Amis hélixophiles, bonjour !
Reinhold et Irene, un couple voyageur
Question : Pouvez-vous vous décrire en quelques lignes : origines, lieu de vie, situation familiale, profession exercée et secteur d'activité...?
Réponse : Je suis né en mars 1949 à Francfort-sur-le-Main. Je vis avec ma femme Irene depuis de nombreuses années à Egelsbach. Cette petite ville est à environ 15 km de l'aéroport de Francfort.
Irene et moi nous sommes connus au travail. Nous travaillions tous les deux pour une compagnie aérienne et parcourions le monde. Depuis huit ans, nous sommes à la retraite.
Réponse : Je suis né en mars 1949 à Francfort-sur-le-Main. Je vis avec ma femme Irene depuis de nombreuses années à Egelsbach. Cette petite ville est à environ 15 km de l'aéroport de Francfort.
Irene et moi nous sommes connus au travail. Nous travaillions tous les deux pour une compagnie aérienne et parcourions le monde. Depuis huit ans, nous sommes à la retraite.
A l'origine de la collection, une rencontre
Q. A l'origine d'une collection, il y a généralement un événement déclencheur : qu'est-ce qui vous a amené à collectionner les tire-bouchons ?
R. Il y a vingt ans, sur un marché aux puces, j'ai rencontré un homme avec lequel j'ai lié conversation. Cet homme me dit alors qu'il collectionnait les tire-bouchons anciens. Cela était tout à fait inhabituel pour moi et je n'avais aucune idée de ce que me racontait cet homme.
Vivant non loin de Egelsbach, il m'invita à découvrir sa collection. Comme j'étais curieux, trois jours plus tard je lui ai rendu visite et ai été instantanément fasciné par la beauté et la diversité de ses tire-bouchons anciens.
Comme j'aime chiner, je me suis aussitôt mis à "collecter" - "collectionner" viendrait plus tard - tous les tire-bouchons que je voyais.
Essentiellement de la ferraille... mais progressivement j’ai investi plus d’argent et commencé d’améliorer la qualité de ce qui était devenu une collection.
Comme j'aime chiner, je me suis aussitôt mis à "collecter" - "collectionner" viendrait plus tard - tous les tire-bouchons que je voyais.
Essentiellement de la ferraille... mais progressivement j’ai investi plus d’argent et commencé d’améliorer la qualité de ce qui était devenu une collection.
Le chineur exigeant de tire-bouchons allemands
Q. Combien de tire-bouchons estimez-vous avoir possédés ?
R. Je ne sais pas. Je n'ai jamais compté mes tire-bouchons. Ce n'est pas important pour moi. J'ai d'ailleurs toujours veillé à ce que ma collection ne devienne pas trop importante.
Je dois avoir peut-être 600 ou 700 tire-bouchons dans ma collection. Ce n'est certainement pas un nombre très important. En fait, je recherche toujours la qualité.
Regard sur la collection de Reinhold Berndt
Je dois avoir peut-être 600 ou 700 tire-bouchons dans ma collection. Ce n'est certainement pas un nombre très important. En fait, je recherche toujours la qualité.
Q. Avez-vous eu une préférence pour une catégorie de tire-bouchons ? Et si oui, pourquoi ?
R. Parce que je vis en Allemagne, je trouve essentiellement des modèles allemands sur les marchés. Plus de 80 % de tous les tire-bouchons allemands ont été fabriqués en Thuringe avant la seconde guerre mondiale. Ma collection s'est donc naturellement focalisée sur les modèles de Thüringe.
Bien sûr, quand je trouve des pièces inhabituelles provenant d' Angleterre, d'Italie ou de France, elles trouvent également place dans ma collection. Mais il n'y en a pas beaucoup.
Q. Vous avez fait beaucoup de recherches sur les tire-bouchons de Thüringe. Pourriez-vous expliquer à l'intention des jeunes collectionneurs pourquoi on retrouve autant de modèles similaires en Allemagne, en Angleterre et en France au début du XX° siècle ?
R. La réponse est assez simple. Les bonnes idées et les modèles réussis sont toujours copiés !
Ce phénomène a concerné les tire-bouchons comme les autres produits manufacturés.
Les foires commerciales internationales étaient souvent l'occasion de copier la concurrence. Ainsi par exemple en Allemagne, depuis plus de 200 ans, les producteurs et distributeurs de toute l'Europe se retrouvaient et les nouveaux produits étaient présentés à la Foire de Leipzig. C'était là une bonne opportunité d'acheter des échantillons des modèles exposés pour les reproduire dans son propre pays.
Je vous en donne un exemple :
Le tire-bouchon ALPA a été breveté en France en 1927 sous le N° 631 295 et le TYR en 1929 sous le N° 675 979.
Mais le tire-bouchon GEHA avait été breveté en Allemagne dès 1902 sous les références DRGM N° 172 253.
Les deux systèmes techniques sont pourtant identiques.
Plus globalement, il y a de nombreux exemples de plagiats entre les différents pays sans qu'on puisse toujours prouver avec certitude qui a copié qui.
