend beaucoup de choses, d'une étonnante modernité :


Page 191 :

- Le vin est conservé dans des bouteilles dont la capacité est proche de nos 75 cl : "un peu plus des trois quarts de la pinte de Paris", laquelle correspond approximativement à 93 cl.
- Ces bouteilles sont bouchées au liège, consommé en grandes quantités, comme le montre la présence systématique de futailles emplies de bouchons sur les navires anglais arraisonnés.
- Les bouchons sont ébouillantés avant d'être forcés dans des goulots coniques se terminant par des "bourlets" (sic) : une fois en place, les bouchons reprennent leur volume et bouchent parfaitement les bouteilles.





                                Nouveau voyage aux isles de l'Amérique, page 191.



Page 192 :

- Nous avons confirmation de la conservation du vin en bouteilles couchées et superposées.
- Mais nous apprenons aussi que le même procédé est utilisé pour la conservation de la bière et du cidre : les bouteilles sont bouchées au liège et, pour éviter que la pression ne fasse sauter les bouchons, ceux-ci sont ligaturés au "fil d'archal", c'est-à-dire de laiton, croisé au-dessus du bouchon et entortillé au-dessous du "bourlet", la bague renforçant le goulot... le bouchon de champagne n'est pas très loin !



Bouteilles XVIII° siècle, avec "bourlet" en haut du goulot.


- Nous apprenons surtout qu'en 1700 - la date est reportée en marge, en haut à gauche - les colons anglais sont déjà largement pourvus de tire-bouchons : ils "en ont de fort propres et de très bien travaillés".




                                        Nouveau voyage aux isles de l'Amérique, page 192.



Le texte nous montre l'existence d'un commerce actif de vin et autres boissons, bouteilles, bouchons et tire-bouchons entre l'Europe et les Amériques, commerce d'ailleurs attesté par les cargaisons saisies sur des "prises anglaises".


Il est très précieux pour nos recherches hélixophiles puisqu'il nous confirme aussi que le mot tire-bouchon était déjà utilisé en France antérieurement à 1697, puisque Jean-Baptiste Labat le connaît au moment de son départ cette année là.



Cette date est à rapprocher de la période donnée dans mon article du 22 septembre 2014 :



Et nous réussirons certainement un jour à remonter le temps un peu plus loin !


M








2 commentaires:

  1. Commentaire transmis par José :
    "Félicitations pour "ta découverte" de l'ouvrage de Jean-Baptiste Labat.
    Passionnant "petit à petit" d'arriver à cerner les dates de la "chose".
    Je sais que tu t'impliques pas mal à le faire.
    Bravo, moi çà m’intéresse !
    Amicalement."

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  2. Merci José, ça fait toujours du bien de lire du bien sur soi ! :)
    J'espère vraiment que quelqu'un nous fera voyager encore un peu plus loin dans cette "machine à remonter le temps".
    A bientôt au Congrès du CFTB !

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