Amis collectionneurs, bonjour !
Je vous propose de revenir aujourd'hui sur l'histoire d'un tire-bouchon mythique :
le ZIG-ZAG de Jules BART,
une invention qui va fêter ses 100 ans !
Le secret du ZIG-ZAG réside dans son ressort de rappel, logé dans la base de la poignée, et dans son marquage, généralement :
et sur l'autre face les deux derniers chiffres de l'année de fabrication, avec cependant des variantes au fil du temps.
Le ZIG-ZAG a pour moi une grande valeur sentimentale :
- Jules BART était à ma connaissance le seul fabricant lorrain de tire-bouchons,
- et son ZIG-ZAG s'était donc imposé comme objet souvenir du X° Congrès du Club Français du Tire-Bouchon que j'avais organisé à Nancy en 2005.
BTÉ S.G.D.G.
Fr & Et
M & M DEP
et sur l'autre face les deux derniers chiffres de l'année de fabrication, avec cependant des variantes au fil du temps.
Le ZIG-ZAG a pour moi une grande valeur sentimentale :
- Jules BART était à ma connaissance le seul fabricant lorrain de tire-bouchons,
- et son ZIG-ZAG s'était donc imposé comme objet souvenir du X° Congrès du Club Français du Tire-Bouchon que j'avais organisé à Nancy en 2005.
-/-
L'acquisition récente de "vieux papiers" provenant des Ateliers Jules BART, une facture et une traite émises en 1935, m'a donné l'envie de me replonger dans l'histoire du ZIG-ZAG, ce tire-bouchon inventé il y a cent ans.
Six ZIG-ZAG facturés 14,00 Francs pièce (hors remise)
à M. Maurice HUREAU, quincailler à CHATENOIS (Vosges) en 1935
(collection personnelle).
C'est l'occasion d'actualiser et d'enrichir encore un article que j'avais publié ici.
Comme à l'époque, mon texte doit beaucoup à ce qu'avaient déjà écrit des auteurs faisant autorité : Gérard Bidault, Jacques Lapierre et Hans Joachim Türler.
Comme à l'époque, mon texte doit beaucoup à ce qu'avaient déjà écrit des auteurs faisant autorité : Gérard Bidault, Jacques Lapierre et Hans Joachim Türler.
Leurs ouvrages ont été présentés ici dans deux de mes fiches bibliographiques :
Mon texte est aussi redevable à une recherche menée par Loïc BAHUET, alors Président du CFTB, sur les brevets déposés par Jules BART.
Merci à tous les quatre !
-/-
Marie Jules Léon Joseph, dit Jules BART, est né en 1893 à Saint-Clément, village proche de Lunéville en Meurthe-et-Moselle, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Nancy.
Il était le troisième enfant de Juliette PARIS, gantière, et de Jules BART, ferblantier, lequel survivra à son fils pour finir centenaire (1856-1961).
Il était le troisième enfant de Juliette PARIS, gantière, et de Jules BART, ferblantier, lequel survivra à son fils pour finir centenaire (1856-1961).
Notre Jules BART fit ses débuts professionnels dans l'atelier de son père avant d'être mobilisé en 1914.
Alors âgé de 21 ans, il est capturé la même année et passera toute la guerre comme prisonnier en Allemagne.
Cette guerre le marqua profondément, on le verra plus loin.
Jules BART mit cependant à profit sa captivité pour concevoir le projet de l'entreprise qu'il entendait créer à son retour et imaginer notamment des ustensiles de cuisine : tire-bouchons, ouvre-boîtes, presse-purée qu'il y fabriquerait.
De fait, sa première demande de brevet pour le tire-bouchon ZIG-ZAG suit de peu son retour à la vie civile : il la déposa en effet le 17 septembre 1919 et le brevet lui fut accordé le 29 mars 1920 sous la référence n° 503.957.
Jules BART crée son entreprise aussitôt après et s'établit comme "constructeur-mécanicien", au 4 rue Molitor à Nancy, avant de déménager en 1922 au 14 rue du Placieux, toujours à Nancy.
Il se marie aussi avec Renée Marthe née ROEHM (1896-1976) et deux fils, Jean et Roger, naîtront de cette union.
