samedi 4 janvier 2020

QUATRE BOUTEILLES ET ZÉRO TIRE-BOUCHON



Amis bloggers, bonsoir !


Pas de tire-bouchon aujourd'hui :

Quatre bouteilles anciennes me narguent depuis trop longtemps sur mon bureau... 



Envahissantes bouteilles !



Le sujet me plait mais, hormis les formes et les quelques références graphiques, les éléments d'identification manquent.

Et si vous m'aidiez à les reconnaître ? Peut-être pourriez-vous m'apporter d'autres informations ? Je suis en tout cas très demandeur.


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J'ai acquis la première bouteille auprès de l'ami Loïc. Il l'avait vue sur une brocante du côté de Niort et l'avait achetée en pensant à moi, ce qui me fait bien plaisir.
Cette première bouteille, de couleur vert olive foncé, est trapue. 




Elle a été soufflée à la bouche, sans qu'on puisse trouver la moindre trace de moule.
Le verre montre peu de stries, beaucoup de bulles.
Le corps de la bouteille est de forme légèrement tronconique inversée.
Les épaules sont marquées.
Le fond comporte une piqûre "en auge" assez profonde (6 cm), avec présence d'ébréchures ou traces de pontil.
Le col est court, d'abord conique puis cylindrique.
Une collerette en forme de boudin est rapportée en haut du goulot. Le bord est tranché, avec présence d'ébréchures.
Vide, cette bouteille a une masse de 770 grammes. Emplie d'eau, sa masse est d'environ 1570 grammes. Sa contenance est le volume de l'eau contenue, calculée par différence entre les deux masses, soit environ 80 cl.

Mensurations :
Poids 770 g
Hauteur 21,3 cm
Ø corps 10,4 à 10,9 cm
Ø extérieur goulot de 4 à 2,8 cm
Ø intérieur goulot 1,8 cm
Contenance environ 80 cl.

En prenant en compte ces éléments :
J'estime qu'elle a dû être fabriquée en France, antérieurement à la mise en oeuvre du système métrique, soit au plus tard vers 1800.
Et sa forme me fait déduire qu'il doit s'agir d'une bouteille normande, destinée à l'eau-de-vie de cidre.


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La deuxième bouteille m'a été offerte en cadeau de Noël par l'un de mes fils qui l'a chinée en brocante dans la région parisienne.
C'est une petite bouteille oignon, de couleur vert olive foncé.




Elle a une allure irrégulière : son fond n'est pas plat ; le corps n'est pas complètement circulaire mais plutôt légèrement ovalisé ; le goulot est un peu de travers.
Cette bouteille a été soufflée dans un moule, lequel a laissé une "couture" horizontale en partie basse (3 cm de la base) et une autre, unique et verticale au-dessus.
Le verre présente des stries et quelques bouillons.
La piqûre est large et peu profonde.
Une collerette a été rapportée à la pince en haut du goulot : elle est plate et irrégulière.

Mensurations :
Poids 590 g
Hauteur 16,5 cm
Ø maximum du corps 12,3 cm
Ø extérieur goulot 3 à 2,7 cm
Ø intérieur goulot 1,6 cm
Contenance environ 50 cl.

La technique de fabrication m'amène à dater cette bouteille du début du XIXe siècle.
Elle est vraisemblablement française, mais pourrait aussi être flamande - traduisons belge - et provenir du coup d'une verrerie ardennaise !
Elle pouvait correspondre à une demi-pinte de Paris, c'est-à-dire  un pot d'environ 46,5 cl.


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J'ai trouvé les deux dernières cet été aux Puces d'Aillant-sur-Tholon.

La troisième bouteille est élancée et élégante dans sa robe brune.




Son corps est tronconique inversé, ses épaules sont peu marquées.
Le verre comporte stries et bulles, mais aussi des marques de rotation et une trace horizontale d'utilisation d'un moule de soufflage (à 6 cm du fond).
La piqûre est régulière (4,5 cm), sans aspérités marquées.
Le col est élancé, conique puis cylindrique. Son bord a été tranché. Il est muni d'une collerette plate, de largeur irrégulière.

