Amis bloggers, bonjour !
Voici trois trouvailles réunies sous un même titre :
Etranges bouteilles, étrange tire-bouchon.
Le printemps n'est pas loin et les affaires reprennent :
Le même jour, une première bouteille trouvée en Lorraine m'a été offerte par un ami, l'autre m'est venue de Béziers, tandis qu'un tire-bouchon filant à tire-d'aile depuis Bordeaux est venu doucement atterrir sur mon bureau.
Une bouteille géante, une naine et un tire-bouchon
Et chacun de ces objets a et conservera sa part de mystère...
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Une bouteille à truffes non ouverte ?
La première bouteille, venue de Meuse, est une petite bouteille ancienne en verre épais, soufflée, tronconique. Elle mesure 15,7 cm de hauteur, le diamètre de la base est de 5,3 cm et celui du goulot de 3,6 cm sous la bague de col. Le volume intérieur est donc d'environ 18 centilitres.
Elle est pleine et bouchée au liège, mais pour le contenu nous en sommes réduits aux suppositions ; le verre très sombre nous oppose son opacité. Nous ne courrons cependant guère de risques : il s'agit très certainement d'une bouteille à truffes, non ouverte.
Le bouchon de liège est bien en place, et malgré son aspect artisanal, obture encore parfaitement cette bouteille : ce qui en fait un précieux témoignage historique.
Et si on l'ouvrait ??
Rappelons que les côtes de Meuse ont de tout temps été propices à la production de truffes, tuber mesentericum (ou du Tessin) et tuber uncinatum (ou de Bourgogne).
Et les bouteilles produites par la verrerie proche des Islettes en ont facilité la conservation et l'exportation.
Les Islettes (55), la verrerie.
(carte postale ancienne, internet).
Le site Kâ-Mondo.com, site de commissaires-priseurs à Drouot, confirme notre analyse :"Depuis le XVIIIème siècle, les bouteilles à truffes se caractérisent par leur forme cylindrique tronconique dont l'embouchure est plus étroite que le fond. Les truffes entières ou pelées étaient introduites seules dans le flacon, que l'on fermait avec un bouchon de liège. Place ensuite à la stérilisation (appertisation) et au cachetage à la cire. La conserve préparée de cette façon était capable de voyager très loin (Paris et même la Russie). Cependant, les pertes étaient nombreuses. C'est pourtant le meilleur moyen de conserver les truffes longtemps sans se dessécher ni se putréfier."
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Une belle, grande et légère arlésienne.
La seconde est une belle grande et légère arlésienne... je parle bien entendu de ma bouteille ! Une arlésienne bien visible pour une fois ! Cette grande bouteille appartient à la famille des dames-jeannes et provient assurément de la verrerie arlésienne de Trinquetaille, active de 1782 à 1799.
On peut en voir un exemplaire similaire, exposé au Musée Arlaten d'Arles. Il est ici repris dans le livre de Jacqueline Bellanger : Verre d'usage et de prestige France 1500 - 1800 :
Dame-jeanne. Verrerie de Trinquetaille.
(Jacqueline Bellanger Verre d'usage et de prestige France 1500 - 1800)
La bouteille est soufflée, avec quelques bulles dans le verre, sans "couture" de moule et a un cul foncé à la boule. Le goulot est légèrement de travers et bordé d'un cordon de verre ou string rim appliqué à chaud à l'aide d'une cordeline. Ni tout à fait cylindrique, ni parfaitement symétrique, elle mesure 42 cm de hauteur et a un diamètre moyen de 13,5 cm. Sa masse vide est de 1200 grammes seulement, alors que sa capacité est d'environ 3,7 litres.
La technique de fabrication confirme la datation deuxième moitié du XVIIIe siècle.
On peut d'ailleurs déceler en dessous de l'épaulement des traces de colle d'une ancienne étiquette d'un format d'environ 6 x 4 cm, ce qui renforce cette datation antérieure au XIXe siècle : les premières étiquettes, sommaires, sont contemporaines de la verrerie de Trinquetaille.
La bouteille de Margaux donne l'échelle de
cette belle dame-jeanne de Trinquetaille
A cette époque, le système métrique se met seulement en place et la capacité de cette bouteille interpelle donc : à qui et à quoi pouvaient donc correspondre ces 3,7 litres ?
Avant la révolution, la pinte de Paris (et ses déclinaisons régionales, pas toujours égales) est l'unité de mesure de référence pour les liquides. Elle correspond à environ 93 de nos centilitres.
Notre bouteille correspond donc assez précisément à quatre pintes.
Avec le système métrique, mis en place par la loi du 18 germinal an III (7 avril 1795), le litre devient la référence.
Notre bouteille ne s'inscrit pas en correspondance : il ne peut s'agir d'un Jéroboam (4 bouteilles de 0,75 litre, soit 3 litres) ni d'un Réhoboam (6 bouteilles de 0,75 litre, soit 4,5 litres).
Alors faut-il chercher une correspondance avec les systèmes anglo-saxons ?
Il ne s'agit pas non plus d'un équivalent, multiple ou sous-multiple du gallon britannique ou gallon impérial, lequel sera établi à un peu plus de 4,5 litres (4,546 09 litres exactement) en 1824.
Reste le gallon américain, établi à presque 3,8 litres (3,785 411 784 litres exactement) : notre dame-jeanne correspondrait-elle à un gallon américain ?
Non, il est clair que notre grande bouteille a été fabriquée par la verrerie de Trinquetaille pour contenir quatre pintes de de vin méditerranéen, identifiables par une étiquette calligraphiée avec application et indiquant probablement cépage et millésime !
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Un tire-bouchon inconnu
Le tire-bouchon, naturalisé bordelais à défaut peut-être d'y être né, est à la fois simple et complexe.
C'est un tire-bouchon en "T", tout en acier poli et à mèche tranchante. Non marqué, il date probablement du tournant du XXe siècle.
La poignée a un air familier, évoquant celles des crémaillères Pecquet, quoique plus massive : 8 cm de long contre 6,7 et 1,4 cm de diamètre contre 1,2.
Le fût de la mèche par contre est inhabituellement travaillé, neuf rainures rythmant irrégulièrement sa longueur dans une recherche manifeste d'esthétisme allié de robustesse.
Une poignée qui pourrait être française donc, et un fût qui fait plutôt penser à un modèle allemand...
Mais je n'ai pu ou su retrouver son fabricant, ni en France, ni en Allemagne.
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Peut-être pourrez-vous m'aider à mieux identifier ces trois objets ?
M
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