Amis collectionneurs, bonjour !
Connaissez-vous la différence entre bouteilles et flacons ?
La réponse est dans un petit livre de James BARRELET :
LA VERRERIE EN FRANCE
de l'époque gallo-romaine à nos jours.
Collection Arts, Styles et techniques
Librairie Larousse, 1953.
Ce livre avait fait l'objet d'un premier tirage limité à 200 exemplaires en 1934 à l'initiative de l'Association des Amateurs de Verres Anciens, Saint Germain en Laye.
Il est malheureusement épuisé aujourd'hui... tandis que mon exemplaire n'est lui que "fatigué" !
James BARRELET propose dans cet ouvrage un historique de la fabrication du verre en France. Siècle après siècle, il s'attache à présenter les verreries et les évolutions techniques, leur production de verre creux (les récipients) et de verre plat (vitres hors vitraux, mosaïques, cabochons...).
Pour ce qui concerne le Moyen Âge, il note qu'il ne reste guère que des représentations dans les miniatures des manuscrits et les tableaux.
Carafons, bouteilles et gobelets apparaissent cependant plus nombreux à la fin de la période : on en retrouve la trace dans les inventaires.
XVI° siècle : Le crieur de verres
Verres à boire, aiguières, pots, bouteilles ou flacons...
Pour James BARRELET, la Renaissance est l'âge d'or des verreries en France. La Normandie et surtout la Lorraine fabriquent verres à vitre et à miroir, gobelets et bouteilles.
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La période qui nous intéresse le plus est bien sûr celle où apparaît le tire-bouchon.
Le XVII° siècle s'ouvre sur les difficultés rencontrées par les verreries, particulièrement celles implantées dans les villes, pour s'approvisionner en combustible : au Royaume Uni, le bois, réclamé par la Marine Royale, est contingenté dès 1615. Cette contrainte favorise l'émergence des verreries au charbon de terre.
James BARRELET raconte qu'à Rouen, "la verrerie avait été limitée dans sa consommation de bois, et dès 1616, on avait dû y suppléer jusqu'en 1619 par du charbon anglais."
Le mouvement, parti du Royaume Uni, gagne progressivement l'Europe continentale.
En France, il faudra cependant attendre l'entrée en vigueur en 1725 du décret limitant l'usage du bois pour que les verreries à charbon de terre se généralisent en zone urbaine, tandis que les verreries plus lointaines, installées au cœur des forêts continuent de les déboiser.
Le XVIII° siècle voit deux évolutions majeures : l'industrie du verre plat, maintenant soufflé en cylindre par des spécialistes venus de Bohème, prend son essor ; tandis que l'industrie de la bouteille généralise le modèle anglais black glass, en français verre à l'anglaise ou gros verre.
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Mais n'oublions pas notre question du départ :
quelle est la différence entre bouteilles et flacons ?
quelle est la différence entre bouteilles et flacons ?
C'est - nous dit James BARRELET - à partir du XVI° siècle que l'on fait une distinction entre ces deux genres de vases :
"On ferme bouteilles à bouchons et flacons à vis"
dit un auteur en 1582, et tous les dictionnaires le répéteront après lui.
"On ferme bouteilles à bouchons et flacons à vis"
dit un auteur en 1582, et tous les dictionnaires le répéteront après lui.
Notons que la formule n'éclaire ni sur la nature des bouchons des bouteilles, ni sur le vissage des flacons !
Les auteurs distinguent en fait les bouteilles, carafes le plus souvent clissées et au long col pour les boissons, le vin principalement, des flacons, destinés surtout aux condiments, huiles et médicaments.
Ce que confirme l'universitaire canadienne Catherine LOSIER dans son étude :
Bouteilles et flacons : les Contenants utilitaires français du début du XVIII° siècle au début du XIX° siècle
Aspects techniques et Sociaux.
Cette étude apporte un éclairage précieux sur la morphologie et l'utilisation des bouteilles et des flacons :
Les bouteilles :
Les bouteilles du XVII° sicèle :
un col très long et un corps plutôt globulaire ou ovale et aplati...
(Catherine LOSIER)
Bouteilles françaises XVI° siècle
(James BARRELET)
Les flacons :
Les flacons :
à large ouverture ou carrés à petite ouverture
Flacons français, XVIII°-XIX° siècles
(Internet)
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Pourquoi accorder une telle importance, me direz-vous, à cette distinction anonyme entre bouteilles et flacons rappelée par James BARRELET ?
La distinction établit simplement que dès la fin du XVI° siècle - la citation est de 1582 - la question du bouchage des récipients de verre destinés à contenir le vin (et le conserver ?) est d'actualité.
Pour James BARRELET cependant, "la bouteille ne joue pas encore de rôle économique important". On l'emploie plus en apothicairerie que dans d'autres domaines" :
"On ferme bouteilles à bouchons et flacons à vis"
(James BARRELET)
L'emploi en apothicairerie privilégie le flacon (Catherine Losier) et nécessite un bouchage hermétique, par exemple avec un bouchon de verre émerisé qu'on visse et dévisse.
Concernant la bouteille, la solution du bouchage sera apportée cinquante ans plus tard par Kenelm Digby, lequel produira dans une verrerie à charbon de terre, des bouteilles en gros verre au col renforcé pour un bouchage au maillet...
Concernant la bouteille, la solution du bouchage sera apportée cinquante ans plus tard par Kenelm Digby, lequel produira dans une verrerie à charbon de terre, des bouteilles en gros verre au col renforcé pour un bouchage au maillet...
... le bouchage au maillet qui provoquera par contre-coup l'invention du tire-bouchon !
M
J'ai appris depuis que la formule était de François Rabelais , dans Gargantua, publié en 1534.
RépondreSupprimerL'échange se situe dans le Livre I, chapitre V, Les Propos des beuveurs :
"- Quelle différence est entre bouteille et flaccon :
- Grande : car bouteille est fermée à bouchon et flacon à vitz."