De fait, sa première demande de brevet pour le tire-bouchon ZIG-ZAG suit de peu son retour à la vie civile : il la déposa en effet le 17 septembre 1919 et le brevet lui fut accordé le 29 mars 1920 sous la référence n° 503.957.
Jules BART crée son entreprise aussitôt après et s'établit comme "constructeur-mécanicien", au 4 rue Molitor à Nancy, avant de déménager en 1922 au 14 rue du Placieux, toujours à Nancy.
Il se marie aussi avec Renée Marthe née ROEHM (1896-1976) et deux fils, Jean et Roger, naîtront de cette union.
-/-
Le déménagement de l'entreprise est attesté par le Bulletin de la Société Industrielle de l'Est n° 167 de 1922 :
C'est que l'entreprise s'est développée rapidement jusqu'à compter vingt-cinq salariés. Jules BART fait preuve en effet de beaucoup de créativité, déposant une dizaine d'autres brevets :
- L'un concerne le DEBOUCHTOUT, tire-bouchon extensible, plus simple, présenté comme un additif au brevet 503.957 du ZIG-ZAG ; demandé le 18 novembre 1927, il est délivré le 19 février 1929.
Le DEBOUCHTOUT
(collection personnelle)
(collection personnelle)
- Un autre brevet demandé peu après concerne l'évolution du ZIG-ZAG et le dote de "décapsulateurs" (décapsuleurs) ; il s'agit du brevet n° 674.209 demandé le 17 février 1928 et délivré le 27 août 1928. C'est le modèle de droite sur la photo du début d'article.
- Un brevet, retrouvé par Loïc BAHUET, a été demandé le 09 juillet 1929 et accordé le 23 décembre 1929 sous le numéro 678.075 pour un ouvre-boîte, le TOUTYP, aussi marqué Breveté S.G.D.G., Marque et Modèle déposés.
Grand et petit TOUTYP
(collection personnelle).
(collection personnelle).
Dessins joints à la demande de brevet du TOUTYP.
- Loïc a également retrouvé un autre brevet pour un ouvre-boîte que je ne possède pas mais qui est proche des modèles SINGE ou BIZIN, le voici :
Ouvre-boite à conserves : brevet 760.984,
demandé le 20 septembre 1933 et accordé le 27 décembre 1933
- Un brevet a encore été obtenu pour le presse-purée MOUSSE, qu'on retrouve sur les documents à en-tête des Ateliers Jules BART (cf. plus haut), mais nous n'avons pas davantage d'informations.
- Enfin, Loïc BAHUET a retrouvé un dernier brevet pour un moulin à légumes à lame tournante, différent donc du modèle MOUSSE. En voici les dessins :
Moulin à légumes : brevet 763.192
demandé le 30 octobre 1933 et délivré le 05 février 1934.
- De leur côté, Jacques LAPIERRE et Hans Joachim TÜRLER nous avaient appris que Jules BART fabriquait et vendait des bougies TURBY pour moteurs automobiles. Mais il m'a été impossible de retrouver le moindre élément sur ces bougies...
-/-
Pour en revenir au ZIG-ZAG, son succès fut d'emblée si impressionnant qu'en France, mais aussi dans les pays limitrophes, ce nom commercial est passé dans le langage commun pour désigner tous les tire-bouchons extensibles.
Tous différents, tous des ZIG-ZAG !
(partie de collection personnelle)
Jules Bart s'était probablement inspiré de modèles antérieurs, tels les extensibles anglais, type HEELEY ou ARMSTRONG, mais le ressort de rappel qui caractérise son invention la rend à la fois très originale, ergonomique et ludique.
Et la qualité de sa fabrication plaça immédiatement le ZIG-ZAG parmi les tire-bouchons haut de gamme.
Et la qualité de sa fabrication plaça immédiatement le ZIG-ZAG parmi les tire-bouchons haut de gamme.
Les bons résultats obtenus à la vente - 40 000 exemplaires vendus chaque année - excitèrent la concurrence. D'autres tire-bouchons extensibles, moins perfectionnés mais aussi moins chers, apparurent et prirent des parts de marché.
