Amis hélixophiles, bonjour !
Who's Who de l'hélixophile...
Notre rubrique ronronnait un peu ; le collectionneur présenté aujourd'hui va la réveiller un peu !
Voici :
Ion CHIRESCU
Architecte, entrepreneur, collectionneur, Ion est hors normes : il s'investit dans ses passions comme le sportif voulant battre des records !
Merci à lui d'avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Merci à lui d'avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Ion, l'architecte
Question. Pouvez-vous vous décrire en quelques lignes : origines, lieu de vie, situation familiale, profession exercée et secteur d'activité...?
Réponse : Je suis né et j'ai grandi en Roumanie. Maintenant, j’habite la capitale, Bucarest.
Je suis marié et j’ai un fils qui a 28 ans.
Je suis architecte et, après avoir étudié à l’École des Arts Plastiques et à l’Université d’Architecture, je suis devenu membre de l’Union des Artistes Photographes et de l’Union des Artistes Plastiques.
Il y a deux secteurs dans lesquels je suis actif maintenant. Le premier est représenté par une imprimerie spécialisée en albums d’art et imprimés de très bonne qualité, livres, magazines, matériels promotionnels, etc...
Le second secteur dans lequel je suis actif est l’architecture. J’ai une firme qui élabore des projets pour des bâtiments résidentiels ou des immeubles de bureaux, qui les construit et puis s’occupe de leur location ou de leur vente.
"Le microbe de la collectionnite"
Q. A l'origine d'une collection, il y a généralement un événement déclencheur : qu'est-ce qui vous a amené à collectionner les tire-bouchons ?
R. En ce qui concerne les tire-bouchons, l’événement déclencheur pour moi a été la découverte de treize pièces chez un ami, marchand d’antiquités.
Les treize premiers
Il a fallu que j’insiste pendant plusieurs mois pour qu'il accepte de me les vendre, mais cela en valait la peine. Ces tire-bouchons étaient tous très différents et, ce qui m’avait vraiment étonné, c'était la diversité de leur conception.
Avant de m'apparaître comme des objets mécaniques ou des outils, les tire-bouchons m'ont d'emblée séduit parce que ce sont des objets très bien conçus. Les choses n’ont guère changé depuis, pour ce qui me concerne : j’apprécie un tire-bouchon mécanique, l’ingéniosité de son brevet, mais l’aspect artistique est plus attrayant pour moi.
Je pense que chaque collectionneur peut me comprendre : il est manifeste que les tire-bouchons peuvent être des objets d’art.
Q. Mais vous avez continué. Quel objectif poursuivez-vous aujourd'hui en collectionnant?
R. Comme je l’ai dit, j’ai été séduit par le côté artistique des tire-bouchons qui s’est superposé avec la contamination par le "microbe de la collectionnite", un microbe très contagieux, on le voit bien !
À part ça, j’ai toujours été très content de rencontrer les gens sympathiques et de connaître d’autres collectionneurs partageant ma passion.
Ce qui a commencé comme une activité agréable est devenu un loisir, lequel, à son tour, s’est transformé rapidement en passion, et naturellement pour moi l’idée d’un Musée a pris forme, comme une possibilité d’offrir aux autres l’opportunité de découvrir les tire-bouchons et les autres objets que je collectionne et de montrer ce que le génie humain a su concevoir.
Les gens ont souvent peu ou pas d'attirance pour les objets usuels jusqu'à ce que vous réussissiez à leur montrer que ces objets particuliers sont en fait extraordinaires et de grande diversité. Au Musée des Records Roumains, nous essayons de reconstruire une partie de l'histoire qui est à la fois peu connue et indispensable pour nous tous, même si chacun ne le sait pas.
La rencontre de Reinhold Berndt
Q. Pouvez-vous nous raconter une rencontre qui a marqué votre vie de collectionneur ?
R. Un des événements qui ont marqué mon évolution a été ma première rencontre avec Reinhold Berndt, un grand collectionneur, un spécialiste des tire-bouchons allemands, auteur de plusieurs livres dans ce domaine, et surtout un homme très agréable.
Avec Reinhold Berndt
Quand Reinhold s’est aperçu que j’achetais des tire-bouchons sur eBay, il m’a envoyé un courriel en me disant qu’il avait remarqué le nombre des pièces que j’avais acquises et en me proposant de nous rencontrer pour parler de notre hobby commun. Nous nous sommes rencontrés et il m’a tout dit sur les clubs des collectionneurs qui existent dans le monde et leurs réunions annuelles. J’ai vraiment été stupéfait parce que je pensais jusqu’à lors qu’il n’y avait pas d’autres personnes assez folles pour collectionner des tire-bouchons.
Et en réalité, Marc, nous sommes beaucoup à partager cette folie !
Reinhold est une belle personne. Il est courtois et toujours prêt à aider les autres. Je l’apprécie vraiment et il reste mon meilleur ami parmi ceux avec qui je partage cette passion pour les tire-bouchons.
