mardi 15 décembre 2015

LE SYNDROME COLLYER : LES HELIXOPHILES SONT-ILS DES HELIXOMANES ? LES CHINEURS ET AUTRES BROCANTEURS... DES SYLLOGOMANES ?




Entassez-vous vos tire-bouchons ?
... voire d'autres objets encore ?



Amis collectionneurs, chineurs ou brocanteurs,



Je voudrais vous prévenir aujourd'hui contre un risque que nous courrons tous : celui de sombrer dans la syllogomanie.



Syllogomanie ou collectionnite ?


Courte définition : la syllogomanie est un trouble mental qui caractérise celui ou celle qui accumule inconsidérément et sans ordre des objets, indépendamment de leur valeur ou de leur utilité.
L'étymologie est à rechercher du côté du grec syllogos : assembler, réunir, d'où le néologisme syllogomanie : manie de rassembler, d'entasser.
On peut parler aussi de collectionnisme ou de collectionnite, ce besoin pathologique de rassembler des objets souvent inutiles et sans valeur marchande.
C'est déjà dire que brocanteurs et collectionneurs appartiennent aux publics à risque : tous sont menacés par cette forme de collectionnite aiguë !




Brocante urbaine bien connue des hélixophiles bourguignons...



Autre brocante bourguignonne, plus "à l'ouest" : 
le cimetière des moulins à café !



Nous connaissons tous des syllogomanes, voire des syllogomaniaques (!), plus ou moins atteints de ce trouble compulsif. 
Mais le cas le plus célèbre est celui des frères Collyer, au point qu'on parle aujourd'hui de syndrome Collyer pour décrire la syllogomanie.


-/-


L'origine du syndrome Collyer.

Homer Lusk et Langley Collyer, aussi surnommés "les ermites de Harlem", étaient deux frères américains sexagénaires, retrouvés morts en 1947 dans leur maison new yorkaise, maison où ils avaient accumulé pendant des décennies un immense fatras d'objets disparates.

Les frères Collyer étaient les fils d’un gynécologue et d’une chanteuse d’opéra. Homer était juriste et Langley ingénieur et pianiste renommé au point de s'être produit au Carnegie Hall.
En 1909, ils s'installèrent dans un immeuble de Harlem pas encore ghettoïsé et s'y isolèrent.
La rumeur enfla bientôt autour de ces deux frères ermites fantomatiques, riches et solitaires, installés dans une maison piégée dont ils ne sortaient que la nuit pour faire les poubelles. 
Il fallut attendre 1947 pour que la police alertée entre dans l’appartement et y découvre le cadavre d’Homer. Le cadavre de Langley, écrasé sous des piles de journaux, ne fut découvert que trois semaines plus tard, après que l'immeuble ait été débarrassé.
L'enquête montra que pendant près de vingt ans, Langley s’était occupé d'Homer devenu aveugle, le nourrissant d'oranges dans l'espoir de lui redonner la vue (!), et entassant pour lui des montagnes de journaux, des livres, instruments de musique et des dizaines de tonnes d'autres objets hétéroclites... qui sait, peut-être même des tire-bouchons ?




Dans l'appartement des frères Collyer (Pitiwiki).


Selon E.L. Doctorow, dans son livre Homer & Langley, Langley était revenu changé de la guerre de 14-18 et avait échafaudé une théorie absconse, la "théorie du recommencement", selon laquelle tous les faits à venir ont déjà eu lieu.
Ce qui l'avait conduit à ce projet fou de créer le "journal ultime", un livre unique où tout serait écrit ! 
L'entassement de journaux s'expliquerait ainsi. 
Langley n'était pas aveugle, mais était probablement plus infirme que son frère Homer !


Selon Wikipedia, Langley est mort "écrasé par une valise et trois énormes liasses de journaux, alors qu'il rampait dans un tunnel de journaux" pour apporter à manger à Homer, lequel, incapable de se mouvoir dans le labyrinthe, serait mort de faim plusieurs jours plus tard.
Plus encore que syllogomane, Langley était un syllogomaniaque, Homer en a été la victime !

Aux Etats Unis, le nom est passé à la postérité au point qu'on y parle aujourd'hui d'un "collyer" pour évoquer un appartement saturé de déchets.

Je vous laisse le soin de creuser la question, d'essayer de mieux comprendre les raisons de cette affection mentale. On prétend qu'il pourrait s'agir d'une tentative maladive d'une personne pour (re)prendre possession de soi, se prouver sa capacité à se prendre en charge et à agir ?



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Et nous, sommes-nous hélixophiles ou hélixomanes ?

Aimons-nous raisonnablement les tire-bouchons ou sommes-nous prisonniers d'une addiction ? Il y a place pour le doute, non ?
Qui de nous n'entasse pas dans quelque caisse ses tire-bouchons de collectionneur débutant sans vraiment chercher à s'en débarrasser?

Ce sujet fait écho à un article publié ici il y a deux ans :

Je me cite :
"La collectionnite, c'est aussi une tentative d'appropriation et d'explication du monde et toute collection témoigne des efforts de son auteur pour trouver du sens à son environnement, pour le mettre en cohérence avec lui-même."
 ... et encore : 
"J'imagine que la démarche de collectionner remonte à la nuit des temps et que la collection a commencé quand l'homme a disposé d'objets ayant à ses yeux une valeur d'échange, mais dont il n'avait pas l'utilité : le superflu.
Peut-être des pierres taillées ou polies, des coquillages, des os, des dents, de l'ivoire... dont la possession permettait d'affirmer un statut social ?"

J'aime bien cette idée de collection/mise en cohérence.
Mais indéniablement la limite est mince entre la collection désordonnée et l'enchevêtrement :



Mon bureau...



Un dépôt-vente du côté de Ruillé sur Loir.




Alors, finalement : suis-je syllogomane ? 
Collectionneur ou collectionniste ?
Hélixophile ou hélixomane ?


Vous m'autoriserez j'en suis sûr à ne pas répondre...



M








1 commentaire:

  1. Contrairement aux" collyers " je vire tout ce qui me semble inutile , quitte à le regretter , en revanche j'ai tendance à stocker des produits alimentaires , café , huile , conserves , sel , sucre , farine je ne succombe pas aux promotions mais je déteste manquer, c'est très loin de la syllogomanie mais parfois je me pose la question !

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