Mensurations :
Poids 590 g
Hauteur 30,3 cm
Ø corps 7,1 à 8,5 cm
Ø extérieur du goulot dans sa partie cylindrique 2,6 cm
Ø intérieur du goulot 1,9 cm
Contenance environ 77 cl.

L'origine de cette bouteille reste incertaine : il pourrait s'agir d'une frontignane, bouteille adoptée très tôt par le vignoble bordelais. Mais, proximité géographique aidant (Aillant-sur-Tholon est proche de la Champagne), il est vraisemblable qu'il s'agisse d'une bouteille de fine champagne (cf. document en fin d'article).
Le système métrique est passé par là, ce qui me conduit à dater cette belle bouteille du milieu du XIXe siècle.


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La quatrième bouteille, porteuse d'un sceau de verre apposé à chaud, est une bouteille dite pastillée ou sigillée. 




Et le sceau va nous permettre de l'identifier.

Le verre est de couleur olive.
La forme est clairement celle d'une bouteille champenoise- bourguignonne.
Elle a été soufflée à la machine comme le montre la régularité du corps, quasi cylindrique, ou la piqûre régulière et mécanique.
Les épaules sont tombantes.
Le goulot est cylindrique et une collerette plate y est rapportée.

Mensurations :
Poids 500 g
Hauteur 27,7 cm
Ø corps 7,5 à 7,9 cm
Ø extérieur goulot 2,9 cm
Ø intérieur goulot 1,9 cm
Contenance environ 64 cl.

Le sceau de verre de forme ovale porte en relief les mentions BIRMENSTORFER et BWA au-dessus d'une fleur.



Eau de Birmenstorf.


Ces mentions permettent de remonter jusqu'à une entreprise de la commune suisse de Birmenstorf. Une source d'eau minérale amère y a été découverte et mise en exploitation en 1825. 



Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales 
Dechambre - Lereboullet
Editions Masson Paris 1874-1889.


Le sigle BWA correspond au nom de l'entreprise : Birmenstorfer Wasser A... (?). Et cette entreprise exportait l'essentiel de sa production dans des bouteilles de 60 cl, dont la mienne. 
Une autre de ces bouteilles est présentée au musée local de Birmenstorf.
Selon le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales cité ci-dessus, cette eau minérale dite "Birmo" pouvait  rivaliser avec les eaux de Vichy.

Ma quatrième bouteille est donc incontestablement une bouteille d'eau minérale suisse allemande et date du XIXe siècle.


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Deux documents importants m'ont servi pour écrire cet article :



Publicité pour les bouteilles EDARD
Agenda Grands Magasins du Louvre 1899


La troisième bouteille en partant de la gauche est une frontignane, la dernière est une normande.



Article "Bouteilles" Nouveau Larousse illustré ou
Dictionnaire universel encyclopédique Claude AUGÉ 
1897-1904

Sur la première ligne, la troisième bouteille est une bordelaise ou frontignane ; la cinquième bouteille est destinée à la fine champagne.
Sur la deuxième ligne, la troisième bouteille, dite "marteau", est en fait une bouteille oignon ; l'avant-dernière, destinée à l'eau-de-vie de cidre, est dite normande.


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On le voit, l'identification des bouteilles anciennes, surtout françaises, est complexe et souvent indirecte. C'est dire que tous les indices de reconnaissance doivent être mobilisés, qu'il s'agisse des formes, des couleurs, des  contenances ou bien sûr des éventuelles marques figurant sur les bouteilles. Il convient également de rechercher tous documents, tableaux, catalogues... permettant de mieux cerner les productions des différentes verreries.


Les bouteilles anglaises, plus que les françaises, sont très collectionnées. Elles sont aussi mieux documentées d'autant que ce sont souvent des bouteilles sigillées ou sealed bottles et d'importants ouvrages leur sont consacrés. 

Mais tout reste à écrire sur les bouteilles françaises !


Merci pour l'aide que vous pourrez m'apporter pour mieux identifier ces quatre bouteilles... ou d'autres encore !



M


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