mardi 30 juillet 2024

CAMION FRERES & BERNARD - HUET : LES MAÎTRES DE FORGE DE LA VILLE DE LA FONTE

 
Amis blogueurs, blogueuses, bonjour !


Vous l'avez sûrement remarqué : c'est l'été depuis trois jours et ça durera encore deux ou trois jours ! Un été longtemps attendu après la mousson de printemps, un été bref, intense, écrasant ! 
Pas facile d'écrire dans ces conditions, donc...
Mais je travaille à la rédaction de mon livre, au titre toujours provisoire : 
TIRE-BOUCHONS FRANÇAIS :
CATALOGUES ET VIEUX PAPIERS DES PRINCIPAUX FABRICANTS 
et je me suis dit que je pouvais vous faire profiter de mes dernières recherches sur une dynastie ardennaise, entre CAMION FRERES et BERNARD - HUET.


Voici donc ce que j'ai trouvé :


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Les générations de maîtres de forge Camion et les familles qui leur sont alliées constituent une double saga ardennaise qu’on ne peut ici qu’esquisser.
Dans ces familles, la tradition d’accoler le nom de l’épouse à celui du mari nous aide cependant à voir un peu plus clair.
L’histoire se passe dans la petite ville de Vivier-au-Court (Ardennes), dite « la ville de la fonte ».

1820 : Jean Barthélémy Camion-Daux, ferronnier dans le village voisin de Vrigne-aux-Bois, et qui était harcelé par son cousin Nicolas Gendarme, quitte cette paroisse pour venir s’installer à Vivier-au-Court. 
Son épouse, née Marie Jeanne Daux, lui donne trois fils : Pierre Louis, Jean Baptiste et Louis Dominique.
L'aîné, Pierre Louis Camion-Richard, achète alors un très ancien moulin à farine, attesté dès 1560, le moulin de Moraimont à Thumécourt, un écart de Vivier-au-Court. Il le transforme aussitôt en « polierie » (les polieries étaient des installations destinées à polir et émoudre ou aiguiser des objets de ferronnerie). Il  fait également construire une seconde polierie, 300m plus haut, toujours à Thumécourt... Le décor est planté pour 150 ans !
1828 : la polierie de Moraimont appartient au père, Jean Barthélemy Camion-Daux, et celle "du haut" ou de Thumécourt est à son fils aîné.
Au décès de  Jean Barthélemy Camion-Daux, les deux entités sont séparées : la polierie de Thumécourt reste à Pierre Louis Camion-Richard (après son décès, sa fille la vendra en 1852), tandis que celle de Moraimont, léguée aux deux fils cadets, donne naissance aux usines « Camion Frères ». Ces deux entités, mitoyennes de fait, vivront pourtant indépendamment l'une de l'autre pendant un siècle et demi.

Distinguons maintenant le destin des deux polieries :


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De la polierie de Moraimont aux Usines Camion Frères

Comme dit précédemment, la polierie de Moraimont échoit en 1848 aux deux fils cadets de Jean Barthélémy Camion-Daux, Jean-Baptiste Camion-Huart et Louis Dominique Camion-Gallon, sous la raison Camion Frères, pour produire de la quincaillerie.



Les dirigeants de Camion Frères et l'entreprise de Vivier-au-Court


Les fils du premier, Barthélémy Camion-Marée et Charles Camion-Chardin, leur succèdent en 1856. En 1891, Georges Camion-Herbulot, fils de Barthélémy, et un cousin, Charles Camion-Lecoq prennent le relais. En 1925, c’est le tour de Roger Charles Camion-Lehoucq, fils de Georges, associé à un cousin, Engelbert Renson d’Herculais. A partir de 1933, c’est Guy Renson d’Herculais qui dirige le site, jusqu'à la fermeture en 1979. 
Au fil du temps, deux débouche-bouteilles vont figurer au catalogue Camion Frères :
- un "tire-tire-bouchon", repris du brevet 130.048 du 8 avril 1879 déposé par Henri Plard, pour un appareil servant à déboucher les bouteilles, dit "débouche-bouteilles Plard".



Le tire-tire-bouchon de Camion Frères


L'appareil permettait de déboucher la bouteille par traction sur la poignée d'un tire-bouchon en "T". Le dessin du brevet est malheureusement pratiquement illisible sur le site de l'INPI.

- un tire-bouchon mural déposé par Engelbert Renson d’Herculais en 1929, brevet FR657984 pour un nouvel appareil à déboucher les bouteilles, dit L'AUTOMATIQUE.


L'AUTOMATIQUE et son brevet


Je vous recommande le site : https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ où vous pourrez accéder librement à un important catalogue Camion Frères : l'Album général 1930.
En voici un extrait :



Camion Frères, Album général 1930.


L'aventure prendra fin en 1980 : Camion Frères est alors rachetée par... Bernard - Huet ! 


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De la polierie de Thumécourt à l'Usine Bernard - Huet


La polierie de Thumécourt passe « de gendres en gendres ». Vendue par Marie Louise, héritière de Pierre Louis Camion-Richard, à François Morainville en 1852, elle est transmise en 1879 à son fils Léon Morainville et à un neveu, Jules Huet. En 1910, Gaston Bernard, gendre de Jules Huet, prend la tête de ce qui devient « l’Usine Bernard - Huet ». A sa mort en 1941, son gendre, Paul Meunier, lui succède. Et, en 1947, le gendre de celui-ci, Robert Jonet, prend le relais, jusqu’au dépôt de bilan en 1980. L’usine Bernard - Huet est finalement reprise par Jean-Pierre Dupire, son actionnaire principal et patron des Etablissements INVICTA de Donchery (Ardennes), sous le nom de BH Industrie, puis D2I (pour Dupire Invicta Industrie) en 2007.
L'Usine Bernard - Huet a produit et marqué au moins un tire-bouchon à hélice, de piètre qualité, il faut le dire : de fonte moulée, avec des manques, il n'est pas ébavuré et le marquage même est difficilement lisible !



Le tire-bouchon à hélice signé B.H.



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Mais on le sait, l'Usine Bernard - Huet a aussi produit pour d'autres fabricants :  Coville, fabricant de tire-bouchons, Dollot, coutelier dans l'Indre, Gladel, quincailler à Clermont-Ferrand, ou Maussion à Châteaubriand près de Nantes...


D'autres modèles de tire-bouchons fabriqués par Camion Frères ou Bernard - Huet sont peut-être à découvrir ?



M



2 commentaires:

  1. Bravo, Marc , c’est très intéressant, super cette recherche. 👍👍👍.
    Fred et Martine

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  2. Encore un joli article, merci Marc
    Christophe C. (Lozère48)

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