Amis lecteurs, bonjour !
Saint-Nicolas m'attendait aux Puces de Metz...
On échangeait beaucoup de vœux à Metz ce samedi.
On partageait beaucoup aussi : pâtés lorrains, saucisse fumée, mais aussi spritz, galette et champagne... Une ambiance festive qui vous accroche et vous retient de stand en stand au point de vous faire oublier l'heure !
On partageait beaucoup aussi : pâtés lorrains, saucisse fumée, mais aussi spritz, galette et champagne... Une ambiance festive qui vous accroche et vous retient de stand en stand au point de vous faire oublier l'heure !
Je chinais donc, souvent arrêté, oublieux des trop pares tire-bouchons, rêvant d'objets et d'histoires insolites...
Et j'ignorais qu'une cohérence allait bientôt se mettre en place autour de mes achats, à mon insu... mais collectionner n'est-ce pas mettre son monde en cohérence ?
Mon premier coup de cœur fut pour une alêne.
Le vendeur y voyait une aiguille à ravauder ou ramender les filets, mais cet outil est en fait un ancien passe-corde.
Il figure dans le magistral ouvrage d'André VELTER et Marie-José LAMOTHE, "Le livre de l'outil" :
"Le passe-corde, œil en amande dans un museau triangulaire qui enfile les ficelles là où on en a besoin", c'est-à-dire un poinçon utilisé par les artisans du cuir pour percer et assembler des peaux.
J'achetai ensuite "un prix", craquant pour un lot d'emporte-pièces destinés à la pâtisserie et un canif publicitaire "pompe à essence ESSO".
Mon ami Franco vendait quelques vieilles bouteilles, parmi lesquelles un Hermitage 1955 de Guigal. C'était là l'occasion d'une conversation sympathique à partager entre amis ou au pire un mauvais vinaigre. Je demandai le prix : Franco me l'offrit comme cadeau de nouvel an !
Un tire-bouchon devenait nécessaire. Il m'attendait un peu plus loin !
Un tire-bouchon en "T" à la poignée de corne blonde, en parfait état. Il n'est pas marqué, mais vient probablement de Breuvannes : une telle mèche à "collet" et fût "mollet" ou "en olive" se retrouve chez Delarbre ou chez Burel.
Et le marchand ne me laissa pas repartir sans me vendre deux catalogues anciens qu'il avait réservés à mon intention.
Le premier est un catalogue 1923 d'appareillage électrique, épais de 252 pages, édité par L. Bonvoisin.
L. Bonvoisin est le successeur de Mizery & Bonvoisin, Maison fondée en 1893. Pas de tire-bouchons dans ce catalogue bien sûr, mais des commutateurs, des poires interrupteurs, des rosaces... des appareils téléphoniques, des tableaux électriques, des lampes, des lustres, de l'outillage, des accessoires... le tout encore très art nouveau.
Le second est également art nouveau. C'est un catalogue antérieur à 1910 de la Manufacture de papiers dentelles Pépin Fils & Brouand.
Il réunit des articles pour pâtissiers, confiseurs, hôtels, buffets, restaurateurs, épiciers, charcutiers, bouchers, fabricants de fromages, distillateurs... de ces petites dentelles de papier qu'on place sous les petits fours ou sous les fromages, des caisses pâtissières, des couronnes pour les rois...
Je me demande parfois si je ne collectionne pas les catalogues anciens ?
Le hasard - mais est-ce bien le hasard ? - plaça ensuite sur mon chemin une feuille de boucher :
Une petite feuille, mais "emmanchée d'un long cou" comme aurait pu dire Jean de La Fontaine, feuille de boucher ou de volailler.
Cette feuille de boucher attira probablement Saint Nicolas !
Saint Nicolas, évêque de Myre, est le saint patron de la Lorraine.
La légende dit qu'il ressuscita trois petits enfants qu'un méchant boucher avait découpés en morceaux et mis au saloir.
Voici ce qu'en dit Wikipedia :
La légende du Saint Nicolas raconte que, dans la région Lorraine, entre Nancy et Metz, l'hiver approchant, trois enfants, partis glaner dans les champs, se perdirent sur le chemin du retour. Attirés par la lumière filtrant des fenêtres d'une maison, ils s'approchèrent et frappèrent à la porte.
L'homme qui leur ouvrit, Pierre Lenoir (Peter Schwartz dans la culture germanique), boucher de son état, accepta de leur donner l'hospitalité pour la nuit. En fait, sitôt les enfants entrés, il les tua, puis à l'aide de son grand couteau, les coupa en petits morceaux, pour finalement les mettre dans son saloir (un grand baquet empli de sel), afin d'en faire du petit salé.