Mais cela pimente agréablement mes recherches !
Bien sûr, quand je trouve des pièces inhabituelles provenant d' Angleterre, d'Italie ou de France, elles trouvent également place dans ma collection. Mais il n'y en a pas beaucoup.
Q. Vous avez fait beaucoup de recherches sur les tire-bouchons de Thüringe. Pourriez-vous expliquer à l'intention des jeunes collectionneurs pourquoi on retrouve autant de modèles similaires en Allemagne, en Angleterre et en France au début du XX° siècle ?
R. La réponse est assez simple. Les bonnes idées et les modèles réussis sont toujours copiés !
Ce phénomène a concerné les tire-bouchons comme les autres produits manufacturés.
Les foires commerciales internationales étaient souvent l'occasion de copier la concurrence. Ainsi par exemple en Allemagne, depuis plus de 200 ans, les producteurs et distributeurs de toute l'Europe se retrouvaient et les nouveaux produits étaient présentés à la Foire de Leipzig. C'était là une bonne opportunité d'acheter des échantillons des modèles exposés pour les reproduire dans son propre pays.
Je vous en donne un exemple :
Le tire-bouchon ALPA a été breveté en France en 1927 sous le N° 631 295 et le TYR en 1929 sous le N° 675 979.
Mais le tire-bouchon GEHA avait été breveté en Allemagne dès 1902 sous les références DRGM N° 172 253.
ALPA, TYR et GEHA
Les deux systèmes techniques sont pourtant identiques.
Plus globalement, il y a de nombreux exemples de plagiats entre les différents pays sans qu'on puisse toujours prouver avec certitude qui a copié qui.
Mais cela pimente agréablement mes recherches !
Brocante versus Internet
Q. Quels lieux ont votre préférence pour acheter des tire-bouchons et lesquels conseilleriez-vous aux nouveaux collectionneurs : salles de ventes, antiquaires, brocantes, Internet...
R. Beaucoup de collectionneurs - et c'est aussi le cas pour moi - ont un budget limité. C'est ce qui explique que je n’ai que rarement acheté des pièces aux enchères sur Internet ou dans les maisons de vente aux enchères. Quand vous êtes vainqueur dans une telle vente, vous payez toujours le prix maximum.
Je préfère donc visiter les marchés aux puces et les foires d'antiquités. Et heureusement il y a dans la région entre Rhin et Main trois à quatre grands et bons marchés chaque mois. Là, j'ai de temps en temps la chance de trouver de bonnes pièces à des prix raisonnables. C'est une méthode que je conseille aux nouveaux collectionneurs.
Une autre option que je recommande aux jeunes collectionneurs est l'appartenance à une association. Lors des réunions de club, j'ai acquis de nombreuses pièces intéressantes à des prix modérés. Et vous pouvez être sûr qu'il n'y a guère de faux - ou de "bidouilles" comme vous dites, je crois - qui sont proposés dans ces réunions.
Q. J'ai déjà évoqué Internet, mais l'irruption du numérique dans notre vie quotidienne a-t-elle changé votre pratique de collectionneur ?
R. Comme j'ai rarement acheté des tire-bouchons sur l'Internet, ma façon d'acquérir de nouveaux tire-bouchons n'a pas été significativement affectée par les nouvelles technologies informatiques.
R. Comme j'ai rarement acheté des tire-bouchons sur l'Internet, ma façon d'acquérir de nouveaux tire-bouchons n'a pas été significativement affectée par les nouvelles technologies informatiques.
Pour ce qui me concerne, je reçois des offres directes d'antiquaires. Je peux alors prendre les tire-bouchons en mains et les juger, mais là encore je ne pas besoin de technologie informatique.
Par contre, L'ordinateur me donne la possibilité de comparer rapidement les tire-bouchons et d'obtenir des informations importantes sur les prix pratiqués. Ceci est un grand avantage pour les négociations.
Par contre, L'ordinateur me donne la possibilité de comparer rapidement les tire-bouchons et d'obtenir des informations importantes sur les prix pratiqués. Ceci est un grand avantage pour les négociations.
Il est indéniable que l'Internet est très utile dans d'autres parties du monde où il n'y a pas ou peu d'antiquités ou de marchés aux puces. Mais encore une fois, en gagnant une enchère, vous payerez presque toujours le prix le plus élevé.
Q. Pouvez-vous nous raconter une anecdote qui a marqué votre vie de collectionneur ?
R. J'ai vécu il y a quelques années une expérience étrange. J'avais acquis un outil ancien qui me faisait penser à un tire-bouchon "mono-lame". Mais je n'ai pas réussi à l'établir avec certitude. Alors j'ai fini par revendre l'objet pour quelques euros sur un marché aux puces.
Et un an plus tard, j'ai retrouvé mon outil dans la description d'un brevet allemand !
C'était le seul spécimen connu d'un tire-bouchon allemand des premiers temps : le Klingen-Pfropfenzieher ou "tire-tapon", brevet déposé par Ignaz Fischer en 1880 sous le numéro DRP No. 10982.
