Amis hélixophiles, collectionneurs, lecteurs, bonjour !
Une idée souvent me hante :
Nous cherchons des trésors et nous oublions dans nos greniers les cartes qui pourraient nous y mener... je veux parler des catalogues anciens !
C'est le sujet que je me propose d'explorer dans cette rubrique, en limitant cependant mon propos aux publications françaises.
L’origine du mot catalogue remonte au XIIIe siècle et vient du bas latin catalogus, lui-même emprunté au grec katalogos, qui signifie liste, rôle, inscription, ordre, arrangement.
En France, l'utilisation de ce support de communication remonte au XVème siècle.
Le site de la société COREP, spécialisée dans l'impression des catalogues papier et de plus en plus dans l'édition des e-catalogues, nous apprend que :
"Les imprimeurs utilisaient le catalogue pour lister les ouvrages qu’ils mettaient en vente. Puis, par extension, au XVIIème siècle, le catalogue est utilisé pour inventorier les divers produits et marchandises que le commerçant met à la disposition des clients."
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De la fin du XIXème siècle jusqu'aux années 1980, les catalogues commerciaux réunissent et nomment - y compris en inventant de nouveaux mots ou de nouveaux usages - les marchandises mises en vente par les entreprises.
Ce sont des outils de négociation indispensables aux vendeurs et aux acheteurs.
Catalogues de fabricants
Les catalogues publiés témoignent de l'importance des entreprises, de leur activité créatrice de progrès techniques, autant que de l'organisation de la société, du commerce et des modes d'une époque.
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Décrivant les objets manufacturés et fournissant leurs prix les catalogues, édition après édition, renseignent sur les cycles de vie de ces objets et mettent en évidence les mouvements des prix. Ils permettent aux fabricants, négociants et clients d'établir des échelles de valeurs entre objets concurrents, d'apprécier les inventions et les améliorations.
Les catalogues témoignent de l'évolution de l'organisation du commerce :
- les fabricants, type Pecquet, Pérille ou Facom,
- les grossistes, type Grimaud ou Belpêche,
- les grands magasins : Le Bon Marché, Les Grands Magasins du Louvre, La Belle Jardinière, la Samaritaine, Les Magasins Réunis, Le Grand Bazar de Lyon...
- les magasins spécialisés : FNAC, Leroy-Merlin, Conforama...
- les enseignes de vente par correspondance ou VPC : Manufrance, Les Trois Suisses, La Redoute, Camif...
Les catalogues témoignent de l'évolution de l'organisation du commerce :
- les fabricants, type Pecquet, Pérille ou Facom,
- les grossistes, type Grimaud ou Belpêche,
- les grands magasins : Le Bon Marché, Les Grands Magasins du Louvre, La Belle Jardinière, la Samaritaine, Les Magasins Réunis, Le Grand Bazar de Lyon...
- les magasins spécialisés : FNAC, Leroy-Merlin, Conforama...
- les enseignes de vente par correspondance ou VPC : Manufrance, Les Trois Suisses, La Redoute, Camif...
Manufrance : des catalogues annuels et sur près d'un siècle
... publient et améliorent régulièrement leurs catalogues tout au long de la période. Les articles sont mieux présentés, mieux référencés, les commandes sont facilitées, les livraisons garanties, les retours acceptés...
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Les almanachs et agendas, cadeaux faits chaque année aux clients et financés par la publicité, s'ajoutent aux catalogues pour être quotidiennement proposés à la vue et accroître ainsi la notoriété des entreprises.
Almanach Hachette, almanach François de la Société d'Histoire de la Pharmacie, agenda médical des Laboratoires Longuet, almanachs du Journal de la Marne, de l'Echo de Paris, des Grands Magasins du Louvre ou des Galeries Lafayette en sont quelques exemples.
De l'art nouveau à l'art déco, la conception artistique de ces documents et les réclames qu'ils contiennent reflètent tout autant que les catalogues les tendances et modes.
Almanachs début XXème siècle
Almanach Hachette, almanach François de la Société d'Histoire de la Pharmacie, agenda médical des Laboratoires Longuet, almanachs du Journal de la Marne, de l'Echo de Paris, des Grands Magasins du Louvre ou des Galeries Lafayette en sont quelques exemples.
De l'art nouveau à l'art déco, la conception artistique de ces documents et les réclames qu'ils contiennent reflètent tout autant que les catalogues les tendances et modes.