Saint Nicolas, chevauchant son âne, vint à passer par là et frappa à son tour à la porte du boucher. L'homme, n'osant pas rejeter un évêque, le convia à dîner. Son invité lui demandant du petit salé, le boucher comprit qu'il était découvert et, pris au piège, avoua tout. Le saint homme étendit alors trois doigts au dessus du tonneau de petit salé, reconstituant et ressuscitant ainsi les trois enfants.
Saint Nicolas enchaîna le boucher à son âne et le garda auprès de lui pour le punir. Il devint le père Fouettard, être mauvais, dont le rôle est de réprimander les enfants désobéissants et les cancres, fort de son caractère violent et irascible. Toujours vêtu de noir, caché sous une cagoule et une épaisse barbe noire, il incarne tout l'opposé de Saint Nicolas, en somme, qui arbore une belle barbe blanche, des vêtements colorés d'évêque (mauve et blanc, avec une crosse, dorée à l'origine, puis rouge et blanche, ce qui le rapproche du Père Noël actuel (Saint Nikolaus devint Santa Klaus)), et donne toujours l'image d'une personne bienveillante.
Le 06 décembre, jour de sa fête, Saint Nicolas apporte des friandises aux petits enfants, aux miens en tout cas : ils sont toujours très sages !
J'aime les coutumes locales et j'ai vécu mon enfance dans l'éphémère commune de Saint-Nicolas-en-Forêt.
Alors, et depuis longtemps, je cherchais à acquérir une statue de Saint Nicolas pour illustrer chez moi cette fête annuelle et la raconter à mes petits-enfants en même temps qu'ils mangeraient le rituel pain d'épices...
Mais ces statues sont hors de prix ici : elles dépassent généralement les 1500 €.
Celle-ci, probablement XIXe siècle, monoxyle et de belle facture, mais avec des manques, a dû être mésestimée et soldée : elle mérite restauration, mais ne m'a coûté que 10 €, c'est cadeau !
Cependant ma brocante n'était pas terminée et je trouvai encore un beau fusil de... boucher !
De belle fabrication, avec poignée décorée en maillechort, il est marqué GEBR.ISLER (GARANTIE) sur une face et WINTERTHUR SCHWEIZ sur l'autre.
Si ce modèle est ancien, l'entreprise Isler, sise à Winterthur en Suisse, continue aujourd'hui de fabriquer des fusils de boucher.
La cohérence du jour était là : une feuille de boucher, un fusil de boucher et Saint Nicolas pour s'occuper du méchant boucher... Le tire-bouchon et la bouteille d'Hermitage étaient en prime.
M
Et j'ignorais qu'une cohérence allait bientôt se mettre en place autour de mes achats, à mon insu... mais collectionner n'est-ce pas mettre son monde en cohérence ?
Chine du jour
-/-
Mon premier coup de cœur fut pour une alêne.
Passe-corde de bourrelier
Le vendeur y voyait une aiguille à ravauder ou ramender les filets, mais cet outil est en fait un ancien passe-corde.
Il figure dans le magistral ouvrage d'André VELTER et Marie-José LAMOTHE, "Le livre de l'outil" :
"Le passe-corde, œil en amande dans un museau triangulaire qui enfile les ficelles là où on en a besoin", c'est-à-dire un poinçon utilisé par les artisans du cuir pour percer et assembler des peaux.
J'achetai ensuite "un prix", craquant pour un lot d'emporte-pièces destinés à la pâtisserie et un canif publicitaire "pompe à essence ESSO".
Mon ami Franco vendait quelques vieilles bouteilles, parmi lesquelles un Hermitage 1955 de Guigal. C'était là l'occasion d'une conversation sympathique à partager entre amis ou au pire un mauvais vinaigre. Je demandai le prix : Franco me l'offrit comme cadeau de nouvel an !
Un tire-bouchon devenait nécessaire. Il m'attendait un peu plus loin !
Un tire-bouchon Delarbre ?
Un tire-bouchon en "T" à la poignée de corne blonde, en parfait état. Il n'est pas marqué, mais vient probablement de Breuvannes : une telle mèche à "collet" et fût "mollet" ou "en olive" se retrouve chez Delarbre ou chez Burel.
Et le marchand ne me laissa pas repartir sans me vendre deux catalogues anciens qu'il avait réservés à mon intention.
Le premier est un catalogue 1923 d'appareillage électrique, épais de 252 pages, édité par L. Bonvoisin.
Catalogue Bonvoisin 1923
L. Bonvoisin est le successeur de Mizery & Bonvoisin, Maison fondée en 1893. Pas de tire-bouchons dans ce catalogue bien sûr, mais des commutateurs, des poires interrupteurs, des rosaces... des appareils téléphoniques, des tableaux électriques, des lampes, des lustres, de l'outillage, des accessoires... le tout encore très art nouveau.