Sur les conseils de Reinhold, je suis devenu membre de plusieurs clubs : ICCA, CCCC, VKF, membre associé de Helix Scandinavica. Je suis heureux d'être aussi devenu membre du CFTB depuis le début de cette année et impatient de rencontrer d'autres collectionneurs.
Le Musée des Records
La plus grande collection exposée dans le monde.
Q. Je pense que vous avez aujourd'hui la plus grande collection exposée dans le monde. Pourriez-vous expliquer ce projet ?
Le Musée des Records
R. Oui, la collection des tire-bouchons du Musée des Records Roumains est certainement la plus grande au monde, c'est reconnu internationalement.
Nous avons obtenu le record en 2015 pour un peu moins de 24 000 pièces. Depuis, la collection a grandi et compte maintenant plus de 30 000 pièces individuelles, sans compter les doubles.
L’idée d’avoir la plus grande collection du monde n’était pas notre but initial, mais une conséquence de l’attractivité et de la diversité des tire-bouchons.
Q. Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs collectionneurs comment ils peuvent visiter votre musée ?
R. Le Musée des Records Roumains héberge aujourd'hui cinq records.
Pour nous visiter, les collectionneurs peuvent nous contacter directement par courriel à :
chirescuion2@yahoo.com
ou à notre nouvelle adresse :
office@museumofromanianrecords.com
Ils peuvent également visiter le site Internet du Musée :
https://museumofromanianrecords.com/
Nous ne nous satisfaisons pas de la simple exposition des tire-bouchons pour le public et nous cherchons constamment à perfectionner les moyens de mieux présenter les pièces exposées et à essayer de reconstruire l’histoire de chaque objet.
Alors, si vos lecteurs souhaitent nous visiter, il faut leur conseiller de nous passer un coup de téléphone ou un courriel afin de s'assurer que nous ne sommes pas en grands travaux ou en train d'héberger de grands événements chez nous. Je souhaite que nous puissions donner toute notre attention aux collectionneurs pendant leur visite à Bucarest.
Esthétisme
Q. Avez-vous eu une préférence pour une catégorie de tire-bouchons ? Laquelle et pourquoi ?
R. Comme architecte, je suis "un homme de l'art" et c'est pourquoi les tire-bouchons artistiques me plaisent vraiment.
Esthétisme !
Je l'ai déjà dit : avant de connaître quelque chose sur les tire-bouchons et leurs mécanismes cachés aidant à l’extraction des bouchons, je me suis senti d'emblée séduit par leur design.
Mais le Musée accueille tous les types de tire-bouchons, depuis les simples T jusqu'aux mécanismes les plus complexes, les tire-bouchons les plus récents comme les plus anciens, parce que le but de la collection et du Musée des Records Roumains et de présenter l’évolution de ces objets dans toutes leurs étapes.
Malgré tout, les tire-bouchons artistiques restent mes préférés.
Ion, graphiste et éditeur
Q. Vous avez participé à la réalisation de plusieurs livres sur les tire-bouchons. Pouvez-vous nous en dire plus ?
R. A ce jour, j’ai collaboré à trois livres sur les tire-bouchons, tous les trois en partenariat avec des collectionneurs renommés.
History, Culture and Legends in British Brass Corkscrews
Le premier projet, History, Culture and Legends in British Brass Corkscrews, a été conduit en collaboration avec Gail O’Dell, Roy Payne et Joe Paradi.
Avec mon équipe, nous avons assuré les photos pour nos tire-bouchons et nous nous sommes occupés des aspects graphiques, de la réalisation graphique et, finalement, de l'impression du livre.
Sealing Stamp Corkscrews
Le deuxième projet est celui de Sealing Stamp Corkscrews (Tire-bouchons avec sceaux à cacheter), réalisé en collaboration avec Bertrand Giulian. Ce livre est né d’une idée de Bert qui voulait rédiger un article. Il m’avait alors demandé de lui envoyer des photos de quelques tire-bouchons vus dans le Musée lors de sa visite à Bucarest pour la réunion annuelle du CCCC et je lui ai proposé de développer son idée pour en faire un "livre d'art".
La recherche faite par Bert pour l’album est magnifique et son travail rédactionnel est hors du commun. Nous nous sommes occupés pour notre part des photos, des aspects graphiques de l’album, et de la maquette et de l’impression.
Ladie's legs corkscrews
Un autre album porte sur les tire-bouchons “ladies’ legs”. Il a été conçu en collaboration avec Alexandru Gabriel Soare, un des membres de l’équipe du Musée. Cet l’album contient, comme les deux autres, des photos de très bonne qualité ainsi qu’un graphique spécial. L’album vise les tire-bouchons et les couteaux en forme de jambe de femme.
Vous pouvez regarder une présentation vidéo, en anglais, faite pour cet album, en cliquant sur le lien suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=WL3TtSQs3tE
Q. Et avez-vous d'autres projets de livres ?
R. Actuellement, et pour ne mentionner que les projets en cours de finalisation, nous travaillons à deux autres albums.
Un album s’intéresse aux "tire-bouchons à cage" et nous permet de continuer notre bonne collaboration avec Bert Giulian.
