jeudi 29 mars 2018

LE CATALOGUE MATHÈS : II. LE CONTENU DE LA MALLE AUX TRESORS


Amis collectionneurs, bonjour !


LA MALLE AUX TRESORS... 



Voici comme convenu mon second article consacré à l'exploration du catalogue des Etablissements Louis MATHÈS, présenté ici il y a peu.
Cf. :

Le catalogue, publié en 1914, nous a d'abord permis d'approcher le destin de cette entreprise créée au début du siècle.

Il est temps maintenant d'en tourner les pages et de comprendre la force de l'avertissement présent en page 1 : 
"TOUS DROITS RESERVES POUR LA DISPOSITION, LA FORME ET LE CONTENU".



Page 1



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La disposition


L'organisation du catalogue est particulièrement rigoureuse.
Les articles contenus sont répartis en sept départements distincts :




Page 2


A l'intérieur de chaque département, les articles "sont classés par lettres alphabétiques".
Il faut dire que ce catalogue MATHÈS compte 160 pages et présente des milliers d'articles : 1518 références, elles-mêmes déclinées en nombreux modèles de matières, dimensions ou conditionnements différents.
La table des matières s'étire du même coup sur quatre pleines pages organisées en deux colonnes !

La composition du catalogue, très rationnelle, témoigne du haut niveau d'exigence de Louis MATHÈS.
L'impression monochrome - hormis la riche couverture - confère à l'ensemble une impression de traitement équitable et objectif des variantes proposées.
Cette impression est renforcée par une mise en page esthétique, équilibrée et minitieuse, tandis que la hiérarchie des tailles de caractères fait ressortir le plan d'ensemble.
Chaque article est méticuleusement référencé et tarifé. Le référencement devait en effet faciliter l'établissement des commandes comme la préparation des livraisons de cette profusion d'articles.

Le catalogue respire le sérieux et la compétence !


La forme


Tous les produits sont représentés dans le catalogue et leurs gravures très fidèles constituent autant d'oeuvres de qualité.
Bon nombre de ces illustrations sont anonymes ; elles ont certainement été réalisées par des graveurs employés par l'imprimeur.
Mais d'autres, probablement fournies par les fabricants, sont signées de leurs auteurs : DAVOUST, FRUBERT, BOITEL, LE BOURDELIN, THOMAS & GAUTHRON, BÖHY, ALIX, MIMOT...




Des gravures de grande qualité !

La propriété intellectuelle des fabricants est respectée et leurs marques et logos sont aisément repérables : filtres LDN, lampes B.M.A., tire-bouchons LUND, capsuleuses YANKEE, clarifiants APPERT, instruments de mesure DELAUNAY, SALLERON-DUJARDIN, MALLIGAND...

Il en est évidemment de même pour les produits MATHÈS, déposés ou brevetés : entonnoirs, filtres, paillons, agrafe-caisses, tendeurs, tire-bondes, pompes... et bien sûr aussi les machines : siphons-pompes, vide-tourie, machines à boucher, à rincer...

Louis MATHÈS avait l'art de mettre en avant les inventeurs... lui le premier ! 



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Le contenu


L'énumération des outillages, ustensiles, fournitures et produits distribués serait fastidieuse.
Louis MATHÈS fabriquait et assemblait : les vues des locaux de l'entreprise en attestent. 



Des entrepôts dédiés : cuivrerie-ferblanterie, tuyaux en caoutchouc, paillons & verrerie...
 et un magasin-atelier d'assemblage


Mais MATHÈS était aussi grossiste, tourné vers les professionnels, et leur revendait des marchandises fabriquées par d'autres.
Beaucoup de ses produits sont marqués "déposé" ou "breveté S.G.D.G." sans que l'on puisse pourtant établir avec certitude une paternité Louis MATHÈS.
Je n'ai retrouvé en fait qu'un brevet délivré à Louis MATHÈS : il s'agit du brevet 342892 attribué le 20 septembre 1904 pour un siphon-pompe "Le Bélier", présent dans le catalogue.




"Le bélier", siphon-pompe breveté Louis MATHÈS


Les produits "innovants" présents au catalogue témoignent de la "veille technologique" que devait pratiquer l'entreprise : les inventions de l'époque sont bien présentes : capsuleuses (la capsule a été inventée en 1892 par l'américain William PAINTER), tuyaux en caoutchouc toilé (le caoutchouc a été synthétisé en 1907 par l'Allemand Fritz HOFMANN)... sans oublier l'apparition de la "fée électricité" avec une machine à rincer d' 1/4 HP, une moto-pompe à moteur électrique ou un groupe-moteur faisant groupe électrogène.

Apprécions aussi l'imagination déployée pour dénommer les modèles dans leur diversité :
- les machines à boucher les bouteilles ont pour noms : la Mignonnette, la Simplex, la Parisienne, la Meilleure, l'Invincible, l'Agréable, la Française, la Parfaite, la Perle, la Puissante...
- les machines à capsuler s'appellent : l'Idéale, la Populaire, la Revanche, la Novita, la Yankee, l'Express, la Rapide, l'Eclipse...
- tandis que les machines à rincer sont à choisir entre : la Ménagère, l'Aiglon, l'Incomparable, la Rafale, l'Inusable, l'Electric, le Véloce, la Torpille, le Minimus, la Parfaite, la Naïade...
- et que parmi les pompes on peut trouver : l'Active, la Populaire, la Coquette ou la Rapide !

Que de qualificatifs pour vanter la simplicité, la beauté, la qualité, la performance ou la robustesse revendiquées !
Avec même parfois une touche militariste, nationaliste ou revancharde !


Pour ce qui concerne plus directement nos centres d'intérêt, on trouve dans ce catalogue bouteilles, bouchons, tire-bouchons et objets connexes, en voici des exemples :




Bouteilles et flacons échantillons


La bouteille bordelaise continue d'être appelée "Frontignan". Les flacons échantillons renseignent sur les méthodes de vente par représentants de commerce.



Outils d'ouverture des bouteilles de champagne


Le muselet à œillet n'est pas généralisé en 1914 et les coupe-muselets restent donc indispensables pour ouvrir les bouteilles de champagne.


Quant aux tire-bouchons, deux pages leur sont consacrées :




Les tire-bouchons



On y retrouve des modèles difficilement attribuables : poignée cuivre ou corne, harpe, barillet...
Et d'autres mieux connus : Commercial, bilame Lew, Pratique à ressort, vraie pince Lund et... imitation (!), hélices (dont une probablement de Pérille), Presto...

Les prix annoncés établissent la hiérarchie des modèles. Si la plupart coûtent quelques dizaines de centimes et sont vendus en douzaines, la pince Lund est à 3 Francs l'unité, le bilame de Lew et le barillet de poche sont à 2 Francs, tandis que l'hélice supérieure (Pérille ?) est à 1 Franc 80.

Le contenu de ce catalogue en fait un incontournable pour qui s'intéresse aux métiers de la vigne et du vin.



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Impossible de passer en revue ici toutes les références : outillages de tonnellerie, articles pour caves et distilleries, fournitures pour viticulteurs et négociants... mais toutes sont également intéressantes.

La disposition, la forme et le contenu de ce catalogue donnent en tout cas une image très impressionnante des Etablissements Louis MATHÈS à la veille de la première guerre mondiale... et pourtant l'entreprise changera de mains à l'issue du conflit !



Je me tiens bien sûr à votre disposition si vous recherchez des renseignements particuliers susceptibles de figurer dans le catalogue.



M

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