Le trait commun entre catalogues et almanachs est la nécessité de l'arbitrage entre l’éphémère, comme sont les modes, et le durable qu'impose le coût de leur conception et de leur fabrication.
Les catalogues évoquent l'air du temps, les almanachs racontent l'année : les uns et les autres sont par nature vite dépassés alors qu'ils coûtent cher à l'entreprise.
Il en résulte le plus souvent une périodicité de parution annuelle.
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Le style artistique, le graphisme, la mise en scène, les éléments de contexte nous racontent la société d'où ils émergent.
Enjeux économiques importants, les catalogues sont le plus souvent d'une grande qualité artistique et technique et on ne peut que souligner la beauté et la précision des illustrations, la maestria de leurs auteurs, artistes peintres, graveurs ou photographes travaillant toujours sous contraintes.
Les catalogues renseignent sur l'histoire des techniques :
- machines créées : bicyclette, machines agricoles, appareils ménagers...
- énergies utilisées : moteurs à explosion, moteurs électriques...
- matériaux employés : bois exotiques, aluminium, bakélite, textiles artificiels...
- performances mécaniques : durabilité, vitesse, puissance...
... la liste est loin d'être exhaustive !
Ils racontent aussi l'histoire des entreprises : leur création et leur direction, leurs inventions et brevets, la localisation et l'importance de leurs installations, leurs fusions et disparitions...
Au total, les catalogues que nous retrouvons sont autant de sources passionnantes pour la sociologie historique.
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Ces catalogues gardent leur importance jusqu'au dernier tiers du XXème siècle et le déclin de la vente par correspondance au profit de la "grande distribution" et de ses nouvelles méthodes de marketing.
Depuis, ce sont d'innombrables prospectus, d'un coût écologique impossible à chiffrer, qui surchargent chaque semaine nos boîtes à lettres.
A date de péremption très courte, ils sont souvent périmés avant d'être lus... si toutefois ils sont lus !
Dans notre boîte à lettres, chaque début de semaine...
des forêts qu'on abat !
Ceux qui auront survécu au "tri sélectif" n'en intéresseront pas moins les futurs historiens de notre société de gaspillage, historiens qui regarderont nos prospectus comme nous regardons aujourd'hui les catalogues anciens : des témoins préservés des débuts de la société de consommation de masse.
Quant aux catalogues, peut-être revivent-ils déjà avec l'irruption du commerce numérique, réincarnés en "e-catalogues", cette version enrichie et dématérialisée... mais pourrons-nous un jour les collectionner ?
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Les catalogues anciens, eux, constituent pour nous des témoignages d'autant plus précieux qu'ils ne nous étaient pas destinés, mais s'adressaient seulement à leurs contemporains, clients potentiels !
Les amateurs de "vieux papiers" sont sur cette ligne quand ils recueillent tous les documents relatifs aux entreprises :
- catalogues, almanachs, calendriers, annuaires, journaux spécialisés, annonces publicitaires,
- tarifs, factures, bons de commande, enveloppes à en-tête...
Vieux papiers très collectionnés (Delcampe)
- leurs outils de communication : PLV, présentoirs, objets de promotion (boîtes LU, bibendum Michelin...),
- ou leurs "produits dérivés" : cartes postales anciennes, plaques émaillées, cadeaux promotionnels (jouets Bonux, soldats Mokarex...).
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Notre propos hélixophile est évidemment plus étroit : nous sommes des collectionneurs.
Mais c'est encore une façon de collectionner les tire-bouchons que de s'intéresser aux catalogues de leurs fabricants et de leurs négociants.
Reinhold Berndt, ami collectionneur allemand, nous a montré la voie en consacrant deux ouvrages aux catalogues des manufactures de tire-bouchons installées en Thuringe :
Je partage cet intérêt, m'inspirerai de l'exemple en le revisitant à ma façon, pour vous présenter régulièrement ici mes trouvailles.
J'espère que vous y trouverez de l'intérêt.
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Concluons avec Gaston Gallimard qui écrivait il y a cent ans : "Décidément, j'aime les catalogues, c'est presque aussi beau qu'un indicateur de chemin de fer, on y voyage".
Je crois que, comme Gallimard, historiens et collectionneurs aiment ces voyages virtuels dans lesquels j'essaierai de vous entraîner, ... des voyages dans le temps !
M
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