Ce brevet figure dans le livre Deutsche Korkenzieher Patente de Ferd Peters.
J'avais été très chanceux de trouver une telle pièce, et j'ai été très malheureux de la perdre.
Mais finalement cela ne m'a pas découragé ! Et je trouve heureusement encore d'autres pièces rares.
Et un an plus tard, j'ai retrouvé mon outil dans la description d'un brevet allemand !
C'était le seul spécimen connu d'un tire-bouchon allemand des premiers temps : le Klingen-Pfropfenzieher ou "tire-tapon", brevet déposé par Ignaz Fischer en 1880 sous le numéro DRP No. 10982.
Ce brevet figure dans le livre Deutsche Korkenzieher Patente de Ferd Peters.
Le Klingen-Pfropfenzieher d'Ignaz Fischer
Source : Deutsche Korkenzieher Patente par Ferd Peters
J'avais été très chanceux de trouver une telle pièce, et j'ai été très malheureux de la perdre.
Mais finalement cela ne m'a pas découragé ! Et je trouve heureusement encore d'autres pièces rares.
Le plaisir de chercher, le plaisir de rechercher
Q. Quel sens revêt pour vous votre collection : un challenge personnel ? un sujet d'études ? un investissement ? une occasion de rencontrer des gens partageant votre passion ?...
R. Ma collection n'est ni un challenge, ni un investissement.
Je collectionne pour le plaisir. Et je suis heureux dans la recherche et l'édition.
Mon plus grand plaisir, en collectionnant les tire-bouchons est de rencontrer beaucoup de gens sympathiques - y compris au niveau international.
Et qui collectionne les tire-bouchons, veut aussi les essayer... sur une bonne bouteille de vin !
Je collectionne pour le plaisir. Et je suis heureux dans la recherche et l'édition.
Mon plus grand plaisir, en collectionnant les tire-bouchons est de rencontrer beaucoup de gens sympathiques - y compris au niveau international.
Et qui collectionne les tire-bouchons, veut aussi les essayer... sur une bonne bouteille de vin !
Q. Vous avez écrit plusieurs livres sur les tire-bouchons. J'ai publié ici des fiches bibliographiques sur trois d'entre eux. En avez-vous écrit ou coécrit d'autres ?
R. J'ai écrit, seul jusque là, et ai publié moi-même quatre livres depuis 2002 :
- le premier, intitulé Federzungen, est consacré aux tire-bouchons à lames,
- les deux suivants reprennent la production de Thüringe au travers des catalogues de fabriques,
- le dernier est consacré aux tire-bouchons simples de Thüringe.
- les deux suivants reprennent la production de Thüringe au travers des catalogues de fabriques,
- le dernier est consacré aux tire-bouchons simples de Thüringe.
Les livres de Reinhold Berndt
1. Federzungen (en langue Allemande)
2. Korkenzieher in Thüringer Handelskatalogen - Volume I (Allemand - Anglais)
3. Korkenzieher in Thüringer Handelskatalogen - Volume II (Allemand - Anglais)
4. Thüringer Stangenkorkenzieher (Allemand - Anglais).
Je suis aussi le rédacteur en chef du magazine de notre club allemand : "Der Krätzer". Il paraît deux fois par an, en allemand.
Soit-dit en passant, je ne parle pas français, mais je suis depuis des années un lecteur avide du magazine du club français : "L'Extracteur". Je réussis à comprendre un peu et j'ai ainsi beaucoup appris sur les tire-bouchons français.
Un multicollectionneur éclectique
Q. Collectionnez-vous d'autres choses ? La démarche est-elle la même que pour votre collection de tire-bouchons ?
R. Oui, à côté des tire-bouchons, je collectionne encore des objets Jugendstil ou Art Nouveau, principalement en verre.
Je recherche aussi les moulins à poivre anciens et les instruments de musique mécanique : phonographes, boîtes à musique, orgues de Barbarie...
Mais à la différence des tire-bouchons, je ne possède que très peu de pièces : l'espace nécessaire me manque !
Je recherche aussi les moulins à poivre anciens et les instruments de musique mécanique : phonographes, boîtes à musique, orgues de Barbarie...
Autres objets de collection.
Mais à la différence des tire-bouchons, je ne possède que très peu de pièces : l'espace nécessaire me manque !
Q. Pour finir, quel message pourriez-vous passer aux jeunes collectionneurs ?
R. Ce serait un message d'encouragement : les objets que nous collectionnons, sont des témoignages de la culture quotidienne de nos prédécesseurs. Ils méritent donc d'être préservés à travers nous.
C'est une conclusion que je partage avec Reinhold : plutôt que des propriétaires des objets que nous collectionnons, nous ne sommes que des "passeurs d'histoire".
M
C'est une conclusion que je partage avec Reinhold : plutôt que des propriétaires des objets que nous collectionnons, nous ne sommes que des "passeurs d'histoire".
M
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