Amis blogueurs, bonjour !
L'article que je vous propose aujourd'hui a été écrit en complète collaboration avec Bernard Devynck, ami collectionneur de tire-bouchons et des vieux-papiers liés à leur fabrication et à leur commercialisation.
Voici donc notre article à quatre mains :
Lucien GODIN, Constructeur Breveté
Aujourd'hui : I. Eléments historiques sur la Maison GODIN
Notre enquête a commencé par l'acquisition que j'ai faite aux Puces de Metz d'un catalogue ancien intitulé :
Matériel de Chais
et Laboratoires
Machines
Produits œnologiques
Spécialités "RICHARD"
Anc. Etablissements J. NICLOZ - L.ANTOINE & Cie
L. GODIN
(Suit la médaille du Mérite Agricole)
Constructeur Breveté
Successeur.
Edition janvier 1923,
Extrait des Editions 7 et 8
On peut noter en haut à gauche la marque de fabrique de GODIN : les trois abeilles.
On peut aussi deviner à droite du nom de GODIN la médaille du Mérite Agricole, suffisamment importante à ses yeux pour figurer sur son catalogue.
Le dos de la couverture nous apprend que ce catalogue a été réalisé par l'Imprimerie F. BOUCHY 11 rue Hélène Paris XVII°.
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Notre article prolonge en fait et complète celui qui avait été publié dans le supplément de l'Extracteur n° 52 de mars 2008 et s'appuie sur la presse (Le journal Les Archives Commerciales de la France particulièrement) et des documents commerciaux d'époque.
Et puis, Lucien GODIN n'est pas tout à fait un inconnu pour nous.
J'ai déjà consacré deux articles au catalogue d'un autre revendeur, Louis MATHÈS, dont Lucien GODIN avait repris l'entreprise en 1930 :
Deux autres articles ont depuis évoqué l'entreprise GODIN :
GODIN n'est pas un fabricant de tire-bouchons, c'est un grossiste, mais son histoire et le contenu de son catalogue sont particulièrement riches.
Nous nous proposons, Bernard et moi, de partager les résultats de nos recherches en deux parties :
- faire d'abord le point de nos informations sur l'histoire de la Maison GODIN,
- ouvrir et présenter le catalogue ensuite.
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I. ÉLÉMENTS HISTORIQUES SUR LA MAISON GODIN
L. GODIN est un repreneur d'entreprises, et pas seulement des Etablissements J. NICLOZ - L.ANTOINE & Cie, comme indiqué en couverture du catalogue, ou de la Maison MATHÈS comme nous l'avions vu dans mes précédents articles : l'histoire de la Maison GODIN est très enchevêtrée avec au moins deux autres absorptions d'entreprises aux histoires elles-mêmes compliquées.
Une facture L. GODIN et Fils de 1933, retrouvée par Bernard, nous a permis de bien progresser :
Facture L. GODIN et Fils 1933
(Document Bernard Devynck).
On y voit que La Maison Lucien GODIN & Fils revendique une fondation en 1872, qu'elle a "réuni" les entreprises L. ANTOINE, GÉRARD, MATHÈS et PAILLARD et qu'elle s'apprête à transférer son siège au 1er janvier 1934.
Nous allons essayer maintenant de suivre l'évolution de chacune de ces entreprises réunies :
La Maison GODIN elle-même
On ne sait pas exactement quand l'aventure a commencé, mais :
- 1908 : Lucien GODIN, associé à PESSAT, devient patron en rachetant la société L. ANTOINE.
- 1908 - 1923 : diffusion d'au moins deux éditions du catalogue L. GODIN, numérotées à la suite des éditions de NICLOZ et ANTOINE ; celle que nous présentons est dite "Edition janvier 1923 - Extrait des Editions 7 et 8".
- 1923 : Lucien GODIN demande un brevet pour "une machine à boucher les bouteilles", brevet 583.464 accordé le 31 octobre 1924. Cette machine a été commercialisée par MOREAU-ARTAULT (anciennement MATHÈS), sans qu'on connaisse la nature de la collaboration avec GODIN à cette époque. D'autres brevets suivront (Cf. P.S. 2 en fin d'article).
- 1929 : association entre père et fils, sous la raison sociale Lucien GODIN & Fils.
- 1934 : après les acquisitions d'entreprises, la Maison Lucien GODIN & Fils se réorganise : le siège social est définitivement fixé au 1, place Lachambeaudie Paris 12° (Bercy), précédemment siège de la Maison J. PAILLARD. Les entrepôts et ateliers de Vincennes sont conservés, comme la succursale anciennement MATHÈS de Mâcon.
- 1958 : L. GODIN & Fils fonctionne sous le statut de société à responsabilité limitée.
La fin de la guerre d'Algérie déstabilise le commerce de vins et machines vinicoles à Paris - Bercy. L'entreprise s'oriente vers la fabrication de machines pour les industries alimentaires, la chimie, les plastiques et machines à chaussures.
- 1986 : fermeture de la société L. GODIN & Fils, le 22 mai 1986.
La Maison L. ANTOINE, anciennement QUILLET, puis NICLOZ
Histoire :
- 1872 : fondation de l'entreprise par Léon QUILLET.
Raison sociale : Assortiment général de fournitures, outils et ustensiles pour brasseurs, distillateurs, négociants en vins, tonneliers et viticulteurs
Siège social : 4, rue de la Verrerie Paris 4°.
En-tête Facture Léon QUILLET 1881
(document Bernard Devynck).
- Vers 1884 : reprise par un collaborateur : Julien NICLOZ.
Raison sociale : Fournitures pour caves et chais.
Siège social : transféré au 22, rue des Francs Bourgeois Paris 3°.