Au point que le succès du basique PERFECT, copie par Ernest MARTENET d'un modèle américain, le RELIABLE, poussa Jules BART à proposer à son tour un modèle moins coûteux, notamment parce qu'il n’intégrait pas le ressort symbole du ZIG-ZAG : le DEBOUCHTOUT (cf. photo plus haut).
Mais cette réaction est trop tardive : le DEBOUCHTOUT arrive en même temps que la grande crise de 1929 !
Surtout, dans les années 30, d'autres fabricants arrivent à leur tour sur ce marché des extensibles, notamment la M.F.A.P. avec le KIS-PLY, le KISTOP et le POLICHINELLE.
Surtout, dans les années 30, d'autres fabricants arrivent à leur tour sur ce marché des extensibles, notamment la M.F.A.P. avec le KIS-PLY, le KISTOP et le POLICHINELLE.
L'entreprise souffre, même si le ZIG-ZAG résiste sur le haut de gamme.
-/-
Cependant, les années 30 sont aussi celles de la montée des fascismes en Europe.
Or, on l'a dit, Jules BART a été fortement traumatisé par la première guerre.
Aussi en 1938, quand se précise l'imminence d'un conflit, il décide de quitter la Lorraine pour s'installer à l'autre bout de la France : à Mortagne-sur-Sèvre, en Vendée.
Il y achète le moulin du Pont Vieux, moulin attesté depuis le XII° siècle, et y transfère l'ensemble de sa production, laquelle se poursuivra là sans discontinuer jusqu'en 1956.
Le moulin du Pont Vieux à Mortagne-sur-Sèvre
(Source CPA Delcampe).
Avec le retour à la paix, Jean, le fils aîné de Jules BART, déporté du Service du Travail Obligatoire (STO) en Allemagne, rentre en France et rejoint l'entreprise paternelle.
Les projets reprennent donc et l'entreprise ouvre un bureau commercial à Paris.
Les projets reprennent donc et l'entreprise ouvre un bureau commercial à Paris.
Mais Jules BART décède à Mortagne-sur-Sèvre en 1946, à l'âge de 53 ans... et 15 ans avant son père qui atteindra lui 105 ans !
Jean et sa mère reprennent alors l'activité sous la raison sociale "Société des Ateliers Jules BART et ses Fils", et ce jusqu'en 1957.
C'est ensuite Roger, le second fils de Jules BART, qui prend le relais en 1958 et fonde la "Société en nom collectif Veuve Jules BART et son fils successeur".
Cette société a poursuivi son activité dans la fabrication de quincaillerie. En 2010 elle est codirigée par le fils de Jules, Roger, et la petite-fille de ce dernier, Renée.
Je n'ai pas réussi à établir de contact avec eux.
La propriété du "Pont Vieux" a été vendue à M et Mme BABONNEAU. Selon le site www.moulinpontvieux.fr :
"Ces derniers ne souhaitant garder que la maison de maître, en accord avec les pompiers, le moulin est incendié en novembre 1966."
La maison a été revendue à plusieurs reprises. Elle appartient aujourd'hui à Madame et Monsieur ORBILLARD qui y ont créé des chambres d'hôtes.
Je n'ai pas réussi à établir de contact avec eux.
La propriété du "Pont Vieux" a été vendue à M et Mme BABONNEAU. Selon le site www.moulinpontvieux.fr :
"Ces derniers ne souhaitant garder que la maison de maître, en accord avec les pompiers, le moulin est incendié en novembre 1966."
La maison a été revendue à plusieurs reprises. Elle appartient aujourd'hui à Madame et Monsieur ORBILLARD qui y ont créé des chambres d'hôtes.
Cependant dès 1958 les droits et la production des tire-bouchons ZIG-ZAG et DEBOUCHTOUT avaient été cédés par Roger BART à la société TIMECA de Cahors, laquelle poursuit la production du ZIG-ZAG, mais malheureusement cesse bientôt de le dater.
