mercredi 5 octobre 2016

WHO'S WHO DE L'HELIXOPHILIE : M... COMME WAYNE MEADOWS




Amis hélixophiles, bonjour !



Le collectionneur nécessaire 
de la semaine pour notre rubrique : 

le Who's Who de l'hélixophilie 

est Canadien. Il s'agit de :






Wayne Meadows




Merci, Wayne, d'avoir aussi facilement accepté de répondre aux questions du Blog des Tire-bouchons et de nous avoir livré autant d'informations sur votre aventure singulière, laquelle ne manquera pas d'intéresser tous les collectionneurs, les plus jeunes comme les plus expérimentés.


De la ferme familiale jusqu'à la vente de satellites


Question : Pouvez-vous vous décrire en quelques mots : origines, lieu de vie, situation familiale, profession exercée et secteur d'activité...?

Réponse : Eh bien, je suis Canadien, né en 1940 dans une ferme de la Saskatchewan (région des prairies canadiennes). Nous n’avions ni l'électricité, ni l’eau courante et j’allais à l'école à cheval. Après avoir quitté la ferme à 18 ans, j’ai vécu dans de nombreux endroits, y compris, Boston, St. Johns, Clinton, Toronto, Windsor, Gimli, Winnipeg, Saskatoon, Calgary... et last but not least Vancouver ! 
Ma femme est l’ingénieuse et merveilleuse Sal Robinson, rédactrice en chef de "the Quarterly Worme" depuis de nombreuses années. 

Toute ma vie professionnelle s'est déroulée dans différents secteurs du monde High-Tech, depuis la mise en place de radars aéroportés sur les avions de la Royal Canadian Air Force ou la programmation et la vente d'ordinateurs à de nombreuses entreprises, jusqu'au management d’une entreprise développant des logiciels de cryptage. Ma dernière expérience professionnelle a duré 16 ans dans une compagnie appelée NORSAT, au sein de laquelle j'ai développé une division qui vendait des satellites et des composants cryptés aux grands constructeurs de réseaux. Quand je me suis retiré, notre division avait des bureaux aux Etats-Unis, Angleterre, Chine, Inde et Singapour.



Comment décorer une cave ?


Q. A l'origine d'une collection, il y a généralement un événement déclencheur : qu'est-ce qui vous a amené à collectionner les tire-bouchons ?

R. J’ai commencé à faire du vin en 1969. 
En 1974, j’ai décidé de mettre fin à mon désordre et de construire une bonne cave à vin structurée, avec des casiers pour les tonneaux, des casiers pour les bouteilles, etc.. 
Mais quand ce fut terminé, l'ensemble m'a paru assez ennuyeux. Alors j’ai pensé : "Hmm, peut-être que je pourrais trouver quelques tire-bouchons anciens en brocante et les accrocher au mur pour décorer ma cave ?" 
Et de fait, la cave était beaucoup mieux après que j'ai eu accroché ces tire-bouchons :




La cave était beaucoup mieux...


... Mais moi, je me suis dit : "Cette fois, je suis fait" ! Bien qu'encore complètement ignare, je pressentais que j'avais attrapé le virus et que je ne m'en débarrasserais plus. 

Plus tard un collègue vigneron m’emmena visiter un de ses amis qui collectionnait les tire-bouchons. La visite m'impressionna beaucoup. Il me semblait alors impossible qu'il existe autant de modèles différents. Je suis devenu accro.

Et comme mon travail m’emmenait partout à travers le monde... j’ai commencé à ramener à la maison tout ce que je pouvais trouver pour peu que l'objet soit doté d'une mèche !
A quelques notables exceptions près, tous ces tire-bouchons sont au rebut dans ma "junk-bin" maintenant !



Premier achat ?


Ce modèle en acier moulé a été un de mes premiers achats, et j'ai probablement dépensé un demi dollar pour l'avoir. Beaucoup plus tard, j’ai pensé : "C’est peut-être un des tout premiers Pérille ?"


NDLR : ... Et en fait, il s'agissait d'un appréciable tire-bouchon d'Adolphe Pecquet ! 


Q. Mais combien d'autres tire-bouchons pensez-vous avoir accumulé depuis ?

R. Et bien Marc : je ne les ai jamais comptés ou enregistrés ! ... sauf ceux repris dans mes livres. Je sais donc que je possède environ 350 tire-bouchons de bar et un peu plus de 300 tire-bouchons figuratifs autrichiens.
Hormis ceux-là, je possède une centaine de très beaux tire-bouchons, très rares, voire uniques, et puis probablement un millier de pièces de moindre intérêt et un plus grand nombre encore de "ferrailles" dans mes tiroirs et casiers pleins de camelote.




Un millier de tire-bouchons, 350 tire-bouchons de bar



et autant de figuratifs autrichiens...




De la quantité à la qualité


Q. Avez-vous une préférence pour une catégorie de tire-bouchons ? Laquelle et pourquoi ?

R. Après quarante ans de collection, j’ai beaucoup plus de tire-bouchons que n'importe quelle personne censée pourrait souhaiter posséder. 
Alors aujourd'hui je suis simplement devenu exigeant et je ne recherche plus que des tire-bouchons particulièrement élégants ou très rares. Ce sont généralement des anglais ou des français que j'acquiers, mais j'ai acheté aussi quelques très beaux modèles venant d’Italie, d'Allemagne ou d'autres pays.