"Le Panthéon de l'industrie", journal hebdomadaire illustré, N° 596 du 15 août 1886, nous apprend que :
"Julien NICLOZ, qui fut pendant quatorze années le collaborateur de M. Léon QUILLET, chef de la maison alors située 4, rue de la Verrerie, et qui la dirige seul depuis deux ans, vient d'inaugurer, le 15 juillet dernier, 22, rue des Francs Bourgeois, les vastes ateliers de ferblanterie et d'estampage de plaques pour fûts, qui font aujourd'hui partie de son bel établissement."
En-tête courrier NICLOZ 1891
(Document Bernard Devynck)
- Julien NICLOZ protège ses inventions : 11 brevets sont déposés par lui entre 1886 et 1893 (Cf. exemples P.S. 2 en fin d'article).
- 1895 : Julien NICLOZ, gagné par l'aventure algérienne, cède l'entreprise à L. ANTOINE et Cie.
Reprise de NICLOZ par ANTOINE et Cie
(Revue de viticulture - organe de l'agriculture des régions viticoles du 14 décembre 1895).
La raison sociale devient : Fabrique spéciale d'articles de caves et de chais.
Le siège social est inchangé.
- 1908 : la Maison ANTOINE et Cie est vendue à la société en nom collectif GODIN, PESSAT et Cie, formée pour l'occasion.
Raison sociale : Fabrique spéciale d'articles de caves et laboratoires.
Siège social inchangé : 22, rue des Francs Bourgeois Paris 3°
- 1911 : PESSAT évoque dans un courrier son récent catalogue Edition n° 7 : par-delà les changements de propriétaires, la numérotation des éditions continue d'être respectée.
- 1914 : dissolution de la compagnie : PESSAT cède ses parts à GODIN. Lucien GODIN reste seul patron.
La Maison P. GÉRARD, anciennement J. DUVAL, puis Louis BARRALLON
Raison sociale : articles de cave, fournitures pour brasserie et distillerie.
Siège social :
Epoque J. DUVAL : 23, rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, Paris 4°
Epoque Louis BARRALLON : 29 , quai de la Tournelle, Paris 5°.
Histoire :
- 1895 : J. DUVAL, premier propriétaire, cède son entreprise à Louis BARRALLON.
- 1909 : Louis BARRALLON vend l'affaire à P. GÉRARD Fils.
Publicité P. GÉRARD Fils successeur de BARRALLON
(Annuaire du Commerce 1913).
- Les circonstances et l'année de la cession par P. GÉRARD Fils à Lucien GODIN & Fils restent à découvrir.
La Maison Louis MATHÈS
Raison sociale : Fournitures générales pour caves et chais, Ustensiles pour négociants en vins et distillateurs, Outillage complet pour tonnellerie.
Siège social : 54, rue Carnot à Mâcon.
Histoire :
Histoire :
- 1902 : l'entreprise Louis MATHÈS est installée à Mâcon.
- Avant 1918, le siège est transféré au 54, rue Carnot à Mâcon
- 1920 : l'entreprise a changé de propriétaire et s'appelle dorénavant "Anciens Ets MATHÈS Emile MOREAU Successeur", puis, en 1924, "Anciens Ets MATHÈS Emile MOREAU-ARTAULT Successeur".
- 1930, Emile MOREAU-ARTAULT cède son entreprise à Lucien GODIN & Fils.
La Maison J. PAILLARD
Raison sociale : Articles de cave et bouchons.
Siège : 1, place Lachambeaudie Paris 12° (Bercy).
Nous manquons d'informations et savons seulement que la Maison PAILLARD est cédée à Lucien GODIN & Fils en février 1933.
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Voici, résumé dans un tableau, le mouvement de concentration de ces entreprises :
La conclusion est qu'en 1934, la Maison L. GODIN et Fils a réussi à prendre une place importante au cœur des entrepôts de Bercy, grâce à ses acquisitions, complémentaires de sa raison sociale première.
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C'est dans notre seconde partie que nous examinerons le contenu du catalogue L. GODIN de janvier 1923 et évoquerons les autres catalogues publiés par NICLOZ, ANTOINE et GODIN-PESSAT.
D'ici là, nous sommes preneurs de tout complément d'information sur ces différentes entreprises... nous ne connaissons même pas les prénoms de bon nombre des acteurs évoqués : le (ou les) fils GODIN, L. ANTOINE, PESSAT, J. DUVAL, L. BARRALON, P. GÉRARD, son (ou ses) fils, J. PAILLARD !
Bernard et Marc
P.S. 1 du 30 janvier 2025 : nous avons découvert le prénom de BARRALLON ! Il se prénommait Louis, comme le montre sa participation à la création de l'entreprise d'assurance "Le Conservateur" :
P.S. 2 du 1er février 2025, Loïc Bahuet complète nos informations en nous donnant des références de brevets ou de modèles déposés par NICLOZ, GODIN et PESSAT :
- Brevet 180.207 délivré le 10 décembre 1886 à NICLOZ pour une Machine à boucher les bouteilles, à compression latérale.
- Brevet 207.792 délivré le 22 août 1890 à NICLOZ et MERKLING pour un Nouveau système de machine à boucher les bouteilles.
- Dépôt non daté par NICLOZ de la Boucheuse dite "La Coquette" (cette boucheuse n'est plus présente dans le catalogue GODIN).
- Brevet 417.142 délivré le 23 août 1910 à GODIN, PESSAT et Cie pour une Machine tireuse et boucheuse combinée.
- Brevet 714.704 délivré le 8 septembre 1931 à Lucien GODIN pour un Perfectionnement au dispositif compresseur des bouchons des machines à boucher les bouteilles.
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