Le second est également art nouveau. C'est un catalogue antérieur à 1910 de la Manufacture de papiers dentelles Pépin Fils & Brouand.
Catalogue Pépin Fils & Brouand
Il réunit des articles pour pâtissiers, confiseurs, hôtels, buffets, restaurateurs, épiciers, charcutiers, bouchers, fabricants de fromages, distillateurs... de ces petites dentelles de papier qu'on place sous les petits fours ou sous les fromages, des caisses pâtissières, des couronnes pour les rois...
Je me demande parfois si je ne collectionne pas les catalogues anciens ?
Le hasard - mais est-ce bien le hasard ? - plaça ensuite sur mon chemin une feuille de boucher :
Feuille de boucher ou de volailler
Une petite feuille, mais "emmanchée d'un long cou" comme aurait pu dire Jean de La Fontaine, feuille de boucher ou de volailler.
Cette feuille de boucher attira probablement Saint Nicolas !
Saint Nicolas, évêque de Myre, est le saint patron de la Lorraine.
La légende dit qu'il ressuscita trois petits enfants qu'un méchant boucher avait découpés en morceaux et mis au saloir.
Saint Nicolas, patron des écoliers...
Voici ce qu'en dit Wikipedia :
La légende du Saint Nicolas raconte que, dans la région Lorraine, entre Nancy et Metz, l'hiver approchant, trois enfants, partis glaner dans les champs, se perdirent sur le chemin du retour. Attirés par la lumière filtrant des fenêtres d'une maison, ils s'approchèrent et frappèrent à la porte.
L'homme qui leur ouvrit, Pierre Lenoir (Peter Schwartz dans la culture germanique), boucher de son état, accepta de leur donner l'hospitalité pour la nuit. En fait, sitôt les enfants entrés, il les tua, puis à l'aide de son grand couteau, les coupa en petits morceaux, pour finalement les mettre dans son saloir (un grand baquet empli de sel), afin d'en faire du petit salé.
Saint Nicolas, chevauchant son âne, vint à passer par là et frappa à son tour à la porte du boucher. L'homme, n'osant pas rejeter un évêque, le convia à dîner. Son invité lui demandant du petit salé, le boucher comprit qu'il était découvert et, pris au piège, avoua tout. Le saint homme étendit alors trois doigts au dessus du tonneau de petit salé, reconstituant et ressuscitant ainsi les trois enfants.
Saint Nicolas enchaîna le boucher à son âne et le garda auprès de lui pour le punir. Il devint le père Fouettard, être mauvais, dont le rôle est de réprimander les enfants désobéissants et les cancres, fort de son caractère violent et irascible. Toujours vêtu de noir, caché sous une cagoule et une épaisse barbe noire, il incarne tout l'opposé de Saint Nicolas, en somme, qui arbore une belle barbe blanche, des vêtements colorés d'évêque (mauve et blanc, avec une crosse, dorée à l'origine, puis rouge et blanche, ce qui le rapproche du Père Noël actuel (Saint Nikolaus devint Santa Klaus)), et donne toujours l'image d'une personne bienveillante.
Le 06 décembre, jour de sa fête, Saint Nicolas apporte des friandises aux petits enfants, aux miens en tout cas : ils sont toujours très sages !
J'aime les coutumes locales et j'ai vécu mon enfance dans l'éphémère commune de Saint-Nicolas-en-Forêt.
Alors, et depuis longtemps, je cherchais à acquérir une statue de Saint Nicolas pour illustrer chez moi cette fête annuelle et la raconter à mes petits-enfants en même temps qu'ils mangeraient le rituel pain d'épices...
Mais ces statues sont hors de prix ici : elles dépassent généralement les 1500 €.
Celle-ci, probablement XIXe siècle, monoxyle et de belle facture, mais avec des manques, a dû être mésestimée et soldée : elle mérite restauration, mais ne m'a coûté que 10 €, c'est cadeau !
Cependant ma brocante n'était pas terminée et je trouvai encore un beau fusil de... boucher !
Fusil de boucher
De belle fabrication, avec poignée décorée en maillechort, il est marqué GEBR.ISLER (GARANTIE) sur une face et WINTERTHUR SCHWEIZ sur l'autre.
Si ce modèle est ancien, l'entreprise Isler, sise à Winterthur en Suisse, continue aujourd'hui de fabriquer des fusils de boucher.
La cohérence du jour était là : une feuille de boucher, un fusil de boucher et Saint Nicolas pour s'occuper du méchant boucher... Le tire-bouchon et la bouteille d'Hermitage étaient en prime.
M
Additif le 13 janvier 2019 :
RépondreSupprimerLe premier outil acheté s'appelle un passe-corde. C'est un outil de bourrelier. On le retrouve dans le magistral ouvrage d'André VELTER et Marie-José LAMOTHE, "Le livre de l'outil" (1978).