Au fil du temps, la qualité de fabrication a beaucoup varié, pas forcément en mieux :
- les "décapsulateurs" - devenus décapsuleurs aujourd'hui - sont apparus en 1928,
- les poignées ont été successivement fabriquées en bronze, en acier massif, en tôle emboutie (seconde guerre mondiale), en zamac (alliage zinc et aluminium),
- les mèches ont d'abord été tranchantes, puis en queue de cochon,
- des modèles publicitaires ont aussi été fabriqués pour servir à la promotion de commerces comme BERTHIER à Valence, JOUSSE à Cholet ou OGER à Tourcoing, comme me le précise un lecteur. Notons à ce propos que Jules BART avait déposé le brevet du ZIG-ZAG en Allemagne dès 1920 ce qui explique l'existence de modèles dénommés CORKEX ou SOLAR.
-/-
Les hélixophiles le savent, les choses ne sont jamais simples dans le monde des tire-bouchons.
En voici une nouvelle illustration.
Avec l'aide et les conseils de Roger BART, TIMECA s'est emparé en 1965 de la société BOILEAU :
BOILEAU, l'héritier de TREBUTIEN et de PECQUET,
BOILEAU, qui avait racheté les marques BARADAT et PERILLE,
BOILEAU, le père des extensibles ECLAIR et RAPID,
mais aussi, et c'est là la vraie raison de l'opération,
BOILEAU, l'inventeur d'un bouchon doseur nommé IDEAL et fabriqué en très grande série !
BOILEAU, qui avait racheté les marques BARADAT et PERILLE,
BOILEAU, le père des extensibles ECLAIR et RAPID,
mais aussi, et c'est là la vraie raison de l'opération,
BOILEAU, l'inventeur d'un bouchon doseur nommé IDEAL et fabriqué en très grande série !
TIMECA prend alors le nom d'établissement BOILEAU ZIG-ZAG ET TIMECA REUNIS et cette société reste active jusqu'en 1976.
Deux produits au moins continuent d'être fabriqués : le ZIG-ZAG et le bouchon doseur IDEAL, dont le nom va bientôt être réinvesti.
Dans la dernière étape en effet, en 1976, la société L'IDEAL succède à la société BOILEAU ZIG-ZAG et TIMECA, puis rachète le fabricant de doseurs DOSVER en 2002.
Document de présentation de la société L'IDEAL sur le Net
Et la société L'IDEAL, entre Cahors et Vienne, continue de produire des tire-bouchons, parmi lesquels nos ZIG-ZAG !
-/-
L'IDEAL poursuit ainsi l'aventure commencée il y a presque un siècle. C'est donc naturellement que je m'étais adressé à elle en 2005 pour faire fabriquer les ZIG-ZAG souvenirs du congrès de Nancy.
ZIG-ZAG et sa boite, marquage : 10° CONGRES CFTB NANCY 2005 N° 002
(Collection personnelle).
L'accueil dans l'entreprise cadurcienne L'IDEAL fut très chaleureux, l'accord fut rapidement trouvé et le directeur, pourtant quasi-dépourvu d'archives, m'offrit quelques "vieux papiers"... dont les premiers catalogues PECQUET !
-/-
De lointains héritiers du seul fabricant de tire-bouchons lorrain qui m'offrent des catalogues PECQUET... vous comprendrez mon attachement aux zigzags de l'Histoire et au ZIG-ZAG de Monsieur Jules BART !
M
Extrait du commentaire d'un lecteur, Didier FORGET :
RépondreSupprimerJe me permets, de contribuer avec la photo d'un modèle des premières années je pense, publicitaire marqué OGER Tourcoing...
Merci pour votre commentaire.
RépondreSupprimerEffectivement, le modèle photographié est le modèle originel, sans "décapsulateurs". Et la publicité concerne certainement les couteliers OGER à Tourcoing.
UNE FABULEUSE HISTOIRE FÉLICITATIONS
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire sympa. Pour plus de détails, n'hésitez pas à entrer ne contact avec moi par mail à l'adresse du blog :
RépondreSupprimerleblogdestirebouchons@gmail.com
Bonjour ça me touche de voir ça je suis l'arrière petit fils de Jules Bart et le petit fils de Roger
RépondreSupprimerEt mon grand père qui a 94ans a plein de documents brevet de la bougie turby et d'histoire à raconter
Mon adresse mail pour plus de
Olivier.theodose@hotmail.com