Les tire-bouchons à cage : un projet partagé avec Bert Giulian
Un autre projet est dédié aux "statuette corkscrews" et j'espère qu'il sera bientôt réalisé. Il se concentrera sur le lien entre les tire-bouchons et l’art. Pour cet album je collabore de nouveau avec Alexandru Gabriel Soare.
Nous avons aussi reçu des propositions de la part des collectionneurs pour d’autres albums sur différents sujets. Nous sommes réceptifs à toutes collaborations et idées. Les collectionneurs qui le souhaitent peuvent nous contacter sur n’importe quel sujet. Comme je l’ai déjà dit, avec l’avantage de l’imprimerie et sa capacité à fournir des produits de très bonne qualité et avec le support de notre équipe de photographes et graphistes nous pouvons réaliser des très bons albums qui montreront les tire-bouchons comme ils le sont : des objets d’art !
Q. Le phénomène majeur de notre génération est l'irruption du numérique dans notre quotidien. Utilisez-vous ces nouvelles technologies pour acquérir ou vendre ? Ou bien utilisez-vous l'informatique pour classer votre collection ? Et si oui, comment ?
R. Bien sûr, l'informatique nous a grandement servi pour rassembler et organiser nos collections. Nous utilisons l’Internet constamment : pour l’achat des pièces sur eBay, pour miser sur un tire-bouchon vendu par une maison de vente aux enchères, aussi bien que pour correspondre avec les autres collectionneurs.
De plus, avec l’Internet, nous vendons les doubles de nos collections, les objets qui ont été achetés au début de notre aventure, quand nous avons acheté des collections entières.
À part cette utilisation pour l’achat, la vente et la communication, nous avons aussi utilisé les nouvelles technologies pour créer notre propre système informatique de gestion de nos collections.
Q. Quels lieux ont votre préférence pour acheter des tire-bouchons et lesquels conseilleriez-vous aux nouveaux collectionneurs : salles de ventes, antiquaires, brocantes, Internet...
R. Il faut bien constater qu'indépendamment de l’importance du site eBay, les tire-bouchons les plus rares apparaissent aujourd'hui dans les ventes en ligne du site ICCAuctions, dans les maisons de vente aux enchères et souvent aussi lors des réunions des clubs.
Fers à repasser, trépieds, philatélie...
Q. Collectionnez-vous d'autres choses ? Avec autant de passion que les tire-bouchons ?
R. Il y a plusieurs de mes collections exposées au Musée des Records Roumains.
À côté de la plus grande collection de tire-bouchons au monde, nous exposons la plus grande collection de fers à repasser (plus de 35 000 pièces) et aussi la plus grande collection de trépieds, les supports des fers à repasser (plus de 10 000).
Et aussi les fers à repasser !
Et nous travaillons actuellement à l'exposition d'une grande collection de pièces philatéliques roumaines comme les timbres, les cartes postales, lettres... c’est-à-dire presque toutes les objets philatéliques roumains connus. Cette collection est unique au monde par sa thématique et sa dimension.
Une cinquième grande collection regroupe les appareils photo anciens.
Je suis un multicollectionneur !
Q. Nous sommes aujourd'hui à un tournant de l'hélixophilie : la génération des fondateurs est vieillissante, mais nous rencontrons aussi de plus en plus de nouveaux collectionneurs. Quel message passeriez-vous aux jeunes collectionneurs pour les aider dans leurs débuts ?
R. Si les nouveaux collectionneurs ou les plus jeunes lisent ces mots, il sera déjà trop tard pour eux, ils auront attrapé le microbe de la collectionnite et, le plus souvent, c'est sans remède !
Je peux seulement leur consiller de persévérer, d’essayer de trouver autant d'informations et d'histoires des tire-bouchons qu'ils pourront et bien sûr de participer aux réunions des clubs où ils peuvent bénéficier de l’expérience des autres mais aussi développer de fortes et belles amitiés avec les autres collectionneurs ... ils resteront malades, mais ne seront plus seuls !
D'un hobby individuel à une aventure collective
Q. Nous arrivons à la fin de notre entretien. A quelle autre question auriez-vous eu envie de répondre ?
R. Il y a en tout cas une chose que j'aimerais souligner : c'est la façon dont mon aventure initialement individuelle s'est progressivement transformée en aventure collective.
Comme mon hobby s’est transformé en passion, les collections ont dépassé l’étape où une seule personne suffisait à les administrer. Les nombreux objets que le Musée achète et expose doivent être vérifiés, photographiés, catalogués, reconditionnés et restaurés si nécessaire, bien sûr tout en conservant leur patine. Nous essayons de trouver l’histoire de chaque objet et de la partager avec les autres.
Ainsi, le Musée trouve son support dans une équipe qui s’élargit et qui m’aide à réaliser mon rêve : faire un musée où les autres peuvent découvrir des aspects oubliés de leur propre histoire.
Ainsi aussi, je prends de plus en plus de plaisir à travailler en partenariat avec d'autres collectionneurs... peut-être avec vous, Marc, demain ?
Merci Ion, pour vos réponses, pour vos photographies et aussi pour cette proposition !
M
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