Q. Vous êtes un collectionneur chevronné. Pourriez-vous nous dire où vous préférez chiner ?


R. Eh bien, pour tout vous dire, je ne peux pas m'empêcher d'aller aux marchés aux puces et aux salons d'antiquités ou de rôder sur le web à l'affût d'occasions. Mais la réalité est qu'on y acquiert rarement - peut-être une fois par an - quelque chose de vraiment bon. 
Ma meilleure source est de loin la vente de leur collection par les anciens collectionneurs, lesquels finissent par brader leurs tire-bouchons !




Wayne, aubergiste et père du tire-bouchon à vapeur


Q. Pouvez-vous nous raconter une anecdote qui a marqué votre vie de collectionneur : rencontre, scène de vie, trouvaille inespérée... ?

R. Vers 1995, j’ai réalisé que Vancouver avait la seule horloge à vapeur dans le monde. J’ai décidé que je devais faire en sorte que Vancouver ait également le seul tire-bouchon à vapeur au monde. 
Mais j'ai ensuite quitté mon emploi et Sal et moi avons consacré les deux années suivantes à construire notre auberge, the Corkscrew Inn
C'est ensuite seulement que j'ai retrouvé du temps pour revenir à mon rêve de tire-bouchon à vapeur. 




Wayne Meadows et son tire-bouchon à vapeur


Il y a sur le site web de l'auberge une vidéo sur le fonctionnement de mon tire-bouchon à vapeur et sur l'historique de sa fabrication. 
Le site montre aussi une sélection des quatre-vingt-cinq vitraux conçus et réalisés par Sal et mettant en vedette les tire-bouchons.

NDLR : adresse du site http://www.corkscrewinn.com/



Multicollectionneur, mais pas syllogomane


Q. Dans votre livre, Compendium of Bar Corkscrews, vous êtes présenté comme un multicollectionneur. C’est un penchant que j’ai aussi. Ne vous arrive-t-il pas de craindre d'être débordé et d'être frappé du syndrome Collyer, autrement dit de syllogomanie ?

R. Eh bien, je suis encore un multicollectionneur, mais je me surveille : je n'ajoute probablement à mes autres collections que deux ou trois objets vraiment intéressants par an. Et ma collection de tire-bouchons augmente d'environ une demi-douzaine de pièces chaque année... j'espère donc ne pas risquer le syndrome Collyer, n'est-ce-pas ?



De l'accumulation à l'étude...
et de l'étude à la convivialité


Q. Quel sens revêt pour vous votre collection : un challenge personnel ? un sujet d'études ? un investissement ? une occasion de rencontrer des gens partageant votre passion ?...

R. Je crois que, comme beaucoup, j'ai évolué avec le temps et l'accroissement de ma collection. 
J’ai commencé par accumuler tout ce qui possédait une mèche. 
Ce n'est que beaucoup plus tard que collectionner est devenu pour moi un projet de recherche, en fait c'est arrivé quand je me suis intéressé aux tire-bouchons de bar et aux figuratifs autrichiens.
Heureusement, je n’ai jamais considéré ma collection comme un investissement parce cela aurait été mon pire choix ! 
Finalement, j’ai réalisé que les réunions du CCCC étaient la meilleure opportunité de visiter des endroits intéressants où nous ne serions probablement jamais allés. 
Mais le plus important bénéfice a été que nous avons maintenant de très bons amis que nous n'aurions jamais rencontrés, dispersés partout dans le monde.


Q. Combien de livres avez-vous écrit ou co-écrit ? Et quel est celui dont vous êtes le plus fier ?

R. Juste deux :




Compendium of Bar Corkscrews
Austrian Figural Corkscrew Design



Mon livre, Compendium of Bar Corkscrews, consistait à recenser des exemplaires de tous les tire-bouchons de bar brevetés dans le monde. Ce n'est pas vraiment un livre très technique, plutôt un recensement. 

Le meilleur est de loin le livre Austrian Figural Corkscrew Design, co-écrit avec Sal. Il ressemble plus à un véritable livre d'art. 
En fait, je n’ai fait qu'acheter les tire-bouchons et les photographier. Mon épouse, Sal, a rédigé tous les textes et s'est chargée de la mise en page. Le plus difficile pour moi a été le temps passé à trouver des moyens pour détecter toutes les contrefaçons fabriquées en Autriche. Il en est résulté un site web à leur sujet.  
Pour information de vos lecteurs, c'est Ron Hagenauer qui se charge de la vente du livre Compendium of Bar Corkscrews en Europe.


Q. Quelles conséquences ont eu les nouvelles technologies et l'Internet sur votre façon de collectionner ?

R. Eh bien, nous savons tous que eBay a tué la plupart des petits magasins d’antiquités. Du coup c'est beaucoup moins drôle de chiner dans une nouvelle ville. Beaucoup de boutiques sont fermées !



Une collection est une progression


Q. Question rituelle au moment de conclure notre interview : quel message passeriez-vous aux jeunes collectionneurs ? 

R. Je leur suggérerais bien d'acheter mes "ferrailles" ... et ce n'est qu'une demi-plaisanterie : un collectionneur débutant peut trouver beaucoup de choses intéressantes dans les caisses pleines de tire-bouchons oubliés depuis longtemps par les vieux collectionneurs.
Chacun doit le comprendre : une collection est une progression.



-/-



Cet interview suit de quelques semaines le meeting du CCCC à Vancouver, à l'occasion duquel les participants ont été accueillis par Waynes et Sal et ont pu découvrir le Corkscrew Inn et son musée.

Le Corkscrew Inn à Vancouver : un vrai projet de voyage hélixophile !




M


P.S. : Oh ! J'ai oublié de demander à Wayne s'il avait breveté son tire-bouchon à vapeur !




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